On sait qu’Obama, « prix nobel de la paix » [sic], n’a pas fermé l’immonde Guantanamo. Qu’il a validé trente milliards d’euros d’aide à l’Etat d’Israël sur dix ans, et soutenu cet Etat dans le déploiement d’un bouclier antimissiles. On sait aussi qu’il a amplifié les frappes de drones américains. Mais on ne savait pas jusque là le nombre précis de victimes, l’Etat américain refusant de donner des chiffres.
Mardi dernier, devant le Rotary Club de Caroline du Sud, le sénateur étatsunien Lindsey Graham a affirmé que les drones américains ont tué 4700 personnes dans le monde, notamment au Pakistan. Ce chiffre effarant va même au-delà des calculs de certaines ONG.
Le sénateur Graham, qui se prononce clairement pour l’usage de drones armés, ajoute à sa déclaration une phrase qui résume bien tout le cynisme de l’Etat américain :
“Sometimes you hit innocent people, and I hate that, but we’re at war, and we’ve taken out some very senior members of Al-Qaeda.”
Traduction : « Parfois vous tuez des innocents, et je déteste ça, mais nous sommes en guerre, et nous avons dégagé des membres éminents d’Al-Qaida ».
Le sénateur préconise aussi l’usage de drones sans armes le long des frontières américaines, pour « contrôler l’immigration illégale ». De fait, les drones servent déjà à quadriller la population civile américaine.
Pour ces beaux démocrates, lutter contre la terreur passerait donc par le massacre délibéré de milliers de civils et la surveillance de la vie de tout un chacun. Très logique, très efficace pour éviter de susciter une radicalisation, parmi des populations meurtries.
Mais la fin du « terrorisme » n’est pas le but. Le but, c’est de faire tourner le lobby militaire, biberonné par les Etats à coups de milliards.
Aux-Etats-Unis comme ailleurs : l’Etat français, déjà célèbre pour son projet de drone ELSA permettant de surveiller les manifs et les quartiers pauvres, argue aujourd’hui d’une défaillance en termes de flotte de drones dans sa guerre au Mali, pour relancer un programme ad hoc, et appuyer le projet nEUROn du philanthrope Dassault… présenté il y a un mois à Istres. Le hasard fait bien les choses…
Pavillon Noir, 22 février 2013