Livres de l’Altiplano en libre téléchargement !

Bonne nouvelle, il est désormais possible de télécharger les bouquins des éditions de l’Altiplano sous format pdf gratuitement via ce site : http://www.laltiplano.fr/

On conseille notamment « Mort à la démocratie » de Léon de Mattis, un ouvrage abordable, agréable et clair. Relatant d’abord l’expérience et les désillusions de jeunesse de l’auteur dans une section d’un parti aujourd’hui au pouvoir, puis exposant ses arguments contre les élections, suivis d’arguments contre l’Etat.

Bonnes lectures !

[La Rochelle] Suicide d’un chômeur suite à un recommandé de Pôle Emploi

[Mort aux pauvres !] In memoriam Marcel Dumas

Posted on 19 mai 2012 by juralib

La Rochelle : « On l’a poussé au suicide »

Accusé de fraude, Marcel Dumas, un chômeur de 56 ans, s’était donné la mort. Sa sœur dénonce.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1337439632.jpgDepuis le début des années 1990, Marcel Dumas vivait d’emplois aidés et de petits boulots.

C’était le 30 décembre 2010. Marcel Dumas avait punaisé un petit mot sur la porte de sa maison de Saint-Xandre, en Charente-Maritime : « Je suis mort », puis il était allé se pendre.

Un passant intrigué avait alerté les secours. Les gendarmes ont découvert le corps un peu plus tard, trop tard.

De l’avis de ses proches, Marcel n’était pas dépressif, encore moins suicidaire. Il était juste au bout du rouleau. À 56 ans, chômeur, avec 600 euros par mois pour survivre, il venait de recevoir un recommandé du Pôle emploi lui enjoignant de rembourser un trop-perçu de 8944,76 €. Aucun justificatif n’accompagnait ce courrier type à la sécheresse tout administrative. Pas de décompte des sommes dues non plus, mais un échéancier à respecter : 1789 euros par mois pendant cinq mois. « D’être considéré comme un fraudeur, il ne l’a pas supporté », résume Marie-Lise Deschamps.

Vingt ans de chômage

Marie-Lise, c’est la grande sœur de Marcel. Elle dit n’avoir découvert la détresse de son frère qu’après sa mort, en épluchant ses maigres papiers. « Il ne parlait jamais de ses problèmes. J’ai appris plus tard qu’il était obnubilé par cette affaire. Sa hantise, c’était qu’on lui prenne sa maison, qu’il se retrouve à la rue. Pour moi, il est clair qu’on l’a poussé au suicide. »

Marie-Lise décrit son cadet comme un vieux garçon « renfermé » mais « qui n’aurait jamais fait de mal à personne ». Quelqu’un de « démuni », « sans défense », avec son certificat d’études pour seul bagage. Électricien de marine, il avait été mis au chômage par la fermeture du chantier Gib Sea de Marans, au début des années 1990. « Il n’avait pas retrouvé de vrai travail depuis. Il vivait d’emplois aidés, de petits boulots à droite à gauche. »

En 2007, Marcel Dumas est recruté par la Maison des chômeurs de La Rochelle. 26 heures par mois payées 200 euros. Qu’il porte consciencieusement sur sa déclaration de revenus. Son « conseiller référent » de l’ANPE est au courant, comme en témoignent les fiches de liaison de 2008 que Marie-Lise a retrouvées.

Pourtant, à l’automne 2010, le Pôle emploi l’accuse de ne pas avoir déclaré cette activité. Le radie provisoirement, suspend ses droits et lui notifie le trop-perçu. Puis, s’agissant de l’ASS, une allocation d’État, le dossier est transmis à la préfecture. La machine est en marche.

Le 28 décembre 2010, le Pôle emploi convoque Marcel Dumas à un entretien pour le 5 janvier. Puis lui signifie sa radiation le 10 pour cause d’absence au rendez-vous. Il était mort depuis onze jours.

Pas de faute

Une bavure dans la chasse aux petits fraudeurs ? Marie-Lise Deschamps en est convaincue. Elle en veut à ce conseiller référent qui savait et n’a rien dit, qui n’a pas voulu voir la bonne foi de Marcel et sa détresse. « Curieusement, il a été remplacé juste après la mort de mon frère. »

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1337441395.jpgDominique Morin, directeur régional de Pôle emploi (à droite)

Si elle s’est décidée à parler, c’est « pour que cela ne se reproduise pas ». C’est aussi pour combattre ce sentiment d’impuissance qui la hante depuis un an. Le procureur de la République de La Rochelle a classé sa plainte sans suite pour « absence d’infraction ». La Direction du travail et de l’emploi a reconnu, tardivement, qu’il n’y avait pas eu fraude, les bénéficiaires de l’ASS pouvant sous conditions cumuler salaire et allocation. Mais personne, sinon lui-même, ne peut être tenu pour responsable de la mort de son frère.

