Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Grèce] Appel des travailleurs de l’hôpital de Kilkis pour l’extension des occupations

Nous avions donné le lien, il y a deux semaines, vers le premier appel à l’autogestion des travailleurs-euses de l’hôpital de Kilkis, en Grèce. Voici un second communiqué (le premier appel figure à la suite) :

[Grèce] Appel des travailleurs de l’hôpital de Kilkis pour l’extension des occupations

Communiqué de l’Assemblée des travailleurs de l’hôpital autogéré de Kilkis (nord de la Grèce). 18 février 2012

Comme cela avait été décidé, l’occupation de l’Hôpital général de Kilkis commence en dépit des médecins, des politiciens et des syndicalistes installés. Malgré les tentatives désespérées des échelons les plus élevés de la bureaucratie syndicale, qui ont abandonné l’Assemblée générale des travailleurs de l’hôpital sous les huées et les sifflements, les présents, à l’unanimité, ont décidé de commencer l’occupation de l’hôpital le lundi matin 20 février et de mettre en place des groupes de travail et de responsabilité, qui travailleront sous le contrôle de l’Assemblée générale. L’information commence à se répandre largement et des médias et journalistes indépendants ont déjà manifesté leur intérêt. Les travailleurs sont conscients de l’énorme responsabilité qu’ils prennent par rapport aux patients, aux citoyens, à la société locale et aussi par rapport à eux-mêmes et aux personnes de leur entourage, et ils sont déterminés à amener leurs objectifs à terme, par des accords conclus par consensus et solidarité. Ces objectifs ne sont pas strictement sectoriels. Ils sont plus larges et ont un caractère politique. Les travailleurs de l’hôpital de Kilkis ne reconnaissent pas le gouvernement actuel, un gouvernement imposé et volontairement esclave d’autres intérêts, et déclarent l’auto-gouvernement de l’hôpital.

Ces travailleurs veulent qu’à leurs côtés il n’y ait pas seulement les citoyens de Kilkis, mais la société tout entière, à laquelle ils font appel pour que, d’une manière pacifique, elle renverse l’actuelle scène politique, en procédant à la propagation des occupations à tous les hôpitaux à travers le pays et aux lieux de travail dans tous les secteurs. Nous devons paralyser immédiatement cette Grèce que nous connaissions et que vous connaissiez, en occupant les lieux de travail et les espaces publics, jusqu’à la chute de la dictature parlementaire qui gouverne le pays et que soit érigé un gouvernement démocratique qui obéisse aux exigences populaires de nous libérer des entraves de la soi-disant dette et nous conduise sur la voie de la réorganisation et de la prospérité.

Si cela n’est pas facile, c’est parce que l’ennemi n’est pas seulement en dehors de nos murs, mais aussi à l’intérieur. Surtout à l’intérieur ! C’est ce que nous avons vu aujourd’hui à Kilkis. Ces directeurs qui s’inquiètent tellement de la perte de recettes en raison des protestations, avec leurs larbins et certains médecins contraints, ont d’abord tenté d’obtenir le soutien des dirigeants réactionnaires de la Fédération nationale des médecins hospitaliers. L’ambitieux président de cette Fédération a essayé de soutenir, non pas les médecins en lutte, mais les échelons supérieurs de la bureaucratie syndicale. Ce M. Dimitrios Barnabas « est préoccupé » parce qu’en raison des occupations et des manifestations de médecins qui ne sont pas payés depuis des mois, les hôpitaux ne vont pas bien fonctionner. Jusqu’à présent, comme vous le savez tous, ils fonctionnent à merveille…

Quelle conscience sociale ! Les médecins sans scrupules et irresponsables, avec les infirmières et les autres employés hospitaliers exigeant ce qu’il leur est dû et qui se battent pour une santé publique gratuite, ils les appellent une « foule ». L’indescriptible M. Barnabas a préféré rester à l’écart de la foule. Esquivant la combative présidente de l’ENIK (syndicat des médecins hospitaliers de la province de Kilkis), Mme Leta Zotaki, qui attendait pour le rencontrer, comme convenu, il a participé à une réunion privée avec le vice-président réactionnaire et le personnel de direction de l’hôpital avant l’Assemblée générale qui avait été appelée au même endroit. Le président de la Fédération des médecins de l’hôpital « veut que l’hôpital soit ouvert pour que les gens soient à nos côtés » selon ses propres mots. Mais ensuite, il n’a pas précisé, quand la « foule » a commencé à arriver, Son Excellence a été interrogée à ce sujet : comment il conçoit la lutte syndicale des médecins, surtout aujourd’hui, si ce n’est avec d’énergiques protestations et occupations. Il la conçoit sans doute avec des protestations symboliques, avec des actions appelées uniquement pour qu’elles soient vues par le gouvernement, avec une rhétorique vide qui dégoûte tout le monde, dans le meilleur des cas avec une grève d’une journée qui ne fait de mal à personne. Ce sont, en bref, les moyens les plus efficaces sur lesquels compte la bureaucratie syndicale en ces moments sans précédent. Une conception très originale du syndicalisme combatif, mais pleinement représentative de l’attitude des directions syndicales, en particulier au niveau fédéral. Si les travailleurs s’attendent à ce que ces messieurs les amènent à des luttes victorieuses, ils vont devoir attendre longtemps …

