Appel à dons pour l’impression d’une brochure contre les expulsions

Appel à don pour l’impression du guide pratique et juridique : « Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion »

La brochure « Sans papiers : s’organiser contre l’expulsion, que faire en cas d’arrestation ? » a été écrite en janvier 2008 et réactualisée pour la dernière fois en septembre 2009. Elle a été diffusée à des milliers d’exemplaires. Elle est aussi disponible en ligne sur le site : http://sanspapiers.internetdown.org/

Cette brochure décrit la procédure à laquelle sont confrontées les personnes sans-papiers lorsqu’elles sont arrêtées par la police et donne des conseils juridiques et pratiques pour s’en sortir au mieux. Elle s’adresse autant aux personnes sans papiers qu’à leur entourage et à toutes celles et ceux qui luttent contre la machine à expulser. La nouvelle loi sur l’immigration de juillet 2011 a modifié les procédures d’expulsion, ce qui nécessitait de réécrire entièrement cette brochure. Ce travail est bientôt fini. Nous avons besoin d’argent pour payer l’impression de la nouvelle version ainsi que pour sa traduction en anglais, arabe et chinois.

Si vous souhaitez participer à diffuser la brochure, aider à la traduire ou simplement prendre contact avec nous, vous pouvez nous écrire à : anticra@laposte.net

Si vous souhaitez envoyer de l’argent, vous pouvez envoyer vos chèques à l’ordre de : Martin Zerner, à l’adresse : La Brochure « sans papiers » au Rémouleur 106, rue Victor Hugo 93170 Bagnolet

(la nouvelle brochure bientôt sur internet…)

[Poitiers] Contre l’expulsion de Kévin : résistance !

Bonjour à tous,

Ci joint un article publié sur Mediapart par une camarade du RESF 93 au sujet des évènements de la semaine dernière. L’acharnement continue puisqu’aujourd’hui même, la police a tenté d’interpeller Kevin à son domicile, il a réussi à s’échapper par le balcon.

Le lien de l’article: http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/230412/sur-le-vol-af888-paris-kinshasa-ne-badine-pas-avec-le-bac

Mail, 23 avril 2012

Sur le vol AF888 Paris-Kinshasa on ne badine pas avec le bac !

Nous sommes le 19 avril 2012 aéroport de Roissy Charles de Gaulle dans le terminal 2C, les vacances scolaires battent leur plein. A l’enregistrement des bagages, on sent l’euphorie du voyage chez les passagers du vol AF888 de 10h45 à destination de Kinshasa. Kevin KIMPEFE en classe de terminale au lycée Kyoto à Poitiers fait aussi partie du voyage mais lui est déjà au pied de l’avion sur le tarnac, dans un fourgon de police et sera monté en premier au fond de l’appareil. Menotté, encadré par 4 policiers dont 3 en civil, contrairement aux autres passagers, il n’a pas choisi de faire ce voyage. Pourquoi est-il là alors ? Il a 19 ans, il est sans-papiers, donc indésirable et doit être banni du territoire français… Léon, passager  en classe  Affaires ne pouvait pas voir Kevin de sa place mais vers 10H30 des cris stridents provenant du fond de l’appareil commencent à retentir dans tout l’avion « ne me laissez pas partir ! Aidez-moi aidez-moi ! Je passe mon bac dans 2 mois ! « . Plus personne ne pouvait dire « je ne savais pas, je n’ai rien entendu, je n’ai rien vu ». Installé en Belgique, Léon est père d’un jeune homme du même âge que Kevin. Il se dit qu’il ne peut pas laisser faire ça, que ça pourrait être son fils ! Il repense alors au papier qui parle de ce jeune majeur scolarisé et sans-papiers que lui avaient remis quelques heures plus tôt des militants venus sensibiliser les passagers à la cause de Kevin. Il relit l’histoire du lycéen et se lève aussitôt  puis se dirige d’un pas déterminé vers le fond de l’avion. Un autre passager est déjà debout et demande aux policiers à ce que le calme soit rétabli à bord car les cris du jeune homme font peur à ses enfants. « Ne vous inquiétez pas, rasseyez-vous et il va se calmer quand l’avion décollera ! ». Kévin est en larmes… Léon s’approche de Kevin. Ce dernier le supplie d’un regard atterré de l’aider et lui explique en suffoquant qu’il n’a plus personne à Kinshasa. En effet, le père de Kevin a été assassiné et suite à ce drame la famille a rejoint la France en 2006 laissant derrière elle un passé douloureux. Kevin était alors âgé de 14 ans, un âge sensible.  La famille endeuillée s’est installée à Poitiers où elle a pu reconstruire une vie, certes  jalonnée parfois d’épisodes difficiles car il y a des souffrances qui laissent des cicatrices indélébiles dans une vie mais Kevin a su surmonter ses difficultés.  Un récit de vie auquel nul ne peut rester insensible et encore moins les passagers du vol AF888 qui avaient conscience que l’avenir tout entier de Kevin était entre leurs mains et qu’il s’agissait là de porter assistance à une personne en danger. Les passagers décident alors dans leur grande majorité de se lever et de ne plus se rasseoir tant que le futur bachelier ne serait pas débarqué. Parmi eux, Daida. lycéenne de 16 ans en classe de seconde. Elle va passer ses vacances  avec ses deux sœurs cadettes chez ses grands-parents à Kinshasa. Elle aussi ne comprends pas que son pays la France qu’elle a toujours imaginé comme un pays respectueux de la dignité humaine, puisse traiter de la sorte un lycéen pour le simple fait qu’il n’a pas les bons papiers. Profondément choquée par ce qui se passe sous ses yeux, elle appelle sa mère d’origine indo-africaine qui approuve d’emblée l’acte courageux et solidaire de sa fille et l’incite à ne pas céder à la pression des CRS qui ont envahi massivement l’avion afin de dissuader la résistance grandissante. Une policière filme avec une caméra les visages des passagers  toujours debout et refusant d’obéir aux forces de l’ordre qui les menacent de poursuites judiciaires pour rébellion. Le bras de fer entre passagers et policiers dure deux longues heures, durant lesquelles pas une seule fois le commandant de bord ne se sera manifesté ! Le vol décollera à 13H mais sans Kevin qui a pu assister à son audience du juge des libertés et de la détention à Meaux le lendemain. Il est libre et a rejoint sa maman et sa fratrie à Poitiers. Merci aux passagers du vol AF888 pour leur courage. Un passager a été choisi parmi tant d’autres et a été débarqué pour s’être indigné contre l’expulsion de Kevin. Nous ne savons pas ce qu’il est advenu de lui. Quant à messieurs Sarkozy et Guéant, sachez qu’au pays des Droits de l’Homme et du Citoyen, on n’expulse pas des lycéens, on ne démembre pas des familles, sans qu’il y ait de résistance ! Des voix continuent et continueront de s’élever tant qu’en France règnera cette politique inhumaine et attentatoire du chiffre qui va à l’encontre  des valeurs inscrites sur le fronton de nos édifices publics, ces mêmes valeurs pour lesquelles des femmes et des hommes vivent et respirent.

