Appel au soutien du Collectif des familles du squat l’Etape
Dal86 propose une seconde réunion aux orgas qui se sentent concernées le mardi 14 mai à 20 h à la MDS.
Nous pouvons lire à la fin du Compte rendu de la dernière réunion du Partenaires Accompagnement Migrants (PAM) composé des orgas suivantes : Emmaüs Naintré, Secours Catholique Châtellerault, Toit du Monde , CIMADE, Ligue des Droits de l’Homme Poitiers et Châtellerault, CORDIA, Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France, RESF86, Entraide Sociale Poitevine, Ferme de l’Espoir Châtellerault, MédecinduMonde), Entraide Sociale Poitevine, Croix Rouge Française, CollectifsolidaritémigrantChâtellerault, l’ASE Poitiers, Médecins Du Monde… :
“Une discussion a lieu sur les actions du DAL Poitiers, notamment l’occupation récente de l’ex-foyer de la rue d’Oléron. Tout le monde reconnaît au DAL le mérite de pointer le scandale de laisser des personnes sans abri alors que des logements sont vides. Mais il y a divergence sur les modes d’action : le Toit du Monde considère que les familles étrangères en situation irrégulière sont mises en danger, car la police et la justice peuvent invoquer le trouble à l’ordre public pour leur refuser un titre de séjour et les expulser hors de France. De plus le ton des communiqués du DAL est souvent agressif, voire virulent, ce qui n’incite pas les autorités, lieux d’hébergement et institutions visées à répondre positivement.“
PAM a de la suite dans les idées car nous pouvons lire dans le précédent compte rendu de la réunion du 25 janvier : “le logement illégal pour des d.a. (demandeurs d’asile) en situation déjà très précaires et dans un état souvent de détresse n’est pas forcément adapté. Ca les mettrait également encore plus dans l’irrégularité.“
Rien n’est plus faux. PAM peut-il donner l’exemple d’une seule famille étrangère en situation irrégulière qui aurait été “mise en danger” par les actions du Dal86 ? C’est que PAM ignore que rentrer par la porte ouverte dans un logement vide et vacant depuis au moins 6 mois lorsqu’on est en état de nécessité n’est pas un délit. Le seul danger est de se faire prendre dans la période des 48h du flagrant délit. Après, si les personnes ne font pas du tapage, des dégradations, des tags, s’il n’y a pas de bagarres ni d’accidents… c’est-à-dire des actions qui ne sont pas répréhensibles que dans un squat et qui mettent partout les personnes qui les font en danger…, il n’y a pas de “troubles à l’ordre public“. Toute personne a le droit de se protéger et de mettre en sécurité ses enfants. Et la police ne s’y est pas trompée. Elle est venue à l’ouverture officielle pour faire les constatations d’usage et elle a accompagné les huissiers pour le constat ordonné par la justice. Puisque rentrer par la porte ouverte dans un logement vide et vacant depuis au moins 6 mois lorsqu’on est en état de nécessité n’est pas un délit, on ne voit pas bien comment “la police et la justice peuvent invoquer le trouble à l’ordre public pour leur refuser un titre de séjour et les expulser hors de France“. Nous ne sommes pas (encore) dans un république bananière. Quoiqu’on entende déjà le bruit des bottes. Nous savons bien que préfecture-justice-mairie-conseil général : même combat. Nous avons l’exemple de ce ressortissant arménien qui a fait un référé liberté contre la préfecture pour être pris en charge au CHUS et qui a été débouté sans que l’affaire n’ait été jugée. Enfin si, il y a eu une sorte de jugement expéditif puisque le juge pour rendre son ordonnance à pris des renseignements auprès de la préfecture, bafouant les droits de la défense en particulier à avoir un procès équitable (rien que ça). L’affaire est portée en cassation mais, le juge et la préfète savaient très bien que le délai de cassation est de UN AN ET DEMI. Le ressortissant arménien à le temps donc de crever la bouche ouverte. Là encore ce n’est pas une banalité du mal à la Eichmann mais ça va au delà. C’est une pratique politique carrément mafieuse.
Et donc, nous trouvons que le ton de nos communiqués est des plus mesuré. Car, il n’y a pas que “le scandale de laisser des personnes sans abri alors que des logements sont vides“. Il y a aussi le scandale de l’hébergement d’urgence. Des locaux pourris, des conditions d’accueil pourries, des règlements pourris… D’abord, malgré ce que prévoit la loi, l’accueil inconditionnel n’est pas assuré à cause du manque de places – des personnes seules et des familles se retrouvent régulièrement à la rue. Ensuite, malgré la loi qui prévoit un « accueil digne », les locaux du CHUS sont très vétustes et la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. Malgré la loi qui prévoit un accueil continu, les personnes et les familles doivent sortir à 10h30 le matin et ne pas y revenir avant 16h15 et pas après 21h, et, si les femmes et les enfants sont hébergés tous les soirs, le manque de places fait que les hommes « tournent » et ne sont hébergé qu’un jour sur deux voire, qu’un jour sur 3 ou 4. Malgré la loi qui, outre le gîte et l’hygiène, prévoit le couvert, il n’y a pas de repas servis le soir ni a fortiori le midi. Et enfin, malgré la loi qui prévoit une première orientation « vers tout professionnel ou toute structure susceptibles de lui apporter l’aide justifiée par son état », et un accompagnement personnalisé.
