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[Grèce] Deux jours de grève générale

Les nouvelles mesures gouvernementales ont été adoptées par la Parlement dans la soirée du jeudi 20 octobre par 153 voix sur 300. Une nouvelle députée du Pasok a refusé de voter un des principaux articles, celui qui autorise le licenciement des fonctionnaires et la “suspension” des conventions collective. Mais cela n’a pas suffi. Elle a été aussitôt exclue du Parti.

Mercredi, les manifestations ont été les plus massives depuis les 18 derniers mois. Le pays était paralysé. Beaucoup de commerces avaient baissé leur rideau. Dans certains endroits, surtout dans des villes moyennes, des interventions énergiques de manifestants ont fait fermer des supermarchés ou des fast-food qui avaient tenté de braver le mot d’ordre de grève…

A Athènes, sans doute plus de 200 000 manifestants, la plupart n’ayant pas pu aller jusqu’à la place Syntagma à cause de la foule et de la quantité de gaz lacrymogènes et asphyxiants et de grenades assourdissantes balancés par les forces de l’ordre déployées en masse également. Officiellement 5000 autour du Parlement et autant dans le reste de la ville… Une grande barrière de plexiglas et de fer avait été installée loin du bâtiment de l’Assemblée, rendant très difficile toute tentative d’approche.
Comme d’habitude, il y a eu de violents affrontements sur la place et comme cela devient courant depuis quelques mois, côté manifestants ce n’est pas uniquement le fait d’“encapuchonnés” mais de toutes sortes de personnes simplement en colère, notamment un fort contingent de chauffeurs de taxis. Les cordons de policiers postés derrière la barrière ont dû reculer à plusieurs reprises devant la quantité de pierres et de molotovs qu’ils recevaient.

Pour plus de détails sur ces manifestation et affrontements, voir le site Contra Info

Pour beaucoup de manifestants, c’était clair : il fallait encore être plus nombreux le deuxième jour à assiéger le parlement, quitte pour cela à défoncer la barrière (elle avait déjà été bien secouée sous la pression) et essayer de faire reculer les forces anti-émeutes.

Mais, le jeudi matin, un acteur en a décidé autrement. Le KKE (Parti communiste) à travers le service d’ordre de son “front syndical” PAME, a déployé plusieurs centaines de ses membres armés de bâtons et de matraques, la plupart avec des casques de moto, en protection de cette barrière et donc du Parlement.
Jusque là, le KKE faisait surtout des apparitions dans son coin, appelant à des manifestations distinctes, dans d’autres endroits de la ville et à des heures différentes… Ça ne servait à rien mais ça n’embêtait personne, ni le gouvernement, ni la grande masse des grévistes et des manifestants. Mais là, pour la première fois depuis le début de la crise, un parti a non seulement fait ouvertement prévaloir ses propres intérêts par-dessus ceux de tout un mouvement social de masse mais il l’a fait comme milice, comme bras armé supplémentaire d’un gouvernement et d’institutions politiques qu’il dit combattre, en créant un deuxième cercle policier de maintien de l’ordre, mais se voulant, celui-ci, « à l’intérieur » du mouvement.
La présentation faite par les médias et lui-même (d’honnêtes syndicalistes et un parti responsable faisant face à des hooligans ou des “casseurs”) ne correspond en rien à la réalité. Les premiers contacts, d’abord en paroles et en insultes puis physiques, ont commencé dès que sont parvenus, les uns après les autres, les différents cortèges regroupant des milliers de manifestants. En tête le mouvement de désobéissance collective “Den Plirono” (“Je ne paie pas”) puis ceux des syndicats de base, de l’“assemblée anarchiste pour la libération sociale” et autres anti-autoritaires, des groupes de la gauche extraparlementaire, des assemblées de quartier, des étudiants, etc. Ce sont toutes ces composantes là, celles qui additionnées constituent les principaux ferments de la rébellion sociale en cours et à venir, qui ont été visées, chargées et matraquées par le SO du KKE.