Malika Chemmah RESF 93

Mediapart, 23 avril 2012

[Elections] Et le gagnant est…

Voici le visage du grand gagnant des élections présidentielles :

Sinon, tout près de chez toi,

à deux rues de là,

il y a aussi des personnes qui galèrent comme toi, que tu ne connais pas encore, que tu as déjà croisées peut-être, qui tissent des liens pour changer leurs vies ; à leur échelle certes, mais pour de vrai – pas du haut d’une tribune.

Des gens d’ici et d’ailleurs qui se mobilisent pour le droit d’habiter ici sans se faire contrôler et rafler au coin de la rue.

Des qui s’organisent pour manger, se loger, se chauffer, se soigner.

Des qui bousculent les morales à la con pour avoir le droit de s’aimer.

Des qui relèvent la tête, au taf ou au chômage, pour faire valoir leurs droits, tes droits.

Des qui se retrouvent pour discuter d’égal.e à égal.e, qui s’organisent sans chef, qui agissent et inventent sans attendre le messie ou l’élu.e, qui préfèrent vivre debout plutôt que de dépérir à genoux.

Des qui traduisent leurs désirs en actes ensemble, plutôt qu’isolé.e.s devant le patron, le flic, le prof, la machine et l’écran.

Des qui voudraient bien le faire avec toi, si tu voulais bien sortir un peu de chez toi pour agir avec d’autres, ensemble et sans intermédiaires.

Nos solidarités, nos paroles et nos vies sont trop grandes pour entrer dans un isoloir, trop vivantes pour s’enterrer dans une urne.

A bientôt ?

de futur.e.s ami.e.s

[Poitiers] Un citron pour avocat

Il prend un citron comme avocat !

Un drôle d’avocat…

 Il l’avait dit. Il l’a fait ! Hier matin, Soris, un sans-abri taquin de 20 ans, était convoqué au tribunal pour un vol alimentaire commis au magasin Noz de Châtellerault. C’était en septembre. Le jeune homme n’avait pas d’avocat. Pas les moyens, dit-il. Hier, dans un café proche du palais de justice, un barman lui avait alors donné… un citron vert. Soris est parti avec, maquillant le fruit d’un nez, d’une bouche et de deux yeux. « C’est mon avocat », indique-t-il. A la barre, devant le juge, il pose le fruit à ses côtés. « C’est quoi ? », l’interroge le président. « Mon avocat », rétorque Soris. « Ah non, Monsieur, vous vous êtes trompé de fruit ! » « Je n’avais pas les moyens d’avoir un avocat », répète Soris. Il a été condamné à un mois de prison avec sursis. Le président a gardé le fruit !

Nouvelle République, 21 avril 2012