[Grèce] Les Robins des bois de l’électricité

[Grèce] Les Robins des bois de l’électricité

Posted on 24 octobre 2011 by juralib

 

À Veria, dans le nord de la Grèce, un collectif de militants rétablit le courant à ceux qui n’ont plus les moyens de payer l’électricité. “On redonne un peu de dignité aux gens”, disent-ils.

“Dans ce pays, à côté de l’obligation de payer pour les frasques des ma­gouilleurs, nous avons aussi des droits”, revendique Nikos Alanogoulou, un militant de la ville de Veria. “À commencer par celui de conserver notre dignité.” Nikos et ses camarades se sont regroupés dans un collectif qu’ils ont baptisé tout simplement “Les citoyens de Veria”. Leur spécialité ? Rétablir le courant dans des foyers dont les occupants n’ont plus les moyens de payer leurs factures d’électricité [près de 1 million de Grecs ne paient plus]. À Veria, ils sont nombreux à vivre au-dessous du seuil de pauvreté. Et c’est très souvent chez eux que le collectif intervient. Aujourd’hui, ils sont en train de reconnecter les câbles au domicile d’une mère célibataire. Elle est au chômage et doit également s’occuper de son vieux père. Bénéficiant de complicités au sein de la compagnie nationale d’électricité (DEI), le groupe d’activistes rétablit le courant en laissant un autocollant signant leur passage : “Les citoyens de Veria – solidarité populaire – Nous rétablissons le courant”. Leur volonté est avant tout de créer un élan de solidarité citoyenne. “Nous ne ­voulons pas vivre dans une jungle humaine, comme nos dirigeants le souhaiteraient”, explique l’un d’entre eux. Le groupe de Veria lance ainsi un appel à la population du pays : “Nous aimerions que d’autres personnes agissent de la même manière. Et pas seulement en ce qui concerne l’électricité…”

Les menaces de sanctions ne semblent pas les effrayer. “Ce ne serait pas la première fois pour moi, explique Nikos. J’ai déjà été poursuivi des dizaines de fois pour mon engagement citoyen. Si je suis condamné pour avoir remis le courant à des pauvres, ce sera un honneur pour moi et les membres de mon groupe.”

Des militants écologistes de Veria participent aussi à l’opération “reconnexion”. Ils ont à leur palmarès des dizaines d’actions concernant la protection de l’environnement. Ils ont même été jusqu’à déposer des poissons morts de la rivière Aliakmona sur le bureau du préfet de l’Imathie [dont le chef-lieu est Veria]. Ils protestaient alors contre la pollution du cours d’eau. Mais pour les verts de Veria, aujourd’hui, cette action est différente. “Nous ne remettons par le courant chez des potes, mais chez des compatriotes qui en ont vraiment besoin. Et nous le faisons avec l’aide d’une partie du personnel de la DEI”, disent-ils. Pour ces activistes, le courant est un bien social. “C’est criminel de couper la lumière à ses compatriotes. D’abord, nos dirigeants nous poussent au chômage, puis à la pauvreté, et maintenant on nous oblige à vivre dans le noir. Ne peuvent-ils pas comprendre que si nous ne payons pas c’est parce qu’on n’a plus un sou ?” s’emporte une militante. Avant d’ajouter : “Est-ce que ceux qui, à l’Assemblée nationale, votent chaque jour une nouvelle mesure d’austérité ont la moindre idée de ce qui peut conduire quelqu’un à ne plus payer son électricité ?”

Elle raconte une scène qui s’est déroulée au domicile d’un chômeur auquel la DEI avait coupé le courant. Elle n’arrive pas à oublier son air incrédule lorsque les “citoyens de Veria” ont sonné à sa porte pour lui dire que c’était fini, que l’électricité était rétablie. “Cet homme vit dans un pays qui non seulement ne l’aide pas, mais qui en plus le jette à la mer en lui disant : vas-y, nage, maintenant. Et s’il s’accroche à sa barque, ils prennent les rames et lui brisent les mains. Alors nous disons : ça suffit !”