Au Pôle emploi, le directeur régional de Poitou-Charentes, Dominique Morin, rejette tout lien de cause à effet entre la procédure engagée contre le chômeur et son suicide. Il exclut de la même façon tout dysfonctionnement de ses services : « Le fait déclencheur, c’est la non-déclaration des salaires. Marcel Dumas l’avait reconnu. Il nous avait contactés pour demander un échelonnement. Nous ne faisons qu’appliquer par délégation de l’État la réglementation que la loi nous impose. »

Pas de faute, pas de dysfonctionnement, les procédures ont été respectées. Mais si elles aboutissent à ce résultat, c’est qu’il faut peut-être les changer.

Presse (Pierre-Marie Lemaire, SudOuest.fr, 12 mai 2012)

[Poitiers] Préavis de grève des conducteurs scolaires d’enfants handicapés

Les conducteurs scolaires  » n’en peuvent plus « 

Alain Gautier a pris la tête de la révolte des conducteurs de la société Vortex qui emmènent au quotidien de jeunes handicapés à l’école.

Les hasards de vie ont fait d’un ingénieur commercial d’une grande entreprise pharmaceutique, un leader syndical à la tête d’une révolte de travailleurs précaires conduisant au quotidien de jeunes handicapés dans leur école spécialisée.

C’est l’histoire d’une rencontre avec un nouveau métier, de nouveaux collègues, un nouveau patron et de nouveaux petits « clients » si attachants. Le Poitevin Alain Gauthier a choisi de prendre un congé parental à la naissance de son troisième enfant. A l’échéance de trois années légales, il a repris une activité professionnelle il y a quatre ans. Un petit boulot dévolu aux gens de peu avec un maigre salaire (de 2.500 à 5.000 euros net annuel). Conducteur scolaire d’enfants des Clis (Classes pour l’insertion scolaire), il transporte au quotidien des mômes en difficulté scolaire souffrant d’autisme, dyslexie, troubles du comportement ou autre hyperactivité. L’ancien cadre supérieur s’est retrouvé plongé dans un nouvel univers impitoyable. « J’étais chouchouté, pourri gâté dans mon ancien métier. Aujourd’hui dans le transport, je découvre un truc effarant bien au-delà de ce que je pouvais imaginer. Mes collègues sont des gens vulnérables. Ce sont souvent des retraités ou des personnes assujettis au RSA. Le patron profite de leur désarroi, de leur misère, pour les tenir et les exploiter. Nous n’en pouvons plus. Nous étions tous isolés, j’ai voulu regrouper nos forces. Je me suis plongé dans la convention collective et j’ai découvert des choses incroyables. »

L’entreprise liée au conseil général jusqu’en juillet

L’entreprise Vortex est un des leaders du secteur en France. Basé à Lisses dans l’Essonne, ce transporteur spécialisé a remporté 20 des 80 marchés du conseil général qui lui a confié ce segment de service public jusqu’à la mi-juillet. « Un nouvel appel d’offres est déjà lancé », précise le service transport du Département. Le conflit social qui couvait est devenu ouvert. Le P-DG de Vortex Éric Heudicourt a été reçu à Poitiers la semaine dernière par le directeur des transports Jean-Luc Leberre. « Nous lui avons demandé de veiller à respecter ses engagements vis-à-vis des collectivités et de ses employés. » Connaissant une ascension fulgurante ces dernières années (la barre des 50 M€ de chiffres d’affaires pourrait être franchie lors de cet exercice), Vortex n’en est pas à ses premiers remous sociaux. Le dernier numéro du journal spécialisé à usage professionnel « Bus & car » consacrait un reportage au conflit qui a gagné l’agence de Marseille. Un mouvement qui ressemble bigrement à celui touche le Poitou aujourd’hui. Interviewé par nos confrères sur ses méthodes de management, Éric Heudicourt eut cette réponse ferme : « Nous ne sommes pas […] des esclavagistes du XXIe. C’est totalement faux. Mais nous ne ferons pas n’importe quoi pour acheter la paix sociale. »

en savoir plus

Préavis de grève

Devenu délégué national CFDT de Vortex, Alain Gauthier, qui a été lui aussi reçu la semaine dernière au conseil général, a « monté le son » histoire de faire entendre la voix de ses collègues de l’ex antenne d’Angers aujourd’hui mise en sommeil. « Notre collectif regroupe 40 chauffeurs de 7 départements. Le noyau dur est dans les Deux-Sèvres et la Vienne où 20 collègues nous ont rejoints. » Un préavis de grève pour le jeudi 24 mai a été envoyé mardi au PD-G de Vortex. Parmi les revendications, la fin de l’avance par les salariés des frais de carburants et la régularisation immédiates des avances dues ou encore le versement du salaire le 4 du mois. « Si les conducteurs mettent leur menace de grève à exécution, leur employeur est tenu d’assurer le service public de transport », indique le conseil général. Le collectif des conducteurs scolaires se réunit cet après-midi à Poitiers, à ce sujet.

