Archives de catégorie : Répression

[Londres] Dénonce ton voisin bizarre à la police anti-terroriste!

Dénonce ton voisin bizarre à la police anti-terroriste!

La police métropolitaine de Londres fait appel à la délation publique contre les terroristes cachés un peu partout, en particulier parce qu’elle craint pour les Jeux Olympiques de cet été et la paix des affaires. Elle s’imagine en gardienne toute puissante (‘total policing’ dit-elle). Espérons que ce tigre en papier soit noyé sous la masse des appels bidon !

La police londonienne a lancé ce lundi sa campagne anti-terroriste qui doit durer au minimum quatre semaines. Son nom : ’It’s Probably Nothing, But…’ (Ce n’est probablement rien, mais…). Elle consiste en des publicités dans la presse locale et des minorités ethniques, ainsi qu’en un spot radio. Des tracts vont également être distribués dans 1,4 millions de domiciles londoniens.

Stuart Osborne, coordinateur national de l’anti-terrorisme a affirmé ce qui suit : ” La menace terroriste pour Londres et la Grande-Bretagne demeure réelle. Nous, à la police de Londres, avons un rôle clé pour contrecarrer cette menace, qu’elle provienne de groupes inspirés par Al-Quaïda ou de groupes républicains dissidents irlandais – mais nous ne pouvons jouer ce rôle qu’avec le soutien de toutes nos communautés. Les terroristes vivent parmi nous. Nous voulons que vous nous disiez tout ce que vous voyez qui ne vous semble pas comme d’habitude dans vos vies quotidiennes. Nous savons qu’il se peut que vous soyez inquiets à l’idée de parler à la police, peut-être parce que vos amis ou votre famille pourrait le découvrir. Mais peut-être bien que vous avez des renseignements qui pourraient sauver des vies.

Nous préférons recevoir beaucoup d’appels passés en toute bonne foi qui ne donnent pas d’éléments intéressants que de ne rien recevoir du tout. Ne pas passer ce coup de téléphone pourrait nous faire manquer une information vitale. Notre priorité, c’est la sécurité du public, chose que nous ne pouvons garantir qu’avec votre concours. Faites confiance à vos instincts. Appelez la hotline confidentielle au 0800 789 321.”

Source : http://content.met.police.uk/News/Its-probably-nothing-but-counterterrorism-campaign-launched-in-London/1400006601533/1257246741786

Libération irlande, 16 février 2012

[Dakar] Nouvelle manifestation, nouvelle répression

Manifestation interdite au Sénégal: une dizaine de blessés dans des violences à Dakar

Une dizaine de personnes dont un policier ont été blessées vendredi dans des violences qui ont éclaté à Dakar lors de la dispersion de groupes de jeunes opposants qui tentaient de participer à une manifestation interdite contre un nouveau mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade.

La police arrête Kilifeu (c) l'un des membres du membre du célèbre mouvement citoyen "Y'en a Marre" le 16 février à Dakar

La police arrête Kilifeu (c) l’un des membres du membre du célèbre mouvement citoyen « Y’en a Marre » le 16 février à Dakar

Pour la quatrième journée consécutive, l’opposition avait appelé à manifester « massivement » dans le centre de Dakar contre la candidature à la présidentielle du 26 février de M. Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 2000, candidature qu’elle juge anticonstitutionnelle.

Tous les accès à la place de l’Indépendance où devait avoir lieu le rassemblement avaient été bloqués et l’esplanade était désertée, à l’exception de policiers à pied ou à bord de véhicules, dont des pick-up, un blindé et un camion anti-émeute.

Très vite, dans les rues et avenues adjacentes, de petits groupes de jeunes, au départ des dizaines, puis des centaines, ont affronté à coups de pierre les forces de sécurité qui ont riposté avec des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Des jeunes ont mis le feu à des barricades de pneus, poubelles et détritus avant d’être dispersés par les policiers.

Une foule entourant le chanteur et opposant Youssou Ndour a été prise à partie par des policiers. A un moment, son véhicule, entouré par la foule, s’est arrêté près d’un pick-up de policiers et le chanteur a fait mine de descendre. « Dégagez moi ça, dégagez moi ça! », a crié un policier.

Des grenades lacrymogènes ont alors été tirées par la police sur la foule qui a riposté avec des pierres. Un policier a été touché à l’arrière la tête.

