Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Poitiers] une famille macédonienne expulsée vers la Belgique

Poitiers : une famille macédonienne expulsée vers la Belgique

L’expulsion vers la Belgique d’une famille macédonienne dont les enfants étaient scolarisés au collège Jean-Moulin de Poitiers a ému la communauté éducative. Arrivés en France en novembre dernier, le couple Aziri et ses trois enfants ont été accompagnés à la frontière franco-belge le 5 mars dernier. La préfecture de la Vienne explique que cette famille était « entrée irrégulièrement en France le 20 novembre 2012 » et que « lors du dépôt de leur demande d’asile en préfecture, il est apparu qu’ils avaient déjà déposé des demandes d’asile en Belgique, dont la dernière datait du 30 juillet 2012 ». Or, le règlement européen du 18 février 2003 (dit règlement Dublin) prévoit que c’est l’État européen dans lequel la demande d’asile initiale a été déposée qui est compétent pour traiter cette demande. « Les autorités belges ayant fait connaître leur accord de reprise en charge de la famille, il a été procédé à leur accompagnement à la frontière et à leur réadmission en Belgique le 5 mars 2013 », conclut la préfecture.

Nouvelle République, 11 mars 2013

[Venezuela] L’autocrate Chavez est mort

Venezuela – déclaration anarchiste sur la mort de Hugo Chavez

Ni deuil, ni célébration! L’heure de l’autonomie des luttes sociales est arrivée!

Quand s’additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu’attendre que ce dénouement: le caudillo est mort et un changement important dans la scène politique vénézuélienne est en marche.

En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chavez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu’a conjurer la fidélité absolue à son souvenir, avec l’obéissance à ses dispositions pour sa succession. Ce qui met en évidence la fragilité d’un gouvernement qui voulut renforcer son supposé caractère “socialiste et populaire” avec la pratique d’un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation aux âmes du purgatoire. Le disparu a été lui-même l’auteur principal de cette fin. Le secretisme qu’entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts de la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses suiveurs s’affrontant entre eux-mêmes pour l’héritage du commandement, avec un clair avantage pour les hauts bureaucrates (“rojo-rojitos”) et la caste militaire, en pleines manouvres de négociation pour assurer l’impunité de leurs corruptions.

En ce qui concerne les oppositions, celle de droite et la sociale-démocrate, la nouvelle situation les prend sans avoir dépassé leurs déroutes aux présidentielles du 7-O et aux régionales du 16-D. Élections où elles s’étaient compromises avec des illusions exagérées et avec l’offre d’un “chavisme sifrino” (chavisme de riches), promettant aux électeurs de maintenir et d’être efficaces dans l’emploi des instruments du clientélisme qui avaient tant servi à Chavez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu’une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l’accès à ce pouvoir politique duquel ses ambitions, erreurs, paresse et incompétence l’a éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu’elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à celles pratiquées par la « bolibourgeoisie » chaviste.

Face à ces calculs mesquins et opportunistes, du Grand Pole Patriotique (“Gran Polo Patriótico”) et de l’opposition de la Table d’Unité Démocratique (“Mesa de Unidad Democrática”), nous nous trouvons devant la grave situation où se trouve ce pays: inflation emballée, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, grave crise dans les services d’eau et électricité, éducation et santé, manque de logements, travaux publics obsolètes ou en exécution brouillonne, attention démagogique des besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un etcetera qui même lointain n’en est pas moins néfaste.

Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux groupes en lutte pour la “Silla de Miraflores” (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C’est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur permanent chantage de nous demander un appui électoral en échange de solutions qui n’arrivent jamais ou sont ridiculement incomplètes. C’est l’heure de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, depuis le bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l’indignation généralisée devant la situation que nous pâtissons et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires, et dire aux politiciens du pouvoir que nous n’avons pas besoin d’eux comme intermédiaires ou comme gracieux donateurs de ce que d’en bas et unis nous pouvons obtenir, sans “mains blanches” ou “bérets rouges”.