La conscience collective et la solidarité sont peut-être les seuls moyens d’aider les gens confrontés à une politique d’austérité destinée à les anéantir. À chaque fois que des groupes de citoyens décidés à re­prendre leur destin en main apparaissent sur le devant de la scène, de nouveaux espoirs naissent. Ces Grecs veulent briser le carcan de la peur et de l’isolement. La version néolibérale de la société nous réserve bien des humiliations, mais il suffit de se réveiller pour ne pas les subir.

Leur presse (Dina Karatziou, Eleftherotypia / Courrier international), 20 octobre 2011.

Quand une sucette publicitaire devient une « zone autonome d’expression non-marchande »

Compte rendu de la journée du 22 octobre

Suite au succès de la journée mondiale des Indignés-révoltés-enragés-insurgés et au rassemblement de Poitiers (voir), nous avons décidé de recommencer en tenant compte des demandes et en axant plus fortement sur la dimension “action”. Nous avons donc proposé une nouvelle journée des Indignés-révoltés-enragés-insurgés à Poitiers, samedi 22 octobre à partir de 15h place du marché sous l’arbre à palabre (près du parvis de notre dame).  Nous nous sommes retrouvés une dizaine, tous des acteurs historiques, et nous avons décidé de faire une action antipub avec mur d’expression et tractage. Encore beaucoup de personnes contactées et de très bon contacts.

Fonderie alu : compte-rendu du 21 octobre 2011

Fonderie Alu : compte rendu du 21-10-11

Les Indignés de Poitiers en soutien au Fonderie du Poitou Alu 020 Les Indignés de Poitiers en soutien au Fonderie du Poitou Alu 020

Vendredi 21 octobre, au repas de midi, nous avions au menu trois petits cochons à la broche préparé avec professionnalisme par l’équipe de choc du moulage alu équipe A accompagnés d’une marmite de flageolets aux petits lardons.

À l’AG de la huitième semaine ce vendredi, nous avons reconduit le mouvement de grève pour lundi dans l’attente de garanties écrites de la part de l’administrateur judiciaire, Me Hélène Bourbouloux, nommée par le tribunal de commerce de Nanterre et que l’intersyndicale a rencontrée jeudi soir au restaurant de FDPA.

1 – L’intersyndicale a demandé la confirmation du retrait du plan de compétitivité. Me Bourbouloux nous a indiqué que le plan n’a plus lieu d’être donc nous lui avons demandé de l’écrire noir sur blanc.

2- Nous demandons aussi le départ de Mrs.Dupont le directeur, Kerrad la RH et Defrétière chef d’atelier du moulage alu dont le personnel considère qu’ils n’ont plus leur place au sein de l’entreprise.

3- Nous demandons aussi qu’aucunes sanctions pour faits de faits de grève ne puisse être mises en œuvre.

4 – Il faut des garanties sur l’emploi et les salaires, le paiement des heures de grèves sous quelques formes que ce soit ( primes ou autres ) mais qui permette aux grévistes depuis plus de sept semaines de pouvoir manger, payer nos échéances et repartir au boulot sans problèmes financiers dus à une grève que Montupet nous a imposé.

5 – Le maintien de notre prime de novembre et une solution pour le retrait sur la paye de l’avance des trois mois de mutuelle.

Me Bourbouloux a “lancé un appel d’offre pour un repreneur dans l’espoir d’en avoir un d’ici à la mi-novembre”. Montupet envisagerait de remettre 500 000 € et plus tard 350 000 si besoin.

L’intersyndicale sera reçue au ministère du Travail et de l’industrie lundi 24 octobre à 11H30.

Le tribunal de commerce de Nanterre, le siège du groupe Montupet étant à Clichy (Hauts-de-Seine), a fixé jeudi la période d’observation à six mois.

Lundi rendez vous est fixé à 9h30 devant le CE.

Les fondeurs en grève.

Sous les lingots, l’exploitation

[INDONESIE] Les mineurs de Grasberg en lutte depuis plus d’un mois contre la multinationale américaine Freeport

Indonésie: poursuite de la grève sur le site minier de Grasberg

Les mineurs ont reçu le soutien des villageois ainsi que celui des proches des hommes tués la semaine dernière à proximité de la mine. 

