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[Espagne] Répression butale d’une manifestation étudiante à Valence

Espagne: incidents lors d’une manifestation de jeunes à Valence

Des incidents ont éclaté lundi à Valence, dans l’est de l’Espagne, où la police est intervenue à coups de matraques lors d’une manifestation de jeunes qui protestaient contre les restrictions budgétaires dans l’éducation, selon des Journalistes sur place.

Plusieurs personnes ont été interpellées lorsque les policiers en tenue anti-émeutes, casqués, ont repoussé les manifestants, parfois très brutalement, les poursuivant dans les rues voisines.

Plusieurs centaines de jeunes, répondant à des appels lancés sur des réseaux sociaux, s’étaient rassemblés devant l’institut Lluis Vives, un collège de la ville, pour protester contre les problèmes de liquidités qui ont privé de chauffage ces dernières semaines plusieurs écoles de la région, le gouvernement régional n’ayant pas réglé les factures auprès des fournisseurs.

Les premiers incidents ont éclaté dans l’après-midi entre les manifestants et les policiers qui protégeaient les lieux.

Puis les heurts se sont propagés aux rues alentour, les policiers faisant usage de leurs matraques, certains manifestants étant plaqués ou traînés au sol.

Selon le quotidien El Pais, la police a fait usage de balles en caoutchouc. Des photos montraient des manifestants le visage en sang. Les heurts se sont poursuivis une partie de la soirée dans les rues du centre de Valence, où étaient positionnées des dizaines de fourgons de police.

Le chef de la police régionale, Antonio Moreno, a affirmé que la police avait eu recours à une « force physique proportionnée ». « Une agressivité accrue exige une réponse proportionnée », a-t-il ajouté à la radio nationale.

Un porte-parole de la police a expliqué que les forces de l’ordre étaient intervenues parce que des manifestants « ont eu une attitude agressive ».

« Il y a eu des arrestations, nous ne savons pas encore combien », a-t-il ajouté tandis que les médias chiffraient le nombre de personnes arrêtées entre 14 et 21.

De fréquentes manifestations sont organisées depuis quelques semaines à Valence, la région la plus endettée d’Espagne, où les autorités ont annoncé début janvier un plan de rigueur incluant des augmentations d’impôts et des coupes dans les dépenses de santé et dans le secteur de l’éducation pour un montant de plus d’un milliard d’euros.

Des incidents ont déjà opposé policiers et jeunes manifestants la semaine dernière dans la ville.

Lundi, l’opposition socialiste a demandé au ministre espagnol de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, et au chef de la police de s’expliquer devant le Parlement sur ce qu’elle a qualifié de « répression brutale » de ces manifestations.

AFP, 20 février 2012

Des photos chopées sur le site d’El Pais :

 

Sur le « mécanisme européen de stabilité »

Pourquoi le « mécanisme européen de stabilité » est une aberration

Extrêmement risqué du point de vue financier, destructeur sur le plan social, et antidémocratique, le mécanisme européen de stabilité symbolisera-t-il le suicide de l’Europe et la fin d’un demi-siècle de patiente construction et de progrès social ? Explications.

Le 21 février, l’Assemblée nationale se prononcera sur le « Mécanisme européen de stabilité » (MES). Voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, ce complexe traité instaure une sorte de FMI européen. Il aura « pour but de mobiliser des ressources financières et de fournir, sous une stricte conditionnalité (…), un soutien à la stabilité à ses membres qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement ». En clair, le MES devrait être en mesure d’avancer des fonds aux États de la zone euro qui rencontreraient des difficultés pour emprunter directement auprès des marchés financiers. Les 17 États membres l’ont signé le 2 février. Reste à le ratifier… Cela se fera-t-il dans l’indifférence générale ? Si le traité est combattu par le Front de gauche, le PS hésite à s’y opposer vraiment. Europe écologie-Les Verts (EELV) demeure pour le moment discret sur le sujet mais semble s’apprêter à voter contre [1].