Collectif Editeur d’ EL LIBERTARIO // ellibertario@nodo50.org – @pelibertario

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 Venezuela: l’assassinat de Sabino Romero

Dans la nuit du 03 mars 2013 sur la route de Chaktapa, a été assassiné dans la Montagne du Perijá (état de Zulia), le « cacique » (chef indien) yukpa Sabino Romero, connu pour sa défense des droits du peuple yukpa.

Depuis le 13 novembre de 2003, date à laquelle le président Hugo Chavez annonça dans El Menito, Lagunillas, la multiplication par trois de l’exploitation du charbon à 36 millions de tonnes annuelles dans les territoires habités par différentes ethnies aborigènes, Sabino Romero forma partie des communautés indigènes qui se mobilisèrent pour refuser les conséquences sur ses territoires de l’expansion de la mégaminerie dans la région. La lutte de Sabino avait pour objectif l’obtention de la démarcation et titulariat des territoires indigènes. Pour obtenir cela il réalisa différentes mobilisations, tant dans l’état de Zulia comme à Caracas, utilisant différentes méthodes de lutte, comme l’action directe et l’occupation de terres indigènes aux mains des éleveurs de bétail.

Les niveaux d’autonomie de Sabino Romero dans sa lutte motivèrent une stratégie partagée entre tous les facteurs de pouvoir régionaux et nationaux intéressés à continuer l’exploitation des terres indigènes. En 2009, deux communautés, l’une d’elles avec Sabino Romero, occupèrent une ferme en Chaktapa, Zulia, pour dénoncer le blocage du processus de démarcation. L’exécutif national mis en place une stratégie pour diviser les occupants, et dans un acte très obscur, trois indigènes furent assassinés. Cela fut l’excuse parfaite pour reprendre militairement la ferme et criminaliser Sabino Romero, qui resta 18 mois en prison accusé d’homicide pour ce fait… Pendant ce temps, les éleveurs de bétail l’accusaient d’être un voleur de bétail et les moyens d’information privés de la région intensifiaient la guerre sale contre la lutte indigène, avec l’appui de leurs alliés à Caracas: le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Tareck El Aissami, et la ministre des peuples indigènes, Nicia Maldonado. Et pendant que le chavisme autocratisé faisait distraction sur la lutte indigène avec délations, excuses et spectacles médiatiques chaque 12 octobre, d’autres secteurs du chavisme isolaient Sabino Romero et les yukpas de la solidarité d’autres mouvements sociaux et révolutionnaires indépendants du contrôle de Miraflores, le Palais Présidentiel. La stratégie, depuis tous ces fronts, était réalisée par tous et pour chacun des bénéficiaires de l’économie primaire exportatrice de minéraux et énergie dans le pays.

L’assassinât d’un militant yukpa est déguisé sous des versions officielles qui tentent de cacher les vrais responsables. Ces versions sont amplifiées par le journal officiel Panorama, connu pour ses généreux encarts publicitaires reçus par les corporations de l’État PDVSA, Corpozulia y Carbozulia, et avalisées par les organismes policièrs et militaires, les mêmes qui ont harcelé les communautés indigènes de la Montagne du Perijá en complicité avec les éleveurs de bétail de la zone. Il est très significatif que le plan d’assassinat que Sabino avait dénoncé ait été perpétré maintenant que l’État de Zulia est sous le contrôle politique des bolivariens. Comme dans le cas d’autres militants sociaux assassinés, les scandales médiatiques officiels seront une carte blanche pour l’impunité.

La lutte de Sabino Romero affrontait, de fond, le modèle de développement bassé sur l’extraction et commercialisation de ressources pétrolières, de gaz et de minéraux sur le marché mondial, rôle assigné au Venezuela par la globalisation économique. Le capitalisme pétrolier étatique laisse de côté les conséquences sur le milieu naturel, de même que sur les communautés paysannes et indigènes. La vraie cause de l’arrêt de la démarcation et dévolution des terres indigènes est que dans ces terres se trouvent les ressources minérales pour être exportées. C’est pour cela que la résistance de Sabino était une résistance au modèle extractif. C’est pour cela qu’il fallait le faire disparaitre, de n’importe quelle manière.

