[Tours] Marisol Touraine a cédé sous la mobilisation, la lutte continue

MARISOL TOURAINE A CEDE, LA FAMILLE EST HEBERGEE

L’Aide Sociale Enfance, Marisol Touraine, présidente du Conseil Général d’Indre et Loire, ont fini par entendre raison. La famille (un homme, une femme et un enfant de 3 mois), demandeuse d’asile, est hébergée depuis le 2 mars. Il semblerait que l’ASE ait demandé à l’Entr’Aide Ouvrière d’organiser l’hébergement dans un hôtel du quartier du Sanitas à Tours.

Tant qu’une proposition réelle et concrète d’hébergement ou de logement ne sera pas faite à la famille, celle-ci est en droit de rester dans cette chambre d’hôtel. En effet, le code de l’Action Sociale et des Familles précise « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adapté à sa situation. » En conséquence, l’hébergeur (le Conseil Général ou l’EAO) ne peut jeter à la rue les personnes qu’il a pris en charge. Si jamais, il lui venait à l’idée de mettre fin à l’hébergement de cette famille, un référé serait immédiatement déposé au Tribunal d’Orléans.

Il est regrettable qu’il faille une telle mobilisation pour que les autorités respectent les droits des personnes. Et on nous dit qu’on vit dans une société démocratique. C’est la démocratie du bâton et du rapport de forces ! D’ailleurs une autre famille (un homme, une femme et 3 enfants dont un asthmatique), elle aussi demandeuse d’asile, est à la rue. Nous allons redemander à l’ASE de l’héberger. Pouvons-nous espérer que la Présidente du Conseil Général fasse en sorte que les portes de la cité administrative soient ouvertes et non gardées par les flics ? Pouvons nous espérer que Marisol Touraine soit plus encline à faire respecter les droits des personnes sans qu’il ait besoin de se mobiliser pendant des jours et que dire du stress que connaissent les familles pendant ces jours d’incertitude ? Marisol fait partie de l’équipe de campagne de Hollande. Elle est chargée des questions sociales, de santé, des personnes âgées et du handicap. Elle souhaite devenir ministre de la santé et/ou des affaires sociales. Ce qui se passe par rapport au Conseil Général d’Indre et
Loire, notamment en matière sociale et aussi bien au niveau du fond que de la forme, ne peut que laisser penser ce que sera la politique sociale si Hollande est élu en mai et que notre chère Marisol fasse partie du gouvernement.

RASSEMBLEMENT DEVANT LA GARE DE TOURS MARDI 6 FEVRIER A 9 H 30 POUR EXIGER L’HEBERGEMENT DE LA FAMILLE

Tours, le 4/03/2012

SOIF D’UTOPIES
06 31 56 17 56
soifdutopies@yahoo.fr

DAL 37
06 83 00 88 76
dal37tours@gmail.com

Mailing 4 mars 2012

[Rennes] Soutenons Mehdi !

Soutenons Mehdi !

Venu défendre LES DROITS de TOUS, traîné devant le tribunal par la police pour L’ARBITRAIRE DE QUELQUES-UNS

Rassemblement devant la cité judiciaire

vendredi 9 mars dès 8h30 lors de l’audience !

Appel de l’Assemblée occupons pôle emploi Rennes du 2 Mars 2012:

Depuis janvier, le mouvement « occupons pôle emploi » a été lancé en France afin de résister à la guerre administrative livrée contre les chômeurs et les précaires, et s’opposer à tous les discours qui osent nous rendre responsables du chômage quand ce n’est pas… de la crise ! A Rennes, nous revendiquons sans relâche : l’arrêt des radiations, la titularisation des précaires de Pôle Emploi, la mise en place de rendez-vous pris d’un commun accord entre chômeurs et conseillers, la transparence des chiffres : sous-traitance, radiations, travail gratuit ou forcé (EMT…) et la mise en place de panneaux dédiés aux collectifs de chômeurs pour informer les usagers de leurs droits…

Lors de la journée d’action nationale du 14 février, l’agence Rennes Sud a été occupée par une cinquantaine de manifestants soutenus par des collectifs de chômeurs et des organisations syndicales. Au cours de la matinée, une assemblée générale ouverte aux usagers s’est tenue. Nous avons accompagné des personnes enfermées dans le labyrinthe administratif de Pôle emploi. Enfin, nous avons fait part aux conseillers de notre volonté de nous allier avec eux contre cette machine qui saccagent des vies des deux côtés du guichet.

