Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

Brisons le silence sur ce qui se passe en Espagne

NdPN : un article important sur Rue 89 ! Le tout-sécuritaire pour réprimer les mouvements sociaux a déployé son arsenal en Espagne, et la même chose nous pend au nez si nous n’y prenons pas garde.

Brisons le silence sur ce qui se passe en Espagne

Sous couvert de l’inattaquable excuse de la sécurité, le gouvernement de Mariano Rajoy considère préventivement le manifestant comme dangereux. Il est ainsi automatiquement regardé comme une menace à la loi grâce au nouveau projet législatif de « Sécurité citoyenne » adopté par le conseil des ministres le 29 novembre dernier.

Des policiers arrêtent des manifestants lors d’un défilé contre la réforme du droit à l’avortement, le 20 décembre 2013 à Madrid (Andres Kudacki/AP/SIPA)

Metteur en scène et dramaturge, Astrid Menasanch Tobieson travaille entre la Suède et l’Espagne. Elle est membre du groupe de théâtre Sta ! Gerillan. La lettre ci-dessous était initialement adressée aux journalistes suédois et a été publiée le 19 décembre. Avec l’autorisation de l’auteure, la traductrice a pu la retranscrire en français.

Mathilde Rambourg

La lettre d’Astrid Menasanch Tobieson

Bouleversée, je vous écris sous le coup de l’indignation. L’Espagne, dans peu de temps, empruntera le chemin qui mène d’une démocratie ouverte à ce qui risque de devenir une démocratie fasciste et autoritaire.

Je vous écris après les événements qui se sont produits dans le quartier de Kärrtorp à Stockholm (où un groupe néonazi ultraviolent a attaqué une manifestation antirasciste il y a quelques jours).

Je vous écris à propos de qui se trame en Espagne. Je crois en tout cas que la Suède et l’Espagne se ressemblent en un point : l’avancée du fascisme devant l’indifférence de la société. Le 19 novembre, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi dont le but est d’en finir avec les manifestations et les contestations au régime actuel. La méthode est classique : instaurer le silence grâce à la répression.

Je vous demande maintenant de l’aide, je vous demande d’informer. Le samedi 14 décembre à Madrid s’est déroulé une des 6 000 manifestations qui se sont organisées cette année en Espagne. Je le répète : une des 6 000.

Ces dernières années, le réseau de protection sociale a été ébranlé : privatisation des théâtres, tentatives de privatiser les hôpitaux, droit du travail ébranlé et transformé depuis sa base, licenciements innombrables, familles chassées de leur domicile, éducation civique suspendue dans les écoles, etc. Et afin de clore une longue liste, le vendredi 20 décembre, le gouvernement a approuvé la réforme du droit à l’avortement.

Ce que l’on a désigné comme une crise économique est, depuis le début, avant tout une crise démocratique. La couverture médiatique en Suède et en France sur la situation en Espagne a été très faible, et son analyse d’un point de vue social, inexistante.

La manifestation qui s’est tenue au pied du Congrès de Madrid le samedi 14 décembre, avait pour but de protester contre une nouvelle proposition de loi : la « ley de Seguridad Ciudadana », loi de Sécurité citoyenne.

Un groupe Facebook : 30 000 euros

Cette loi, qui contient 55 articles et punit autant d’actes différents, prévoit des amendes pour le manifestant, allant de 100 à 600 000 euros. Les infractions ?

  • Pour commencer, toutes les manifestations non-déclarées et prenant place devant le Congrès ou autre édifice appartenant à l’Etat – comme celle qui s’est déroulée samedi 14 à Madrid – seront interdites et la sanction ira jusqu’à 30 000 euros par participant. Cela sera le cas lorsque plusieurs personnes seront considérées comme un groupe.
  • L’interdiction des manifestations non-déclarées s’appliquera également aux réseaux sociaux. Se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d’une opinion, sera sanctionné de 30 000 euros. Créer un groupe, sur les réseaux sociaux ou dans un lieu public, autour de symboles ou de drapeaux, sera interdit : 30 000 euros d’amende.
  • Si dans une manifestation, un citoyen manifeste avec une capuche ou avec le visage couvert : 30 000 euros d’amende.
  • Refuser de décliner son identité devant un policier : 30 000 euros.
  • Empêcher un policier de remplir sa fonction : 30 000 euros, ce qui, dans la pratique, signifie que les sit-in comme ceux qui initièrent le mouvement du 15-M en Espagne [ « Les Indignés », ndlr], seront strictement interdits.
  • Déshonorer le drapeau espagnol : 30 000 euros [en France, cet acte est passible de 1 500 euros d’amende, ndlr].
  • Réaliser un dessin satirique, prenant pour sujet, par exemple, un politique, sera interdit.
  • Utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole : 30 000 euros.
  • Filmer ou photographier un policier en service : 30 000 euros.

