Monde Libertaire gratuit ou prix libre n°39

Le Monde Libertaire gratos revient, avec de nombreux articles, plus un cahier central spécial consacré à deux films sur le Chili. Nous l’avons distribué hier dans les rues de Poitiers, occasion de nombreuses rencontres sympathiques !

Nous en avons laissé quelques exemplaires au Biblio-café de Poitiers (rue de la Cathédrale), que vous pouvez emporter.

Vous pouvez aussi le consulter en ligne ici.

ml gratos 39

Bonne lecture !

PS : c’est aujourd’hui l’anniversaire du Monde Libertaire hebdomadaire. Le 6 octobre 1977, l’organe de  la Fédération    Anarchiste, qui était alors mensuel depuis son premier  numéro en octobre 1954, passe  hebdomadaire. Aujourd’hui Le Monde Libertaire, c’est un hebdo, un gratuit quinzomadaire, un hors-série, et un site. Longue vie au ML !

Pavillon Noir

Hongrie : Les sans-abri sont désormais considérés comme des criminels

Hongrie : Les sans-abri sont désormais considérés comme des criminels

Stupeur pour les organisations de défense des Droits de l’Homme. Les parlementaires du gouvernement hongrois de Victor Orban ont voté lundi une loi permettant la criminalisation des sans-abri.

La loi qui autorise les municipalités à poursuivre les sans-abri qui vivent sur l’espace public ou fouillent les poubelles a été acceptée par 245 voix pour et 45 contre ce lundi 30 septembre. Le gouvernement a prétexté un maintien de l’ordre public, de la sécurité, de la santé et des valeurs culturelles en faisant adopter cette loi. « Ils veulent cacher les SDF, en pensant que cela va améliorer l’image de la ville. C’est très problématique, parce que cela va à l’encontre de droits humains tels que la liberté de mouvement » a dénoncé Rita Bence, responsable de TASZ, l’Union hongroise pour les libertés civiles.

Pour l’ONG Human Rights Watch, cette décision est insupportable. Les sans-abri qui sont déjà souvent victimes de leur situation pourront être condamnés à des travaux d’intérêt général, voir même à de la prison s’ils récidivent. Il y a quelques mois déjà, la municipalité de Budapest avait fait voter un décret permettant d’emprisonner les SDF qui ne paieraient pas leur amende de 180 € pour avoir occupé l’espace public.

Pourtant, la cour constitutionnelle hongroise avait rejeté une loi similaire en 2012, estimant qu’elle serait une violation de la dignité humaine. « Plutôt que de respecter la décision de la cour, le gouvernement, grâce à sa majorité absolue au Parlement, a répondu en faisant inclure au mois de mars une disposition dans la Constitution permettant la criminalisation des sans-abri » dénonce Human Rights Watch.

Pour les 30 000 sans-abri hongrois, l’arrestation est maintenant un risque de tous les jours.

Source : Human Rights Watch

Vu sur Citizenpost, 3 octobre 2013

Lampedusa : l’Europe assassine

NdPN : Xénophobie meurtrière des Etats d’Europe et d’Amérique, paravent hypocrite de l’exploitation ignoble des populations les plus pauvres de la planète. Si Frontex, les lois xénophobes et les charters de la honte ne changent rien au nombre d’immigré-e-s, exilé-e-s de la misère que les Etats du Nord orchestrent, cela les place dans la précarité et les expose à la mort, dans le seul intérêt d’un patronat sans scrupules. Déjà deux dizaines de milliers de noyé-e-s en Méditerranée depuis vingt ans. Honte à toutes celles et tous ceux qui soutiennent explicitement ou lâchement ces politiques racistes de droite comme de gauche, ces droits de l’homme riche, ne serait-ce que par une voix dans une urne.

Lampedusa : l’Europe assassine

Le nouveau naufrage dans lequel ont péri ou disparu, tout près de l’île de Lampedusa, au moins 300 personnes parmi les 500 passagers d’un bateau en provenance de Libye, n’est pas dû à la fatalité. En 2010, au même endroit, deux naufrages simultanés avaient provoqué près de 400 victimes. En 2009, 200 personnes se sont noyées au large de la Sicile. Pour les seuls six premiers mois de l’année 2011, le HCR estimait à 1 500 le nombre de boat people ayant trouvé la mort en tentant d’atteindre les rives de l’île de Malte ou de l’Italie. Depuis le milieu des années 90, la guerre menée par l’Europe contre les migrants a tué au moins 20 000 personnes en Méditerranée.

La guerre ? Comment nommer autrement la mise en place délibérée de dispositifs de contrôles frontaliers destinés, au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière, à repousser celles et ceux que chassent de chez eux la misère et les persécutions ? Ces dispositifs ont pour nom Frontex, l’agence européenne des frontières, qui déploie depuis 2005 ses navires, ses hélicoptères, ses avions, ses radars, ses caméras thermiques et bientôt ses drones depuis le détroit de Gibraltar jusqu’aux îles grecques pour protéger l’Europe des « indésirables ». Ou encore Eurosur, un système coordonné de surveillance qui, depuis 2011, fait appel aux technologies de pointe pour militariser les frontières extérieures de l’Union européenne afin de limiter le nombre d’immigrants irréguliers qui y pénètrent. Comment nommer autrement la collaboration imposée par l’Europe aux pays de transit des migrants – Libye, Algérie, Tunisie, Maroc – afin qu’ils jouent le rôle de garde-chiourmes et les dissuadent de prendre la route du nord, au prix de rafles, arrestations, mauvais traitements, séquestrations ?