Face au mépris de la direction, nous avons mis en place durant l’après-midi « un contrôle précaire » de l’agence en ne laissant entrer que les personnes venues pour des problèmes de dossier et non celles convoquées pour le suivi mensuel obligatoire. Ainsi, avons-nous imposé à une échelle réduite l’arrêt du contrôle et des sanctions. Tout en laissant, bien entendu, la possibilité de sortir à qui le souhaitait. Avant l’arrivée de la police, nous avons déplacé le mobilier pour être prêt à obstruer l’entrée au moment de l’intervention policière afin de symboliser que le service public de l’emploi appartenait d’abord à ses usagers.

Faisant feu de tout bois pour tenter de nous intimider, la direction régionale s’est employée à présenter l’occupation comme une « séquestration » avant de se raviser et de déposer plainte contre x pour « dégradation de biens publics » et « entrave à la circulation ». N’est-ce pas la police qui a fait effraction en brisant deux portes et occasionnée la fermeture de l’agence pour le reste de la journée ? N’est-ce pas Police Emploi qui, par ses radiations, entrave chaque jour la vie de millions de personnes en leur coupant les vivres ? N’est-ce pas plutôt elle encore qui dégrade le bien public par la pression qu’elle exerce en sommant chacun d’accepter n’importe quel emploi dans n’importe quelles conditions ?

Au moment où les occupants sont projetés au dehors avec violence, un jeune précaire, Mehdi, qui s’était rendu sur les lieux pour récupérer des papiers et s’enquérir du mouvement, intervient pour demander à la police plus de retenue. A son tour, saisi sans sommation par un policier pour avoir eu l’impertinence de réagir à ces méthodes brutales, il se débat. Le groupe des manifestants parvient finalement à maîtriser la vindicte policière et à la faire lâcher prise. La tension retombe. Quelques minutes s’écoulent pendant lesquelles un policier de la BAC intime à un autre en uniforme, qui s’était saisi de Mehdi, de porter plainte. Ce dernier est empoigné à nouveau, frappé et soulevé de terre par des policiers puis embarqué. Nous ne pouvons entendre cette arrestation autrement que comme une vengeance de la préfecture et particulièrement de sa BAC, consécutive aux camouflets infligés d’une part, par le jugement rendu en première instance concernant la marche des chômeurs du 5 décembre 2009 et d’autre part, à travers l’existence d’une plainte jugée recevable par l’IGPN -même si nous n’en attendons pas grand chose- à l’encontre de policiers de la BAC de Rennes pour des violences commises contre des participants à la marche, grièvement blessés.

Mehdi est inculpé pour « violence volontaire » et « résistance violente en réunion sur agents ». Il risque une peine de prison. Nous ne pouvons tolérer que l’on menace de peine de prison ferme une personne agissant comme chacun devrait agir devant la police, alors même que les tribunaux continuent d’absoudre honteusement de leurs responsabilités des policiers en requérant des peines de prison avec sursis, lorsque des personnes meurent. Comme à Grasse récemment, où Hakim Ajimi, âgé de 22 ans, est mort des suites d’une intervention policière de la BAC.

La répression ne nous arrêtera pas !

Non à la justice de classe à Pôle emploi et dans les tribunaux, oui à la solidarité populaire !

Soyons nombreux lors de la comparution de Mehdi pour exprimer notre soutien et montrer à la Cour qu’elle doit nous entendre !

Comité de soutien à Mehdi : premiers signataires : DAL35, Indignés de Rennes, Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes

MCPL, 3 mars 2012

[Congo] L’armée et la technologie nous protègent : explosion dévastatrice d’un arsenal

Au moins 150 morts dans l’explosion d’un dépôt de munitions à Brazzaville

Au moins 150 personnes ont été tuées et des centaines blessées dans une série d’explosions dimanche dans un dépôt de munitions à Brazzaville, la capitale du Congo, a indiqué à l’AFP une source diplomatique européenne à Brazzaville.

Un nuage de fumée le 4 mars 2012 au dessus de Brazzaville à la suite de l'explosion d'un dépôt de munitions

Un nuage de fumée le 4 mars 2012 au dessus de Brazzaville à la suite de l’explosion d’un dépôt de munitions

« On compte au moins 150 morts dans les hôpitaux militaires et environ 1.500 blessés dans un état plus ou moins grave », a indiqué cette source jointe par téléphone depuis Paris.