Nouvelle République, Loïc Lejay, 19 mai 2012

[Châtellerault] Un chômeur prend trois mois de taule pour 60 litres de gasoil

NdPN : Ce mardi, un chômeur châtelleraudais en galère de thunes a mangé trois mois fermes de taule, ratant ainsi le mariage de ses filles.

Motif d’une telle décision, privant un homme de trois de sa vie, le confrontant à l’expérience traumatisante de l’enfer carcéral ? Le syphonnage d’un plein de gasoil, bref un « vol » de 70 euros, sur un camion d’une entreprise de transports de marchandises.

Rien ne prouvait que l’homme était en situation de récidive, et ses prochaines convocations au tribunal pour le même sujet ne font évidemment pas encore de lui un « coupable ».

Au-delà de ces détails de justice bourgeoise, le tribunal a encore une fois montré qu’il rendait une justice de classe. Se galérer au chômage, en être réduit à syphonner le camion d’une entreprise pour pouvoir rouler (et pourquoi pas retrouver ainsi du taf pour bouffer), subir le traumatisme de la taule, rater le mariage de ses gamines, c’est juste. « Mettre en difficulté » une entreprise en lui pompant trois bidons, c’est « inacceptable »

En résumé, la bourgeoisie oblige les pauvres à acheter le pétrole qu’elle vole aux pauvres, et engeôle les pauvres qui ne peuvent pas se le payer.

C’est’y pas merveilleux la justice ?

Le chômeur siphonne pour continuer à rouler

Châtellerault. Un quinquagénaire sans travail est parti trois mois en détention pour avoir siphonné des réservoirs de gasoil de camions.

Ses deux filles se marieront sans lui. José en pleure à chaudes larmes. Ce quinquagénaire châtelleraudais vient de partir pour trois mois en détention.

Il a été pris une nouvelle fois en flagrant délit, non pas les doigts dans le pot de confiture, mais avec un siphon à la main. José aspire le carburant à répétition. En l’espace de trois mois, il vient de se faire épingler à cinq reprises ! Son agenda personnel comportait déjà trois rendez-vous avec la justice entre le 6 juin et 6 juillet pour des faits qui se sont produits entre la fin février et le début avril. Des vols de carburants. Quand José s’est fait pincer une nouvelle fois, dans la nuit de lundi à mardi, le parquet s’est décidé à passer la vitesse supérieure : comparution immédiate. Deux vols sont reprochés à José. Le premier remonte au 1er avril dernier. Il est 21 h 45, José est surpris près d’un camion des transports Aubourg. Un frère du patron vient à son devant. José a travaillé là par le passé. Il lui fait remettre le contenu de son bidon dans le réservoir du véhicule. Il relève le numéro de la voiture de José.

«  Si j’avais un travail je ne le ferais plus  »

Une plainte est déposé le lendemain pour un vol de 200 litres de carburant. « Je venais juste de commencer », assure José. « Je n’ai pas volé 200 litres. » Les policiers n’avaient pas été avisés immédiatement et le contenu du coffre pas vérifié. Le deuxième vol date de la nuit de lundi à mardi. Les policiers châtelleraudais mènent un contrôle. Ils arrêtent José. Il leur paraît inquiet et il sent le carburant à plein nez. Quand il ouvre son coffre, les policiers découvrent trois bidons de 20 litres et un siphon dégoulinant de gasoil. José reconnaît qu’il vient de siphonner les 60 l dans un camion stationné à Vouneuil-sur-Vienne. « Le plus inquiétant, c’est quand même le contexte », relève le président Callen. « Vous avez trois convocations pour des faits identiques prochainement. Vous trouvez ça normal ? » « Si j’avais un travail, je ne le ferais plus ! C’est juste pour pouvoir rouler ! Je ne le ferai plus, je regrette », assure le quinquagénaire sans travail depuis décembre dernier. « On peut entendre que Monsieur connaisse des difficultés personnelles », concède le procureur, Charlotte Lecoeur, « mais la situation n’est pas acceptable, elle met aussi en difficulté des entreprises confrontées à de nombreux vols de carburant. » Elle requiert huit mois de prison, dont la moitié ferme avec mandat de dépôt et l’obligation de remettre son permis aux autorités. José s’était fait confisquer sa voiture lors d’un précédent vol. Là, il s’était fait pincer avec celle d’un copain ! « S’il ne peut pas rouler, il ne peut plus rien faire », relève Me Lidwine Reigné, avocate de José. « Trois bidons de 20 l, c’est un plein, 70 €. Faut-il vraiment l’envoyer en prison pour cela ? Et rien ne prouve qu’il a volé 200 litres. » Le tribunal a estimé que oui, à cause de la récidive. La peine plancher a été écartée. José est parti trois mois en prison. Il devra verser 280 € aux transports Aubourg.

Nouvelle République, 17 mai 2012