Flics et bidasses votent FN à 37%

Les flics, des travailleurs comme les autres ? Une étude sur le vote des fonctionnaires réalisée par le Cevipof nous apprend en tout cas pour qui l’on vote dans les commissariats et les casernes. Sociologie de la « bavure » et du contrôle au faciès ?

Le FN attire policiers et militaires

L’analyse par métier révèle quelques nuances de taille. « Le monde du policier n’est pas celui de infirmière ni de l’enseignant ni de l’expert ministériel ou du conducteur d’autobus », rappelle Luc Rouban, face au discours médiatique ambiant qui vise à globaliser « les » fonctionnaires. « Chaque secteur, institution et carrière repose sur des histoires longues, des normes juridiques, des contraintes et des savoir-faire particuliers qu’il est vain d’ignorer. Chaque fonction publique relève également d’une sociologie différente où la proportion de cadres et d’agents titulaires n’est pas la même. » Le vote des policiers et des militaires se démarque ainsi clairement des autres agents du public : 37% d’entre eux sont prêts à choisir Marine Le Pen au 1er tour, et 27% Nicolas Sarkozy. Dans les commissariats et les casernes, l’ensemble des candidats de gauche ne totalise qu’un petit 11%…

extrait d’un article de Basta Mag du 30 janvier 2012

[Clamart] Lutte victorieuse : c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats.

C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleurs plats. Voici quelques méthodes du syndicalisme des origines qui ont encore fait leurs preuves :

Grève reconduite

caisse de grève

unité des enseignants avec les élèves

blocage du lycée par les élèves

extension de la lutte avec visite aux autres établissements solidaires…

Bingo : le Rectorat a été contraint de céder.

Victoire du Lycée Monod de Clamart !

La lutte unitaire – enseignants/ parents / élèves – et déterminée pour le maintien de deux filières STG, soit quatre classes a été victorieuse.

Un rassemblement devant le rectorat de Versailles, une manifestation, une pétition et surtout une grève qui s’est donnée les moyens d’être reconduite, avec une caisse de grève – a conduit à ce résultat.

Ce type de succès montre qu’il est possible de gagner dans l’éducation nationale comme ailleurs.

SUD Education 92 pense qu’il est nécessaire de se mobiliser de cette manière et de coordonner ces combats.

SUD Education 92

Les associations subventionnées mises au pas du marché

Sur l’impasse de l’illusion citoyenniste d’une collaboration entre les associations et l’Etat :

Quand le gouvernement creuse la tombe du secteur associatif

Les associations seraient des entreprises comme les autres. C’est en substance ce qu’affirme une circulaire de François Fillon, qui depuis deux ans met à mal le secteur associatif. Appels d’offres, mise en concurrence, marchandisation : la nouvelle vision du gouvernement transforme encore davantage les associations en prestataires de services, qui doivent rentrer dans les cases de « dispositifs ». Une logique de marché, au détriment de la connaissance de terrain ou de l’expérimentation sociale.

La mauvaise nouvelle est tombée : le centre social Accueil Goutte d’Or (AGO) n’a pas été retenu par le département de Paris pour le suivi d’allocataires du RSA. Une centaine de personnes, au 31 décembre, ont été réorientées vers les onze associations choisies par la commission d’appel d’offres. L’arrêt forcé de cette activité est révélateur de difficultés auxquelles sont maintenant confrontées les petites structures associatives.

En 1997, AGO avait constaté que beaucoup d’allocataires du RMI à la Goutte d’Or n’étaient pas suivis dans leur parcours d’insertion. Le centre social avait déposé un projet, accompagné d’une demande de subvention, afin de pallier ce manque. L’action a été mise en place. Mais, en 2006, le gouvernement s’appuie sur une directive européenne qu’il interprète d’une façon restrictive pour obliger les départements à financer cette action sous forme d’un marché public. Résultat : un appel d’offres qui met en concurrence les structures susceptibles d’effectuer le suivi des personnes en difficulté. Le 18 janvier 2010, une directive Fillon confirme cette vision en affirmant que « la grande majorité des activités exercées par des associations peut être considérée comme des activités économiques ». La directive encadre sévèrement les règles de subventionnement des associations.

Les associations, des prestataires de services ?

« Cette directive libérale sous-entend qu’un service public doit avant tout être rentable », assène Bernard Massera, vice-président d’AGO. Ce changement transforme fondamentalement les relations entre les associations et les collectivités territoriales. « Avec le système de subvention, les citoyens, au travers de leurs associations, pouvaient imaginer et mettre en œuvre des dispositifs, des actions correspondant à leurs besoins spécifiques », précise Bernard Massera. La relation est inversée avec la procédure d’appel d’offres : là, ce sont les pouvoirs publics qui déterminent les besoins et qui transforment les associations en entreprises prestataires de services. Les difficultés sociales deviennent un marché. Plutôt que de collaborer, les associations sont mises en concurrence.