Toujours selon cette source, il y aurait également de nombreux blessés admis dans des hôpitaux civils de la capitale. 

Un correspondant de l’AFP dans la ville vu voir les corps de quatre personnes, dont une fillette d’une dizaine d’années, dans une clinique près de la zone touchée, et de nombreux blessés, beaucoup en uniformes, soignés à même les rues.

Cinq explosions très fortes et espacées se sont produites à partir de 08H00 locales (07H00 GMT) et jusqu’à 10H45, qui ont même secoué et fait des dégats matériels à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo voisine, séparée de Brazzaville par le fleuve Congo.

Des détonations plus légères et à intervalles irréguliers étaient encore perceptibles vers 13H00.

Un incendie dans deux magasins de munitions d’un dépôt de la caserne blindée Mpila, dans l’est de la ville, serait à l’origine de l’accident, ont indiqué à l’AFP des militaires sous couvert d’anonymat.

Selon un diplomate interrogé par l’AFP, l’incident « n’a rien de politique, et le président (Sassou Nguesso) est avec l’état-major pour coordonner les opérations » de secours.

Aucun bilan officiel n’était disponible jusque-là.

Selon des témoins l’onde de choc des principales explosions a été « très forte », et un chapelet de déflagrations a provoqué des mouvements de panique, rappelant aux habitants de la ville le temps de la guerre civile il y a une dizaine d’années.

Le périmètre de la zone touchée a été bouclé par sécurité et un hélicoptère survole la zone, a constaté l’AFP.

L’intervention des pompiers est rendue difficile autour du dépôt par des explosions sporadiques, selon une source diplomatique.

Les rues alentour étaient désertes et seuls des véhicules de secours et de police circulaient.

Plusieurs maisons ont été rasées par le souffle de l’explosion, des vitres ont volé en éclats, des toitures ont été éventrées et des portes défoncées, a constaté le journaliste.

Des habitants ramassaient des éclats de munitions dans ou près de leurs maisons, selon lui.

Une église catholique, près de la caserne, a également été endommagée, alors que les explosions se sont produites au moment de la messe.

Un vent de panique a soufflé dans la zone touchée et les habitants ont quitté le quartier en direction de la périphérie de Brazza, selon ce correspondant.

« J’ai vu deux blessés. Un avait une plaie à la jambe et un autre à l’épaule, sans doute blessés par des maisons qui sont tombées. Chez moi, un mur est tombé », a témoigné une habitante à l’AFP.

« Il y a beaucoup de gens dans la rue: ils fuient avec leurs bagages sur la tête, pieds nus, certains sont à peine habillés. Il n’y a pas de circulation, pas de bus, pas de taxi », a-t-elle ajouté.

Le trafic des passagers sur le fleuve entre Kinshasa et Brazzaville a été suspendu jusqu’à lundi, selon une source au port de Kinshasa.

Les explosions ont provoqué des dégâts jusqu’à Kinshasa, la capitale de la RD Congo, juste en frace de Brazzaville de l’autre côté du fleuve: bâtiments endommagés, vitres soufflées, a constaté l’AFP.

Les détonations ont créé un court mouvement de panique à Kinshasa, surtout dans le quartier de la présidence et de la résidence présidentielle, qui fait face à Brazzaville.

« Pas de panique, nous demandons aux habitants de vaquer à leurs occupations », a déclaré le directeur de la télévision nationale en RDC dans message télévisé.

AFP, 4 mars 2012

[Alsace] Réduction drastique et recyclage des « ordures ménagères résiduelles »

[L’avenir nous appartient] Réduction drastique et recyclage des « ordures ménagères résiduelles »

Posted on 3 mars 2012 by juralib

En Alsace, l’épopée d’une commune vers le zéro déchet

Le maire de la petite commune de Manspach, Dany Dietmann, brandit les chiffres qui font la fierté des habitants du coin : « Ici, on ne produit que 78 kg d’ordures ménagères résiduelles par an et par habitant », ce sont les déchets non recyclés qui partent à l’incinérateur. En moyenne, un Français en produit 316 kg. La loi Grenelle 1 prévoit une diminution de 7 % par an et par habitant pour la période 2009-2014. Un objectif pulvérisé par les 33 municipalités de communauté de communes de la Porte d’Alsace, qui ont réduit leurs déchets de 80 %. Ici, 74 % est recyclé contre 33 % au niveau national. Comment ont-ils fait ? « C’est de la volonté politique, du bon sens, une vision sur le long terme et beaucoup de communication avec ses administrés », prévient en préambule le maire écolo, élu en 1983.

