Les « acteurs de la sécurité » font leur show de mercredi 16 au samedi 19 octobre, à Poitiers dans l’inénarrable centre commercial des Cordeliers, mais aussi dans d’autres lieux et d’autres villes de la Vienne (notamment chez Dassault, fabriquant réputé de machines… guère sécurisantes pour tout le monde). Pompiers, maîtres nageurs sauveteurs, prévention routière seront présents ; mais aussi flics, CRS et gendarmes. Logique. « Leur vocation c’est votre sécurité », nous dit la Nouvelle République, mais à qui s’adresse donc ce journal ? Aux prolos que nous sommes, ou aux carnassiers du travail qui s’enrichissent sur notre couenne, craignant qu’on ne leur reprenne tout ce qu’ils nous volent de vie au quotidien ? « Premiers secours » mis au même niveau que la « lutte contre le vol » et les « cambriolages dans les entreprises et les commerces » : on ne ferait pas mieux pour emballer gestes qui sauvent et gestes qui tuent dans le même packaging d’une pseudo cause commune ! Qui nous protègera des exploiteurs, des affameurs et du vol généralisé de nos vies ? Il ne faudra hélas compter que sur nous-mêmes.
Cela dit, félicitons-nous : pendant que les spécialistes de la matraque, du flingue et des menottes seront tout occupés à faire croire au badaud qu’ils « sécurisent » notre quotidien, les salarié-e-s en lutte pour garder leur taf prendront peut-être moins de gaz, de coups de tonfa et de projectiles de flashball dans la tronche ; les « marginaux » seront peut-être moins harcelé-e-s et dégagé-e-s du centre-ville ; les pauvres réduits à chourer de quoi bouffer seront moins gardé-e-s à vue ; les migrant-e-s seront moins arraché-e-s à leurs proches et envoyé-e-s en centres de rétention ; les manifestant-e-s seront moins harcelé-e-s et traîné-e-s en procès pour avoir eu le courage d’exprimer leurs idées. Quatre jours : un petit répit pour nous sentir plus en sécurité face aux milices du capital, vaquant à leur sale propagande sécuritaire. Toujours ça de pris.
Juanito, Pavillon Noir, 17 octobre 2013