Le MES en tant que tel n’est pas un traité, mais une société financière, basée au Luxembourg, dont les actionnaires sont les 17 États de la zone euro. Le capital est fixé à 700 milliards d’euros. Plus un pays est fort économiquement, plus il est obligé de souscrire un nombre important d’actions [2]. Les deux plus gros « actionnaires » sont ainsi l’Allemagne (à 27 %) et la France (20,5 %), suivis par l’Italie (18 %), l’Espagne (12 %) puis les Pays-Bas (5,5 %). Les 12 autres actionnaires possèdent entre 3,5 % (Belgique) et 0,07 % (Malte) du capital. Question préalable : la France devra-t-elle donc débourser 142,7 milliards d’euros pour honorer ses engagements auprès du MES ? Pas en un seul chèque. Le capital de chaque pays doit être mis à disposition dans les cinq ans, par tranche de 20 % par an (soit 28,5 milliards par an dans le cas français, 38 milliards dans le cas allemand). Cependant, en cas de difficultés, les dirigeants du MES peuvent accélérer le versement de ce capital [3]. Dans ce cas, les pays membres devront s’acquitter de la somme demandée dans les sept jours.

Un mécanisme fragilisé par la pression des marchés

Disposant donc de 700 milliards garantis par les États membres, le MES pourra racheter une partie de la dette d’un État en difficulté – des obligations grecques, par exemple – sur les marchés. Mais au rythme où vont les choses, les 700 milliards risquent vite de s’épuiser. Comme avec son éphémère prédécesseur, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), les concepteurs du MES espèrent donc jouer sur l’effet levier pour augmenter sa « force de frappe » : lever des fonds auprès des marchés financiers pour accroître ses propres capacités de prêt. Le MES est ainsi « habilité à emprunter sur les marchés de capitaux auprès des banques, des institutions financières ou d’autres personnes ou institutions afin de réaliser son but » (article 21).

Leur pari : que le MES soit en mesure d’emprunter à des taux assez bas (entre 2 % et 3,5 % sur trente ans s’il dispose du triple A) pour en faire bénéficier, moyennant une commission, des États qui, s’ils s’adressaient directement aux marchés, seraient soumis à des taux très élevés à cause de leur note dégradée (23 % pour la Grèce, mi-février, 10 % pour le Portugal, 6 % pour l’Espagne et l’Italie…). En recourant à cet effet levier, le MES pourrait ainsi emprunter trois à quatre fois son capital, soit entre 2 000 et 3 000 milliards d’euros. En théorie.

Une dépendance totale à l’égard des agences de notation

Car cette belle mécanique néolibérale risque de se détraquer. Emprunter à des taux bas implique que le MES soit bien noté par les agences de notation. Or, parmi ses principales garanties, seuls l’Allemagne et les Pays-Bas conservent, pour l’instant, leur triple A auprès des trois agences de notation. Ces deux pays ne représentent que 32,5 % du capital du MES. Les trois pays actuellement en grande difficulté – Grèce, Portugal, Irlande – pèsent à peine 7 %. Que se passera-t-il si cet équilibre se rompt ? Si des pays plus importants, déjà dégradés par les agences de notation, continuent d’être déstabilisés ? « Les véritables garants sont ceux qui peuvent y mettre de l’argent. Si les agences de notation dégradent tout le monde, la situation devient impossible », prévient l’économiste Michel Aglietta, du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).

L’Espagne et l’Italie, qui risquent de perdre leur A, constituent 30 % du capital du MES. La France, elle, est à la croisée des chemins. Ne demandez pas à un investisseur de prêter à une entreprise dont la majorité des actionnaires sont considérés comme étant en difficulté ! Le MES, déjà engagé pour renflouer la Grèce, le Portugal et l’Irlande [4], sera-t-il en mesure de se porter au secours de l’Espagne puis de l’Italie, voire de la France si ces pays sont attaqués ? Les besoins de financement dépasseront largement ses capacités. Et ne pouvant faire appel à la contribution des pays déstabilisés, ne reposant que sur les garanties de l’Allemagne et d’une France fragilisée, les taux d’intérêt des titres financiers émis par le MES risqueront de grimper, et sa dette de gonfler. C’est tout ce château de liquidités qui menacera de s’effondrer.