S’en sont suivi des bagarres au corps à corps, des manifestants tabassés au sol par des staliniens, certains de ces derniers recevant aussi les mêmes pierres et molotovs que ceux destinés initialement aux policiers. Mais les affrontements se poursuivent avec eux, à distance, les cocks volant par-dessus la tête du SO des stals pour atteindre les rangs policiers. De plus en plus de lacrymogènes sont lancées et le lieu devient complètement irrespirable. Les stals qui avaient déclaré vouloir rester sur place jusqu’au vote du Parlement en soirée, ont décroché vers 16 h et en ont profité pour agresser et tabasser des manifestants « au look » en se retirant dans les rues adjacentes.

C’est très certainement un peu avant qu’un membre du PAME a été évacué à l’hôpital, à la suite d’un malaise et d’une perte de conscience. Il sera déclaré mort un peu plus tard par les médecins ayant tenté en vain de le ranimer. De toute évidence, l’arrêt cardiaque est dû à des problèmes respiratoires consécutifs d’une trop forte inhalation de gaz lacrymogènes et asphyxiants.
Une fois les sbires du KKE partis, les forces de l’ordre ont déployé une offensive de grande envergure dans toute la place et ensuite dans une grande partie du centre ville. Affrontements dans les quartiers touristiques de Plaka et Monastiraki. Les policiers ont pénétré dans la station de métro de la deuxième place de la ville, Omonia, et ont frappé les personnes qui s’y étaient réfugiées, tandis qu’ils faisaient évacuer la station de Monastiraki. Les courses-poursuites se sont étendue à plusieurs autres quartiers du centre, dont celui d’Exarcheia.

La journée s’est terminée tristement.

Par la mort de Dimitri Kostaridis, maçon de profession, âgé de 53 ans, secrétaire local d’un syndicat de la construction et membre du PAME (et sans doute du KKE), victime des gaz lacrymogènes qui deviennent proprement asphyxiants à haute dose.

Tristement, mais pas seulement. Amertume et rage devant l’attitude des staliniens du KKE qui resteront à jamais ceux qui ont défendu un Parlement en train de voter les licenciements de 30 000 fonctionnaires et la fin des conventions collectives permettant de baisser les salaires.

Coup dur quand même, car, même si cela a le mérite de clarifier bien des choses, après ce qui s’est passé ce jeudi, il va falloir se battre contre un nouveau front. Et là, si le KKE se met en travers des mouvements de lutte, s’il veut faire la police à l’intérieur du mouvement ouvrier et prolétaire, cela ne peut que compliquer les choses. Car si ce parti ne sert à rien, ne mène aucune lutte, se contente de répéter en boucle une rhétorique “nationale populaire” contre la « ploutocratie », s’il a toujours été absent des mobilisations, des occupations des places, des actions de solidarité avec les immigrés et on en passe, sa capacité de nuisance demeure assez forte, d’autant qu’il trouvera alors dans les médias du système comme dans une classe de politiciens discrédités, un relais et un soutien bienveillant et reconnaissant.

Dans la nuit, dans diverses localités du pays, des locaux du KKE (et aussi du Pasok en passant) ont reçu de la visite au cours de laquelle leurs devantures ont été décorés de nouveaux tags exprimant le rejet total de ce parti aussi inutile que nuisible.

Le gouvernement n’a plus aucune légitimité et les appels à la renverser, à quitter la zone euro, à ne rien payer se multiplient. Une bonne partie de la base du PASOK est passée à l’opposition comme en témoignent les mouvement de grève appelés par certains syndicats historiquement liés à ce parti, essentiellement chez les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques.

Une première vague de 400 000 factures de la DEI (l’EDF grecque) visant à récolter la taxe immobilière exceptionnelle vient d’être envoyée, avec quelques jours de retard à cause de l’occupation des services informatiques de la compagnie d’électricité par ses propres salariés. Les collectifs “Je ne paie pas” ont étendu leurs actions à la désobéissance fiscale, par tous les moyens, avec l’objectif avoué de bloquer la récupération non seulement de cette taxe, mais aussi des autres impôts et de toutes les recettes de l’Etat afin de rendre impossible l’effectivité des mesures et de faire tomber le gouvernement.