Tout commence le 14 septembre 1990, lors du conseil municipal de Manspach. « On nous proposait de participer à la construction de l’incinérateur de Mulhouse. Selon leurs prévisions, nous devions atteindre 550 kg/ an/ habitant de déchets en 2000 », se souvient, amusé, Dany Dietmann, le maire. Surtout, le projet se présentait comme une alternative à la décharge de Retzwiller située en bordure de la commune de 530 habitants, et accueillant tous les déchets putrescibles du Haut-Rhin. Quand les élus se plongent dans le projet d’incinérateur, ils s’aperçoivent que transporter et incinérer leurs ordures à Mulhouse « revenait à multiplier par trois le prix du service actuel ». Sans compter que 25 % de la masse incinérée reviendrait chez eux, sous forme de mâchefers (résidus d’incinération toxiques), enfouis dans la décharge dont ils veulent justement se débarrasser. Ce jour-là, le conseil vote contre l’incinération et décide de mettre sur pied un système de collecte sélective des ordures ménagères. La presse locale relaie cette « position pour le moins farfelue, sinon utopique », concède le maire.

Le conseil général, porteur du projet d’incinérateur, envoie sur-le-champ un de ses techniciens pour dissuader le maire. Mais l’ancien professeur de biologie s’obstine et finit par rallier à sa cause l’ensemble des communes de la Porte d’Alsace. Un sondage est organisé auprès de la population. « Les habitants voulaient en finir avec la décharge, à cause des nuisances, des odeurs et 82 % se sont dits prêts à nous suivre, à changer de comportement », relate le maire. En janvier 1992, il entreprend son tour des salles des fêtes. Des débats sont organisés partout, les discussions sont parfois animées entre les défenseurs du camion-poubelle et les adeptes de la déchetterie. Pour que les personnes à mobilité réduite puissent trier, la solution du ramassage en porte-à-porte est retenue.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330749252.jpgLa décharge de Ritzwiller.

Deux ans plus tard, tout le monde tombe d’accord sur un point : « Le plus ennuyeux dans les déchets, c’est qu’ils sont sales. » Alors, cette année-là, chacun reçoit un composteur. L’effet est immédiat. Non seulement, « le gisement était plus propre » mais en plus la masse des ordures tombe à 200 kg/ an/ habitant une fois les biodéchets retirés, contre 375 kg en 1990. Petit à petit, l’odeur nauséabonde de la décharge n’est plus qu’un lointain souvenir. D’autant que la législation change : ne peuvent être désormais enfouis que les déchets inertes, non dangereux. Les ordures ménagères sont redirigées vers les incinérateurs.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330749392.jpgUne maison de la nature a été créée pour sensibiliser la population à son impact environnemental.

Pour faire entrer le tri sélectif dans les mœurs, des actions d’initiation et de sensibilisation sont mises en place dans les écoles, des calendriers avec des codes couleur pour les jours de ramassage sont distribués à tous les foyers. À l’époque, seuls le verre, les papiers et le métal sont valorisés. Qu’importe, l’élu, décidément visionnaire, se met à stocker le plastique « en attendant que la technologie pour le recycler soit développée ». Les camions tournent, les habitants trient, le maire est heureux. Tout semble aller pour le mieux… jusqu’aux premières frictions.

Le ton grave, le maire explique : « En 1997, les gens frappent à la porte de la mairie avec des pétitions, se plaignant : “Moi je fais mon travail, le lundi je sors le papier, le mardi le carton, etc., mais mon voisin s’en fout. Soit c’est lui qui ne paye pas assez, soit c’est moi qui paye trop. » » La traditionnelle taxation forfaitaire, le même prix pour tous, bons comme mauvais trieurs, vivait ses derniers instants. « Les élections approchaient et tout le monde était à feu et à sang. Alors on a demandé aux éboueurs d’identifier les mauvais trieurs, et on les a invités à la communauté de communes avec du kougelhof et du gewurtz. » Les élus découvrent que la plupart sont des nouveaux arrivants, qui ignorent tout de la collecte. Un système de suivi est aussitôt mis en place. Encore aujourd’hui, au moindre décrochage, une équipe intervient dans le quartier pour une action de sensibilisation le samedi matin, avec gâteaux et boissons. « La convivialité plutôt que la culpabilisation », c’est le credo de Dany Dietmann.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330749578.jpgLa puce électronique