La généralisation de la potion grecque

Mais revenons au mécanisme lui-même : qui prend les décisions ? Le MES est doté d’un « conseil des gouverneurs », composé par les ministres des Finances de chaque pays membre, François Baroin aujourd’hui, dans le cas de la France. Ce sont les gouverneurs qui décident notamment de répondre ou non à la demande de soutien d’un État membre et de lever des fonds pour le faire. Ils nomment le directeur général, qui assure la plupart des affaires courantes en lien avec le conseil d’administration, composé de 17 administrateurs nommés par chaque gouverneur. La plupart des décisions se prennent soit à la majorité simple, soit à la majorité qualifiée (80 % des voix). Mais attention, nous sommes dans une entreprise et non en démocratie : chaque gouverneur dispose d’un nombre de voix équivalent au nombre d’actions que son pays possède. L’Allemagne détient ainsi 27 % des voix et la France 20,5 %. Soit, à eux deux, 47,5 % des votes. À aucun moment l’avis du Parlement européen ou des parlements nationaux n’intervient. Ce qui fait du MES une superstructure encore moins démocratique que la Banque européenne d’investissement (BEI), dont une éventuelle modification de statuts nécessite la consultation du Parlement européen [5].

Autre point très sensible : les « strictes » conditions auxquelles sera octroyée « l’assistance financière » à un État en difficulté. Sur ce point, ce n’est même plus le MES qui s’en charge, mais la « troïka », c’est-à-dire la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) mandaté par le conseil des gouverneurs [6]. Trois organes sur lesquels les élus et les citoyens n’ont aucun contrôle ! Ce qui se passe en Grèce ou au Portugal nous livre un petit aperçu du type de conditions qui seront fixées : privatisations massives, réduction de salaires du public comme du privé, diminution du Smic, remise en cause profonde du droit du travail et des systèmes de protection sociale, augmentation de la TVA… [7]

Une structure antidémocratique

La troïka sera chargée de « veiller au respect » de ces plans d’austérité. Ils ne pourront en aucun cas être contestés ou amendés, comme le montre là encore le laboratoire grec. Face à la révolte sociale qui s’y exprime et à la perspective d’un passage à gauche de la Grèce (les trois partis de gauche qui ont refusé le plan d’austérité totalisent désormais 42 % des intentions de vote), « il ne peut y avoir d’amendement au programme et il n’y en aura pas », a déclaré Angela Merckel, le 13 février. Voter ne servirait donc plus à rien ? L’aide financière à un État sera également soumise au Traité sur le fonctionnement de l’UE, qui prévoit notamment de graver dans le marbre la « règle d’or » : l’interdiction de tout endettement, donc la fin de tout investissement public sur le long terme. En ces temps de nécessaire transition énergétique et écologique, l’Europe se coupe un bras.

Impossible donc d’interroger l’efficacité des « protocoles d’accord » (les plans d’austérité) mis en œuvre depuis deux ans et de les modifier. Pourtant, ils se révèlent totalement inefficaces. « Les plans d’austérité sont faits pour payer les intérêts de la dette qui montent. Mais austérité signifie moins de croissance, donc moins de recettes et une hausse des dépenses liées au chômage. À mesure que les États renouvellent leurs obligations sur les marchés pour se financer, les taux d’intérêts continuent de s’alourdir. Au lieu de le baisser, la Grèce a accru son déficit à cause de la charge de la dette », explique l’économiste Michel Aglietta. Au Portugal, le chômage explose : 35,4 % des moins de 24 ans sont sans emploi.

