113.000 ménages exposés à la précarité énergétique
15 % des ménages en Poitou-Charentes ont des difficultés pour payer chaque mois le loyer, le fuel ou les factures de gaz ou d’électricité.
L’Agence régionale d’évaluation environnement climat (AREC) et l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) Poitou-Charentes ont mis à profit leurs compétences pour sortir une étude sur le thème de la précarité énergétique dans les logements de la région. Les chiffres révèlent que 15 % des ménages, soit 113.000 ménages, seraient « exposés à la précarité énergétique ». Ces personnes, représentant le quart des ménages concernés, possèdent des profils très différents, des retraités souvent seuls et des jeunes âgés de moins de 35 ans. Les premiers, propriétaires d’une grande maison (supérieure à 100 m2), se chauffent au fioul alors que les seconds, locataire d’un petit logement, (inférieur à 40 m2) utilisent le gaz de ville ou l’électricité.
Selon les statistiques, il apparaîtrait que Poitiers serait la ville la plus touchée par la précarité énergétique chez les jeunes. Un statut, peu enviable, qui serait lié à la grosse communauté d’étudiants vivant dans la capitale régionale. Le constat resterait, cependant, temporaire car il ne durerait que « le temps des études et de la recherche d’un premier emploi stable ». Quant à l’autre bout de la chaîne humaine, les retraités, plus nombreux en effectif, sont « majoritairement localisés » au cœur de la région et sur l’axe Est entre le Sud de la Vienne et le Nord de la Charente. Le Département des Deux-Sèvres n’est pas exclu de cette tendance : « Il est concerné, assure le chargé d’étude, à l’exception d’un halo autour de l’agglomération de Niort. » On apprend dans cette enquête (la méthode utilisée s’appuie sur des données fiables comme fiscales par exemple mais également sur les dossiers du Fonds de solidarité pour le logement), que les populations frappées par la précarité énergétique résident, pour les retraités, en campagne et, pour les jeunes, en ville. Leur revenu est souvent en lien avec cette précarité : avec moins de 900 € par mois, ils présentent une forte exposition mais il existe aussi des personnes, pas considérées comme pauvres, possédant un revenu moyen de 1.500 € mensuels qui vivent cette situation.
Didier Monteil, Nouvelle République, 18 octobre 2012
La Croix-Rouge de plus en plus sollicitée
Josiane Staub, trésorière de la Croix-Rouge à Montmorillon, est formelle. En 2012, les demandes d’aide pour payer le loyer, le fuel, le gaz ou l’électricité ont explosé. « Habituellement, nous suivons une quinzaine de familles. Cette année, nous en comptons dix de plus. Bien souvent, ce sont des femmes qui divorcent et se retrouvent seules avec leurs enfants sans aucun revenu. Elles ne peuvent plus payer les factures. » Le cas qui l’a le plus scandalisé : « Une mère qui s’est trouvée seule avec quatre enfants dont un handicapé. Elle est venue me voir, elle avait la jambe brûlée. Je lui ai demandé ce qui c’était passé, elle m’a répondu qu’elle n’avait plus ni chauffage, ni eau chaude. Elle a fait bouillir de l’eau dans une casserole et se l’est accidentellement renversée dessus… Tout ça parce qu’elle n’avait pas les moyens de payer. » Josiane Staub se sent désemparée. « Nous aidons les familles qui nous sont envoyées par les assistantes sociales. Notre règle est de donner un coup de main de 50 € pour aider à payer une facture d’énergie ou un loyer. Normalement, c’est une fois par an, mais j’ai des familles désespérées qui nous resollicitent. Le problème, c’est que nos ressources ne sont pas extensibles. Je ne suis même pas sûre d’avoir assez pour finir l’année. » Le Secours populaire et le Secours catholique apportent le même genre d’aide. Et le conseil général réagit aussi aux urgences. Reste que, d’après Josiane qui est bénévole à la Croix-Rouge depuis trois ans, « les dossiers des familles qui nous sont amenés n’ont jamais été aussi lourds. »
D. N., Nouvelle République, 18 octobre 2012