Mais il est aussi des citoyens qui, après une journée de travail fatigante, disent préférer remplir des chèques plutôt que des bacs. Au sortir de la réunion avec les mauvais trieurs, un consensus est trouvé : « On paye en fonction de ses performances. » Le 1er janvier 1999, la pesée embarquée est lancée. Dans la salle du conseil de la petite mairie, Dany Dietmann s’empare d’une poubelle, la retourne pour montrer une petite puce électronique dissimulée sous la poignée et un code-barres qui contiennent l’adresse et le nom du propriétaire. Lors du ramassage des ordures, les bacs des 6000 foyers sont automatiquement pesés par le camion-poubelle, et les données enregistrées. Ici, on ne paye que pour ce qu’on jette, alors qu’ailleurs, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères est calculée sur la valeur du logement et réclamée en même temps que la taxe foncière. « Plutôt qu’une taxation démotivante, on est passé à la redevance incitative, résume Dany Dietmann. Pour l’eau et l’électricité, on paye sa consommation, pourquoi pas pour les déchets ? » La loi Grenelle 2 stipule que tout système de financement du service des déchets devra inclure une part incitative d’ici 2015.

Et si, pour alléger sa facture, un habitant dépose ses ordures dans la poubelle du voisin ? « Impossible », répond l’homme. La communauté de communes avait envisagé de cadenasser les bacs. L’idée a été abandonnée sauf pour les quelques immeubles existants. « L’arrêt du camion est facturé 80 centimes. Alors les habitants ne sortent leur poubelle que lorsqu’elle est pleine à ras bord. Du coup, le voisin n’a pas la place d’y mettre son sac. » Le camion s’arrête moins et fait désormais neuf villages avant d’aller vider. La consommation de carburant a été réduite par deux. Et on aura beau sillonner les petites routes du territoire, scruter les fossés, on n’apercevra aucun sac-poubelle abandonné par un habitant désireux de payer moins.

Sur le territoire de la Porte d’Alsace, les citoyens comprennent petit à petit que le poids de leur poubelle dépend de leur façon d’acheter. La notion de « acheter mieux » fait son chemin. Le supermarché de Dannemarie, commune voisine de Manspach, crée une « plateforme de déballage », une installation rendue obligatoire depuis le 1er juillet 2011 par la loi Grenelle 2. On s’attend à un dispositif nécessitant une logistique complexe, ce qui aurait pu expliquer pourquoi les supermarchés et hypermarchés se sont fait épingler pour n’avoir pas joué le jeu… mais non. Deux caisses sont disposées avant la sortie, l’une pour les cartons, l’autre pour les plastiques. Dany Dietmann rit. « En fait, c’est trop simple. »

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330749782.jpgLa plateforme de déballage au supermarché de Dannemarie, commune voisine de Manspach

Aujourd’hui, les gestes sont acquis par la population. Ils l’ont été tellement vite que la collectivité s’est retrouvée dépassée. « Les élus avaient construit le budget sur une estimation de 100 kg ramassés par habitant. Dès la première année, les usagers ont eu de bien meilleurs résultats en tombant à 80 kg ! Le prix de la levée et du kilo n’a pas suffi à couvrir l’ensemble des frais du service. Nous nous sommes retrouvés avec un déficit monstre et on ne pouvait pas dire aux gens : « Vous triez trop, on vous fait payer plus » », explique Audrey Baehler, ambassadrice du tri à la communauté de communes de la Porte d’Alsace. Pour y remédier, une part fixe (50 € annuels par foyer) est introduite en plus de la part variable. En moyenne, la facture annuelle s’élève à 56 € par habitant, tout compris. La collectivité a mis sept ans pour rééquilibrer son budget. La collecte, le transport, le traitement des déchets et la maintenance sont sous-traités. En 2011, la CC a déboursé en tout 991’000 €. À titre de comparaison, l’incinération seule de tous les déchets leur coûterait 750’000 €, une somme qui pourrait doubler avec les frais liés à la collecte et au transport. De plus, grâce au tri, la collectivité peut compter sur des recettes : 200’000 €, tirés de la revente des matériaux triés. Le plastique recyclé est même revenu à Manspach, sous forme de tuiles pour l’église du village. Elles sont aussi photovoltaïques. En 2011, la nef a produit 37’000 kwh et rapporté 22’000 € à la commune.