Les travailleurs et les citoyens à travers le pays, de toute l’Europe et partout dans le monde doivent voir un exemple dans les occupations, continues et non pas symboliques, qui commencent à Kilkis et ailleurs, ainsi que dans les luttes qui, depuis quelques temps, sont en plein développement aux Aciéries Grecques, à la chaîne de télévision Alter, à Loukisa et dans des dizaines d’endroits en Grèce et dans d’autres pays, et ils doivent procéder à l’occupation, dès que possible et en coordination, de tous les lieux de travail et espaces publics, en maintenant les occupations jusqu’à ce qu’elles provoquent la chute du gouvernement imposé et la dissolution des mécanismes de parti qui depuis tant d’années ont concoctés et imposé le régime inhumain d’aujourd’hui. Le peuple doit se battre en dehors du parlement, avec des luttes dans les rues et sans attendre ou espérer inutilement que le pouvoir ne leur donne rien, en revendiquant une puissante constitution démocratique et une nouvelle transition, qui mettent le pays sur la voie du progrès et le transforme de nouveau en un lieu de démocratie, d’égalité, de justice et de prospérité.

Διεθνή της ΕΣΕ / CAS Madrid

Traduction OCLibertaire (à partir de la version en castillan publiée sur le site Internet de la Coordinadora Anti Privatización de la Sanidad de Madrid (CAS) [ http://casmadrid.org/ ])

Vu sur le site de l’OCL, 22 février 2012

[Espagne] Nouvelle manif contre la saignée des services publics et la violence policière à Valence

Espagne: des milliers de manifestants de nouveau dans les rues de Valence

Plusieurs milliers de manifestants ont de nouveau défilé mercredi dans les rues de Valence, dans l’est de l’Espagne, pour crier « non » aux coupes budgétaires et aux violences policières qui ont émaillé les rassemblements des derniers jours.

Manifestation contre les coupes budgétaires et la violence policière à Valence, en Espagne, le 22 février 2012

Manifestation contre les coupes budgétaires et la violence policière à Valence, en Espagne, le 22 février 2012

« Nous sommes le peuple, pas l’ennemi », affirmait une grande banderole déployée en tête de cortège, où étaient réunis lycéens, étudiants, parents d’élèves mais aussi syndicats et partis politiques opposés à la politique de rigueur menée par le gouvernement régional de droite.

« Coupes dans l’éducation pour mieux nous voler », proclamait une autre banderole.

Les manifestants réclamaient aussi le démission de la déléguée du gouvernement central dans la région, Paula Sanchez de Leon, en réponse aux violences policières qui avaient accompagné la manifestation de lundi soir.

Un rassemblement de lycéens avait alors dégénéré et les scènes montrant des policiers casqués, frappant à coups de matraque ou traînant à terre de jeunes manifestants, certains le visage en sang, ont provoqué de multiples protestations et des manifestations mardi dans tout le pays.

La région de Valence, la plus endettée d’Espagne, est soumise à un plan de rigueur annoncé le 5 janvier, qui prévoit cette année des augmentations d’impôts et des coupes dans les entreprises publiques, les dépenses sanitaires et le secteur de l’éducation, pour 1,1 milliard d’euros.

Illustration la plus criante des problèmes de liquidités qui frappent la région, une partie des écoles y connaissent des pénuries d’eau et de chauffage, les autorités locales n’étant plus en mesure de régler les factures auprès des fournisseurs.

Ces pénuries ainsi que les coupes budgétaires dans l’éducation ont provoqué une grogne sociale qui ne cesse de s’amplifier, avec des manifestations désormais quotidiennes à Valence. Les lycéens de la région ont appelé à une journée de protestation le 29 février dans toute l’Espagne.

