NdPN : rendez-vous pour le rassemblement contre l’ANI à 14h30 aujourd’hui, Porte de Paris. Entre autres grévistes, les territoriaux, chapeau à elles et à eux !
Voici le texte que nous diffuserons :
Quelques journées éparses ne suffiront pas
L’économie est en pleine restructuration. Oui, au cas où vous n’auriez pas fait le lien, la galère que nous vivons nous et nos infortuné-e-s congénères est une conséquence de l’actuelle restructuration du capitalisme, aussi appelée « La Crise » et de la politique d’austérité qui l’accompagne. Le manque de thune, les prix qui augmentent, les salaires qui n’augmentent pas, les subventions qui baissent, le flicage de Pôle Emploi, les dégraissages et délocalisations. Tout ça on le prend en pleine gueule, parce que nous ne sommes pas une valeur sur laquelle le gouvernement souhaite investir. Investir pour renflouer les banques, ça c’était une valeur sûre, mais nous, nous sommes trop risqué-e-s. Trop habitué-e-s aux largesses du système social français. Mais ça va « changer » nous dit-on !
L’actuel gouvernement « écolo-socialiste », dans la continuité du précédent, cherche tous les moyens pour réduire les dépenses de l’État et pour obtenir de nouvelles rentrées d’argent. Point de « changement » là-dedans, il s’agit de gérer la misère capitaliste sous des dehors humains, parce que quand même, la gauche, Mitterrand, Blum, Jaurès, … Et puis créer de l’emploi bordel ! Même du taf de merde, on s’en fout, l’important c’est qu’on puisse taxer les entreprises (mais pas trop, sinon elles délocalisent) et surtout les salarié-e-s (autant qu’on veut, seul-e-s les plus fortuné-e-s se délocalisent).
Dans ce contexte, l’ANI est un gage de bonne volonté accordé au patronat. Une preuve de soumission de la gauche cogestionnaire, pour bien montrer qu’elle est compatible avec l’économie de marché (mais qui en doutait encore ?). Cet accord, signé par la première organisation patronale (le MEDEF) et trois centrales syndicales assez peu réputées pour leur combativité (CFDT, CFTC, CFE-CGC) est aussi une preuve que la France prend la mesure de la gravité de la « crise » et s’organise en conséquence pour tenter de faire repartir la croissance. Chouette…
Voyons un peu où l’on nous dirige. On nous fait bien comprendre que le « modèle social français » c’est terminé, que maintenant, crise oblige, il va falloir être flexible, compétitif. Un mini plan d’ajustement structurel, « auto-imposé » dirons-nous. C’est là que la chose est raffinée. Contrairement à ce qui se passe en Grèce par exemple, puisqu’ici la situation est jugée moins problématique, ce n’est pas la Troïka (FMI, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne) qui opère. Nous n’avons donc pas le sentiment d’être soumis-e-s à la domination d’un envahisseur venu démanteler l’État social et nous grappiller le peu de miettes qui tombaient encore du gâteau. Non, ça se passe entre français-e-s. D’où peut-être une opposition moindre à cette politique de précarisation qui ne dit pas son nom.
Pourtant cette attaque n’est pas la première et s’inscrit dans la lignée des précédentes tentatives réussies (2003, 2007, 2010) ou échouées (1995) de réforme des régimes de retraite, ou de créer des contrats de merde toujours plus précaires (CIP en 1994, CPE/CNE en 2006). Et elle en appelle d’autres. Nous pensons que, face à cela, nous devons nous donner les moyens d’une résistance concrète et durable. Une force capable de se défendre face à de pareilles attaques, mais aussi (soyons dingues) de se donner les moyens de se voir concéder toujours plus de miettes, et pourquoi pas d’obtenir le gâteau tout entier.
Nous souhaitons en conséquence appeler à la tenue d’une assemblée contre l’austérité et la précarité.
Quelques prolétaires
Plus d’info bientôt sur :
fa86.noblogs.org – epinenoire.noblogs.org – nidieuxnimaitreenpoitou.wordpress.com
NdPN – Mise à jour : nous avons distribué 200 tracts. Plus d’infos à venir. Loi votée à l’Assemblée, comme prévu… Sinon, deux comptes-rendus de la journée par la NR : à Poitiers, et à Châtellerault.