Les mineurs ont reçu le soutien des villageois ainsi que celui des proches des hommes tués la semaine dernière à proximité de la mine.

REUTERS/Muhamamd Yamin

 

Voici plus d’un mois que dure la grève dans la mine Grasberg, l’une des plus grandes mines d’or au monde, située dans la province indonésienne de Papouasie. Les mineurs papous réclament des hausses de salaires mais le propriétaire du site, le groupe américain Freeport, refuse de céder. Le conflit social est également renforcé par le climat de violence qui entoure la Papouasie ces dernières semaines. Huit morts en un mois, dont trois personnes tuées par balles par des inconnus, hier vendredi, à proximité de la mine.

 

Un chauffeur du groupe Freeport mitraillé dans sa voiture au petit matin, puis deux autres personnes assassinées à leur domicile : c’est la troisième embuscade de ce style depuis avril, sans le moindre suspect jusqu’à présent.

Un drame de plus après la mort de deux mineurs papous début octobre, tués par la police pendant une marche de protestation. Les nerfs sont à fleur de peau d’un côté comme de l’autre. Avec la grève, la production de cuivre et d’or tourne au ralenti, et Freeport voit des millions de dollars de chiffre d’affaires s’envoler chaque jour.

Quant aux Papous, pas question de céder devant une compagnie étrangère qui exploite les ressources de leur île sans en reverser la juste part. Ils réclament l’alignement de leur salaire sur celui des autres employés du groupe dans le monde. Pour mettre fin au blocage, les autorités locales ont obtenu la reprise des négociations pendant 24 heures. Un délai cependant beaucoup trop court, dans le contexte actuel, pour trouver un compromis et un semblant de retour au calme.

Presse bourgeoise – RFI, 22/10/2011

 

Indonésie : un mouvement de grève dégénère dans l’une des grandes mines de la planète

La mine de Grasberg, à Timika, où un manifestant est mort lors des heurts entre policiers et employés, le 10 octobre 2011. 
La mine de Grasberg, à Timika, où un manifestant est mort lors des heurts entre policiers et employés, le 10 octobre 2011. 
Reuters/Muhammad Yamin

Un gréviste tué, six autres blessés par balles, c’est le bilan des heurts, lundi 10 octobre, entre la police et les employés d’une des plus grandes mines au monde située en Papouasie indonésienne. Une grève qui dure depuis plus de 3 semaines a dégénéré car des grévistes auraient tenté de s’interposer à l’arrivée de travailleurs. Les revendications portent sur les salaires mais les origines de cette tension sociale sont multiples.

La mine de Grasberg est la plus grande mine d’or et la troisième plus importante mine de cuivre au monde. Son impact sur l’économie indonésienne est considérable. L’exploitant de la mine Freeport-McMoRan Copper & Gold Inc. (FCX), une multinationale américaine, emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes. Elle est le premier contribuable du pays, on comprend qu’elle fasse donc l’objet de toutes les attentions du gouvernement indonésien.

Il n’en reste pas moins que depuis la mise en exploitation du site, il y a 30 ans, son histoire est émaillée de violences. Les installations ultra-sécurisées de Freeport ont subi plusieurs attaques, dont certaines ont été attribuées à l’OPM (Organisation pour une Papouasie libre). La mine a entraîné un déséquilibre démographique dans la région, avec l’arrivée du reste de l’archipel de dizaines de milliers de jeunes ouvriers et le départ et l’expropriation de milliers de Papous.

 

Au conflit social et politique vient s’ajouter un problème écologique. Située sur le plus haut sommet d’Océanie, dans la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, la mine provoque des dégâts considérables sur l’environnement. La mine menace à présent le parc national de Lorentz et l’un des rares glaciers équatoriaux, tout proche des gisements de Freeport.

