Le lien vers la brochure ici :
http://anarchives.free.fr/evangiles_bidon.pdf
Pour en faciliter la lecture, nous avons remis en forme le texte.
Pavillon Noir
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LES EVANGILES C’EST DU BIDON
PEILHAROT
Je remercie toutes les personnes qui ont pris la peine de m’écrire à la suite de la première édition de cette brochure. Elles m’ont permis de remanier quelque peu le texte et, je l’espère, d’éclaircir les zones d’ombre qu’il pouvait contenir.
Février 96 Peilharot
Les chiffres en italique renvoient aux évangiles, le premier chiffre au chapitre, le deuxième au verset. Chacun est ainsi en mesure de vérifier la véracité des citations.
I – QUE SONT LES EVANGILES ?
Les quatre évangiles, selon Matthieu, selon Marc, selon Luc et selon Jean, figurent parmi les documents fondamentaux du christianisme. Certaines sectes les considèrent même comme les seuls livres saints. Pour l’église catholique romaine, ils sont un des principaux piliers de la foi. Que racontent, en gros, ces évangiles ?
Pour comprendre, il faut d’abord avoir recours à l’ancien testament. Celui-ci nous indique, qu’Adam et Ève, nos ancêtres mythiques vivaient au paradis. Pour avoir croqué le fruit défendu (ce que les théologiens appellent le « péché originel »), Ève et son concubin en furent chassés et condamnés (ainsi que leur descendance, c’est-à-dire nous) au travail, aux maladies, à la souffrance et à l’enfer après la mort.
Dieu en avait décidé ainsi.
Cependant, quelques temps après, ce même Dieu décida de permettre aux hommes de se sauver. C’est pourquoi il envoya sur terre son propre fils (Jésus) (1) pour qu’il y souffre le martyre et y périsse d’une mort effroyable, ce qui rachèterait le péché originel.
Les évangiles racontent la dernière étape de cette histoire :
il y a deux mille ans, le Saint-Esprit aurait discrètement fécondé la Vierge Marie à l’insu de son conjoint, le charpentier Joseph. Jésus serait né de cette fécondation. Pendant plusieurs années, il aurait vécu sous une forme humaine. Puis il aurait été crucifié et serait ressuscité trois jours après. Enfin, quarante jours après sa résurrection, il serait monté au ciel pour s’asseoir à la droite de Dieu. C’est l’épisode de l »‘ascension ».
Cette histoire, qui après tout n’est pas plus incroyable que la légende du Serpent à plumes ou celle de Zeus se transformant en cygne pour séduire Léda constitue la trame (avec des variantes) de toutes les religions chrétiennes. Les différentes églises s’attachent à « expliquer » le sens de cette légende. Les explications, bien entendu, varient selon les sectes et les époques : certaines prennent le texte au pied de la lettre, d’autres n’y voient qu’un récit poétique et symbolique.
Mais aucune n’apporte des réponses claires aux questions que l’on peut se poser :
. pourquoi, après le passage de Jésus, censé racheter les péchés du monde et effacer les conséquences du péché originel, tout a continué exactement comme avant pour l’ensemble de l’humanité (souffrances, maladies, travail…) ?
. pourquoi Dieu -qui sait tout- laisse l’humanité commettre son péché, l’expulse violemment du paradis puis change d’avis, et veut absolument la racheter ?
. pourquoi invente-t-il un moyen aussi compliqué et aussi incompréhensible ? Après tout, c’est lui qui décide : il pouvait réinstaller l’humanité dans le paradis aussi simplement qu’il l’en avait chassée !
Bref, les explications se font attendre.
Mais d’après l’église, ce n’est pas une raison pour ne pas croire les évangiles. Il faut rappeler sur ce point que les évangiles font partie du « Nouveau Testament ». La Bible est formée de l’Ancien testament et du Nouveau. Pour les catholiques, « l’unique Dieu est l’auteur de l’un et de l’autre » selon la formule du Concile de Trente (2) qui a fixé définitivement une doctrine remontant aux premiers siècles de l’Église. Dieu est donc le seul, le véritable auteur des évangiles. Matthieu, Marc, Luc et Jean n’ont fait que tenir la plume pour transcrire sur du papier la Divine Inspiration. C’est pourquoi le Concile précise que celui qui conteste cette vérité canonique « est anathème ». Dans le passé, des hommes et des femmes ont été torturés et brûlés vifs en place publique pour beaucoup moins que ça ! Pour les protestants, et en particulier pour Luther, l’origine spécifiquement divine des évangiles ne fait pas le moindre doute non plus.