La grève des ferries se poursuit jusqu’à dimanche. Les travailleurs de la sécurité sociale n’ont pas repris le travail. Des ministères sont toujours occupés et les fonctionnaires du ministère des Finances ont décidé de prolonger leur mouvement de grève jusqu’à mercredi prochain… La grève des éboueurs se poursuit et les premiers grévistes ont reçu leur ordre de réquisition… Vont-ils eux aussi désobéir ?

Ce vendredi matin, la confédération des fonctionnaires semble appeler à une nouvelle journée de grève la semaine prochaine.

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Photos du SO du KKE en action

http://athens.indymedia.org/front.p…

http://athens.indymedia.org/front.p…

P.-S.

Dans un communiqué, le KKE rend responsable de la mort du syndicaliste « les attaques » menées par des « anarcho fascistes », et dénonce « les encagoulés, les anarcho-autonomes, fascistes, ou quoi qu’ils s’appellent eux-mêmes » d’avoir mené une « agression barbare et meurtrière (…) contre le mouvement ouvrier et populaire ».

De son côté, le PAME n’hésite pas à mettre en cause le mouvement “Je ne paie pas” d’avoir participé aux attaques contre ses militants, ce qui fait rire tout le monde car c’est un mouvement plutôt non-violent, mais il est vrai “désobéissant”, indépendant et de base, et ça, les stals, ils n’aiment vraiment pas. En réponse, le mouvement Den Plirono a mis en ligne sur son site une vidéo qui montre, si besoin était, l’inanité des déclarations du KKE.

Vidéo du cortège de Den Plirono

Cela fait plusieurs semaines que le KKE concentre ses attaques contre ce mouvement (entre autres). En recouvrant ses affiches systématiquement, en essayant de le discréditer et avec toujours la même subtilité : ce “pseudo mouvement” qui fait le jeu du pouvoir.
Mais il est vrai que le KKE a récemment annoncé vouloir créer son propre mouvement de refus de payer, mais évidement sous son étroite direction et en essayant faisant le vide autour.

OCL, 21 octobre 2012

[Grèce] Les Robins des bois de l’électricité

[Grèce] Les Robins des bois de l’électricité

Posted on 24 octobre 2011 by juralib

 

À Veria, dans le nord de la Grèce, un collectif de militants rétablit le courant à ceux qui n’ont plus les moyens de payer l’électricité. “On redonne un peu de dignité aux gens”, disent-ils.

“Dans ce pays, à côté de l’obligation de payer pour les frasques des ma­gouilleurs, nous avons aussi des droits”, revendique Nikos Alanogoulou, un militant de la ville de Veria. “À commencer par celui de conserver notre dignité.” Nikos et ses camarades se sont regroupés dans un collectif qu’ils ont baptisé tout simplement “Les citoyens de Veria”. Leur spécialité ? Rétablir le courant dans des foyers dont les occupants n’ont plus les moyens de payer leurs factures d’électricité [près de 1 million de Grecs ne paient plus]. À Veria, ils sont nombreux à vivre au-dessous du seuil de pauvreté. Et c’est très souvent chez eux que le collectif intervient. Aujourd’hui, ils sont en train de reconnecter les câbles au domicile d’une mère célibataire. Elle est au chômage et doit également s’occuper de son vieux père. Bénéficiant de complicités au sein de la compagnie nationale d’électricité (DEI), le groupe d’activistes rétablit le courant en laissant un autocollant signant leur passage : “Les citoyens de Veria – solidarité populaire – Nous rétablissons le courant”. Leur volonté est avant tout de créer un élan de solidarité citoyenne. “Nous ne ­voulons pas vivre dans une jungle humaine, comme nos dirigeants le souhaiteraient”, explique l’un d’entre eux. Le groupe de Veria lance ainsi un appel à la population du pays : “Nous aimerions que d’autres personnes agissent de la même manière. Et pas seulement en ce qui concerne l’électricité…”