Progrès nulle part, austérité partout

En dix ans, l’Espagne a remboursé trois fois ce qu’elle avait emprunté en 2000 (voir notre article ici). Et doit encore près du double ! En France, 60 % du déficit budgétaire (78,7 milliards prévus en 2012) correspondent au remboursement des intérêts de la dette (46,8 milliards d’euros). « À chaque fois que l’on durcit un plan d’austérité, on amplifie la récession », commente Michel Fried, économiste du Laboratoire social d’action, d’innovation, de réflexion et d’échanges (Lasaire). « 50 % à 60 % des exportations des économies européennes sont destinées à l’exportation au sein de la zone euro. Si tous ces pays appliquent l’austérité en même temps… » Qu’importe ! Continuons de sombrer dans ce cercle vicieux en interdisant même aux démocraties de corriger leurs erreurs, si tant est qu’elles s’en aperçoivent.

Last but not least : le MES et ses dirigeants agiront dans l’impunité totale : « Le président du conseil des gouverneurs, les gouverneurs, les gouverneurs suppléants, les administrateurs, les administrateurs suppléants ainsi que le directeur général et les autres agents du MES ne peuvent faire l’objet de poursuites à raison des actes accomplis dans l’exercice officiel de leurs fonctions et bénéficient de l’inviolabilité de leurs papiers et documents officiels », stipule l’article 35 (immunité des personnes) [8]. Seul le directeur général peut lever l’immunité d’un employé du MES. Et seul le conseil des gouverneurs peut faire de même pour les gouverneurs et les administrateurs. En clair : le linge sale sera lavé en famille et en toute discrétion. En cas de litige entre le MES et l’un de ses États membres, ce sera la Cour de justice européenne qui tranchera. C’est la seule occasion où une institution extérieure peut intervenir sur ce qui s’y déroule.

Antidémocratique, jouant le jeu des marchés et de la spéculation financière, portant en germes la destruction du modèle social européen, le « Mécanisme européen de stabilité » trahit définitivement l’idéal sur lequel s’est bâtie l’Union. Les prêts accordés sous la pression de marchés dérégulés ne serviront donc plus à construire ou solidifier socialement et économiquement un pays, mais à détruire tout ce qui a été accompli. Les députés français choisiront-ils cette voie suicidaire ?

Ivan du Roy

Photos : CC en une (source) et dans l’article (source)

Voir les statuts du MES (en français)

Notes

[1] Lire la précision d’une militante dans le forum ci-dessous. Le positionnement semble faire débat chez EELV.

[2] Chaque pays y participe en proportion de son revenu national et de son poids au sein de la Banque centrale européenne (article 42).

[3] Les fonds directement à disposition du MES ne doivent jamais passer sous la barre des 80 milliards d’euros (Article 8.2).

[4] Via le FESF, intégré au sein du MES.

[5] « En vertu de l’article 308, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, le Conseil, statuant à l’unanimité conformément à une procédure législative spéciale, à la demande de la Banque européenne d’investissement et après consultation du Parlement européen et de la Commission, ou sur proposition de la Commission et après consultation du Parlement européen et de la Banque européenne d’investissement, peut modifier les statuts de la Banque. »

[6] Article 13.3 : « Le conseil des gouverneurs charge la Commission européenne – en liaison avec la BCE et, lorsque cela est possible, conjointement avec le FMI – de négocier avec le membre du MES concerné un protocole d’accord définissant précisément la conditionnalité dont est assortie cette facilité d’assistance financière.

[7] Tout ce que prévoit d’ailleurs, au nom de la « compétitivité », le Pacte euro plus, adopté en mars par les pays de la zone euro.

[8] Voir aussi l’article 32 : « Statut juridique, privilèges et immunités. »

Basta Mag, Ivan Du Roy, 20 février 2012

[Dijon] Sévices contre deux militantes Basques emprisonnées

Situations des camarades Basques emprisonnées à Dijon

Mi janvier, l’ABC Dijon vous a alerté quant à la situation de prisonnières politiques Basques incarcérées à la Maison d’arrêt de Dijon. Itziar Moreno et Oihana Garmendia entreprenaient alors grève de la faim pour revendiquer :
- l’obtention de doubles parloirs (leurs familles entreprennent un voyage de plus de 2000 KM aller-retour pour seulement 45 minutes de visite),
- le respect de leurs droits en détention,
- un rapprochement géographique du Pays Basque. A cette époque, le juge a répondu favorablement à leurs demandes. Le positionnement de ce dernier a permis de rendre Itziar, Oihana et leurs proches un peu plus confiants quant à la prise en compte de leur parole et à l’application de leurs droits en détention. Malgré cela, nous avons annoncé rester vigilants quant à leur situation. Notre naturel pessimiste et douteux face aux promesses d’un représentant de l’Etat s’est avéré justifié…