Dans le monde « merveilleux » de la concurrence, les allocataires du RSA sont répartis en plusieurs lots. Un lot pour les SDF, un autre pour les plus de 50 ans, un pour les familles monoparentales, un pour les personnes souffrant d’addictions. Fini, le « ça dépend » reflétant la complexité des situations vécues. Finie, la transversalité que fournissent les petites structures. « Même si on recevait les allocataires individuellement, on leur proposait des activités collectives, explique Christine Ledésert, directrice du centre social. Un exemple parmi beaucoup : deux allocataires écrivains ont mené un débat autour de l’écriture d’un roman policier, du coup un certain nombre d’allocataires ont décidé d’écrire un polar. »

Quand les grosses associations raflent tous les « marchés »

Ce travail de mobilisation tous azimuts a été possible car les ressources de tout le centre social ont été mises à contribution pour sortir les allocataires de leur isolement afin qu’ils se remettent à se projeter dans l’avenir. « On a fait l’erreur d’être candidats sur un seul arrondissement », poursuit-elle. Car, désormais, les commissions favorisent les grosses associations qui travaillent sur plusieurs arrondissements. Pour les pouvoirs publics, la crédibilité ne passe plus par la connaissance minutieuse du territoire et des populations, mais par le volume d’activité : les grosses associations proposent des prestations moins chères, car leur taille leur permet des économies d’échelle. Les petites structures sont incapables de s’aligner. Comme pour les travaux publics, le « moins-disant » a toutes chances de rafler « le marché ».

À la clé, la disparition pure et simple des petites structures ou leur absorption par de plus grosses. Autre danger : les associations ont un rôle de laboratoires d’expérimentations sociales. Or, la procédure d’appel d’offres met en place des cahiers des charges extrêmement détaillés. Les associations devraient alors se contenter de fournir les prestations attendues par les pouvoirs publics, ou bien les plus rémunératrices, plutôt que d’innover, ce qui est pourtant une de leurs missions.

Faire reconnaître les spécificités des associations

Qu’en pensent les élus ? Ils semblent majoritairement persuadés que l’appel d’offres est une preuve de transparence et ne paraissent pas choqués par la transformation des citoyens en consommateurs et des associations en exécutants. « On ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de gâchis, remarque Anne, une allocataire suivie par AGO. Quelle économie y aura-t-il à recommencer ce qui a déjà pris du temps à se mettre en place ? »

Le Collectif des associations citoyennes est né en 2010 de la réaction d’une vingtaine d’associations après la publication de la circulaire Fillon. « Le rôle des associations n’est pas uniquement ni même essentiellement un rôle d’opérateurs économiques, explique le collectif. Les associations représentent, avec les instances politiques et les syndicats, l’un des trois piliers de notre vie démocratique. Leurs objectifs, les valeurs qu’elles portent et leurs pratiques sont l’expression de la société civile et de sa contribution à la vie démocratique. »

Le collectif rassemble aujourd’hui plus de 200 associations, dont 35 réseaux nationaux. Il demande que soient reconnues les spécificités de l’action associative, pour les actions qui relèvent des aides d’État : une association ne rend pas les mêmes services qu’une entreprise privée, du fait de sa dimension sociale, participative et du fait de la place du bénévolat. De nombreuses propositions ont été élaborées pour une nouvelle politique associative, à destination des candidats aux élections présidentielle et législatives : agir sur la réglementation européenne, abroger la loi sur réforme des collectivités territoriales, mettre en place une autre RGPP (Révision générale des politiques publiques), redéfinir la réglementation nationale des subventions aux associations, élaborer une loi de définition de l’économie sociale et solidaire, construire de nouvelles relations entre associations et collectivités. Pour que les associations ne connaissent pas le sort actuel des services publics : une remise en cause totale, au profit de logiques marchandes.

Basta Mag, Nadia Djabali, 31 janvier 2012

L’éxécutif recadre des juges trop curieux

La « séparation des pouvoirs » législatif, exécutif et judiciaire a toujours été une farce. Il n’est donc pas question ici de défendre une « justice indépendante », qui sera toujours de classe dans le cadre de la pseudo-démocratie actuelle. Mais d’illustrer ce fait par une nouvelle affaire, qui démontre qu’une fois de plus le boulot des magistrats osant fureter hors des clous (du côté de la bourgeoisie et de la politicaille) est rendu impossible :

Poursuites disciplinaires contre un juge instruisant des affaires sensibles

Le ministre de la Justice poursuit devant le Conseil supérieur de la magistrature le juge d’instruction Patrick Ramaël, rompu aux enquêtes politiquement sensibles, une procédure dénoncée par l’avocat du magistrat comme une « tentative de déstabilisation » par l’exécutif.

Le juge Ramaël, qui enquête sur la disparition en Côte d’Ivoire du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, se voit reproché des « insuffisances professionnelles », selon la lettre de saisine du Conseil supérieur de la magistrature CSM) signée par le garde des Sceaux Michel Mercier et que l’AFP a consultée.

