[Chasseneuil – 86] Les salarié-e-s de Bonilait en grève

Chasseneuil : l’usine Bonilait bloquée

Les grévistes bloquent l’accès à l’usine – (Photo cor Alain Chauveau)

Une quarantaine d’agents de l’usine Bonilait Protéines de Bonnillet (commune de Chasseneuil-du-Poitou) sont en grève illimitée depuis ce lundi matin pour des revendications salariales.

Le syndicat CGT Bonilait Protéines bloque l’accès à l’usine, aucun camion ne peut donc s’approvisionner. « Nous sortons des négociations annuelles obligatoires, confie Alain Hérault, délégué CGT, et nous sommes loin des attentes des agents sur les salaires et l’amélioration des conditions de travail. La direction nous propose une augmentation de 1,5 % à compter du 1er juin (soit quelque 18 € pour les plus bas salaires) alors que nos revendications portent sur 75 € bruts mensuel. On a une entreprise qui réalise des bénéfices et nous aimerions bien récolter le fruit de notre travail, notamment pour les plus bas revenus. » Jointe par téléphone la direction nous a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer sur ce mouvement de grève.

Nouvelle République, 10 juin 2013

[Poitiers] Grève du personnel du CHU contre la réduction de plusieurs jours de RTT

Grève du personnel au CHU de Poitiers

Aujourd’hui, le personnel du CHU de Poitiers se mobilise contre la suppression de 6 à 2 jours de RTT. Cette mesure entre dans la révision du budget de l’hôpital. Après une tentative de négociation avec la direction qui refuse de revenir sur cette mesure, l’intersyndicale CGT, CFDT et FO appelle le personnel à la grève. Une assemblée générale aura lieu à 13h30 au CHU.

Nouvelle République, 10 juin 2013

Mise à jour 11/06/2013 :

Suppression de RTT au CHU : le personnel en grève

Les agents du CHU de Poitiers sont entrés en grève hier matin. Ils protestent contre la suppression de RTT prévue dans le budget 2013.

Les personnels médicaux du CHU de Poitiers sont en grève depuis hier. Pour des raisons budgétaires, six jours de RTT pourraient leur être supprimés. « La direction a prévu de faire des économies à hauteur de 5 millions d’euros pour rééquilibrer le budget. Dans ces 5 millions, 3 millions concerneront le personnel », explique Marie-Thérèse Pintureau, aide-soignante et porte-parole de l’intersyndicale CGT, CFDT et FO. « Pour réaliser ces économies, la direction va supprimer six jours de RTT sur dix-neuf aux agents à repos variable (1). Les agents à repos fixe (2) perdront deux jours et le jour de sujétion. »

«  Cela ne va plus être tenable  »

Concrètement, le temps de pause des agents à repos variable qui travaillent le matin augmenterait de dix minutes et les agents de l’après-midi prendraient leur service quinze minutes plus tard pour que leur temps de travail hebdomadaire ne dépasse pas 35 heures. « La direction ne touche pas aux 35 heures mais nous supprime nos RTT », ajoute la porte-parole. « Nous rognons déjà sur nos jours de congés, si l’on nous supprime nos RTT, cela ne va plus être tenable. » Le personnel qui travaille de nuit n’est pas concerné. Les médecins et les cadres sont invités à donner deux jours de RTT. Christian Trianneau, infirmier et président du syndicat professionnel Coordination nationale infirmière de Poitiers et de la Vienne, est inquiet : « Les remplacements de congés maladie ne seront plus effectués qu’à hauteur de 50 % et seulement après un délai de trois semaines. Nous sommes certains que la direction va mettre en place ce dispositif dès cet été avec les départs en congés. Il n’y aura plus d’intérimaires ce qui va aggraver la situation au détriment des patients. » De son côté, le CNI qui n’appartient pas à l’intersyndicale lance à un appel à la grève ce matin à 10 h et à 14 h : « Nous avançons au jour le jour et nous tiendrons bon ».

«  Nous privilégions l’emploi  »

Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU, tempère en affirmant que ces mesures ne sont pas encore définitives : « Nous réduirons peut-être la suppression à 4 ou 5 jours de RTT. Nous privilégions l’emploi dans un contexte difficile où il se fait rare. Nos patients ne doivent pas souffrir de l’absence de personnel. Cette mesure va permettre de réorganiser le temps de travail et ainsi gagner du temps de présence auprès des malades. Le jour de sujétion est un avantage historique et hors-la-loi propre au CHU de Poitiers, c’est pourquoi nous le supprimons ». Les syndicats annoncent une grève illimitée tant qu’il n’y aura pas de point d’entente. La direction présentera son budget à l’Agence régionale de santé le 13 juin après que celui-ci a été validé par le directoire.

(1) Infirmiers, aides-soignants, ASH, personnel travaillant le week-end. (2) Personnel qui ne travaille pas le week-end.

Aurore Ymonnet, Nouvelle République, 11 juin 2013

[Poitiers] Communiqué suite à la manifestation en hommage à Clément à Poitiers

Communiqué suite à la manifestation en hommage à Clément à Poitiers

Le jeudi 6 juin à 18 h 30 a eu lieu à Poitiers comme dans de nombreuses autres villes une manifestation organisée à l’appel du groupe unitaire contre l’extrême droite de la Vienne à la suite de la mort de Clément Méric à Paris. Nous avons été agréablement surpris de l’ampleur de la manifestation organisée dans la journée même (entre 250 et 300 personnes), mais nous avons cependant quelques critiques à émettre et besoin de rappeler certains faits.