AFP, 22 février 2012

Proposition de loi discriminatoire contre les étrangers

Les délinquants étrangers visés par un texte UMP adopté en commission

Une proposition de loi UMP prévoyant d’expulser de France les étrangers condamnés à au moins cinq ans de prison a été adoptée mercredi en commission malgré l’opposition de la gauche et de certains députés UMP, dont Etienne Pinte, selon une source parlementaire.

Cette proposition de loi de Jean-Paul Garraud UMP) et d’une quarantaine de ses collègues, que l’Assemblée nationale examinera le 1er mars, prévoit également que les peines plancher, réservées aux récidivistes, soient étendues aux réitérants, c’est-à-dire aux personnes jugées pour des faits différents de ceux pour lesquels elles ont déjà été condamnées.

Compte tenu de la fin des travaux parlementaires le 7 mars au plus tard, ce texte ne pourra cependant aller au bout de son parcours parlementaire et être définitivement adopté avant les élections.

Il répond à une demande du ministre de l’Intérieur Claude Guéant qui, fin 2011, avait souhaité que soient prises « des mesures spécifiques » contre la « délinquance étrangère ».

L’exposé des motifs cite « le dernier rapport 2011 de l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales », selon lequel « pour certains délits de masse, comme les cambriolages ou les vols avec violences, le nombre de ressortissants étrangers mis en cause, depuis 2008, a respectivement augmenté de 40% et de 37,4% ».

Les députés UMP Etienne Pinte, Nicole Ameline, Michel Heinrich, Michel Piron et Eric Straumann ont déposé, en vain, un amendement de suppression de l’article 1 du texte sur les délinquants étrangers, estimant qu’il aboutissait à rétablir « la double peine » considérablement allégée en 2004, lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur.

« N’oublions jamais que derrière un acte de délinquance, il y a un homme, que derrière chaque homme il y a une famille qu’il s’agit de ne pas séparer en éloignant du territoire français l’un des siens, quand bien même ce dernier a été condamné », ont-ils écrit dans cet amendement, rejeté par la commission.

Sur proposition de Jean-Paul Garraud lui-même, la commission a toutefois atténué le texte, en fixant à cinq ans, au lieu de trois ans dans la version initiale, la peine de prison à partir de laquelle une expulsion temporaire du territoire est obligatoire, sauf décision motivée du juge.

Selon le texte, l’interdiction du territoire français varie de deux à dix ans, en fonction de la durée de la peine de prison.

Le député Vert Noël Mamère s’est insurgé contre « un texte d’affichage qui vise à stigmatiser une partie de la population vivant sur notre territoire ».

AFP, 22 février 2012

[Poitiers] Rassemblement de solidarité avec le peuple grec, samedi 25 février

Rassemblement de solidarité avec le peuple grec

En solidarité avec le peuple grec, Démocratie réelle maintenant – Poitiers appelle à rejoindre le rassemblement organisé par le collectif pour un audit citoyen de la dette samedi 25 février à 10h30 devant une banque place du marché à Poitiers.

Le 10 février, le gouvernement non élu de la Grèce a adopté un nouveau plan d’austérité monstrueux et destructif, qui a été approuvé par le parlement grec (199 députés contre 101) le 12 février.

Avec ce nouveau plan d’austérité, le salaire minimum est diminué de 22% et gelé pour trois ans, les conventions collectives sont tout simplement supprimées, il y aura 15 000 licenciements dans la fonction publique et 150 000 postes seront détruits par non renouvellement…

Le peuple grec est en train de se soulever courageusement contre cette politique de terreur sociale. Dans le silence assourdissant des médias, les manifestations se multiplient ainsi que les grèves générales malgré la violente répression.

Les Grecs ont besoin de la solidarité internationale et y font appel ICI

Répondons à cet appel. Nous sommes tous des Grecs !

Leur mobilisation se heurte au mur d’une dictature européenne et internationale, celle des marchés financiers et de la troika : UE, BCE, FMI, qui ont imposé aux grecs ces plans d’austérité et un gouvernement non élu.

Les gouvernements dans l’UE, en particulier le gouvernement français, sont parties prenantes de cette dictature et appliquent dans les autres pays des politiques qui vont dans le même sens. La Grèce n’est pour eux qu’un laboratoire avant généralisation. La situation va s’aggraver encore avec le projet de nouveau traité européen obligeant à introduire la “règle d’or” dans nos constitutions.

Nous aussi, comme les Grecs, refusons de sacrifier le peuple sur l’autel de l’argent. Reprenons nos vies en main.

Nous sommes tous des Grecs. Quand un peuple est attaqué ce sont tous les peuples qui sont attaqués.

