[Poitiers] Une assemblée inoffensive

Evénement assez rare pour être signalé, mille cinq cent personnes participent, pendant ce week-end de trois jours, à une assemblée à Poitiers. Comment expliquer que les autorités, si promptes à contrôler et à disperser tout rassemblement libre de quelques poignées de gens à peine lorsqu’il s’agit de porter collectivement une réflexion politique, aient donné leur aval cette fois-ci, allant jusqu’à concéder le parc des expositions ?

Individus modernes passant leur temps « libre » à mimer le temps aliéné.

C’est que cette « Gamers assembly » n’est guère dangereuse, bien au contraire. Un vrai manifeste de notre démocratie marchande ! D’une part, les personnes ne se parlent pas, ne s’écoutent pas, n’élaborent pas ensemble la moindre réflexion ou organisation ayant prise sur leur vie réelle. Non, toutes ces personnes sont rivées devant des écrans… Bref, rien de bien inquiétant, au contraire, voilà qui ressemble à une préparation librement consentie aux mortifères open space des entreprises modernes, avec leurs lots de compétition, d’équipes, de management, de primes à décrocher.

D’autre part, si cette assemblée est si inoffensive pour le pouvoir, c’est que ces personnes y cultivent son principal paradigme : la guerre. Un jeu tout à fait inoffensif. La bourgeoisie peut dormir tranquille en ce week-end de Pâques, et célébrer la résurrection de la Fiction comme pivot central de l’aliénation générale.

Juanito, 20 avril 2014

[Poitiers] Action contre l’extermination des pollinisateurs

Greenpeace a le bourdon

Le groupe local Greenpeace de Poitiers a interpellé, hier matin, place Notre-Dame, les passants afin de les sensibiliser sur la disparition des abeilles. Une étude de leur organisation sur la contamination du pollen par les pesticides a révélé que plus des deux tiers du pollen prélevé dans les champs et ramené à la ruche par les abeilles ouvrières ont été contaminés. Un scénario a été organisé pour planter le décor d’une mise aux enchères du dernier légume (une carotte) issu de la pollinisation par les abeilles. « C’est la dernière carotte, 100 €! » criait le (faux) commissaire-priseur. Greenpeace a lancé il y a 2 mois un guide de consommation, le Guetteur (*) qui décrypte les rapports de 150 grandes marques alimentaires aux OGM et aux pesticides, pour 300 types de produits.

(*) greenpeace.fr

Nouvelle République, 20 avril 2014

Quand la boîte roulante qui pue devient mouchard

image vue sur un site de propagande bourgeoise

Vers la multiplication de mouchards intégrés sur les voitures neuves ?

eCall : en 2015 les voitures appelleront le 112 en cas d’accident

Numerama, Mardi 15 Avril 2014

Le Parlement européen a validé mardi un dispositif de sécurité routière proposé par la Commission européenne, qui rendra obligatoire l’installation d’un système d’appel automatique d’urgence intitulé « eCall » dans tous les véhicules neufs à partir d’octobre 2015.

Dès qu’un accident grave sera détecté par les capteurs de la voiture (du même type que ceux qui déclenchent l’ouverture de l’airbag), le système embarqué composera automatiquement le 112 avec des informations circonstanciées comprenant la localisation géographique du véhicule et son modèle (le code VIN), pour permettre aux secours d’intervenir au plus vite même lorsque les passagers sont inconscients. L’eCall peut également être activé manuellement pour appeler des secours.

Concrètement, les véhicules seront tous équipés d’un système de téléphonie mobile et d’une carte SIM dédiée, qui permet de joindre les centres de secours gratuitement. Une communication vocale est alors établie entre l’opérateur et le(s) passager(s) conscient(s).

Ange-gardien ou mouchard ?

Les constructeurs automobiles proposant parfois des systèmes similaires privés (0,7 % des véhicules en Europe seraient ainsi équipés), la directive européenne prévoit de laisser aux fabricants la possibilité de choisir par défaut une autre plateforme que le 112.

Selon la Commission Européenne, le système eCall est un système « dormant », qui ne permet pas de suivre les véhicules à la trace. La connexion au réseau mobile ne serait en effet effectuée qu’en cas d’activation de l’eCall.