Voici le récit de la dernière agression subie par les prisonnières politiques basques incarcérées à Dijon :

Itziar Moreno a demandé la permisson d’aller au gymnase avec une autre prisonnière. Celle ci lui a été accordée. Le 6 février 2012, alors qu’Itziar quitte la cour en direction du gymnase, deux fonctionnaires de police l’arrêtent, lui refusant l’accès au gymnase. Itziar tente de faire valoir sa permission et sollicite la présence de la surveillante chef. A son arrivée, celle ci dément avoir accordé une permission. On laisse alors à Itziar le choix entre un retour en cellule ou un séjour au mitard. En signe de protestation, Itziar s’assied au sol. C’est alors que les surveillant/es l’attrapent par la jambe et la traînent par terre. Mais cela ne suffit pas. Itziar, toujours au sol se voit asséner des coups de pieds de la part des fonctionnaires. En plus d’hématomes sur la jambe gauche, Itziar souffre de douleurs aux côtes (l’obligeant à passer une radio).

La sanction est vite tombée : Itziar est punie de 30 jours d’isolement en cellule disciplinaire pour « agression de fonctionnaires » ! Au mitard, malgré le froid glacial de ces derniers jours, l’administration pénitentiaire refuse de donner à Itziar plus d’une couverture (aucune « règle » ne limite le nombre de couverture à donner aux détenus en cellule disciplinaire !). Au delà de ces conditions de détention inhumaines, Itziar est l’objet de harcellement de la part des surveillant/es : éblouissement à la lampe torche la nuit alors qu’elle tente de trouver le repos…

Pendant ce temps, Ohiana est isolée, enfermée dans sa cellule avec comme seul droit une heure de promenade le matin.

Tout ceci a déjà été dénoncé à plusieurs reprises.

Ce n’est pas la première fois que les droits des prisonnières politiques basques incarcérées à Dijon sont bafoués. Mais pour la première fois, il y a eu recours à l’agression physique. Le directeur de la maison d’arrêt semble accepter et légitimer toute forme de pression (violence morale et/ou physique) à l’égard d’Itziar Moreno et d’Ohiana Garmendia.

Les proches et amis d’Itziar et d’Ohiana sont inquiets et écoeurés d’être témoins de traitement inhumain dont elles sont victimes. Nous dénonçons la violence du personnel pénitentiaire et la permissivité de M. Champion, directeur de la maison d’arrêt face à une telle maltraitance. Cela nous amène à penser que les attaques à leur égard sont sans fin et d’une virulence de plus en plus grande. 

Ça suffit ! Laissez Itziar et Ohiana tranquilles ! Laissez les prisonnier/es politiques tranquilles ! Plus d’agression envers nos proches ! Prisonnier/es basques au Pays Basque !

Indymedia Paris-IDF, 20 février 2012

Lettre de Mara Kanté, l’un des 42 engeôlés de Villiers-le-Bel innocenté après 29 mois de taule


SARCELLES, le 22 JANVIER 2011. Interpellé il y a 4 ans jour pour jour suite aux émeutes de Villiers-le-Bel, Mara Kanté, innocent, a perdu 2 ans de sa vie en détention.

SARCELLES, le 22 JANVIER 2011. Interpellé il y a 4 ans jour pour jour suite aux émeutes de Villiers-le-Bel, Mara Kanté, innocent, a perdu 2 ans de sa vie en détention.

VERBATIM : la lettre envoyée au président

Monsieur le président,

J’ai l’honneur de vous adresser la présente, les questions que je me pose justifient qu’elles soient posées au Président de tous les Français.

