[De Saint-Nazaire à Poitiers, ZAD partout] Soutien à Camille + Rassemblement à Poitiers contre le projet d’aéroport à NDDL

NdPN : à la soirée-débat de ce vendredi soir à Poitiers, contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, a été annoncé un petit rassemblement par le comité de soutien poitevin, dans le cadre de la journée d’action de demain, en soutien à la ZAD contre le projet d’aéroport. Le Rdv a été fixé à demain samedi, 15H, devant le local du PS à Poitiers (16 Rue du Mouton, ça ne s’invente pas), pour tous les gens qui en ont envie, chacun-e pouvant ramener ses idées.

Par ailleurs Camille passe en procès pour avoir refusé de donner en gardav’ son ADN, sa trogne en photo et ses empreintes aux flics, qui l’avaient arrêté sur Notre-Dame-des-Landes il y a tout juste trois mois. Solidarité avec Camille ! Ci-joints son texte et le tract du Codelib de Saint-Nazaire, invitant à venir le soutenir le mardi 22 janvier au tribunal de Saint-Nazaire à 14H.

ZAD partout !

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Texte de Camille

Jeudi 18 octobre, Notre-Dame-des-Landes, troisième jour de l’opération César. Il est 10 heures du matin. Je quitte la Vache Rit à pied en direction du bourg de NDDL. Arrivé au lieu-dit Les Ardillières, barrage de Police. Contrôle des identités. Je n’ai pas mes papiers. Je donne nom, prénom, adresse, date et lieu de naissance. Mais ça ne suffit pas aux Gendarmes envoyés spécialement de Fresnay-sur-Sarthe pour me pourrir la journée. Ils m’emmènent à la Gendarmerie de La-Chapelle-sur-Erdre pour une « vérification d’identité ». On m’installe dans un bureau avec six robocops locaux.

« Qu’est-ce qu’il a fait celui-là ?

– Il a pas ses papiers.

– Comme par hasard !

– Et il a pas non plus de téléphone, et personne ne peut l’identifier.

– Evidemment. Ça serait trop facile. »

Après m’avoir fait la morale sur l’immense danger que je courais en sortant sans mes papiers, une gentille fliquette m’annonce qu’elle va procéder à des « relevés anthropologiques » sur ma personne. Après lui avoir demandé la nature de ces relevés (en l’occurrence, prise d’empreintes digitales et photos), je l’informe de mon refus de me soumettre à ceux-ci. On dirait que les gendarmes se sont passé le mot car ils défilent les uns après les autres dans le bureau pour essayer de me faire changer d’avis, chacun usant d’une technique différente.

Un flic me montre des photos de moi à 10 ans ainsi que les PV qui vont avec. Photos et PV qui n’avaient pas été informatisés à l’époque et que les gendarmes ne sont normalement pas autorisés à conserver dans leurs fichiers après mes 18 ans. Il me dit que c’est lui qui a pris ma déposition il y a dix ans, dans un petit village normand. Quel hasard ! J’en conclue qu’il a réussi à m’identifier. Il me répond qu’il ne me reconnait pas, que les photos sont trop vieilles.

Un autre flic se connecte sur Facebook avec son compte perso et il retrouve un ancien compte m’appartenant que je pensais avoir supprimé. C’est probablement là qu’il retrouvera le nom d’un de mes anciens employeurs à qui il téléphonera le jour même pour vérifier mon identité.

Malgré tous ces éléments, les flics maintiennent qu’il n’est pas possible de m’identifier tant que je refuse de filer mes empreintes. C’est à ce moment que je comprends que la consigne « zéro arrestation » a été levée, que je suis le premier à me faire choper et que je vais leur servir de souffre-douleur.

J’aperçois la procureure de Saint-Nazaire, elle est dans les locaux. On me dit que c’est elle qui a ordonné les relevés et qu’elle vient de décider de me placer en garde-à-vue suite à mon refus. Je refuse de signer le PV, je demande un toubib et un avocat.

Je suis transféré à Nort-sur-Erdre vers midi. Pendant ce temps, à l’autre bout de la France, la Gendarmerie de mon village se pointe chez moi pour vérifier que c’est bien là que j’habite. Manque de pot, il n’y a personne et pas de nom sur la boîte aux lettres.

En garde-à-vue je n’ai (presque) rien à déclarer. Oui, non, je refuse de répondre, je veux voir un avocat. Le commis d’office arrive en fin d’aprem, on nous auditionne (grâce à mon absence de collaboration, aucune audition n’aura duré plus de cinq minutes), je refuse encore de signer et je finis tout de même par sortir, malgré les menaces des gendarmes sarthois (« si tu parles pas, on te garde 48 heures »).

Refuser de donner ses empreintes (et son ADN) est plus que jamais nécessaire face au fichage généralisé. Les flics disposent déjà de nombreux éléments pour nous identifier (Facebook, leurs propres fichiers, les anciens employeurs …), ne leur en donnons pas plus.

Si vous êtes sur Saint-Nazaire le 22 janvier 2013 et que vous ne savez pas quoi faire dans l’après-midi, je vous invite à mon premier procès au pénal, à 14 heures au TGI (rue Albert de Mun). Ça ne va pas être le procès du siècle mais un peu de soutien sera le bienvenu.

Nique le fichage et vive la ZAD.

Camille.

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FFiicchhaaggee,, IInnttiimmiiddaattiioonn,, CCrriimmiinnaalliissaattiioonn :: BBAASSTTAA !!

Le 18 octobre 2012, sur la ZAD au lieu dit les Ardillières Camille se fait contrôler par la gendarmerie en regagnant à pied le Bourg de Notre Dame des Landes. C’est le début de l’opération César, et il ne fait pas bon ne pas avoir ses papiers sur soi, surtout quand on est jeune, chevelu… suspect quoi !

Pour la peine Camille est emmené pour contrôle d’identité à la gendarmerie de La Chapelle-sur-Erdre. Camille donne son nom, son adresse, sa date de naissance ; bref tout ce qui normalement suffit aux pandores pour identifier un quidam. Mais ça ne suffit pas.

La bien connue procureure Lecoq de Saint-Nazaire, trouve qu’en l’absence de papiers, Camille serait bien mieux en garde-à-vue. Surtout que Camille refuse de se faire prendre en photo et de donner ses empreintes digitales comme son ADN.

Peu importe qu’un gendarme, dans un excès de zèle à jouer avec son compte faceboock ait identifié un ancien employeur de Camille qui, contacté par téléphone, donne suffisamment d’éléments aux gendarmes pour confondre l’identité du suspect. Camille n’a pas ses papiers, camille doit être gardé à vue. Camille refuse le fichage, Camille doit être poursuivi.

Camille sera relâché le soir du 18 octobre, après 8 heures de garde-à-vue, le déplacement d’un médecin, d’un avocat, et sans avoir rien fait de plus que ce qui avait dèjà été fait le matin : décliné son identité. Et pour avoir refusé d’être photographié et de donner ses empreintes digitales, Camille est poursuivi par le parquet de Saint-Nazaire.

Camille passe en procès le mardi 22 janvier à 14H00 au tribunal de Saint-Nazaire.

Rassemblement de soutien : refusons le fichage de la population, l’intimidation et la criminalisation de l’action militante.

Tract du CODELIB de Saint-Nazaire

NdPN : A retrouver aussi sur :

http://www.codelib.info/

http://zad.nadir.org/spip.php?article1021

http://nantes.indymedia.org/article/26938