Cependant, Bruxelles reconnaît également que « les possibilités de la plateforme technologique eCall (par exemple les modules de positionnement, de calcul et de communication) pourraient être exploitées pour des services additionnels« . La Commission cite d’elle-même les « schémas d’assurance avancés« , qui permettraient aux assureurs de savoir si un véhicule roulait trop vite sur une route donnée, de facturer au kilomètre parcouru, etc., ou le traçage des véhicules volés. L’eCall oblige à avoir un système embarqué de téléphonie mobile dans toutes les voitures. Le reste n’est qu’affaire d’imagination.


En 2015, les voitures appelleront elles-mêmes les secours en cas d’accident

Le Figaro, 11/02/2014 à 19:36

À compter d’octobre 2015, tous les nouveaux modèles de voitures en Europe devront être équipés d’un bouton d’appel d’urgence. Ce système baptisé eCall a été validé, ce mardi, par la commission du Marché intérieur du Parlement européen. Le vote définitif devrait intervenir dans les mois prochains.

À partir d’octobre 2015, tous les nouveaux modèles de voitures en Europe seront un peu plus intelligents. Ils devront être équipés d’un bouton qu’il suffira de presser pour alerter automatiquement les services de secours. En cas d’impossibilité pour le conducteur d’appuyer sur le bouton, l’alerte se fera automatiquement et le véhicule sera géolocalisé.

Dans les cartons des autorités européennes depuis plusieurs années, ce système baptisé « eCall » vient de franchir une étape supplémentaire. La commission du marché intérieur du Parlement européen s’est prononcée ce mardi en faveur de cette technologie qui avait donné lieu à des désaccords tenaces entre pays. Cette dernière devrait donc être adoptée par le parlement européen en février ou mars prochain.

Le temps d’intervention sera réduit

Concrètement l’eCall qui sera connecté au 112, – un numéro réservé aux appels d’urgence et déjà en vigueur aujourd’hui dans l’Union européenne – permettra d’alerter plus rapidement les secours. Selon l’Europe, le temps d’intervention des pompiers et du Samu sera réduit « de 50% en zones rurales et de 40% en zones urbaines ». Selon Bruxelles, quelque 2500 vies pourraient être ainsi sauvées chaque année.


Vers une boîte noire dans les voitures françaises

Le Figaro, 21/06/2013 à 16:28

Des études vont être lancées pour doter les véhicules d’un appareil restituant des données captées trente secondes avant l’accident.

Comme les avions, les voitures françaises pourraient dans quelque temps être équipées d’une boîte noire. C’est en tout cas la piste que compte explorer le Conseil national de la sécurité routière (CNSR). Se réunissant en séance ce vendredi, son président, Armand Jung, devrait demander aux deux commissions concernées, vitesse et outils technologiques, d’étudier cet appareil dans un cadre déjà quelque peu délimité.

Car, précise Armand Jung, « cet outil ne contiendra que des données techniques », relatives au freinage, à la vitesse, au port de la ceinture ou encore au déclenchement des airbags. Exit donc toute information portant atteinte à la vie privée : il n’y aura pas d’enregistrement vocal et d’image. Par ailleurs, cet appareil ne délivrera des renseignements que sur les trente secondes précédant l’accident, unique cas au cours duquel les seules forces de l’ordre seront autorisées à les exploiter.

Ce projet est aujourd’hui celui qui est privilégié pour combattre la vitesse, même si, selon Armand Jung, une baisse éventuelle de certaines limitations est toujours étudiée. Plus consensuelle, cette boîte noire, plus justement baptisée « enregistreur de données d’accidents », recueille les faveurs d’un grand nombre d’acteurs de la sécurité routière, dont Frédéric Péchenard, le délégué interministériel à la sécurité routière. « Elle offre de nombreux avantages », explique ce dernier. Le premier serait d’avoir un impact direct sur le comportement de l’automobiliste. Sachant que ses faits et gestes sont enregistrés, il pourrait être plus respectueux des règles. « Nous voulons ainsi le responsabiliser », indique Armand Jung. Le second intérêt est d’ordre épidémiologique : « En cas d’accident, on aura des données précises sur les circonstances et la vitesse », souligne Frédéric Péchenard.