Poitiers : Contre l’accord interprofessionnel
Hier, Porte de Paris à Poitiers, on pouvait voir des barrages de police et des drapeaux rouges, blancs, jaunes brandis par 200 manifestants prêts à se diriger vers la préfecture. La CGT et Force Ouvrière, avec le soutien de la FSU et Solidaires, appelaient en effet les salariés du public et du privé à manifester contre le vote par les députés de l’Accord national interprofessionnel (ANI).
130 licenciements par mois en 2011
Catherine Giraud, secrétaire à l’union départementale CGT Vienne, s’est fait porte-parole de ses camarades : « L’objectif de l’ANI est soit disant de lutter contre le chômage. Or le vote de cet accord ne fera qu’augmenter les sous-emplois à travers des CDI intermittents. On obligera les salariés à être mobiles sous peine de licenciement ». En outre, les représentants des syndicats présents déplorent une augmentation des licenciements : « 130 par mois en 2011 et 1.525 ruptures conventionnelles de contrats de travail dans la Vienne ». Force Ouvrière, à travers son secrétaire général Alain Barreau, dénonce : « Cet accord va rendre les salariés malléables, sans contraintes pour les patrons et sans hausse de salaires. En signant cet accord, le Parti Socialiste, le patronat, la CFDT, la CFTC et la CGC portent sur leurs épaules le poids d’une régression sociale à venir ». Les revendications des syndicats opposés à l’ANI ? « Nous voulons une augmentation des salaires, des retraites, des pensions, des allocations et des minima sociaux. La situation des salariés ne cesse d’empirer. Le chômage est en hausse depuis 22 mois et 8 millions de personnes en situation de précarité sont actuellement sur le marché du travail », martèle Alain Barreau. Les syndicats se disent prêts à poursuivre leurs actions le 1er mai prochain si « le gouvernement poursuit sur sa lancée, dangereuse pour les salariés ».
en savoir plus
500 salariés du public (mairie, hôpitaux…) et privé (Fonderies, Coop…) ont manifesté hier matin dans les rues de Châtellerault pour protester contre l’ANI. Les deux Fonderies (Fonte et Alu) ainsi que la Snecma ont appelé à 24 heures de grève, a annoncé Alain Delaveau, secrétaire de l’UL-CGT.
Aurore Ymonnet, 10 avril 2013
Châtellerault : Cinq cents manifestants dans la rue
A l’appel de la CGT et FO, 500 salariés du public (mairie, hôpitaux…) et privé (Fonderies, Coop…) ont manifesté dans les rues de Châtellerault pour protester contre l’ANI, cet Accord national interprofessionnel signé le 11 janvier entre les organisations patronales et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC), et, en cours d’examen au Parlement. (*)
» Chantage à l’emploi »
Ils demandent le retrait de ce projet de loi, « ex-accord de compétitivité emploi sous Nicolas Sarkozy », qui reste un « texte de régression sociale », du « chantage à l’emploi ». Un texte que les affiches et autres banderoles brandies résument ainsi : « Travailler plus, gagner moins et loin de chez soi. » Les deux fonderies (Fonte et Alu), ainsi que la Snecman ont appelé à 24 heures de grève, annonce Alain Delaveau, secrétaire de l’UL CGT. « À la Fonte, on commence déjà à nous mettre de la flexibilité avec la mise en place de séances de travail supplémentaires obligatoires. La colère gronde dans les entreprises même si elle n’est pas forcément exprimée dans la rue. » Dominique Gougeon, de la CGT hôpital Camille-Guérin, estime que « cet accord va créer soit des fermetures d’usine soit une dégradation des conditions de travail, en envoyant par exemple des salariés travailler à l’autre bout de la France. » Il craint une « précarisation du travail » : « On pourra faire baisser les salaires pendant 2-3 ans sous prétexte de productivité. » Autrement dit, résume un autre manifestant : « Les pauvres travaillent pour l’argent, l’argent travaille pour les riches. »
(*) L’ANI prévoit plus de flexibilité pour les employeurs (accords de maintien dans l’emploi, mobilité interne, refonte des procédures de licenciements…) contre de nouveaux droits pour les salariés (accès élargi aux mutuelles, droits rechargeables au chômage, formation…).
Denys Frétier, Nouvelle République, 10 avril 2013