Je m’appelle Mara KANTE, je suis le fils de Boubou KANTE qui a travaillé pour vous lorsque vous étiez Maire de Neuilly-sur-Seine, et qui a été décoré deux fois par la ville, j’ai 25 ans et j’ai été victime d’une terrible erreur judiciaire, qui a complétement détruit ma vie et celle de ma famille.

Le 23 février 2008, j’étais mis en examen pour tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique et placé sous mandat de dépôt criminel, alors même que je clamais mon innocence.
Je n’avais jusqu’alors jamais eu affaire ni à la police ni à la justice, j’avais 20 ans et je pensais avoir un bel avenir devant moi.

Parce qu’il s’agissait des émeutes de Villiers-le-Bel, ma famille a été piétinée, ma maison saccagée.
Parce qu’il s’agissait des émeutes de Villiers-le-Bel, j’ai été écroué à la maison d’arrêt de Fresnes et placé en isolement médiatique pendant 11 mois.
Comme cela ne suffisait pas, j’ai ensuite été transféré à la maison d’arrêt de Villepinte en tant que détenu particulièrement surveillé, et ce pendant 19 mois et un 1 à la maison d’arrêt d’Osny. Dans les trois cas toute activité m’était interdite formation, école, travail, sport en groupe,
J’ai eu beau continuer à clamer mon innocence, à dire que le dossier contre moi était vide, je perdais pourtant des années précieuses en détention.

J’étais finalement renvoyé devant la Cour d’Assises, une première fois en 2010, où alors que le dossier apparaissait encore plus vide, le Procureur demandait 15 ans contre moi et que j’étais finalement acquitté des tentatives de meurtre mais condamné à la peine de trois années d’emprisonnement pour détention, port et transport d’armes de 1ere et 4eme catégorie correspondant quasiment jour pour jour au temps que je venais de passer en prison. Faits pour les quels je clamais mon innocence,

Le Parquet, pourtant, relevait appel de cette condamnation et j’étais jugé une seconde fois en 2011, où cette fois-ci, la souveraineté populaire décidait de m’acquitter sur l’ensemble des faits qui m’étaient reprochés.
C’est peut être en homme libre que je sortais de la Cour d’Assises des Hauts de Seine le 21 octobre 2011, mais en homme amère que je vis aujourd’hui.

Depuis cette terrible affaire, je n’avance plus dans la vie.

J’avais 20 ans quand j’ai été enfermé comme un animal, n’ayant que ma voix, alors inaudible, pour crier haut et fort, du fond de mon trou, en vain, mon innocence.
Je n’ai pas été entendu.

J’avais 20 ans et j’aspirais à vivre de ce que je savais faire de mieux, le football, et on me disait talentueux.
Trois années passées derrière les barreaux ont mis un terme à ce rêve, ont mis à mal tous mes espoirs, je ne serai jamais footballeur.

Je dois aujourd’hui réapprendre à vivre alors que mon nom fait peur, mon origine fait peur, l’histoire que je traine comme un boulet fait peur.
Je dois réapprendre à vivre, alors que ma jeunesse a été volée, que ma liberté m’a été volée, que ni mon égalité ni ma fraternité n’ont été respectées.
Chaque jour est un dur combat pour subvenir à mes besoins.

Je suis fier d’être français, fier d’être de Villiers-le-Bel, fier d’être noir.
La seule chose qu’il me reste aujourd’hui est ma détermination;

Parce que vous êtes le Président de tous les Français, je m’adresse à vous pour savoir ce que mon pays fait face à cette situation, ce que le Président de tous les Français peut dire à un jeune homme comme moi, brisé par une machine judiciaire aveugle, sourde, et toujours irresponsable, ce que le Président de tous les Français peut faire pour un jeune homme comme moi, ce que le Président de tous les Français peut faire pour éviter que des hommes comme moi, vivent ce que j’ai vécu, et perdent tout comme j’ai tout perdu.

