[Russie] Une Pussy Riot en grève de la faim après des menaces de mort

Russie: une Pussy Riot en grève de la faim après des menaces

Une des membres emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova, a entamé lundi une grève de la faim, se disant menacée de mort après avoir dénoncé des conditions proches selon elle de l’esclavage dans son camp de travail.

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Nadejda Tolokonnikova lors de son procès le 26 avril 2013 à Zubova Polyana

Dans une lettre transmise par son avocat à la presse, la jeune femme de 23 ans fait un récit évoquant les témoignages sur le Goulag soviétique, sur les conditions en vigueur au camp de travail pour femmes n°14 en Mordovie (600 km à l’est de Moscou) où elle purge une peine de deux ans de détention.

Dans une plainte séparée, adressée à la justice, au directeur des services pénitentiaires russes, et au délégué aux droits de l’Homme Vladimir Loukine, elle accuse le directeur adjoint du camp, Iouri Kouprionov, de l’avoir menacée de mort le 30 août dernier après qu’elle se fut plainte des conditions de détention et de travail.

Selon son récit, les détenues sont systématiquement humiliées et réduites à l’état d' »esclavage », forcées de travailler 16 ou 17 heures par jour et privées de sommeil, ainsi que de conditions d’hygiène élémentaires, affirme Nadejda Tolokonnikova.

Cette ancienne étudiante en philosophie, mère d’une fillette de cinq ans, a été condamnée en août 2012, avec deux camarades, à deux ans de détention pour une « prière punk » contre Vladimir Poutine, chantée dans la cathédrale de Moscou.

« Ce lundi 23 septembre je me déclare en grève de la faim. C’est une méthode extrême, mais j’ai la conviction que c’est la seule issue pour moi dans cette situation », écrit la jeune femme dans sa lettre. « J’exige que l’on nous traite comme des personnes humaines, et non comme des esclaves », ajoute-t-elle.

Elle explique que sa « brigade », employée à coudre des uniformes de police, embauche à 7H30 pour finir à 0H30, avec au maximum quatre heures de sommeil et un jour de repos tous les mois et demi.

Toute incartade, tout relâchement est puni de sanctions, notamment collectives, de manière à dresser les détenues les unes contre les autres.

« Le régime dans le camp est fait de telle manière que l’anéantissement de l’individu et sa transformation en esclave silencieux sont réalisés par les détenues elles-mêmes, celles qui sont chef de brigade et reçoivent des ordres de la direction », écrit-elle.

Selon elle, une des détenues a été amputée d’une jambe et des doigts d’une main, gelés, après avoir été obligée de rester des heures à l’extérieur en hiver. Une autre sanction peut être l’interdiction de se laver et d’aller aux toilettes, l’interdiction de boire et manger, ajoute Nadejda Tolokonnikova.

AFP, 23 septembre 2013