Les menaces de sanctions ne semblent pas les effrayer. “Ce ne serait pas la première fois pour moi, explique Nikos. J’ai déjà été poursuivi des dizaines de fois pour mon engagement citoyen. Si je suis condamné pour avoir remis le courant à des pauvres, ce sera un honneur pour moi et les membres de mon groupe.”

Des militants écologistes de Veria participent aussi à l’opération “reconnexion”. Ils ont à leur palmarès des dizaines d’actions concernant la protection de l’environnement. Ils ont même été jusqu’à déposer des poissons morts de la rivière Aliakmona sur le bureau du préfet de l’Imathie [dont le chef-lieu est Veria]. Ils protestaient alors contre la pollution du cours d’eau. Mais pour les verts de Veria, aujourd’hui, cette action est différente. “Nous ne remettons par le courant chez des potes, mais chez des compatriotes qui en ont vraiment besoin. Et nous le faisons avec l’aide d’une partie du personnel de la DEI”, disent-ils. Pour ces activistes, le courant est un bien social. “C’est criminel de couper la lumière à ses compatriotes. D’abord, nos dirigeants nous poussent au chômage, puis à la pauvreté, et maintenant on nous oblige à vivre dans le noir. Ne peuvent-ils pas comprendre que si nous ne payons pas c’est parce qu’on n’a plus un sou ?” s’emporte une militante. Avant d’ajouter : “Est-ce que ceux qui, à l’Assemblée nationale, votent chaque jour une nouvelle mesure d’austérité ont la moindre idée de ce qui peut conduire quelqu’un à ne plus payer son électricité ?”

Elle raconte une scène qui s’est déroulée au domicile d’un chômeur auquel la DEI avait coupé le courant. Elle n’arrive pas à oublier son air incrédule lorsque les “citoyens de Veria” ont sonné à sa porte pour lui dire que c’était fini, que l’électricité était rétablie. “Cet homme vit dans un pays qui non seulement ne l’aide pas, mais qui en plus le jette à la mer en lui disant : vas-y, nage, maintenant. Et s’il s’accroche à sa barque, ils prennent les rames et lui brisent les mains. Alors nous disons : ça suffit !”

La conscience collective et la solidarité sont peut-être les seuls moyens d’aider les gens confrontés à une politique d’austérité destinée à les anéantir. À chaque fois que des groupes de citoyens décidés à re­prendre leur destin en main apparaissent sur le devant de la scène, de nouveaux espoirs naissent. Ces Grecs veulent briser le carcan de la peur et de l’isolement. La version néolibérale de la société nous réserve bien des humiliations, mais il suffit de se réveiller pour ne pas les subir.

Leur presse (Dina Karatziou, Eleftherotypia / Courrier international), 20 octobre 2011.

Fonderie alu : compte-rendu du 21 octobre 2011

Fonderie Alu : compte rendu du 21-10-11

Les Indignés de Poitiers en soutien au Fonderie du Poitou Alu 020 Les Indignés de Poitiers en soutien au Fonderie du Poitou Alu 020

Vendredi 21 octobre, au repas de midi, nous avions au menu trois petits cochons à la broche préparé avec professionnalisme par l’équipe de choc du moulage alu équipe A accompagnés d’une marmite de flageolets aux petits lardons.

À l’AG de la huitième semaine ce vendredi, nous avons reconduit le mouvement de grève pour lundi dans l’attente de garanties écrites de la part de l’administrateur judiciaire, Me Hélène Bourbouloux, nommée par le tribunal de commerce de Nanterre et que l’intersyndicale a rencontrée jeudi soir au restaurant de FDPA.