Tiré d’un article du Parisien du 18 février 2012

[Sénégal] Wade dégage : nouveaux affrontements avec les flics

Sénégal: nouvelles violences à Dakar à une semaine de la présidentielle

A une semaine du 1er tour de la présidentielle, la tension restait vive au Sénégal où de nouveaux affrontements ont eu lieu dimanche à Dakar après deux jours de violences (une vingtaine de blessés) liées à la contestation de la candidature du chef de l’Etat sortant Abdoulaye Wade.

De mardi à samedi, toutes les tentatives des opposants de manifester pour le retrait de la candidature de Wade au scrutin du 26 février ont été réprimées violemment. Aucune manifestation n’avait été programmée dimanche.

Mais un rassemblement devant une mosquée de la capitale à l’intérieur de laquelle un policier avait lancé des grenades lacrymogènes pendant les violences de vendredi, a dégénéré en affrontements avec des policiers.

Un millier d’adeptes de la confrérie des Tidianes s’étaient rassemblés devant cette mosquée, la Zawiya El Hadj Malick Sy, rassemblement prévu d’avance, mais survenant deux jours après ce qui est considéré par les Tidianes comme « une profanation ».

Les fidèles, priant agenouillés devant la mosquée, ont été rejoints par des leaders du Mouvement du 23 juin (M23, coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile) qui a appelé aux manifestations interdites, ainsi que par le célèbre chanteur Youssou Ndour, également opposant.

Le rassemblement se déroulait dans le calme, mais, selon des témoins, la venue d’une personnalité considérée comme proche du pouvoir dont le nom n’a pas été précisé, a mis en colère des fidèles auxquels se sont joints des jeunes du quartier.

Plusieurs centaines d’entre eux alors ont lancé des pierres sur des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

L’un des manifestants a lancé un cocktail molotov sur une voiture de police qui a commencé à prendre feu.

Une journaliste de l’AFP a vu un homme touché par une balle en caoutchouc emmené inconscient par des secouristes.

Les manifestants ont également mis le feu à des planches en bois et des détritus sur l’avenue Lamine Guèye, au coeur de Dakar, où est située la mosquée.

Wade doit s’en aller

Les forces de sécurité, qui semblaient à un moment manquer de munitions alors que les manifestants s’approchaient de l’avenue de la République qui mène au Palais présidentiel, ont eux-mêmes lancé des pierres contre les manifestants avant de recevoir du renfort.

Les passants et commerçants de l’avenue se sont déclarés « choqués » que de tels incidents se produisent près d’un lieu de culte. « Wade doit s’en aller, c’est la seule solution », a dit un de ces commerçants.

Ces nouvelles violences sont survenues au 6ème jour de tentatives d’opposants de participer à des manifestations interdites contre la nouvelle candidature de M. Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, à la présidentielle du 26 février.

Ces tentatives ont été réprimées par les forces de l’ordre, les violences culminant vendredi et samedi, faisant une vingtaine de blessés.

Au total, cinq personnes ont été tuées depuis la validation le 27 janvier de la candidature d’Abdoulaye Wade par le Conseil constitutionnel.

La « profanation » de la mosquée de Dakar, une première depuis le début de la contestation, a exacerbé les tensions dans la capitale et d’autres villes. Elle a profondément choqué les Tidianes, qui, avec les Mourides, font partie des confréries les plus influentes du Sénégal, pays à 95% musulman.

Des manifestations de colère ont eu lieu à Tivaouane (ouest), une des villes saintes des Tidianes, où la mairie tenue par un membre du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), a été saccagée et incendiée.

Un jeune est mort après avoir été blessé vendredi soir à Kaolack (ouest) lors d’une manifestation organisée pour protester contre la « profanation » de Dakar.

Elu en 2000, réélu en 2007, M. Wade, candidat à sa propre succession, se dit sûr de l’emporter au premier tour et mène sa campagne tambour battant depuis deux semaines, sillonnant le pays.

Le M23 estime qu’il a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, ce que contestent les partisans du président qui soulignent que des réformes de la Constitution lui donnent le droit de se représenter.

C’est dans ce climat tendu que quelque 23.000 militaires et paramilitaires ont voté samedi et dimanche.

AFP, 19 février 2012