Et la liste n’est pas exhaustive. Dans tous les cas, le témoignage d’un policier ou d’un agent de sécurité sera suffisant pour infliger une amende au citoyen.

D’aucuns peuvent par conséquent se demander : l’Espagne fait-elle face à un mouvement de manifestations violentes ? Eh bien non. Le chef de la police Ignacio Casido a déclaré que ces 6 000 manifestations sont jusqu’à ce jour le mouvement le plus pacifique de l’histoire de l’Espagne.

Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était encore une dictature. Il n’y a pas si longtemps non plus que la guerre civile a eu lieu. Tous les débats sont politiques. Informer d’un événement est un acte politique. Ne pas le faire est un acte politique. Le silence est, au plus haut point, un acte politique. Le choix de garder le silence se fige dans la mémoire des générations. Cette loi néofasciste qui va être votée n’est pas sans lien avec la montée des fascismes en Europe. Cela nous concerne tous.

Je m’adresse à tous les journalistes, aux éditorialistes en France. Vous qui détenez l’espace médiatique. Je vous demande sincèrement de briser le silence vis-à-vis du régime qui est en train de s’imposer en Espagne.

Je vous demande de commencer à informer. Je vous demande de soutenir la liberté d’expression avec vos articles et vos apports au débat, je vous demande d’y apporter des analyses rigoureuses et profondes. Informez ! Informez sur tout !

Notes :

Avortement non, sécurité citoyenne oui ?

Le 29 novembre dernier, le Conseil des ministres du gouvernement conservateur espagnol a approuvé le projet de loi « Sécurité citoyenne » qui réforme le code pénal. Le texte, qui réduit les droits et libertés civiles (mais pas celle de faire l’apologie du franquisme) est unanimement rejeté par les mouvements sociaux, les syndicats, l’opposition, les organisations professionnelles comme celles des juges pour la démocratie, l’association unifiée des gardes civils ou la fédération des journalistes d’Espagne. Alors que le Parti socialiste espagnol a demandé à ses alliés européens de se mobiliser contre le projet de loi réduisant les droits d’accès des femmes à l’avortement, certains se demandent pourquoi il n’a pas entrepris la même démarche sur la loi « Sécurité citoyenne ». Blandine Grosjean

Note de la traductrice :

Les dénonciations faites par des policiers bénéficient de la présomption de véracité. Par conséquent, c’est celui qui fait l’objet de l’accusation qui devra démontrer la non-véracité de ce qui est avancé par les agents. Le système d’accusation fonctionnait ainsi également sous la dictature franquiste. Selon l’écrivain Javier Marias, c’est une négation de la justice : cela revient à condamner directement l’accusé car il sera incapable de démontrer qu’il n’a pas pas commis l’acte dont on l’accuse puisque l’on part de la base que si, il l’a fait. Il sera d’autant plus difficile à l’accusé d’apporter des preuves à cause de la loi qui interdit de photographier ou de filmer des agents de l’ordre.

Vu sur Rue 89, 10 janvier 2014

[Poitiers] Rassemblement de solidarité avec les femmes espagnoles

Rassemblement de solidarité avec les femmes espagnoles

Le gouvernement espagnol Rajoy vient d’annuler ce vendredi 20 décembre la loi autorisant l’avortement, sous couvert d’une loi organique de « protection de la vie et des droits de la femme enceinte ». Pour rassurer sa base électorale et consolider sa position de fervent défenseur des valeurs traditionalistes et fondamentalistes religieuses, il fait ainsi passer au second plan les problèmes économiques qui touchent de plein fouet les espagnolEs

Au mépris des recommandations des textes internationaux de l’OMS et ONU, le conseil des ministres espagnol est revenu sur une avancée majeure pour les femmes : la loi de 2010 qui légalisait l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse – 22 pour raison médicale -.

En renouant avec des pratiques déniant la liberté de choix, c’est le mépris des droits humains fondamentaux des femmes et des couples à maîtriser leur fécondité et à décider de leur vie que le gouvernement espagnol vient de signer. Il annonce clairement son projet de société : maintenir les femmes dans un statut social étroit et de soumission !

Après l’offensive des opposants aux droits des femmes contre le rapport Estrela, rejeté le 10 décembre dernier au Parlement européen, cette démarche du gouvernement espagnol vient s’inscrire dans le mouvement européen réactionnaire et conservateur qui n’a toujours pas accepté le droit des femmes à de disposer de leur corps, et les considère comme des sous citoyennes incapables de décider par elles-mêmes.