Cette procédure disciplinaire intervient après celle devant le CSM contre le juge d’instruction financier Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur l’affaire Karachi, et des tentatives de pressions sur le juge antiterroriste Marc Trevidic.

A l’égard du juge Ramaël, le ministre formule trois griefs: deux portant sur le « délai anormalement long » dans le traitement de deux affaires et le troisième pour son « comportement inadapté à l’égard de sa hiérarchie ».

La première affaire dont le traitement est qualifié d' »anormalement long » est un différend entre une sénatrice et son assistante parlementaire à propos de l’achat de matériel informatique pour laquelle le juge a, selon M. Mercier, fait preuve d’un « comportement inadapté » envers la partie civile. L’autre affaire concernait une plainte contre deux policiers.

Le ministre reproche aussi au juge ses relations difficiles avec sa hiérarchie, en particulier avec l’ex-président du TGI de Paris Jacques Degrandi, devenu premier président de la cour d’appel de Paris.

« En répondant sur un ton lapidaire et polémique à la demande légitime du président du tribunal de Grande instance portant sur des données d’analyse statistique (…), M. Ramaël a manqué à ses devoirs de loyauté et de délicatesse à l’égard de sa hiérarchie », estime M. Mercier.

Le ministre reconnaît toutefois que le juge est qualifié, selon une évaluation professionnelle en 2009, « de magistrat pénaliste expérimenté et consciencieux qui s’implique totalement dans l’exercice de ses fonctions ».

L’avocat de M. Ramaël, Me Alexis Gublin, a dénoncé une « tentative de déstabilisation inacceptable ».

« En décidant de poursuivre Patrick Ramaël devant le CSM, le pouvoir politique démontre une nouvelle fois sa volonté d’exercer des pressions sur les magistrats du siège chargés des dossiers sensibles et d’entraver l’indépendance de leurs enquêtes », a-t-il dit l’AFP.

Dans l’enquête sur la disparition en 2004 de Guy-André Kieffer, les investigations se sont orientées vers des cercles proches de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. En juillet 2008, M. Ramaël s’était saisi d’un dossier à l’Elysée.

Il enquête également sur la disparition en 1965 à Paris de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, le conduisant à perquisitionner en 2010 à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

L’association française des magistrats instructeurs (Afmi) s’est dite « consternée », voyant dans ces griefs « des prétextes pour tenter de sanctionner un magistrat de grande qualité, qui a sans doute commis +l’erreur+ de lancer quatre mandats d’arrêt internationaux en octobre 2007, dans l’affaire Ben Barka, visant de hautes dignitaires marocains ».

« Après Marc Trevidic et Renaud Van Ruymbeke c’est aujourd’hui au tour de Patrick Ramaël d’être la victime de ce harcèlement », a renchéri Me Gublin.

Le juge Trevidic, travaillant sur l’attentat de Karachi ou les moines de Tibéhirine, a été l’objet de « tentatives de pression », selon des syndicats de magistrats. Son collègue Van Ruymbeke est visé depuis 2007 par une procédure disciplinaire devant le CSM pour son action en marge de l’affaire Clearstream.

AFP, 31 janvier 2012

Le Sgen-CFDT contre la grève et pour régler le conflit dans les urnes…

Cela peut passer pour une blague aujourd’hui, mais la CFDT se réfère toujours, en théorie, à la charte d’Amiens. Charte qui prône l’indépendance syndicale à l’égard des partis politiques, la lutte de classe et l’expropriation des capitalistes. Au fonctionnement capitaliste et pseudo-démocratique doit se substituer l’organisation syndicale des travailleurs, selon le mode fédéraliste.

En théorie…

Voici une triste illustration du syndicalisme d’aujourd’hui :

Sgen-CFDT :  » Budget : la mobilisation devra se faire dans les urnes « 

Pour le Sgen-CFDT, « la préparation de la rentrée 2012 sera une des plus difficiles jamais vue. Les destructions de postes atteignent un niveau qui fait reculer le service public de façon inédite ». Le syndicat d’enseignants rappelle que dans notre académie cela représente 129 postes dans le premier degré, 58 postes dans le second et 15 postes d’administratif supprimés. « A l’évidence, les conséquences négatives seront multiples : hausse des effectifs par classes ; détérioration aggravée de l’offre scolaire aux tout-petits ; liquidation de beaucoup de RASED ; renoncement sur l’éducation prioritaire ; suppressions d’options ; dégradation du remplacement… » Il appelle les enseignants à s’engager dans l’ensemble des initiatives qui seront prises localement « pour faire valoir les besoins éducatifs, obtenir le retrait des mesures de casse, le maintien et l’ouverture des postes nécessaires ». Le Sgen-CFDT ne pense pas que « l’organisation d’une grève mensuelle soit une réponse au profond malaise des personnels et il est probable que ce conflit se réglera dans les urnes ! ».

Nouvelle République, 31 janvier 2012