[Civaux – Fukushima] Désastre nucléaire durable

Une écologiste à Fukushima : voyage au bout de l’enfer

Conseillère régionale verte, Hélène Shemwell a fait le déplacement au Japon sur les lieux de la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011. Carnet de bord.

Hier, Hélène Shemwell a bouclé l’assemblée générale de la commission locale d’information de la centrale de Civaux. De son déplacement à Fukushima avec une délégation française mi-décembre, la conseillère régionale verte a ramené un récit saisissant et des images poignantes.

> Suicides. « Autour de la centrale, une zone est strictement interdite. La zone 1, où nous avons pu pénétrer en bus, est inhabitable pour une durée indéterminée. Le plus frappant, c’est d’y voir toujours des voitures, des amoncellements de tôles. Mais en raison du taux de radioactivité, on ne peut plus toucher aux déchets. En zone 2, les gens ont été évacués, pas les animaux familiers, laissés sur place. On s’y est promenés en masque et combinaison. Pourtant, on voit des ouvriers travailler pour mettre la terre polluée dans des sacs, disséminés ensuite dans tout le pays. Inquiétant. Les habitants ignorent s’ils pourront revenir un jour chez eux et les suicides sont légion. » > Pestiférés. « La population a été maintenue dans la zone 3 mais il ne reste que les plus modestes. Les plus aisés sont partis ailleurs. Les enfants, privés de récréation, sont censés sortir une demi-heure par jour seulement. En tant que mère et grand-mère, c’est ce qui me touche le plus. Des excursions sont organisées une ou deux fois par mois pour qu’ils puissent être en contact avec la nature. A l’école, les enfants évacués déclarant venir de Fukushima sont considérés comme des pestiférés. » > Fukushima à Civaux ? « La zone interdite irait jusqu’à Valdivienne et Mignaloux. Chasseneuil et Buxerolles seraient touchés. En zone 2, il faudrait évacuer tous les habitants de Poitiers, Neuville ou Mirebeau. » > Catastrophe bis. « Sur place, nous avons vécu un petit séisme de magnitude 5. Le pays s’attend à un très fort séisme dans les mois à venir. Il paraît que si d’ici-là, le combustible de la piscine du réacteur 4 de la centrale Fukushima n’était pas mis à l’abri, le Japon pourrait ne plus être là. » > Conclusion. « L’histoire de Fukushima, elle ne fait que commencer et va durer des siècles. Alors, comprenez notre inquiétude. »

Jean-François Rullier, Nouvelle République, 6 mars 2013

NdPN : voir aussi cet article sur le stockage désastreux des déchets nucléaires en Allemagne.