Le combat des forces démocratiques et associatives espagnoles pour ce droit fondamental est le nôtre, et nous le soutiendrons ici et ailleurs, car il est le combat de celles et ceux qui veulent l’égalité entre les femmes et les hommes.

Soyons nombreux et nombreuses à Poitiers pour manifester notre soutien aux femmes espagnoles !

11 H – PLACE DU MARCHE NOTRE DAME

SAMEDI 11 JANVIER – POITIERS

Vu sur le site du NPA 86, 7 janvier 2014

[DAL 86] Venez nombreux lundi 6 janvier 2014 à 14h accompagner Cerasela à la préfecture

Venez nombreux lundi 6 janvier 2014 à 14h accompagner Cerasela à la préfecture

Vendredi 19 septembre à 9h, Emil un habitant du squat des Glières était convoqué au commissariat. Il devait y venir chercher sa carte d’identité confisquée la veille par la police suite à un défaut de papiers pour son vélomoteur.

Quatre militants du DAL86 ainsi que sa compagne enceinte de 6 mois et mère de deux enfants de 2 ans l’ont accompagné à l’intérieur du commissariat. L’agent, avant de le recevoir, les a observés du premier étage puis est venu le chercher. Ils ont attendu une heure et sa compagne est allée demander des nouvelles (soit vers 10h30). Elle a été reçue à son tour et on lui a dit qu’ils attendaient la décision de la préfecture. Ils ont attendu une heure de plus avant qu’il sorte enfin (soit vers 11h30) avec une convocation à la préfecture pour lundi 23 septembre à 10h pour aller chercher sa carte d’identité.

Ce jour-là, une quinzaine de personnes a accompagné Emil à la préfecture qui n’a pas osé renvoyer ce père de famille en Roumanie. En effet, après avoir expulsé deux pères de famille, l’un le 14 juin et l’autre le 28 juin, la préfecture a donné à Emil un « récépissé valant justificatif d’identité » fabriqué par la police (direction centrale de la sécurité publique) indiquant une date de « retenue du document d’identité » du 20 septembre soit une date volontairement fausse puisque la police devaient savoir qu’elle avait confisqué les papiers le 18 septembre et qu’elle n’a absolument pas le droit, roms ou autres, de le faire. Le récépissé stipulait même la « modalité de restitution » : « suite à décision de la Préfecture de la Vienne » !

Cette décision, que bien-sûr la préfecture n’a écrite nulle part, est la suivante. Emil devait repartir de lui-même en Roumanie et lorsqu’il le ferait, il faudrait qu’il prévienne la préfecture une semaine à l’avance en indiquant le poste frontière français par lequel il passerait comme cela il pourrait récupérer sa carte d’identité qu’elle lui aurait envoyé. La préfecture de venait d’inventer l’auto-expulsion du territoire !

Mais Emil est resté à Poitiers. Et même lors de l’expulsion du squat des Glières, cela ne lui a pas joué de tours puisqu’il a été le seul a avoir le statut de non-régularisé non-expulsable. Tout cela aurait pu rester ainsi si Emil n’avait pas eu l’idée de partir quelques jours aux Pays-Bas sans prévenir la préfecture de la Vienne. Là-bas, il a été contrôlé par la police qui a considéré, on ne peut pas leur en vouloir, que son « récépissé valant justificatif d’identité » étant un faux qu’il avait fait lui-même et l’ont enfermé en centre de rétention pour y voir plus clair.

La compagne d’Emil, Cerasela, aujourd’hui mère d’une petite fille d’un peu plus d’un mois, pour faire libérer et revenir le père de son enfant, est allée la semaine dernière à la préfecture afin de demander à cette dernière de confirmer à la police néerlandaise que c’était bien sa police qui avait réalisé le document litigieux. On lui a affirmé que ce serait fait de suite mais aujourd’hui ce n’est toujours pas le cas. Et nous nous doutons bien pourquoi car comment la préfecture peut-elle reconnaître que la police a confisqué une carte d’identité et a fait un vrai faux justificatif d’identité ?

Dal86 appelle tous ceux qui sont révoltés par ce harcèlement kafkaïen et incessant à venir nombreux accompagner Cérasela lundi 6 janvier 2014 à 14h pour qu’elle obtienne que la préfecture redonne sa carte d’identité à Emil.

Merci de diffuser massivement autour de vous.

Vu sur DAL 86, 5 janvier 2014

[Russie] Pussy Riot : Libération de Maria, bientôt celle de Nadejda

NdPN : Salut aux camarades anarchistes Maria et Nadejda, qui n’ont jamais cessé de lutter même en taule. Salut à tou.te.s les taulard.e.s, feu à toutes les taules !