Or, une simple lecture montre que les évangiles sont bourrés de contradictions entre eux : Dieu, qui est déjà triple, raconte une histoire en quadruple version ! (3)
Au nom de quel aveuglement faudrait-il y croire ?
II – CONTRADICTIONS DES EVANGILES
A) SALE HISTOIRE DE FAMILLE
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la généalogie de Jésus est variable selon les évangiles.
Il est fils du charpentier Joseph. Jusque là, tout va bien. Mais Matthieu (1, 16) affirme que le père de Joseph est un certain Jacob. Mensonge que tout cela, affirme Luc (3, 23) , le père de Joseph n’est pas Jacob mais Héli. Et, plus on remonte dans la famille, plus ça varie : Selon Matthieu, les aïeux de Joseph sont : Matthan, Eléazar, Eliud (ou Elioud), Achim, Sadoc, Azor…
Par contre, pour Luc, il s’agit de : Matthat (simple variation orthographique ?), Levi, Melchi, Jarinaï.. Les noms des ancêtres ne sont pas les mêmes d’un évangile à l’autre, et quand ils le sont, ils ne sont pas dans le même ordre.
Jugez-en :
EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU
CHAPITRE PREMIER
« 1. Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham, 2 Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ; 3 Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar, Pharès engendra Esrom ; Esrom engendra Aram ; 4 Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ; 5 Salmon engendra Booz, de Rahab; Booz engendra Iobed, de Ruth ; Iobed engendra Jessé ; 6 Jessé engendra le roi David. David engendra Salomon, de la femme d’Urie ; 7 Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa ; 8 Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ; 9 Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ezéchias ; 10 Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ; 11 Josias engendra Jéchonias et ses frères au temps de la déportation de Babylone. 12 Après la déportation de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ;13 Zorobabel engendra Abioud ; Abioud engendra Eliakim ; Eliakim engendra Azor ; 14 Azor engendra Sadoc ; Sadoc engendra Achim ; Achim engendra Elioud ;15 Elioud engendra Eléazar ; Eléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob ; 16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, qu’on appelle Christ. 17 II y a donc en tout d’Abraham à David, quatorze générations ; de David à la déportation de Babylone, quatorze générations ; de la déportation de Babylone au Christ, quatorze générations. »
EVANGILE SELON SAINT LUC
CHAPITRE TROIS
« 23. Et jésus, lors de ses débuts, avait environ trente ans, et il était, croyait-on, fils de Joseph, fils d’Héli, 24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannai, fils de Joseph, 25 fils de Mattathias, fils d’Amos, fils de Naoum, fils d’Esli, fils de Naggaï, 26 fils de Maath, fils de Mattathias, fils de Sémeïn, fils de Josech, fils de Joda, 27 fils de Jonam, fils de Résa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri, 28 fils de Melchi, fils d’Addi, fils de Kosam, fils d’Elmadam, fils d’Er, 29 fils de Jésus, fils d’Eliézer, fils de Jorim, fils de Maththat, fils de Lévi, 30 fils de Syméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d’Eliakim, 31 fils de Méléa, fils de Menna, fils de Matthata, fils de Nathan, fils de David, 32 fils de Jessé, fils de Jobed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Naasson, 33 fils d’Aminadab, fils d’Admin, fils d’Arni, fils de Hesron, fils de Pharès, fils de Juda, 34 fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Thara, fils de Nachor, 35 fils de Sérouch, fils de Ragau, fils de Phalec, fils d’Eher, fils de Sala, 36 fils de Kaïnam, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech, 37 fils de Mathousala, fils de Hénoch, fils de Laret, fils de Maleléel, fils de Kaïnam, fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu »
D’Abraham (que l’on retrouve dans les deux évangiles cités) à Jésus, Matthieu compte 42 générations, tandis que Luc en trouve 56. Sacrée différence. Et comment l’expliquer, si l’on se souvient que les évangiles seraient « dictés » par une seule et même personne : Dieu !
Dieu, qui ne connaît donc pas la généalogie humaine de son propre fils.