C’est pour cela qu’il y a déjà 13 yukpas morts, assassinats restés impunis jusqu’à aujourd’hui. Et comme le démontra le jugement contre les organisations qui apportaient leur appui à cette lutte (Homoetnatura y Provea), Il fallait leur enlever tous les appuis possibles.

Depuis El Libertario, nous dénonçons l’assassinat de Sabino Romero et nous continuerons à diffuser les luttes indigènes et les luttes sociales avec des niveaux d’autonomie. Sabino forme partie maintenant de la liste de combattants assassinés pendant le gouvernement bolivarien pour défendre leurs droits, à coté de Mijaíl Martínez, Luis Hernández, Richard Gallardo y Carlos Requena.

L’unique polarisation sociale et politique que nous les anarchistes nous reconnaissons est celle qui existe entre ceux qui gouvernent et ceux qui obéissent, entre puissants et faibles, patrons et travailleurs, enfin, entre victimes et bourreaux. C’est pour cela que nous ne demanderons rien aux bourreaux. Nous n’attendons rien de leur parodie de Justice, ni des larmes de crocodile des bureaucrates qui ont conduit Sabino à la mort. Comme hier, aujourd’hui et demain, nous continuerons à être mobilisés avec tous ceux qui luttent dans le pays contre le pouvoir, jusqu’au jour où le sang des nôtres pourra être revendiqué publiquement.

Journal El Libertario – www.nodo50.org/ellibertario –

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04.03.13

Mail, 6 mars 2013 (avec quelques corrections de PN)

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/501.jpgAvec Bachar El-Assad
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/511.jpgAvec Mouammar Kadhafi
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/521.jpgAvec Benoît XVI
http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/531.jpgAvec Raúl Castro

Photos compilées sur le Jura Libertaire

[Civaux – Fukushima] Désastre nucléaire durable

Une écologiste à Fukushima : voyage au bout de l’enfer

Conseillère régionale verte, Hélène Shemwell a fait le déplacement au Japon sur les lieux de la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011. Carnet de bord.

Hier, Hélène Shemwell a bouclé l’assemblée générale de la commission locale d’information de la centrale de Civaux. De son déplacement à Fukushima avec une délégation française mi-décembre, la conseillère régionale verte a ramené un récit saisissant et des images poignantes.

> Suicides. « Autour de la centrale, une zone est strictement interdite. La zone 1, où nous avons pu pénétrer en bus, est inhabitable pour une durée indéterminée. Le plus frappant, c’est d’y voir toujours des voitures, des amoncellements de tôles. Mais en raison du taux de radioactivité, on ne peut plus toucher aux déchets. En zone 2, les gens ont été évacués, pas les animaux familiers, laissés sur place. On s’y est promenés en masque et combinaison. Pourtant, on voit des ouvriers travailler pour mettre la terre polluée dans des sacs, disséminés ensuite dans tout le pays. Inquiétant. Les habitants ignorent s’ils pourront revenir un jour chez eux et les suicides sont légion. » > Pestiférés. « La population a été maintenue dans la zone 3 mais il ne reste que les plus modestes. Les plus aisés sont partis ailleurs. Les enfants, privés de récréation, sont censés sortir une demi-heure par jour seulement. En tant que mère et grand-mère, c’est ce qui me touche le plus. Des excursions sont organisées une ou deux fois par mois pour qu’ils puissent être en contact avec la nature. A l’école, les enfants évacués déclarant venir de Fukushima sont considérés comme des pestiférés. » > Fukushima à Civaux ? « La zone interdite irait jusqu’à Valdivienne et Mignaloux. Chasseneuil et Buxerolles seraient touchés. En zone 2, il faudrait évacuer tous les habitants de Poitiers, Neuville ou Mirebeau. » > Catastrophe bis. « Sur place, nous avons vécu un petit séisme de magnitude 5. Le pays s’attend à un très fort séisme dans les mois à venir. Il paraît que si d’ici-là, le combustible de la piscine du réacteur 4 de la centrale Fukushima n’était pas mis à l’abri, le Japon pourrait ne plus être là. » > Conclusion. « L’histoire de Fukushima, elle ne fait que commencer et va durer des siècles. Alors, comprenez notre inquiétude. »

Jean-François Rullier, Nouvelle République, 6 mars 2013

NdPN : voir aussi cet article sur le stockage désastreux des déchets nucléaires en Allemagne.