À ce jour, les États-Unis se sont lancés dans la généralisation des boîtes noires. Encore optionnelles et peut-être bientôt obligatoires, elles sont déjà adoptées par 96 % des automobilistes américains. « En Europe, la police de Berlin en avait équipé ses véhicules. En quelques mois, les accrochages avaient chuté de 36 %, preuve que cet outil joue sur les comportements », relate Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Mais ce projet est dans l’air du temps : « Ces enregistreurs dans les véhicules sont l’une des propositions du plan 2011-2020 de la sécurité routière de la Commission européenne », rappelle Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention routière.

Quant à l’installation de ce boîtier, elle ne présenterait guère de difficulté, selon Jean-Charles Sarbach, directeur technique à la Fédération des industries des équipements pour véhicules : « le prix du dispositif ne devrait excéder les 150 euros ».


Boîte noire contre tarifs d’assurance réduits

Le Parisien, 7 févr. 2014, 07h00

C’est une pratique inédite dans le monde des assureurs. Depuis le 1 er janvier, le courtier BA Assurances propose aux automobilistes 30 % de réduction sur leur contrat s’ils équipent leur véhicule d’une boîte noire RoadEyes, seule entreprise à fabriquer ce système en France. « Nous faisons un pari sur l’avenir », explique Florent Cautela, responsable de la société de courtage. Ce rabais pourrait séduire de nombreux conducteurs, A l’heure où les tarifs d’assurance n’enregistrent pas de baisse malgré la chute historique de la mortalité sur les routes (lire encadré), ce rabais pourrait séduire de nombreux conducteurs. Si le premier prix d’une boîte noire est de 129 €, le système permet d’économiser environ 150 € selon les profils d’assurés (voir infographie ). Du côté des assureurs, ce nouveau marché laisse entrevoir de nombreux avantages. A commencer par la baisse du nombre d’accidents. Ce boîtier incassable, équipé d’une caméra sur le pare-brise, enregistre les données de l’automobiliste : son, image, vitesse, changements de trajectoire, géolocalisation, horodatage à l’intérieur de l’habitacle. « Notre concurrent américain a fait le test sur 2 000 véhicules. Ils ont obtenu une baisse des sinistres de 56 % », explique Boris Brault, créateur de RoadEyes.

Plus armés face à la justice

Avec ce dispositif, les automobilistes deviennent plus vigilants. « C’est comme un troisième oeil. Le fait de conduire en étant filmé incite à plus de prudence », explique Florent Cautela, qui en a déjà vendu 30 000 en 2013. Résultat : des économies pour les professionnels qui ont vu le prix moyen des réparations augmenter de 2,5 % l’an dernier selon les données de la Fédération française des sociétés d’assurances.

Autre bienfait attendu : ces images constituent des preuves irréfutables devant les tribunaux. « Aujourd’hui, on fait des procès pour n’importe quel motif et les dommages et intérêts sont de plus en plus considérables pour les assurances », analyse Florent Cautela. Avec ce système, fini a priori les délits de fuite ou les constats à l’amiable mensongers, le conducteur ne pourra plus berner les juges en cas d’accident.

Contrairement aux Américains, les Français, craignant une atteinte à leur vie privée, se sont toujours montrés frileux. Pourtant, beaucoup l’ignorent, mais tous les véhicules récents possèdent des enregistreurs de données. Les plus connus : l’airbag ou l’ABS ! « Les constructeurs ne le disent pas car c’est assez anxiogène, mais la voiture n’est plus un espace privé. Votre garagiste sait exactement où vous êtes allé ou si votre véhicule est bien entretenu », relève le créateur de RoadEyes.

En France, le Conseil national de sécurité routière, qui s’est réuni en novembre dernier, s’est dit favorable à la généralisation de boîtes noires dans les véhicules neufs.

Collection d’articles vue sur Brèves du désordre, 16 avril 2014

[Nantes] Appel à manif et actions de solidarité contre la répression

Appel à manifestation et à actions décentralisées de solidarité contre la répression du mouvement anti-aéroport

Flics, juges, matons : bas les pattes !