B) UN JESUS VOYAGEUR
Où Jésus a-t-il vécu son enfance ? Ce n’est pas dans les évangiles que l’on trouvera la réponse à une question aussi simple ! En effet, les versions sont contradictoires : Pour Matthieu (2) Jésus a passé sa petite enfance réfugié en Égypte où ses parents avaient fui à cause d’une persécution programmée par le roi Hérode : peu de temps après que les mages aient visité le nouveau-né (2, 11 ) , un ange aurait dit à Joseph de se réfugier immédiatement en Égypte avec l’enfant, ce qu’il fit jusqu’à la mort du roi (2, 14) .
Pour Luc, il n’est pas du tout question de fuite en Égypte. Au contraire il nous assure que Jésus a calmement passé sa petite enfance en Galilée, à Nazareth (2, 39-40) où il grandit en force et en sagesse. Luc ajoute une petite anecdote pour nous convaincre de la réalité de son propos : à l’âge de 12 ans Jésus profita d’un voyage de ses parents à Jérusalem pour faire une petite fugue de trois jours (2, 41 à 46) . Ses parents le retrouvèrent dans le Temple stupéfiant par l’intelligence de ses propos les religieux qui l’écoutaient (2, 46-47) .
C) TREIZE A LA DOUZAINE
Jésus a eu douze disciples : les apôtres. Pour onze disciples, les versions concordent, à quelques variantes près (ordre différent, variation dans un surnom…) Mais, pour un des apôtres, Dieu n’est pas d’accord avec lui-même. En effet, Matthieu (10, 3) affirme qu’il s’agit d’un certain Thaddée, alors que pour Luc (6, 16) le douzième apôtre est un certain « Judas fils de Jacques ». Dieu est donc incapable de se rappeler quels sont les noms de ses apôtres. Ils n’étaient pourtant que douze, et c’est lui qui les a choisis ! Et il est censé juger un jour « les vivants et les morts », soit des milliards de personnes : ça promet !
TABLEAU COMPARATIF DES DOUZE APOTRES
EVANGILE DE MATTHIEU (10)
2 Voici le noms des douze apôtres : en tête SIMoN dit PIERRE, et ANDRE son frère ; JACQUES fils de Zébédée et JEAN son frère ; 3 PHILIPPE et BARTHERLEMY ; THOMAS et MATTHIEU le publicain ; JACQUES fils d’Alphée et THADDEE ; 4 SIMON l’Ardent et JUDAS l’Iscariote, celui-là même qui le livra
EVANGILE DE LUC (6)
13… il appela ses disciples et en choisit douze, auxquels il donna le nom d’apôtres : 14 SIMON qu’il surnomma PIERRE, ANDRE son frère, JACQUES, JEAN, PHILIPPE, BARTHELEMY, 15 MATTHIEU, THOMAS, JACQUES fils d’Alphée, SIMON surnommé le Zélé 16 JUDAS fils de Jacques et JUDAS l’Iscarioth, qui devint un traître
D) QUI A BAPTISÉ JESUS ?
Les croyants ne le sauront jamais. D’un point de vue théologique, c’est pourtant une question d’importance. Marc (1, 9) et Matthieu (3, 13-16) nous donnent tous les détails : Jésus a été baptisé par Jean.
Pas du tout répond très sûr de lui Luc qui, au verset 3, 20 nous informe qu’Hérode « fit enfermer Jean en prison » avant de rapporter dans le verset suivant (3, 21) le baptême de Jésus (4). Si Jean était en prison lorsque Jésus fut baptisé, ce n’est pas lui qui a pu le faire !
E) ENTRÉE CONFUSE DANS JERUSALEM
Après avoir prêché en province, Jésus est entré dans Jérusalem monté sur un ânon (12, 14) d’après Jean, sur deux ânes (plus précisément une ânesse et un ânon), d’après Matthieu (21,7), ce qui n’a pas dû être tout de même très facile…
Cela se serait passé quatre jours avant Pâques (d’après Matthieu) ou cinq jours avant (d’après Jean).
Jésus venait de Béthanie selon Jean, de Bethphagé selon Matthieu….
Reprenons ce divin embrouillamini :
Pour Matthieu, Jésus, qui vient de Bethphagé (près du mont des Oliviers) rentre dans Jérusalem un beau jour (21, 10). Il en sort le soir même pour aller dormir à Béthanie (21, 17). Le lendemain, il revient à Jérusalem (21, 18), fait de nombreuses paraboles et, après « tous ces discours » il rappelle à ses apôtres que Pâques arrive dans deux jours (26, 2). Il s’est donc écoulé quatre jours de l’entrée dans Jérusalem à Pâques et la nuit passée à Béthanie a eu lieu trois jours avant.
