NdPN : pour Arfeo Buroform à Valdivienne, la longue démarche juridique de reprise de leur boîte par les salarié-e-s menacé-e-s de chômage a enfin abouti. Nous avions déjà parlé sur ce blog de cette lutte et nous réjouissons donc de son issue. La boîte, qui conçoit des aménagements de bureau, continuera donc à tourner, avec des salarié-e-s qui décideront. Bien sûr, ce n’est pas non plus l’anarchie ! Restent en effet des différences de rémunérations, une latitude à décider des personnes nommés à la direction, sans parler de l’inscription dans les exigences d’un marché capitaliste aux antipodes du fédéralisme libertaire. Mais cette dynamique autogestionnaire montre tout de même une autre piste que celle suivie par nombre de de salarié-e-s menacé-e-s de licenciements, sur une position plus défensive consistant à sauver les pots cassés en se contentant d’indemnités. Ici, l’outil de travail est repris par les salarié-e-s ; occasion d’un prélude à d’autres luttes et à d’autres pratiques communes ? Nous l’espérons et souhaitons du courage aux salarié-e-s.
Le tribunal a entériné hier le projet de SCOP. 89 emplois seront sauvés à Valdivienne.
C’est la décision qu’on attendait mais c’est malgré tout un sacré soulagement pour les salariés de Buroform à Valdivienne et, dans une moindre mesure, pour leurs collègues d’Arfeo à Château-Gontier (Mayenne) : le tribunal de commerce de Poitiers a entériné hier le plan de reprise sous forme de Société coopérative et participative (SCOP) du groupe Arfeo, spécialisé dans le mobilier de bureau.
Hier après-midi Sophie Mussche, responsable du site de Valdivienne, Alain Tullio, représentant CGT du personnel, et Thierry Melot, secrétaire du comité d’entreprise, ont fait le déplacement à Poitiers pour entendre la bonne nouvelle.
1,8 million de commandes en attente
Dès lundi, la Société nouvelle Arféo-Buroform va pouvoir entamer sa marche vers un redémarrage complet. Première étape, explique la directrice du site de Valdivienne, Sophie Mussche : acheter sans tarder la matière première qui va permettre de faire face aux commandes : il y en a pour 1,8 million en attente sur les carnets des deux usines. Le soutien des banques et des pouvoirs publics (le conseil général de la Mayenne notamment, qui s’engage financièrement) s’est avéré décisif pour emporter la conviction des juges. Il devrait également permettre de débloquer les relations avec les fournisseurs de matière première, dont l’absence entravait jusqu’à hier le fonctionnement des chaînes de fabrication.
Élections la semaine prochaine
Parallèlement, la nouvelle SCOP, baptisée Société nouvelle Arfeo Buroform, va s’employer la semaine prochaine à élire son Comité de direction. Actuel directeur général d’Arféo et porteur du projet de reprise, Michel Moinet devrait en toute logique être désigné président. A Valdivienne, 89 des 107 emplois actuels devraient être sauvegardés. C’est l’administrateur judiciaire qui aura la charge de gérer le Plan de sauvegarde des emplois, beaucoup plus sévère à Château-Gontier, où 122 des 205 emplois seront sauvegardés. A l’heure actuelle, la quasi-totalité des salariés de Château-Gontier et 70 de ceux de Valdivienne ont fait part de leur désir d’adhérer à la coopérative.
Vincent Buche, Nouvelle République, 19 janvier 2012