Le 22 février, plus de 50 000 personnes se rassemblaient à Nantes pour la plus grande manifestation du mouvement anti-aéroport. Déclarée illégale par la préfecture, elle s’est rapidement heurtée à un dispositif répressif ahurissant : Des centaines de policiers surarmés encadraient le cortège tandis qu’un immense mur anti-émeute barrait pour la première fois de l’histoire des luttes nantaises le cours des 50 otages. Les politicien-ne-s et leurs médias ont parlé de « saccages » et de « dévastations », déplorant la violence qui s’est exprimée après que certain-e-s manifestant-e-s aient tenté de passer par le parcours prévu initialement. Cependant, le pouvoir et ses complices se gardent bien de rappeler la férocité extrême de la répression qui s’est abattue sur la manifestation. Le 22 février, des centaines de personnes ont été atteintes par les armes policières. Au moins trois d’entre elles ont perdu l’usage d’un œil suite à des tirs de flashballs. Beaucoup ont respiré des gaz lacrymogènes, été sonnées par des grenades assourdissantes, blessées par des grenades de désencerclement ou repoussées par des canons à eau.

Quelques semaines plus tard, le 31 mars, les médias annonçaient triomphalement un premier « coup de filet » suite aux investigations d’une cellule d’enquête spéciale. Neuf camarades ont été perquisitionnés et arrêtés à l’aube. Deux ont été immédiatement relâchés, l’un d’eux n’était même pas à Nantes le jour de la manifestation. Quatre ont été jugés en comparution immédiate, sans avoir pu préparer leur défense. La lourdeur des condamnations peine à masquer le vide des dossiers – les seuls éléments véritablement à charge étant les aveux des prévenus. Trois d’entre eux ont été condamnés à des peines de prison ferme. Lors de cette parodie de procès, le juge Tchalian n’a pas hésité à doubler les réquisitions du parquet pour jeter notre camarade Enguerrand directement en prison. Un an ferme pour quelques pavés et fumigènes.

La répression policière et judiciaire à laquelle le mouvement contre l’aéroport et son monde a été confronté le 22 février et les semaines qui ont suivies n’a qu’un seul but : terroriser ceux et celles qui se révoltent et entrent en lutte contre l’emprise du capitalisme sur les espaces dans lesquels nous vivons. Il s’agit d’atteindre le mouvement social dans sa chair et dans son âme, d’en mutiler ou d’en emprisonner certain-e-s pour mieux atteindre tou-te-s les autres. Les condamnations et les mutilations du 22 février ne sont pas de simples applications de la loi ou de techniques de maintien de l’ordre : elles sont hautement politiques. Ce véritable terrorisme d’État est un coup de semonce qui exprime clairement ce qui attend ceux et celles qui lui résistent. Aujourd’hui, ce sont Enguerrand, Quentin, Damien, Emmanuel, Philippe, J. et G. qui sont touchés. Cela aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. Le simple fait de participer à une manifestation justifie pour l’État et sa « justice » la perte d’un œil ou l’envoi en taule.

La violence de la répression que nous subissons ne doit en aucun cas entamer notre détermination –  nous ne ferions que leur donner raison. Le meilleur soutien que nous puissions apporter à nos camarades blessé-e-s et emprisonné-e-s, c’est bien de continuer le combat. Notre lutte n’a jamais été aussi puissante, et nous n’avons jamais entrevu de si près un avenir libéré du béton. Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de ne rien lâcher contre l’aéroport et le monde qui le produit. Face au pouvoir assassin qui mutile et emprisonne, nous avons une arme qu’il ne peut pas nous enlever. Dans une lettre datée du 8 avril, Enguerrand déclarait : « La force de la solidarité militante est implacable. » – et de fait, nous lui donnons raison. Les marques de soutien aux blessé-e-s et aux inculpé-e-s de la lutte sont d’ores et déjà nombreuses et disparates, à l’image de la diversité des composantes du mouvement. Le nombre des actions possibles est infini. Organiser un concert ou une collecte pour soutenir matériellement les inculpé-e-s et leurs proches. Appeler à une manifestation (pacifiquement casqués ?) pour exprimer sa révolte face aux crimes policiers. Recouvrir les murs de sa ville de peinture ou d’affiches pour que personne n’ignore ce qu’il se passe …

Toute initiative est la bienvenue pour apporter un peu de réconfort à nos camarades et rappeler au pouvoir notre rage et notre détermination. Face au silence complice du spectacle médiatique, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour rendre au mot « justice » sa véritable signification. Nous encourageons avec ardeur toute action de solidarité contre la répression du mouvement anti-aéroport – qu’elle soit collective ou individuelle, à Nantes comme ailleurs, aujourd’hui comme toujours.