Pour Jean, Jésus dîne à Béthanie six jours avant Pâques (12, 1) . C’est le lendemain qu’on l’accueille triomphalement à Jérusalem (12, 12), soit cinq jours avant Pâques. Il n’est pas question de Bethphagé.
En fin de compte, on ne sait toujours pas comment Jésus est arrivé (sur un ou deux ânes ?), par où il est passé (par Bethphagé ou Béthanie ?) ni quand cela est arrivé (quatre ou cinq jours avant Pâques ?).
Toujours cette divine précision….
F) LES LARRONS : VOYOUS OU CROYANTS ?
Jésus aurait été crucifié entre deux malfaiteurs.
D’après Matthieu (27, 44) , les deux larrons ont passé leurs derniers moments à insulter Jésus.
D’après Luc (23, 39-42) un des deux, non seulement n’insultait pas Jésus, mais se mit au contraire à le prier.
Dieu, qui entend tout, ne fait donc pas la différence entre des injures et des prières.
Croyants, vaut-il bien la peine que vous alliez à la messe ?
G) LE RETOUR DE JESUS
Après sa mort, Jésus serait ressuscité. Mais les témoignages des évangélistes se contredisent allègrement :
Pour Jean (20, 14 et suivants), Jésus serait apparu d’abord à Marie de Magdala, puis aux Douze qui auraient tous été présents, sauf Thomas (20, 24).
Pour Matthieu (28, 1-9), Jésus est apparu d’abord à Marie de Magdala et à une « autre Marie » avant d’apparaître à onze disciples (28, 16,17). Comme Judas Iscariote s’était suicidé dans le chapitre précédent ( 27, 5), Thomas était inévitablement présent.
Pour Marc (16, 9-14), Jésus serait apparu d’abord à Marie de Magdala puis à deux « compagnons » (apôtres ?) puis « aux Onze (apôtres) eux-mêmes ».
Enfin, pour Luc (24, 13-36) , Jésus serait apparu à deux inconnus (dont un certain Cléophas) et ensuite aux onze apôtres restants (24, 33-36) .
Comme il n’est pas question de suicide dans ces deux dernières versions, on ne sait pas si l’apôtre manquant est Thomas ou Judas.
La résurrection est l’une des légendes les plus importantes du christianisme. Les « témoignages » officiels sur lesquels elle repose sont tellement contradictoires et confus qu’on ne peut leur accorder aucune valeur.
G) JESUS : SUPER STAR OU INCONNU ?
Les évangiles se contredisent entre eux. Mais un même évangile peut se contredire d’une page à l’autre. L’arrestation de Jésus, rapportée dans l’évangile dit de Matthieu, le montre clairement.
Matthieu raconte en effet la trahison de Judas : celui-ci devait donner un baiser à Jésus pour le désigner et permettre ainsi son arrestation. Il avait perçu pour cela de l’argent. S’il était besoin de désigner Jésus, c’est que personne, ou peu de monde, le connaissait.
Or, quelques pages avant, Matthieu raconte que Jésus avait parcouru toute la Palestine en prêchant et en faisant miracle sur miracle. Il était suivi de foules qui buvaient ses paroles. Il était rentré triomphant dans Jérusalem, ville étroitement surveillée par les romains, tandis que la foule se pressait autour de lui en criant « Hosanna », en jonchant sa route de branches et de vêtements (en signe de bienvenue) puis il avait prêché publiquement dans le temple. Autrement dit, il était connu comme le loup blanc.
Si tout le monde (et bien entendu les romains qui ne pouvaient pas ne pas avoir constaté ces déplacements de foule) connaissait Jésus, quel besoin était-il de le faire désigner publiquement par un traître ? Les romains, dans toute leur longue histoire, se sont-ils jamais autant compliqué l’existence pour arrêter un agitateur ? Non.
H) UN TRONE DE GLOIRE POUR LE TRAITRE
La logique et la cohérence ne sont décidément pas le fort des évangiles. Regardons le sort réservé à Judas l’Iscariote. Judas est l’un des douze apôtres. Jésus lui a promis -comme aux onze autres- une situation privilégiée au paradis: « En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi… vous siégerez vous aussi sur douze trônes, … » (Matthieu 19, 28 ). Puis, Judas trahit Jésus (26, 14 ). Rongé de remords, il se suicide par pendaison (27, 5 ).