Blog Democratie réelle 86, 22 février 2012

[Dakar] Nouvelle répression policière d’une manif anti-Wade

Sénégal: nouveaux incidents à Dakar, Youssou Ndour blessé lors d’échauffourées

De nouvelles violences se sont produites mardi soir à Dakar entre policiers et opposants rassemblés notamment autour du chanteur Youssou Ndour, qui a été blessé à une jambe, pour exiger le retrait de la candidature du président Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de dimanche.

Dans la soirée, la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE) au Sénégal a appelé « à l’arrêt des violences » ayant marqué la répression de manifestations d’opposants, interdites par les autorités, en souhaitant que « la libre réunion électorale » soit garantie.

Les violences ont éclaté dans le centre-ville lorsque, juché sur le toit d’une voiture, Youssou Ndour, farouche opposant au président Wade, s’est approché très près d’un cordon de policiers anti-émeutes qui l’empêchaient d’accéder à la Place de l’Indépendance où était prévu un rassemblement d’opposants interdit par les autorités.

Des pierres sont alors parties depuis la foule qui entourait son véhicule en direction de la police, qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.

Youssou Ndour a très rapidement quitté les lieux après le début de la dispersion de la police. Un journaliste de l’AFP a vu une personne, évacuée par des secouristes, blessée à la jambe.

« Dans le feu de l’action », le chanteur « a été blessé à la jambe gauche, il a été examiné par un médecin, mais il ne souhaite pas en faire une affaire d’Etat », a déclaré Charles Faye, son conseiller en communication, qui n’a pas souhaité préciser le type de projectile l’ayant touché et décliné tout autre commentaire.

Après la dispersion, des jeunes se sont éparpillés par petits groupes dans des rues adjacentes, où des barricades de fortune ont commencé à être érigées et incendiées.

Près d’un millier de personnes étaient sur une avenue pour tenter d’accéder sur la Place de l’Indépendance, rassemblés autour de Youssou Ndour, mais également de trois autres opposants et candidats à la présidence: Idrissa Seck, ex-Premier ministre de M. Wade, Ibrahima Fall et Cheikh Bamba Dièye.

Pendant près de deux heures, les manifestants, face aux policiers, ont scandé des slogans et chanté des refrains d’une chanson hostile au président Wade.

Youssou Ndour et les trois opposants candidats sont tous membres du Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile réclamant le retrait de la course de M. Wade, élu en 2000 et réélu en 2007.

Le M23 avait une nouvelle fois appelé à une manifestation Place de l’Indépendance, ce qu’il entend faire tous les jours jusqu’à vendredi. De précédents appels à s’y rassembler avaient déjà entraîné des violences entre manifestants, en grande partie des jeunes, et les forces de l’ordre.

C’est dans ce climat tendu que l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo est arrivé à Dakar comme chef de la mission des observateurs de l’Union africaine (UA) pour la présidentielle. Il a déclaré que « si nécessaire », il ne sera pas qu’un simple observateur « en raison de la situation sur le terrain ».

« Nous l’attendons à Bras ouverts », avait auparavant affirmé Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole de la présidence. S’il « profite » de sa présence « pour discuter avec les uns et les autres, nous sommes ouverts, mais restons fermes sur certains principes », en particulier sur le non-report du scrutin.

M. Obasanjo avait été contraint en 2006 de renoncer à un troisième mandat à la tête du Nigeria sous la pression de l’opposition et de pairs africains dont M. Wade. « Si le président Wade m’a conseillé de ne pas me présenter à un troisième mandat, ce que je n’ai pas fait, il est sans doute le mieux placé pour se conseiller lui-même », a dit M. Obasanjo.

Depuis fin janvier, des échauffourées se sont régulièrement produites à Dakar, sa banlieue et en province lors de manifestations contre un nouveau mandat de M. Wade.

Les violences ont fait au total six morts depuis la validation de sa candidature, le 27 janvier, selon des sources concordantes. Deux ONG sénégalaises de défense des droits de l’Homme ont évoqué « neuf morts et des dizaines de blessés » pendant cette période, une autre a appelé à « agir immédiatement pour mettre un terme à la violence d’Etat ».

Dans un communiqué, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) a déploré tout recours à la violence « tant par les forces de l’ordre que par les manifestants » et appelé « à l’arrêt des violences et au respect du caractère Pacifique que devrait revêtir tout débat politique démocratique ».

AFP, 22 février 2012

Voir aussi cette compilation d’articles parue sur le Jura Libertaire, sur une manif à Dahra : maison du maire cramée.