[Village-Monde] Ca bouge !

Ces derniers temps, ça a pas mal bougé : Port-Saïd en Egypte est toujours tenue par les insurgé-e-s et bascule dans l’autogestion, mouvement relayé dans d’autres villes. En Andalousie, un mouvement d’occupation des terres prend de l’ampleur. En Grèce et en Espagne, le mouvement des occupations continue, malgré la répression. En Bulgarie, c’est maintenant la chute du gouvernement. A Montreal, c’est la reprise du mouvement contre la hausse des tarifs universitaires. Au Portugal, des manifs monstres il y a trois jours.

Le pouvoir cogne dur partout, mais ça réagit !

En France, il y a clairement une timidité des centrales syndicales face aux attaques de l’Etat « socialiste » dont elles sont pour la plupart complices. Mais à la base, les lignes commencent à bouger, et des luttes comme celle de Notre-Dame-des-Landes montrent de nouveaux chemins.

Vive le printemps !

Pavillon Noir, 5 mars 2013

[Etats-Unis] Un sénateur affirme que les drones américains ont tué environ 4700 personnes

On sait qu’Obama, « prix nobel de la paix » [sic], n’a pas fermé l’immonde Guantanamo. Qu’il a validé trente milliards d’euros d’aide à l’Etat d’Israël sur dix ans, et soutenu cet Etat dans le déploiement d’un bouclier antimissiles. On sait aussi qu’il a amplifié les frappes de drones américains. Mais on ne savait pas jusque là le nombre précis de victimes, l’Etat américain refusant de donner des chiffres.

Mardi dernier, devant le Rotary Club de Caroline du Sud, le sénateur étatsunien Lindsey Graham a affirmé que les drones américains ont tué 4700 personnes dans le monde, notamment au Pakistan. Ce chiffre effarant va même au-delà des calculs de certaines ONG.

Surtout quand on sait que des chercheurs des universités de Stanford et de New-York ont estimé que seules 2% des victimes des drones étaient des « leaders » de groupes terroristes… Le ministère de l’intérieur pakistanais a quant à lui estimé que 80% des personnes tuées par des frappes de drones américains sur le territoire national étaient civiles.

Le sénateur Graham, qui se prononce clairement pour l’usage de drones armés, ajoute à sa déclaration une phrase qui résume bien tout le cynisme de l’Etat américain :

“Sometimes you hit innocent people, and I hate that, but we’re at war, and we’ve taken out some very senior members of Al-Qaeda.”

Traduction : « Parfois vous tuez des innocents, et je déteste ça, mais nous sommes en guerre, et nous avons dégagé des membres éminents d’Al-Qaida ».

Le sénateur préconise aussi l’usage de drones sans armes le long des frontières américaines, pour « contrôler l’immigration illégale ». De fait, les drones servent déjà à quadriller la population civile américaine.

Pour ces beaux démocrates, lutter contre la terreur passerait donc par le massacre délibéré de milliers de civils et la surveillance de la vie de tout un chacun. Très logique, très efficace pour éviter de susciter une radicalisation, parmi des populations meurtries.

Mais la fin du « terrorisme » n’est pas le but. Le but, c’est de faire tourner le lobby militaire, biberonné par les Etats à coups de milliards.

Aux-Etats-Unis comme ailleurs : l’Etat français, déjà célèbre pour son projet de drone ELSA permettant de surveiller les manifs et les quartiers pauvres, argue aujourd’hui d’une défaillance en termes de flotte de drones dans sa guerre au Mali, pour relancer un programme ad hoc, et appuyer le projet nEUROn du philanthrope Dassault… présenté il y a un mois à Istres. Le hasard fait bien les choses…

Pavillon Noir, 22 février 2013