Dieu a-t-il tenu sa promesse : Judas occupe-t-il un des douze trônes du paradis ? Les évangiles (et l’Église) sont totalement muets là dessus, et on comprends leur gêne : si le traître n’occupe pas un trône, Jésus a menti. S’il l’occupe, tout est permis !
I) LA MOUTARDE MONTE AU NEZ
Il y a dans les évangiles de nombreuses erreurs historiques, géographiques, et même… botaniques. On n’en donnera ici qu’un exemple:
On lit dans Luc (13, 19) par exemple: « A quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi le comparerai-je ? Il est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et jeté dans son jardin ; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches ».
Or, le sénevé n’est pas un arbre, comme l’évangile le croit mais …une herbe, appelée communément « moutarde noire » ; une herbe qui n’a ni tronc ni branche. !
Les contradictions, les erreurs abondent dans les évangiles.
Il est hors de question, dans ces quelques pages, de vouloir les résumer toutes.
Les quelques exemples donnés ci-dessus le prouvent : les évangiles n’ont pas été écrits par un « dieu » mais bien par des hommes, des mystiques plutôt ignorants.
III – HISTOIRE DES EVANGILES
Il est en effet possible de considérer les évangiles comme un recueil de légendes, genre littéraire particulièrement abondant dans l’histoire de l’humanité (5).
Comme souvent dans ce genre, le « naturel » (cadre géographique plus ou moins précis, situation historique, maladies…) est mêlé au surnaturel qui se manifeste essentiellement par des miracles (guérisons, résurrection…).
Les évènements rapportés n’ont aucune vraisemblance et de nombreux historiens doutent de l’existence de Jésus. En effet, en dehors des évangiles, dont nous avons vu que le contenu n’avait aucune fiabilité documentaire, il existe de nombreux textes de personnages ayant vécu dans le premier siècle de notre ère.
On peut citer par exemple le philosophe Sénèque, les historiens Tacite, Suétone, Plutarque, les poètes Juvénal, Martial, Perse, Lucain… Un certain nombre de ces intellectuels étaient Hébreux ou ont vécu sur les lieux supposés des faits : le philosophe Philon d’Alexandrie, les historiens Juste de Tibériade et Flavius Josèphe par exemple. Tous ces écrivains ont laissé des pages et des pages de texte qui nous instruisent sur les habitudes de l’époque et qui donnent une foule de détails sur les évènements et les gens.
Que disent de Jésus ces témoins ?
Rien.
Rien, car les deux minuscules passages (6) sur lesquels l’église tente maladroitement de s’appuyer sont des faux ; ce sont des paragraphes introduits par des copistes catholiques lors du recopiage des texte originaux (7) !
On était en droit d’attendre beaucoup plus si Jésus avait existé !
Faute de journaux télévisés à l’époque, Dieu, venant, sur terre sous une de ses trois formes pour racheter l’humanité, aurait pu se débrouiller pour qu’au moins les rédacteurs de l’époque se rendent compte de quelque chose !
I1 n’en est rien, et malgré deux mille ans de recherche catholique, il n’existe toujours pas un seul indice irréfutable de l’historicité de Jésus. Toutes les « preuves matérielles » avancées par l’église se sont révélées être des faux. Par exemple, récemment, le Vatican a du reconnaître publiquement que le fameux suaire de Turin, longtemps et officiellement vénéré comme une relique du Christ, lui était postérieur de quelques siècles. Il est vrai que les scientifiques qui avaient analysé ce suaire ont rendu un verdict sans appel.
Quant à l’histoire des évangiles, il est utile d’apporter quelques précisions. De nombreux historiens considèrent qu’il a existé plusieurs dizaines de versions de l’évangile, toutes très différentes les unes des autres, ce qui, à partir d’un certain moment a constitué une gêne considérable pour l’expansion de la nouvelle religion. Plusieurs tentatives d’unification furent faîtes. Par exemple, vers 170, un chrétien de Syrie, Tatien, rédigea„ à partir de plusieurs évangiles en circulation, une synthèse, « l’Harmonie ».