1 – L’intersyndicale a demandé la confirmation du retrait du plan de compétitivité. Me Bourbouloux nous a indiqué que le plan n’a plus lieu d’être donc nous lui avons demandé de l’écrire noir sur blanc.

2- Nous demandons aussi le départ de Mrs.Dupont le directeur, Kerrad la RH et Defrétière chef d’atelier du moulage alu dont le personnel considère qu’ils n’ont plus leur place au sein de l’entreprise.

3- Nous demandons aussi qu’aucunes sanctions pour faits de faits de grève ne puisse être mises en œuvre.

4 – Il faut des garanties sur l’emploi et les salaires, le paiement des heures de grèves sous quelques formes que ce soit ( primes ou autres ) mais qui permette aux grévistes depuis plus de sept semaines de pouvoir manger, payer nos échéances et repartir au boulot sans problèmes financiers dus à une grève que Montupet nous a imposé.

5 – Le maintien de notre prime de novembre et une solution pour le retrait sur la paye de l’avance des trois mois de mutuelle.

Me Bourbouloux a “lancé un appel d’offre pour un repreneur dans l’espoir d’en avoir un d’ici à la mi-novembre”. Montupet envisagerait de remettre 500 000 € et plus tard 350 000 si besoin.

L’intersyndicale sera reçue au ministère du Travail et de l’industrie lundi 24 octobre à 11H30.

Le tribunal de commerce de Nanterre, le siège du groupe Montupet étant à Clichy (Hauts-de-Seine), a fixé jeudi la période d’observation à six mois.

Lundi rendez vous est fixé à 9h30 devant le CE.

Les fondeurs en grève.

A Athènes, les « Je ne paie pas » gagnent du terrain

À Athènes, les « Je ne paie pas » gagnent du terrain

 

En Grèce, public et privé ont fait, mercredi, le plein pour la cinquième grève nationale de l’année. Le gouvernement a présenté son plan d’austérité dans un Parlement encerclé. De violents heurts ont éclaté à Athènes.

« Jamais je n’ai fait de folies. Je compte chaque euro. Je n’en peux plus… » En quelques mois, Eleni, une employée municipale de 56 ans, a vu ses revenus fondre de 1100 à 600 €.

Des situations comme celle-ci se multiplient dans la société grecque. Alors, plutôt que de s’épuiser à manifester devant le parlement à Athènes, ils sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir payer les taxes que la crise empile. Tout simplement !

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Ce mouvement de « résistance » s’appelle « Je ne paie pas ». Il est né, voici quelques années, pour forcer les péages que des sociétés privées faisaient fleurir sur les autoroutes en construction (certaines ne sont toujours pas terminées).

« Un racket », gronde Kostas Fotakis. Cet ouvrier athénien d’une quarantaine d’années est un des fers de lance du mouvement. Intarissable sur les scandales financiers qui plombent la Grèce, singulièrement depuis les Jeux olympiques de 2004.

Ces dernières semaines, « Je ne paie pas » a redoublé de vigueur après la décision du gouvernement de taxer chaque mètre carré immobilier à hauteur de 4 €. Perspectives a priori juteuses dans un pays où l’on compte 70 % de propriétaires. Aussitôt, les syndicalistes de la compagnie Électricité de Grèce (DEI), qui doit collecter cette taxe via les factures d’électricité, ont refusé de prêter main-forte au gouvernement.

Des patrouilles de chômeurs

D’autres n’ont pas manqué de pester contre les propriétaires dont les terrains portent une chapelle. Considérées comme lieux cultuels, ces propriétés — assez nombreuses — sont exonérées d’impôts. Comme du reste tous les biens de la puissante église orthodoxe.

« La situation devient délicate, soupire Kostas Fotakis. Alors, on essaie de s’organiser par quartier. » Ici et là, des citoyens énervés se mobilisent « pour empêcher les mises sous scellés, la saisie de biens que les banques pratiquent contre les “mauvais” payeurs ».