Il y a aussi le scandale du SIAO qui est asphyxié par le nombre des demandes et qui ne permet pas comme la loi y oblige une orientation « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation ». Les personnes et les familles sont livrés à eux-mêmes et il est certain que des familles subissent ces mauvais traitements durant 2 longues années, le maximum étant 3 ans.
Enfin il y a le scandale du défaussement du social sur le caritatif. Là aussi nous avons de multiples exemples. Du recours des “autorités, lieux d’hébergement et institutions visées“aux sœurs de Salvert et à Emmaüs Naintré aux réponses de cette Assistante Sociale au Dal86 qui lui demandait ce qu’elle pouvaient faire pour que les personnes et les familles puissent manger à leur faim et à quoi elle a répondu : il y a les resto du cœur, la maraude, le secours catholique et populaire… Ce recours est clairement une tactique pour mettre les gens à la rue et participe à la grande machine à les broyer car il prend toujours la place de l’application de la loi et du respect des droits fondamentaux de ces personnes. Par exemple la famille G. après 2 ans de au CHUS (rien que ça ! Mais que peut bien vouloir dire le « U » de CHUS?) le père a été expulsé dans son pays et 3 mois après le Toit Du Monde à trouvé une solution pour la mère et leur enfant chez les sœurs de Salvert. Puis le mari est revenu et la famille ne pouvant plus rester à Salvert, les sœur leur ont demandé de partir. C’était carrément à la rue puisqu’il n’y avait pas de place pour eux au CHUS. Donc, la tactique est visible. D’abord, garder les gens en « urgence » au CHUS le plus longtemps possible au lieu de les orienter rapidement vers « vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à leur situation ». Ensuite, les orienter vers le caritatif, qui fait ce qu’il peut bien entendu, mais qui est clairement « une structure d’hébergement » franchement INSTABLE. Enfin, lorsque la famille est virée, il n’y a même plus de place au CHUS et la famille se retrouve à la rue.
Entre parenthèse ça a été plus pervers, si c’est possible, pour la famille N. qui est passée du CHUS à un foyer. Puis lorsqu’ils ont été déboutés de leur demande d’asile et ont été en recours au CNDA, ont été transférés à l’hôtel puis virés de l’hôtel quelques jours plus tard donc mis à la rue puisqu’il n’y avait plus de places au CHUS… Après intervention du DAL86, la Croix Rouge leur a finalement trouvé une place au CHUS mais devant les conditions inhumaines qui leur étaient proposées (séparation des parents, père hébergé au mieux une fois sur deux, horaires et règlement absurdes… Voir plus haut) et la maladie de leurs enfants (surtout leur petite fille qui est épileptique) la famille est partie en vacances chez des amis à Saintes. Lorsqu’il sont revenus 4 jours après à Poitiers, la Croix Rouge à refusé de leur donner une place au CHUS sous le prétexte qu’il avaient refusé leur place au CHUS le vendredi précédent. Or, n’est-il pas lamentable – et ce n’était pas la première fois qu’on entendait ce genre d’argument – que l’hébergement d’URGENCE refuse un hébergement au prétexte qu’il y a eu un refus précédemment. La loi est très claire pourtant : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. ».
Bref, tout est fait pour pourrir la vie des gens à la rue et en particulier des migrants afin de les dissuader de rester à Poitiers. Et, il ne faudrait pas inverser les rôles. Ce n’est pas le Dal86 qui met ces personnes et familles en danger mais bien “les autorités, lieux d’hébergement et institutions visées“. Nous avons de multiples exemples où “les autorités, lieux d’hébergement et institutions visées” ont mis en danger des personnes et des familles avec des enfants des fois en bas âge en le jetant à la rue et en ne pourvoyant même pas à leur besoins fondamentaux. Nous avons donné quelques exemples et il suffit de lire les communiqués du Dal86 pour s’en rendre compte. Alors qu’est-ce qui est le plus condamnable ? Le ton “souvent agressif, voire virulent” du Dal86 où l’horreur que font vivre à ces personnes et familles “les autorités, lieux d’hébergement et institutions visées” ?
Aussi, le Dal86 voit deux orientations de la lutte. D’abord, la création d’un Collectif des familles et des personnes seules qui ont les mêmes difficultés. C’est en cours de réalisation. L’AG du squat l’Etape de vendredi 26 avril a posé les bases d’un tel Collectif de lutte. Un seul exemple la famille azéro-arménienne arrivée le mardi 16 avril parce que la Croix Rouge a refusé de lui donner une place puisqu’ils avaient osé refuser d’aller au CHUS dans les conditions indignes qui lui étaient réservées dont nous avons parlé plus haut, est arrivée au squat mardi 23 avril avec un homme qui tirait une valise. Ils avaient rencontré ce ressortissant russe – qui en était à sa première demande d’asile – au CHUS où il n’avait pas de place et donc l’avaient ramené au squat. Ils l’ont piloté le lendemain et il a eu une place au CHUS. Il vit aujourd’hui entre le CHUS et le Squat. Mais il y a plus, cette famille azéri-arménienne et ce ressortissant russe ne parlant pas bien français, c’est une autre famille, géorgienne celle-ci, qui fait la traduction et qui va les piloter dimanche auprès de la maraude.
Ensuite la création d’un comité de soutien de ce collectif de familles et des personnes seules qui ont les mêmes difficultés composé de toutes les orgas intéressées. A ce sujet, Dal86 propose une seconde réunion aux orgas qui se sentent concernées le mardi 14 mai à 20 h à la MDS.
DAL 86, 2 mai 2013