Des expulsions de lycéens et d’étrangers malades hérissent les associations
Des associations de défense des étrangers ont critiqué vendredi l’expulsion de lycéens sans papiers et d’étrangers malades, accusant le ministre de l’Intérieur Manuel Valls de renouer avec des pratiques abandonnées « de fait » par ses prédécesseurs de droite.
Deux sans-papiers, scolarisés en lycée professionnel à La Varenne-Saint-Hilaire (Val-de-Marne) et au Mans, ont été expulsés mercredi après avoir commis des délits, a indiqué le Réseau Education sans frontières (RESF) dans un communiqué.
Le premier, âgé de 18 ans, a été renvoyé vers le Maroc après un vol à l’étalage. Entré en France à 15 ans, il était éligible à une régularisation, selon les critères publiés récemment par le ministère.
Le second, âgé de 19 ans, arrivé en France à l’été 2011, avait fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire et était assigné à résidence depuis la rentrée. Il a été arrêté en venant pointer au commissariat et renvoyé en Tunisie. Au printemps, il avait été condamné à trois mois de prison avec sursis pour des violences.
« Ils ont commis des délits, il est normal qu’ils soient sanctionnés », estime RESF, qui déplore toutefois l’application d’une « double peine » pour ces jeunes étrangers.
Pour RESF, « ces expulsions sont des gestes calculés du ministre de l’Intérieur », qui se sert du passé délictueux de ces jeunes « pour tenter de réintroduire une pratique que la solidarité avait de fait abolie ».
En 2011, Claude Guéant avait expulsé deux lycéens seulement, dont un était revenu en quelques jours. « En un seul jour, concernant les lycéens, Valls a fait pire que Guéant en un an et demi… », en conclut RESF.
De son côté, l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) a déploré une « accélération des procédures d’expulsion au détriment des droits et de la santé des malades étrangers ».
Rien qu’au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le plus gros de France, quatre étrangers malades du sida ou d’hépatite ont été expulsés depuis juillet vers des pays aux systèmes de soins défaillants, a précisé la Cimade, association membre de l’ODSE.
« Depuis cinq ans, il n’y avait quasiment aucune expulsion quand on saisissait les autorités de ce type de cas », a expliqué Agathe Marin, de la Cimade. « Les ministères de l’Intérieur et de la Santé ont été informés de ces quatre cas, mais cela n’a pas empêché les expulsions », a-t-elle ajouté.
Libération, 14 décembre 2012