Ils se coalisent avec le syndicat de la compagnie d’électricité pour éviter les coupures. Dans certains quartiers d’Athènes, l’idée de créer des « patrouilles de chômeurs et de retraités » fait son chemin. Elles seraient rapidement mobilisables pour contrer les huissiers.

Les activistes de « Je ne paie pas » hantent également les abords des centres des impôts. Ils renseignent sur la non-imposition, la façon de se déclarer en faillite privée, d’échapper aux saisies sur salaire.

« Le pouvoir nous hait ? C’est réciproque, s’échauffe Kostas. On est désormais dans la survie, on essaie de régler nos problèmes au jour le jour. Au-delà des œillères idéologiques. » Plutôt de gauche à l’origine, cette nébuleuse de citoyens annonce la couleur : « Faire tomber tout gouvernement qui appauvrit son peuple. »

Leur presse (Marc Pennec, Ouest-France), 20 octobre 2011

Traduction du grec : appel de l’Assemblée d’Anarchistes pour l’Autogestion Sociale (grève générale 19-20/10/2011)

Appel de l’Assemblée d’Anarchistes pour l’Autogestion Sociale

(grève générale 19-20/10/2011)
19 octobre 19 2011

Dimanche 16 octobre 2011

Fini la patience et l’apathie, la révolution sociale est la seule solution

Tract pour la grève du 19-20 octobre

Si nous pensons que la réduction des pensions de retraite, des allocations, des salaires, les licenciements sans indemnisation, les diverss impôts et les diverses rançons, sont encore « une averse » qui finira, nous nous trompons profondément. Il faut que nous réalisions que tout cela fait partie du problème social global, qui consiste en l’organisation de la société par l’État et par le capitalisme. Nous n’avons rien à attendre de l’État, des patrons, et des élites internationales à part la pauvreté, la misère, l’indigence, la clochardisation, la répression, la mort. Nous n’avons aucune raison de subir tout ce qu’on nous impose.
Les dernières deux années nous vivons tous l’intensité du pillage. Il devient évident de la manière la plus douloureuse, que la « crise » n’est pas quelque chose d’abstrait, n’est pas une image quelconque aux infos à la télé, mais c’est l’intensité de l’exploitation et de l’oppression ; c’est la situation où il sera jugé si c’est nous qui ferons faillite, ou si c’est l’État et les patrons, qui n’ont d’ailleurs aucune envie de perdre leurs profits et leurs privilèges. Ainsi, on nous impose une série de mesures qui restructurent les conditions de travail en les transformant en régime particulier d’esclavage (suppression de conventions collectives, diminution ou suppression du salaire minimal, plus de facilité quant aux licenciements, augmentation du temps de travail etc.). Simultanément, on cherche à saisir une plus grande partie de nos faibles revenus via des rançons (taxe par habitant, taxe à chaque par foyer, augmentation du TVA etc.) qui nous conduisent à la clochardisation.

Cette attaque contre la société entière ne s’appuie sur aucun accord, aucun compromis. Tous ces concepts ; « le bien de la nation », « le sauvetage de la patrie », « l’intérêt national », ont déjà perdu leur valeur, et ainsi la répression à tout prix est le seul moyen pour imposer cette série de nouvelles mesures. Les forces de l’ordre militarisées, les forces de police qui sont de plus en plus nombreuses (le seul endroit où l’État continue à embaucher), les barrières et les camions de la police rappelant une autre époque, les tonnes de gaz chimiques utilisés, la couverture et l’impunité qui sont « offertes » aux flics, les ordres qui leur sont donnés de taper sur tout qui bouge, ayant pour conséquence des centaines de blessés graves, la répression dans les tribunaux et les emprisonnements massifs en préventive, les nouvelles lois sécuritaires ; tout cela montre que l’État ne s’intéresse qu’à la défense des privilèges et des intérêts du capital national et international.