Finalement, il fallut un concile, tenu à Laodicée en 364, pour fixer les choses. A partir de 364, l’église considéra comme canoniques (c’est-à dire véritables) les évangiles dits de Matthieu, de Mare, de Luc et de Jean ; tous les autres furent déclarés apocryphes, c’est-à-dire hérétiques, faux. Il est à noter, qu’à cette époque, chacun des quatre évangiles retenus par le concile de Laodicée était le livre saint d’une secte importante. Choisir les quatre permettait de créer une véritable église (8), de lui donner la force du nombre. Cependant il n’était déjà plus possible, sous peine de crise, d’unifier les quatre textes dans un seul, d’où les incohérences que chacun peut observer actuellement avec un peu d’esprit critique.
Quant aux petites communautés qui révéraient les autres évangiles, elles ne furent pas assez puissantes pour imposer leur point de vue et furent progressivement détruites ou absorbées.
Mais ceci est une autre histoire.
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
A ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur le sujet, je propose quelques pistes de lecture :
I. KRYVELEV : « DU SENS DES EVANGILES », aux éditions de Moscou (!) Très clair dans sa première partie, bon argumentaire. Difficile à trouver par les temps qui courent.
Bertrand RUSSEL : « POURQUOI JE NE SUIS PAS CHRETIEN » , « SCIENCE ET RELIGION ». Un prix Nobel fait le point. En collections de poche.
« DICTIONNAIRE RATIONALISTE », aux Nouvelles Éditions Rationalistes, 14 rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris. Une véritable mine de renseignements critiques sur tous les aspects du christianisme et de nombreux autres sujets. Excellent rapport qualité/prix.
Prosper ALFARIC : « A L’ECOLE DE LA RAISON, ETUDES DES ORIGINES CHRETIENNES », aux Nouvelles Éditions Rationalistes également. Prêtre, professeur de théologie, Pr. Alfaric devint, à force d’étudier les textes « sacrés », un athée convaincu et convainquant.
Raoul VANEIGEM : « LA RESISTANCE AU CHRISTIANISME », chez Fayard. Philosophe subtil, Vaneigem décortique les hérésies des origines du christianisme jusqu’au XVIIIème siècle. Très riche.
NOTES
(1) Dans la mythologie catholique, Jésus est à la fois fils de Dieu et partie intégrante de Dieu. En effet, Dieu est en même temps un et trois (le père, le fils, le saint-esprit). Dieu -qui est complet dès l’origine-, sous sa forme père, ordonne à Dieu sous sa forme saint-esprit, de féconder une « vierge » pour produire Dieu sous sa forme fils. Mais, du début à la fin, il n’y a qu’un seul Dieu. Ceux qui ont compris peuvent s’adresser à : Monsieur Pape, cité du Vatican, Italie. Ils ont certainement gagné quelque chose.
(2) Pour nos amis latinistes, voici l’extrait en question du décret du Concile : « …Orthodoxorunr Patrum exerrrpla secuta, omues libros tam Veteris quam Novi Testarnenti, cum utriusque unus Deus sit auctor, necraon traditinnes ipsas… pari pietatis ajfectu ac reverervcia suscipit et veneratur… »
(3) Pour « démonter » les philosophes de l’antiquité, un des grands penseurs de l’Église, Saint Justin, appliquait à leurs textes le principe suivant, qui me semble très correct : la vérité ne se contredit pas elle-même. S’il trouvait une contradiction dans les textes des philosophes qu’il étudiait, Saint Justin lesdéclarait faux et les rejetait. Le saint homme aurait mieux fait d’appliquerson principe aux évangiles, cela aurait peut être fait gagner du temps à tout le monde…
(4) Pour tourner la difficulté, certaine éditions intercalent entre les versets 20 et 21 du chapitre 3 un inter-titre, qui voudrait indiquer un changement de sujet. En fait, on est bien dans le chapitre 3 et dans des versets qui se suivent.
(5) Presque toutes les religions ont un livre saint, qui est en réalité un recueil de légendes.
(6) Ces deux passages -à peine quelques lignes et des plus obscures- ont été « glissés » l’un dans les oeuvres de Flavius Josèphe, l’autre dans les « Annales » de Tacite.
(7) Les techniques historiques (recoupages de textes) permettent même de dater avec assez de précision la date à laquelle le faux paragraphe a été glissé dans l’oeuvre de Flavius. II s’agit des alentours de l’an 320.
(8) II n’y a pas de différence de fond entre une secte et une église. Comme le disait un humoriste, « Une église est une secte qui a réussi »