Dany Dietmann surveille tous les jours le cours du plastique, de l’aluminium, du verre. « Les bouteilles se revendent entre 400 et 500 € la tonne, l’aluminium 900 €, le papier 130 €… Comment qualifier de déchets quelque chose qui vaut autant ? » D’ailleurs, le mot est proscrit dans la commune. On parle de «produits résiduels». Le maire insiste : « le déchet n’existe pas », il est « l’échec de l’éco-gestion », le « symptôme de la décroissance ».

« Dès le début, il y a un grand malentendu de vocabulaire. Dans « déchet », on entend « déchéance », nous sommes sales, nous polluons… Les grandes multinationales ont tout de suite compris comment tirer profit de cette mauvaise conscience, en nous proposant un service pour nous redonner bonne conscience : on paye et on est débarrassés de nos honteuses ordures. Au final, on construit des incinérateurs qui coûtent très cher pour brûler beaucoup d’argent. C’est pas comme ça qu’on va sortir de la crise ! » Dany Dietmann en est convaincu, l’ère des « fiscalisés captifs » et de « l’abondance supposée » est révolue, « aujourd’hui les citoyens sont éco-actifs et responsables », la « pénurie avérée ».

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1330750103.jpgTous les déchets verts des communes sont récupérés pour être transformés en engrais.

Paradoxalement, les efforts de tri ont été tels que l’incinérateur de Mulhouse n’a plus voulu de leurs « produits résiduels ». Car débarrassés des plastiques, restes alimentaires et papiers, la valeur calorifique de ces produits est moindre. En clair : ils brûlent moins bien et sont donc moins rentables pour l’incinérateur qui revend de la chaleur. En 2003, la Région demande que les plastiques soient remélangés. « Des camions partaient de la déchetterie en direction de l’usine d’incinération », témoigne Dany Dietmann.

Puis, c’est au tour du conseil général du Haut-Rhin de revenir à la charge. Il décide, avec le Syndicat mixte du territoire 4 (SM 4 auquel appartient la CC de la Porte d’Alsace), de construire une nouvelle usine d’incinération. La France a déjà le plus grand parc d’incinérateurs d’Europe (139 usines). Cette fois, il sera construit à Aspach-le-Haut, à peine à 20 km au nord de Manspach. Vice-président du SM 4, Dany Dietmann est hué quand il monte à la tribune pour défendre sa position. Il démissionne de son poste et mobilise sur le terrain.

Les habitants créent des associations pour protester contre ce projet absurde. « Tous les samedis matins, on allait de village en village pour informer la population sur la réalité de l’incinération. Elle ne détruit pas les ordures mais dispersent les substances toxiques dans l’air, l’eau, le sol qui se reconcentrent ensuite dans la chaîne alimentaire. » En 2007, le département abandonne finalement le projet. Les 15’000 habitants de la Porte d’Alsace ont fait reculer l’incinération.

Leur presse (Noémie Rousseau, Médiapart, 2 mars 2012)

[Cameroun] L’huile de palme contre les populations

Au Cameroun, l’huile chasse la forêt

Exploitation du bois dans une forêt camerounaise, en octobre 2007Exploitation du bois dans une forêt camerounaise, en octobre 2007 (Photo Delphine Ramond. AFP)

Avec l’appui du gouvernement, les multinationales, comme l’américain Herakles Farms, s’implantent dans le pays pour produire de l’huile de palme, au détriment des populations.

L’atmosphère est tendue au Cameroun, dans le Ndian et le Koupé-Manengouba, deux départements montagneux et boisés du sud-ouest du pays. Le projet d’une société américaine, Herakles Farms, de planter 60 000 hectares de palmiers à huile suscite une vive polémique. Alors que les uns se réjouissent des 7 500 emplois promis par la compagnie, d’autres sont révoltés à l’idée de perdre leurs terres, attribuées pour un bail de 99 ans à Herakles. Des jeunes ont même tenté de bloquer les bulldozers de l’entreprise. Mais cette dernière ne renoncera pas à ses plans, tant elle a à gagner : la demande mondiale en huile de palme est en pleine croissance.