Dans cette réalité, entre le choc des annonces quotidiennes concernant des nouvelles mesures et la peur et le terrorisme Étatique qui se propagent dans tous les coins de la société, des luttes surgissent continuellement dans différents secteurs qui essayent de se défendre. Les étudiants, les chauffeurs de taxi, les fonctionnaires et ceux qui travaillent dans le public, les routiers, les dockers, les salariés de l’EDF, les salariés dans les médias, essayent de préserver leurs acquis sociaux, ils essaient d’arrêter le « restructuration » de leur vie, d’arrêter le pillage qu’on leur impose. La plupart de ces luttes sont fragmentées, elles suivent la logique corporatiste, sont soumises aux appels des bureaucraties syndicales, manquent de perspectives et ne cherchent pas la liaison avec d’autres luttes sociales. Il faut qu’on réalise tous qu’il n’ y a pas de solutions corporatistes ni de solutions personnelles ; si chacun reste tout seul, il sera amené à la défaite et à la misère. La logique du « diviser pour mieux régner », la logique selon laquelle les mobilisations d’un secteur portent atteinte aux intérêts d’un autre ; cette logique fait partie de la politique de base de l’État, qui provoque la division de ceux d’en bas, pour que la domination et la réalisation de plans anti-sociaux de ceux d’en haut continuent. Face à cela, nous devons opposer la solidarité sociale et de classe, nous devons réaliser que la lutte de chacun, est la lutte de nous tous. La réponse ne peut pas être partielle. L’État et le capital ne donneront même pas une miette. Si il y a quelque chose qui peut les arrêter, c’est l’opposition globale dans une perspective de renversement du capitalisme.

Nous ne pouvons riposter que si nous restons l’un à côté de l’autre, loin des divisions artificielles, en transformant la peur en lutte collective et force militante, via la solidarité. Que si nous comprenons que l’ennemi réel n’est ni notre voisin, ni le plus pauvre, ni l’ouvrier originaire d’un autre pays, ni le gréviste, ni le fonctionnaire ; nos ennemis sont les banques qui nous volent, les ministères où s’organise notre exploitation, les forces répressives qui terrorisent la société et défendent le régime, les bandes d’extrême droite qui sont là pour réprimer et semer la haine raciste, les infos à la télé qui manipulent en transformant en faux ce qui est réel, les patrons qui veulent qu’on soit esclaves et pauvres à la fois.

Nous tous, opprimés et exploités ensemble avec force, sans s’intéresser aux lois des dominants, attaquons ce qui nous vole notre propre vie, ce qui nous impose la pauvreté et qui nous amène à la misère ; revendiquons tout, revendiquons notre propre vie. C’est maintenant qu’il faut riposter ; prenons en main les luttes sur une base d’auto-organisation, sans hiérarchie, loin des bureaucrates des partis et des syndicats. Avec les syndicats de base, les assemblées dans les quartiers, les lieux autogestionnaires de résistance, les grèves sauvages. Nous n’acceptons pas la soumission comme condition de vie que veulent nous imposer l’État, le capital, les partis, les médias et les syndicats du régime ; ne faisons pas des compromis, ne rentrons pas dans les négociations, ne cédons pas. Mettons en place la procédure pour le renversement de l’État et cela dans une perspective de rupture globale. Luttons pour l’émancipation sociale, pour une société d’égalité de solidarité, de liberté, pour l’autogestion sociale généralisée.

La lutte de chacun est la lutte de nous tous
Solidarité entre opprimés pour l’offensive sociale et de classe
Rupture totale avec l’État et le capital pour l’émancipation sociale

 

Assemblée d’Anarchistes pour l’Autogestion Sociale

sinelefsianarchikon@gmail.com

Traduction : par Nouvelles Hors Les Murs : http://nouvelleshorslesmurs.wordpress.com/2011/10/19/appel-de-lassemblee-danarchistes-pour-lautogestion-sociale/

NB : version corrigée par le groupe Pavillon Noir (FA86)

Source (grec) : @-infos (gr) http://www.ainfos.ca/gr/ainfos01130.html

 AUTRES LIENS UTILES :