Le Mouton noir porte la voix des femmes syriennes
Hazar (à l’arrière-plan) entend poursuivre ses ateliers en Turquie avec les réfugiées syriennes.
Des collages sur tissu, œuvres réalisées par des réfugiées syriennes, sont présentés pour la première fois. C’est à Poitiers à la galerie Le Mouton noir.
C‘est une forme de solidarité avec un peuple dans la souffrance. L’artiste Bruno Deshoulières, propriétaire de la galerie Le Mouton noir, a vu juste lorsqu’il a accepté la proposition de la nouvelle association poitevine « Pour la paix en Syrie » : présenter le travail de collage sur tissu réalisé, autour de la plasticienne Hazar, par un groupe de femmes syriennes, réfugiée en Turquie. Car l’exposition est simplement d’une force rare. En franchissant la porte, c’est l’écho du drame syrien porté par la voix des femmes qui s’empare de vous. Ici, une œuvre composée d’une alternance de visages et de pierres tombales traités avec le même tissu, là, visages, pieds et mains épars racontent le sourd martyr d’un village…
« Leur façon de participer à la révolution »
« Les premiers jours ont été difficiles, c’était le silence, il y avait comme un caillou. Mais dès que l’on s’est mis à découper le tissu et à coller, la parole est revenue », raconte Hazar Bakbachi-Henriot, artiste bordelaise, d’origine syrienne. Pour soutenir la voix des femmes dans la révolution syrienne, Hazar part en octobre 2012 pour Antakya (Antioche), à une trentaine de kilomètres de la frontière syrienne. Là, en relation avec l’association laïque Urgence solidarité Syrie, elle anime pendant quinze jours un atelier proposé aux femmes réfugiées qu’elle a pu rencontrer, « un vrai temps d’échange, de partage et d’expression pour dix-sept femmes âgées de 15 à 50 ans, c’est leur façon à elles de participer à la révolution, pour que le monde sache qu’elles existent et pour qu’on ne les voit pas comme des victimes impuissantes ». Hazar ne tient pas à se mettre en avant, « j’ai la responsabilité de leur voix ». Seules quelques-unes de ses œuvres sont discrètement intégrées aux travaux de collages de l’atelier. L’accrochage au Mouton noir représente une véritable première, d’autres lieux devraient suivre en France. Une date est même déjà prévue aux États-Unis près de Washington.
A l’initiative de l’association poitevine « Pour la paix en Syrie », exposition « Collages sur tissu » – œuvres collectives de réfugiées syriennes et de la plasticienne Hazar – à la galerie Le Mouton noir, 20, rue du Mouton. Jusqu’au 9 février de 15 à 19 h (nocturnes jusqu’à 21 h les 8 et 9). Vernissage ce samedi 2 février à 17 h. Renseignements au 06.62.03.15.53.
à suivre
> Pour la paix en Syrie. C’est le nom de l’association née à Poitiers à l’initiative de deux franco-syriens installés de longue date dans la ville. Positionnée du côté de la révolution, son objectif est d’aider les gens qui souffrent de la situation actuelle en Syrie et de dénoncer les injustices. L’exposition présentée au Mouton noir est sa première action. > Skype. Si la liaison internet est établie, Chahere al Khatibe, artiste opposant au régime en place, chantera en direct depuis la Syrie à l’occasion du vernissage. Tout un symbole.
Dominique Bordier, Nouvelle République, 2 février 2012