Pendant longtemps, c’est en Asie du sud-est que s’est concentrée l’industrie du palmier à huile, bien que cette plante oléagineuse soit originaire d’Afrique, où elle est majoritairement cultivée par de petits paysans. Désormais portées par les cours élevés de l’huile, et à cause de la réduction des surfaces en Malaisie, les multinationales du secteur se ruent sur les terres africaines. Malaisiennes, indonésiennes ou chinoises, elles ont obtenu ces trois dernières années des centaines de milliers d’hectares au Gabon, au Liberia, en république démocratique du Congo, en Angola, etc. Quant aux quelques industries déjà installées, elles augmentent leurs superficies.

ONG et experts s’inquiètent. «On n’est pas contre la culture du palmier à huile. Mais il ne faut pas qu’elle se fasse de manière anarchique et au détriment des populations, comme c’est souvent le cas», souligne Samuel Nguiffo, du Centre pour l’environnement et le développement (CED). Dans un rapport publié le 14 février, cette ONG estime que la vie de 25 000 personnes serait affectée par le projet d’Herakles.

Aires protégées. Au Liberia, le mal est déjà fait : des centaines de villageois ont manifesté en janvier contre les expropriations dont ils ont été victimes au profit de la firme Sime Darby (Malaisie). Autre crainte : l’environnement. L’industrie du palmier à huile est souvent une cause de déforestation, responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. D’après les informations qui ont filtré, Patrice Levang, chercheur à l’IRD et au Cifor, à Yaoundé, a calculé que la surface demandée à l’Etat camerounais par les géants de l’huile atteint un million d’hectares. Si cette superficie est accordée, «où ira-t-on le prendre ?» s’interroge-t-il. Pas dans les zones agricoles déjà exploitées, au risque de créer de graves conflits. «Le seul endroit qui reste, c’est le domaine forestier permanent. Ce qui signifie encore plus de déforestation», prédit l’agroéconomiste. Le projet d’Herakles est préoccupant : situé à proximité de quatre aires protégées, il va entraîner la destruction de forêts primaires, s’alarme l’ONG allemande Save Wildlife Conservation Fund, qui a lancé une pétition «Stop Herakles deforestation».

En 2011, une petite ONG camerounaise, Struggle to Economise Future Environment, a obtenu de la justice l’arrêt des activités d’Herakles. Mais le jugement n’a pas été respecté et le juge a été dessaisi du dossier. Ce qui n’est guère étonnant : au Cameroun, comme dans la plupart des pays ciblés par les agro-industriels, le niveau élevé de la corruption permet bien des arrangements. Le contrat signé en 2009 entre Herakles et le ministre camerounais de l’Economie de l’époque, Louis-Paul Motaze, est symptomatique : on y lit que l’entreprise paiera un prix de location de la terre insignifiant (de 0,5 à 1 dollar l’hectare par an), sera exemptée de taxes pendant dix ans, etc. Et en cas de conflit entre une loi camerounaise et une disposition du contrat, il est prévu que ce dernier l’emporte…

Planification. Si les autorités n’ont pas réagi officiellement à la publication, par le CED, de ces informations restées jusque-là confidentielles, il semble, par contre, que le Premier ministre ait réuni en urgence les élites administratives et politiques partisanes du projet. Non pour s’offusquer des termes du contrat, mais pour leur assurer… qu’Herakles mènerait bien ses opérations comme prévu.

«Au lieu d’augmenter les surfaces, pourquoi ne pas d’abord améliorer le rendement des plantations existantes, dont celles des petits producteurs [qui représentent 100 000 hectares au Cameroun] ?» se demande Samuel Nguiffo, qui plaide pour une planification urgente de l’utilisation de l’espace national. Une marge de progression existe :«Le rendement à l’hectare des plantations villageoises est inférieur à une tonne d’huile de palme brute, alors que le rendement potentiel est de trois tonnes», constate Patrice Levang.

Repères : Cameroun

L’huile de palme est partout dans l’alimentation. Chips, frites, pâtes à tartiner, margarines… C’est l’huile végétale la plus abondante et la moins chère : 46,7 millions de tonnes ont été produites en 2010. Aussi utilisée comme agrocarburant, elle ne représente que 1 % de la consommation.

88 % de la production mondiale est assuré par la Malaisie et l’Indonésie. Le palmier à huile est l’une des principales causes de déforestation en Indonésie.

4 tonnes d’huile/ha par an, c’est le rendement moyen du palmier à huile qui est 7 à 10 fois plus élevé que celui du soja ou du colza.

Libération, Fanny Pigeaud, 2 mars 2011