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Russie: l’une des Pussy Riot remise en liberté après amnistie du Kremlin

Une des deux jeunes femmes emprisonnées du groupe contestataire russe Pussy Riot, Maria Alekhina, a retrouvé la liberté lundi après avoir bénéficié d’une amnistie qu’elle a dénoncé comme étant une « opération de communication » de la part du Kremlin.

La deuxième membre du , Nadejda Tolokonnikova, détenue à Krasnoïarsk, en Sibérie orientale, devrait aussi être remise en liberté de façon imminente, selon son avocate.

Arrêtées en mars 2012, les deux jeunes femmes purgeaient une peine de deux ans de détention en camp pour une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine et devaient retrouver la liberté en mars prochain.

Cette libération intervient trois jours après celle de l’ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, gracié à la surprise générale par Vladimir Poutine, un geste interprété par certains comme une volonté d’améliorer l’image de la Russie à l’approche des jeux Olympiques qui doivent se tenir à Sotchi, sur les bords de la mer Noire, en février.

La détenue, âgée de 25 ans, est sortie de son camp à Nijni-Novgrorod dans une voiture de l’administration pénitentiaire sans que les journalistes qui attendaient à la sortie de la colonie n’aient pu l’apercevoir.

« Elle a été remise en liberté aujourd’hui vers 09H00 du matin » locales, a indiqué à l’AFP Elena Nikichova, porte-parole du service d’application des peines (FSIN) de la région de Nijni-Novgorod.

Déposée à la gare de Nijni-Novgorod, Maria Alekhina est ensuite réapparue au Comité contre les tortures de la ville, où elle avait l’intention d’évoquer le sort de ses co-détenues.

« Le plus dur en prison était de voir comment ils cassent les gens », a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision câblée Dojd depuis le siège du comité.

Elle a fustigé la loi d’amnistie qui a permis sa libération, approuvée mercredi dernier par le Parlement russe, qui prévoit d’amnistier entre autres les personnes condamnées pour « hooliganisme » et mères d’enfants mineurs. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un geste d’humanisme, mais plutôt d’une opération de communication », a asséné la jeune femme, mère d’un petit garçon, Philippe.

« C’est une profanation », a-t-elle également estimé, dénonçant une loi qui ne concerne « même pas 10% » des détenus. « Si j’avais eu le choix, j’aurais refusé », a-t-elle ajouté, disant en pas avoir changé d’avis sur le président Vladimir Poutine.

Elle a raconté avoir été « sous le choc » quand elle a été libérée, et estimé que sa sortie, orchestrée dans le plus grand secret, l’avait été sans doute pour éviter des « adieux bruyants » avec ses co-détenues.

Maria Alekhina, 25 ans, purgeait comme Nadejda Tolokonnikova, 24 ans, une peine de deux ans de camp notamment pour « hooliganisme », après avoir chanté en février 2012 une « prière punk » contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou.

Une troisième jeune femme, Ekaterina Samoutsevitch, avait aussi été condamnée mais libérée quelques mois plus tard, sa peine ayant été commuée en sursis au motif qu’elle avait été interceptée par les gardes de la cathédrale avant d’avoir pu prendre part à la performance. Cette dernière s’est dite « très heureuse » de la libération de Maria Alekhina, dans une interview à Dojd.

La peine de Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova devait prendre fin en mars 2014. L’ensemble de leurs recours avaient jusqu’à présent été rejetés par la justice russe, les prisonnières ayant refusé de reconnaître leur culpabilité.

Leur condamnation avait suscité un tollé international et de nombreuses stars telles que Madonna ou Paul McCartney avaient appelé à leur libération.

AFP, 23 décembre 2013

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Les Pussy Riot: des féministes adeptes de l’art contestataire contre Poutine

Les deux membres du groupe Pussy Riot détenues, dont l’une a été libérée lundi en vertu de la loi d’amnistie votée en Russie, sont des féministes adeptes des « performances » contestataires dans la Russie de Vladimir Poutine.

Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina ont été condamnées en août 2012 à deux ans de camp pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse » pour avoir chanté une « prière punk » dans la cathédrale de Moscou, demandant à la Sainte Vierge de « chasser Poutine ».

Une autre Pussy Riot, Ekaterina Samoutsevitch, condamnée pour les mêmes motifs, a été libérée en octobre 2012, sa peine ayant été commuée en appel en sursis.