Nous nous étonnons que des cadres du Parti socialiste de la mairie de Poitiers soient venus sans honte se montrer en mémoire de quelqu’un qui les combattait politiquement. En effet, rappelons que Clément était certes un militant antifasciste mais qu’on ne saurait le réduire à cela. Il était révolutionnaire, et impliqué dans les luttes contre le capital et fatalement contre le gouvernement socialo-écologiste actuel. Antifasciste convaincu, il militait aussi contre toutes les formes d’exploitation et de domination : le sexisme, le racisme et l’homophobie…

Revenons à la manifestation poitevine, non déclarée comme le veut la tradition ici, et regroupant des individus (libertaires ou proches), encartés de gauche et d’extrême gauche et autres membres d’associations. Voilà bien longtemps que tout ce beau monde n’avait pas été réuni. En effet, le bras de fer entre la mairie socialiste et les associations, les anarchistes et surtout dernièrement le DAL 86 dure depuis plusieurs années, et la gouvernance de M. Claeys nous montre le véritable visage de la social-démocratie depuis.

Nous avons donc pu voir nos braves cadres locaux se retirer du cortège au niveau de la mairie alors que ce dernier évoluait vers la préfecture. Très bien, nous dirons-nous, mais cette manœuvre semble aussi avoir été tactique. Car, plus d’une heure après la fin de la manifestation, deux personnes ont été arrêtées et emmenées au poste pour « manifestation illégale » et « outrage aux forces de l’ordre » (des « Flics porcs assassins » s’étant glissés dans les slogans scandés). Ces deux personnes seront relâchées le lendemain et passeront en Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Devant le procureur, donc. Mais le fait intéressant à noter ici est cette phrase lâchée par un conseiller municipal et conseiller de Grand Poitiers bien connu comme bureaucrate de la lutte (notamment au sein des MJS lors du mouvement anti-CPE) : « Ce n’est pas une manifestation, mais un rassemblement silencieux contre les violences de l’extrême droite ». Voilà, tout est dit. Vous vous êtes fait attraper ? Vous ne pouvez que vous en prendre à vous-mêmes. Il ne fallait pas faire de manif (ou du moins pas jusqu’au bout)… puisqu’il existe une pression de la préfecture vis-à-vis des manifestations non déclarées depuis environ un an, et relayée par son chien de garde édenté : la mairie.

Ici donc, les socialistes poitevins suivent la ligne dictée par l’Elysée et le taulier de la place Beauvau : s’émouvoir de manière hypocrite sur la violence et la dangerosité idéologiques des groupes fascistes bien connus. Alors que ce sont ces mêmes socialistes qui, de par leur politique, ne contribuent point à faire reculer les pratiques et idées de l’extrême droite ; bien au contraire, celle-ci s’en est servie à plusieurs reprises afin de gagner des élections, de promouvoir des politiques sécuritaires de la République (n’oublions pas que les centres de rétention, ces prisons démocratiques pour étrangers, datent de l’ère mitterrandienne). Par ailleurs, le jour même où Clément a été agressé, la police de Manuel Valls procédait à une grande rafle de sans-papiers dans le quartier populaire de Barbès à Paris. République, sacro-sainte République! Tel un chant incantatoire, ce terme sonnait creux pour Clément et ses camarades ! Alors, fichez-nous la paix avec cet appel à un front républicain chimérique.

La République n’est qu’un champ de bataille symbolique pour les aspirants au pouvoir, ça fait bien longtemps que son caractère attractif et magique n’opère plus ! Bref, nous nous opposons fermement à cette tentative de récupération étatique de la mort de Clément.

De plus, nous pensons que la dissolution de groupes fascistes ne changera pas la donne. Hormis leur caractère symbolique orchestré par le pouvoir et une partie de la gauche, l’Histoire nous a montré à plusieurs reprises que la dissolution de ces groupes est un leurre (des Ligues des années 1930 à Unité radicale des années 2000, en passant par Ordre nouveau des années 1970) : ils se sont toujours reformés, ils ont juste eu besoin de changer de nom. Mais nous n’appelons pas non plus à une « justice pour Clément ». Cette justice qui nous condamne aussi bien et que nous combattons tous les jours.

Soulignons que depuis plusieurs années les fascistes et autres nazillons ressortent dans la rue et souhaitent la reprendre, galvanisés par les scores de leurs homologues dans de nombreux pays en Europe (Grèce, Hongrie…) sur fond de crise économique. Nous ne découvrons rien, dans plusieurs villes les fascistes sont très actifs, et s’adonnent à des actions violentes et/ou symboliques : Lyon, Toulouse, Tours, Besançon, etc. Mais les dernières manifs contre le mariage homosexuel leur ont permis de se rencontrer, de recruter, bref d’avoir un nouveau souffle, avec la complicité des médias ayant offert leurs micros sur des plateaux d’argent à des mouvements réactionnaires de toutes sortes disséminant leurs discours haineux.

Par exemple, nous avons remarqué qu’ils sont de plus en plus présents sur Poitiers, du moins par leurs affiches et autocollants. Qu’ils soient à Méridien Zéro, au Mouvement Action Sociale, au Parti de France, à l’Œuvre Française ou au plus traditionnel Front National, les militants fascistes tentent de s’implanter localement et durablement. Ils se sentent même pousser des ailes. Pour preuve, début mai ont été découvertes des affiches, collées dans les rues de Poitiers, comprenant les photos de deux militants du NPA avec comme surtitre « Wanted » et cette légende : « Tags dégueulasses, gribouillis partout, panneaux sales, portes tatouées ? Assez ! La police s’en occupe pas on va s’en occuper ! ».

En mémoire de notre camarade Clément,nous souhaiterions que les bureaucrates politiques, membres du gouvernement et autres charognards de la presse fassent profil bas sur le sujet. Pour vous, fascistes, belek : une attaque contre un est une attaque contre tous.

 Dieu pardonne, pas le prolétariat !

 L’Épine noire, 8 juin 2013