Presse bourgeoise – RFI, 10/10/2011

De nouvelles mesures pour nous pourrir la vie

De nouvelles mesures pour nous pourrir la vie

L’obligation de travailler pour des miettes

Le rapport Daubresse [Mission présidentielle sur l’amélioration du RSA et le renforcement de son volet insertion, remis au président en août 2011] organise la mise au travail forcé des RSAstes à raison de 7 heures par semaine, sous peine de radiation. Ce nouveau contrat nous oblige à accepter n’importe quel boulot payé des miettes, pour 130EUR en plus du RSA par mois, équivalant à bosser pour 4,6EUR de l’heure. Cela nous met en concurrence avec les salariés : quel intérêt pour un patron d’embaucher aux conditions d’exploitation habituelles alors qu’on lui sert sur un plateau une main-d’œuvre quasi gratuite et cofinancée à 88 % par l’État ?

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1319204388.pngLutte contre la fraude

Le second volet de ce rapport consiste au renforcement de la « lutte contre la fraude ». Très en vogue en ce moment, elle désigne à la vindicte les soi-disant profiteurs, responsables de la dette publique [La fraude aux prestations sociales, en France, est estimée entre 2 à 3 milliards d’euros. La fraude patronale est estimé à 18 milliards d’euros. Le « fond européen de stabilisation économique », en gros l’aide financière accordé aux banques en est à environ 440 milliards d’euros…]. Tous les allocataires devront avoir une carte électronique qui regroupera les données sur leurs aides sociales. De plus, le Répertoire national commun de la protection sociale (RNCPS) recoupe les informations de différents services (CAF, CPAM, MSA, Trésor public, opérateurs téléphoniques, banques, EDF, commerçants, etc.) au prétexte de détecter plus facilement les incohérences et omissions dans les déclarations, et de cibler les fraudeurs potentiels. Toucher des « trop perçus » en connaissance de cause ou sans s’en rendre compte ne permet de toute façon pas de remplir le frigo à la fin du mois. La lutte contre la fraude permet surtout de renforcer le flicage, d’augmenter le nombre de radiations, et accessoirement de réaliser quelques économies toujours sur le dos des mêmes…

Les équipes pluridisciplinaires

Dans le même esprit, le conseil général du Gard, département pilote, teste une nouvelle mesure : des bénéficiaires du RSA vont participer à des « équipes pluri-disciplinaires ». Dans une ambiance décontractée, chacun pourra « prendre des responsabilités, comme les professionnels ». En fait, il s’agit de « réduire, suspendre et réorienter » les allocations des autres. Ceux qui accepteront de mettre les autres dans la merde le feront « anonymement et en toute confidentialité ». Ils devront radier leurs voisins, leur entourage, et pourquoi pas « étudier » leur propre dossier ! L’intégration des allocataires aux mesures répressives vise à rendre les radiations acceptables. Dans une ville ou nous sommes plus de 30 % à être sans emploi, le Conseil général compte bien attiser, en nous montant les uns contre les autres, la guerre de tous contre tous.

Le monde entier est en pleine restructuration économique et sociale, qui nous oblige à toujours plus de sacrifices, de serrage de ceinture ; qui exige de tout un chacun de se mobiliser pour contribuer au « sauvetage de l’économie ». Pour réaliser toujours plus de bénéfices, il faut réduire le coût de la main-d’œuvre. Cela passe notamment par la remise en cause généralisée, dans les pays où ils existent, des minimas sociaux, allocations, retraites, sécurité sociale, etc., que l’on appelle le « salaire indirect ». Elle permet de réaliser des économies sur le dos des travailleurs et de tous les pauvres. Et indirectement elle développe un travail toujours moins bien rémunéré, tirant vers le bas l’ensemble des conditions de travail.

Ne nous laissons pas faire. Refusons les restrictions, les radiations, empêchons la mise en place des équipes pluridisciplinaires. Agir collectivement permet d’être plus fort face aux administrations, aux propriétaires, aux huissiers, aux patrons…

Sur Alès, il existe aussi un collectif qui s’organise dans ce sens, n’hésitez pas à venir nous rencontrer et en discuter !

Le collectif Exploités-Énervés se réunira le jeudi 10 novembre, à partir de 18h30, au « Café des Fleurs, bar-brocante », en face de la gare d’Alès, vous y êtes les bienvenus.

Ensuite, permanence tous les 2es vendredi du mois.

Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 20 octobre 2011.