Aujourd’hui dans la NR, un article qui démontre à quel point l’école n’a plus pour ambition que de faire rentrer des individus dans le monde du travail aliéné, et qui ne déplore avec cynisme le « décrochage scolaire » que lorsqu’il conduit les individus concernés à ne pas s’insérer dans l’immonde du travail. Pas un mot sur l’émancipation personnelle, ni sur la culture comme processus collectif d’appropriation des savoir-faire et des connaissances.
Comment s’étonner après dudit « décrochage », malgré tous les « dispositifs » rassemblant leur cohorte de bureaucrates, de gratte-rapports bidons et de conseillers en management orientation ? Ce n’est pas en mettant toujours plus de pression et de quadrillage (jusque dans leur famille) à des enfants déjà mal à l’école, qu’on la leur fera aimer davantage !
Le problème de l’école du point de vue des enfants (bref du point de vue essentiel, qu’oublient si souvent les profs eux-mêmes, sans parler des technocrates de l’éducation nationale), c’est d’être enfermé-e-s huit heures par jours entre des murs, de subir un apprentissage pas toujours souhaité, sur des matières qui n’intéressent pas forcément, avec des évaluations qui hiérarchisent, dévalorisent, stigmatisent voire cassent à vie. C’est d’être transformé en pâte à modeler adaptable aux desiderata des adultes morts-vivants, produits d’un monde aliénant qu’on n’a pas choisi.
Si les individus pouvaient participer pleinement à l’apprentissage et à sa définition, selon leurs envies et leurs besoins individuellement et collectivement exprimés, on aurait sans doute moins de « décrochage ». L’histoire des écoles libertaires le démontre amplement… Mais pour cela, encore faudrait-il que l’école ne soit plus sous l’égide d’un Etat et d’un patronat tout-puissants, dont la seule ambition n’est que la sujétion et l’exploitation de tou-te-s !
Juanito, Pavillon Noir, 24 septembre 2013