Pas de justice, pas de paix ! Solidarité avec les blessé-e-s et les inculpé-e-s ! Non à l’aéroport et son monde !

MANIFESTATION Samedi 17 mai 2014 15h – Préfecture de Nantes

Appel ouvert à tous les collectifs et organisations qui s’y reconnaîtront.

Liste provisoire : Comité de soutien à Enguerrand, Collectif de l’université de Nantes contre l’aéroport, SLB UL-Naoned, …

Pour écrire au comité de soutien à Enguerrand ou signer cet appel : soutien.enguerrand(AT)riseup.net

Vu sur Indymedia Nantes, 18 avril 2014

[Poitiers] Tu seras bidasse, mon enfant

NdPN : nouvelle édition hier 16 avril du « rallye citoyens » pour lycéen.ne.s… chez les bidasses, au quartier d’Aboville, relayée comme de bien entendu par un journaliste enthousiaste dans la presse locale. Toujours des épreuves de tir au programme des ateliers (trop fun). Avec sans doute, comme les années précédentes, parcours du combattant (ramper, c’est parfait pour apprendre le métier de citoyen.ne). Les gamins en treillis et mitrailleuse à la main, rien de tel pour éduquer nos têtes blondes ou crépues ! Médaille du rire au sergent-chef Cocasse [sic !], pour qui l’organisation ne va pas sans « chef ». Comme d’habitude, l’armée fait son abrutissante promotion en mettant en avant des gadgets technologiques pour appâter les mômes, et un exercice en équipe pour faire avaler que vendre sa vie contre une solde, pour assassiner sur ordre et se faire assassiner par « devoir », si l’Etat capitaliste le demande, rime avec la valeur de la solidarité. A gerber !

Des lycéens en treillis pour une leçon de civisme

Des lycéens de la Vienne ont pris part à des épreuves militaires, hier, au Quartier Aboville à Poitiers, partageant ainsi le quotidien de “ la grande muette ”.

La jambe ensanglantée, une militaire gît au milieu de la cour. Une dizaine de soldats accourent pour lui porter secours et lui poser un garrot. Cette scène ne se déroule pas en Centrafrique ou sur tel autre théâtre de guerre, mais au cœur de la caserne Aboville, à Poitiers. Le sang coulant de la blessure, qui paraît plus vraie que nature, n’est qu’un colorant et les hommes et femmes en treillis ne sont pas des militaires mais des lycéens venus des quatre coins du département.

 «  J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe  »

Depuis 7 h 45, cent trente élèves de seconde, tous volontaires, participent à des ateliers dans la caserne. Tout a commencé par une levée du drapeau, ô combien symbolique : « Le service militaire étant suspendu depuis 1996, ce 8e rallye lycéens citoyens permet de sensibiliser les jeunes aux questions de défense », explique le capitaine Skura. Épreuve de tir, sensibilisation aux produits stupéfiants… En tout, dix-neuf ateliers pédagogiques, ludiques ou sportifs. Les élèves de seconde du lycée le Dolmen, vêtus de treillis, armés de famas, portent secours à la militaire blessée lors d’un atelier de sauvetage au combat. Mathieu Guilloteau, 16 ans, genou à terre, couvre ses camarades chargés d’évacuer le corps. Lui qui rêve d’une carrière militaire a déjà les bons réflexes : « J’aime l’esprit militaire, cet esprit d’équipe », dit-il. Le sergent-chef Cocasse pose un regard aiguisé sur ces élèves d’un jour, distillant ses remarques : « Qui est le chef là ? Attention, sans chef on est vite désorganisé ! » Le caporal-chef Foltier, du régiment d’infanterie chars de marine, est satisfait de leur implication : « Dès qu’il y a du matériel, on les sent réceptifs ». Pour lui, c’est important que la jeunesse de France « découvre ce que fait réellement l’armée ». Et, qui sait, un jour, ces lycéens intégreront peut-être ce régiment qui est le plus décoré du pays.

Adrien Planchon, Nouvelle République, 17 avril 2014