– Nadejda Tolokonnikova, 24 ans

Issue du groupe d’art contestataire Voïna (la Guerre), comme son compagnon Piotr Verzilov, Nadejda Tolokonnikova est souvent apparue comme la plus déterminée des Pussy Riot. Elle a arboré lors d’audiences judiciaires, face aux caméras de la télévision russe, un sourire volontiers ironique et un T-shirt avec le slogan No Pasaran ! (Ils ne passeront pas !) de la guerre civile espagnole.

Tolokonnikova a également participé à tous les coups d’éclat du groupe Voïna, connu notamment pour avoir dessiné en 2011 un gigantesque phallus sur un pont levant en face du siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) à Saint-Pétersbourg.

En 2008, alors enceinte de neuf mois, Tolokonnikova avait participé à une séance de sexe collectif dans un musée de Moscou pour protester contre l’élection de Dmitri Medvedev à la présidence russe, parrainé par Vladimir Poutine. Une performance intitulée « Baisons pour l’ourson héritier » (« Medved » veut dire « ours » en russe).

Belle brune aux yeux noirs, Nadejda Tolokonnikova considère l’action des Pussy Riot comme « un art d’opposition, dans un contexte de répression des droits de l’homme et des libertés » en Russie.

Accusée d' »incitation à la haine religieuse » suite à la « prière punk » anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, elle a souligné au cours de son procès que cette action visait à dénoncer la politique du locataire du Kremlin, non pas à insulter les croyants orthodoxes. « Chaque fois qu’on m’accuse de me révolter contre la religion, ça me fait très mal », a-t-elle affirmé.

Née à Norilsk (Grand Nord russe), cette ancienne étudiante de la faculté de philosophie de la prestigieuse université d’Etat de Moscou a une fille de 5 ans.

Elle a observé pluiseurs grèves de la faim en septembre et en octobre, se disant menacée de mort après avoir dénoncé les conditions de détention « proches de l’esclavage » dans le camp de Mordovie (est) où elle était détenue. Elle a ensuite été transférée dans un autre camp, en Sibérie.

– Maria Alekhina, 25 ans

Maria Alekhina, jeune femme mince aux cheveux châtain clair, a notamment participé à des actions écologistes pour la défense du lac Baïkal (Sibérie) ou contre un chantier d’autoroute dans une forêt de la banlieue de Moscou.

Elle écrit des poèmes et travaillait avant son arrestation en tant que bénévole dans un hôpital psychiatrique pour enfants à Moscou.

Se disant orthodoxe, elle a qualifié le patriarche Kirill « d’ancien collègue » de Vladimir Poutine, allusion aux liens que le futur patriarche aurait eu avec le KGB (où a servi Vladimir Poutine) à l’époque soviétique. Etudiante à la Haute école de journalisme et de littérature de Moscou, elle élève seule son fils de six ans, Philippe.

Envoyée à Perm, dans l’Oural, après la condamnation, elle a dénoncé des « violations des droits de l’Homme omniprésentes » dans sa colonie pénitentiaire.

« La chose la plus dure est de réaliser comment marche ce système, comment il forme une mentalité d’esclave chez les gens et comment ils s’y résignent », a confié Alekhina au journal d’opposition Novaïa gazeta.

Elle a ensuite été transférée dans un autre camp, à Nijni Novgorod (Volga).

Toutes ses demandes de libération anticipée, comme celles de Tolokonnikova, ont été rejetées.

AFP, 23 décembre 2013

[91] Quatre campements de Rroms expulsés

Essonne : quatre campements de Rroms expulsés

Pas de trêve pour les Rroms sur les terres du ministre Valls. Quatre campement situés sur les communes de Ris-Orangis et d’Evry, en Essone, ont été expulsés.

Ces campements qui avaient accueilli jusqu’à 240 personnes, selon une militante de l’Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms (ASEFRR), comptaient entre 60 et 70 personnes, dont des enfants, à la veille de l’évacuation décidée en application d’arrêtés municipaux.Les quatre terrains situés à proximité immédiate de la gare RER du Bois-de-l’Epine (ligne D) se trouvent majoritairement sur la commune de Ris-Orangis. Une partie seulement est située sur Evry.[…]« Nous avons été malmenés et mis dehors », a indiqué une militante de l’ASEFRR, Colette Olczyk qui s’est insurgée contre ce démantèlement cinq jours avant Noël. Elle a également ironisé sur l’organisation d’un hommage à Nelson Mandela, dimanche à Ris-Orangis au regard de cette évacuation. « C’est du cynisme. »

Comme dans le cas de l’expulsion de Saint-Ouen, c’est là encore pour leur soi-disant sécurité qu’ils sont mis dehors.

source : le Parisien

Vu sur Paris Luttes, 20 décembre 2013