Plus spectaculaire que d’habitude par son ampleur, le nouveau naufrage de Lampedusa n’a pas manqué de susciter les larmes de crocodile rituellement versées par ceux-là même qui en sont responsables. A la journée de deuil national décrétée par l’Italie – pays dont les gouvernants, de droite comme de gauche, n’ont jamais renoncé à passer des accords migratoires avec leurs voisins proches – y compris lorsqu’il s’agissait des dictatures de Kadhafi et de Ben Ali – pour pouvoir y renvoyer les exilés, font écho les déclarations de la commissaire européenne aux affaires intérieures, qui appelle à accélérer la mise en place d’Eurosur, destiné selon elle à mieux surveiller en mer les bateaux de réfugiés. Où s’arrêtera l’hypocrisie ? Peu d’espaces maritimes sont, autant que la Méditerranée, dotés d’un maillage d’observation  et de surveillance aussi étroit. Si le sauvetage était une priorité – comme le droit de la mer l’exige – déplorerait-on autant de naufrages entre la Libye et Lampedusa ?

Déjà sont désignés comme principaux responsables les passeurs, mafias et trafiquants d’êtres humains, comme si le sinistre négoce de ceux qui tirent profit du besoin impérieux qu’ont certains migrants de franchir à tout prix les frontières n’était pas rendu possible et encouragé par les politiques qui organisent leur verrouillage. Faut-il rappeler que si des Syriens en fuite tentent, au risque de leur vie, la traversée de la Méditerranée, c’est parce que les pays membres de l’UE refusent de leur délivrer les visas qui leur permettraient de venir légalement demander asile en Europe ?

On parle de pêcheurs qui, ayant vu le navire en perdition, auraient continué leur route sans porter secours à ses passagers, et des voix s’élèvent pour exiger qu’ils soient poursuivis et punis pour non assistance à personne en danger. A-t-on oublié qu’en 2007, sept pêcheurs tunisiens accusés d’avoir « favorisé l’entrée irrégulière d’étrangers sur le sol italien »ont été poursuivis par la justice italienne, mis en prison et ont vu leur bateau placé sous séquestre parce qu’ils avaient porté secours à des migrants dont l’embarcation étaient en train de sombrer, les avaient pris à leur bord et convoyés jusqu’à Lampedusa ?

Non, le drame de Lampedusa n’est pas le fruit de la fatalité. Il n’est dû ni aux passeurs voraces, ni aux pêcheurs indifférents. Les morts de Lampedusa, comme ceux d’hier et de demain, sont les victimes d’une Europe enfermée jusqu’à l’aveuglement dans une logique sécuritaire, qui a renoncé aux valeurs qu’elle prétend défendre. Une Europe assassine.

Premiers signataires : Olivier Clochard, président de Migreurop, Stéphane Maugendre, président du Groupe d’information et de soutien des immigrés ; Abderrhamane Hedhili, président du  Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux ; Filippo Miraglia, responsable immigration, droit d’asile et lutte contre le racisme, Italie ; Mehdi Alioua, président du Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants, Maroc, et Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme – membres de la coalition Boats4People ; Michel Tubiana, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme.

Vu sur Migreurop, 4 octobre 2013

Le Monde Libertaire n° 1717 (du 3 au 9 octobre 2013)

NdPN : le ML hebdo est sorti hier dans tous les bons kiosques. Nous en déposerons un exemplaire au biblio-café de Poitiers, pour libre consultation. Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n° 1717 (du 3 au 9 octobre 2013)

Image

«La mémoire des États n’est résolument pas la nôtre.» – Howard Zinn

Sommaire du Monde Libertaire n° 1717

Actualité

Grèce : mobilisation antifasciste, par Thierry, page 3

Aigues-Mortes : main basse sur la ville, par Daniel, page 4

Faire payer les traîne-misère, par J.-M. Raynaud, page 5

Surenchère xénophobe contre les Roms, par J. Caramelo, page 5

Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6

La mémoire du franquisme, par R. Pino, page 7

Arguments

Labeur canin, par N. Potkine, page 8

Redéfinir le sujet révolutionnaire, par A. Bernard, page 9

Trahison proféministe, par Mademoiselle, page 10

International

Égypte: la révolution en otage, par MSL, page 12

À la recherche d’un vieil Antonio (3), par G. Goutte, page 15

Histoire

Du syndicalisme révolutionnaire, par A. Prudhommeaux, page 17

Le mouvement

L’Âme atomique réédité, par P. Schindler, page 19

Amérique(s) anarchiste(s), par Daniel, page 21

Illustrations

Janneau, Kalem, Krokaga, Latuff, Nemo