Pendant ces incidents, un journaliste de l’AFP a vu un autre policier sortir son pistolet de service et ouvrir le feu. Il a ensuite récupéré une douille de 9 mm au sol ainsi qu’une balle non percutée.

La tension semblait retomber quand une Grenade lacrymogène a été lancée dans une mosquée du quartier du Plateau (centre-ville), proche du marché Sandaga, provoquant la colère de centaines de fidèles, de jeunes et de badauds qui se trouvaient à proximité.

De 200 à 300 personnes excédées criaient « Allahou akhbar (Dieu est grand) » ou encore, à l’adresse des policiers: « Vous dépassez les bornes ».

Plusieurs centaines de fidèles ont entamé un sit-in devant la mosquée où s’est produit l’incident.

Parallèlement, des affrontements opposaient des manifestants qui lançaient des pierres aux policiers ripostant avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes et un canon à eau.

Des hommes en civil armés de fusils à pompe circulaient à bord de véhicules 4X4 noirs banalisés pour pourchasser les manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP. Certains avaient le visage couvert d’une cagoule noire.

Ces violences ont fait, outre le policier, une dizaine de blessés parmi lesquels deux Occidentaux, dont un reporte-photographe, légèrement touché au Bras, selon des Journalistes de l’AFP. Une journaliste du quotidien privé L’Observateur, Sophie Barro, a également été blessée, selon son témoignage à l’AFP et Reporters sans frontières (RSF).

Un journaliste de l’AFP a vu en début de soirée deux personnes blessées et inconscientes évacuées sur des civières. Des ambulances circulaient sirènes hurlantes dans le quartier de la mosquée.

Trois candidats à la présidentielle membres du Mouvement du 23 juin (M23, opposition et société civile) qui avait appelé à manifester, ont tenté de se rendre Place de l’Indépendance, mais ont été refoulés: l’ex-ministre des Affaires étrangères Ibrahima Fall, le maire Cheikh Bamba Dièye et l’ex-Premier ministre Idrissa Seck. M. Dièye a été brièvement interpellé par les policiers.

Comme pour toutes ses autres manifestations, le M23 a assuré avoir fait toutes les démarches « en bonne et due forme ». Les manifestations dans le quartier administratif et des affaires du Plateau à Dakar, où sont situés la Place de l’Indépendance et le Palais présidentiel, sont interdites depuis juillet.

Abdoulaye Wade brigue un troisième mandat à la présidentielle face à 13 candidats d’opposition. Le M23 estime que M. Wade a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, validée et confirmée fin janvier par le Conseil constitutionnel.

Quatre personnes ont été tuées en cinq jours dans les manifestations de mécontentement qui ont suivi la décision du Conseil constitutionnel.

AFP, 17 février 2012

[Grèce] Répression

Détention préventive pour les manifestants du 12 février

Le 16 février 2012, quelques jours seulement après les manifestations sans précédent contre le second mémorandum et les émeutes importantes à Athènes et dans d’autres villes grecques, les “enquêteurs” sous les ordres de leurs supérieurs politiques – qui sont manifestement en panique – ont diffusé des photographies et des détails sur des manifestants (quatre natifs et un immigré) qui faisaient partie des arrêtés du 12 février à Athènes. Par ailleurs les flics ont demandé une fois encore à d’autres citoyens de devenir des balances bien disposées.

L’État a aussi fait circuler des photos des rues (clichés de la manifestation à Athènes), demandant à des rats potentiels de fournir des témoignages anonymes sur des “suspects coupables”. Les photos ont été publiées au départ sur le site officiel de la police grecque, puis reprises sur différents blogs affiliés à la police, tout comme dans la plupart des entreprises de merde de média de la déception – le site de la police grecque était en panne plus tôt, à cause paraît-il d’une autre action en ligne des Anonymous.

Les têtes des protestataires sont exposées publiquement avant le procès. En d’autres mots, et selon la loi terroriste étendue, ils sont jugés coupables dès le début. Peu après la diffusion de ces photos, de nouveaux chefs d’inculpation ont été ajoutés pour quatre d’entre-eux, ainsi la mise en examen est unifiée, et le juge “impartial” et le procureur ont ordonné leur détention préventive.

Ceci ne nous surprend pas. C’est une autre mesure exemplaire de ce système, une tentative de tous nous terroriser, une manifestation flagrante de force des autorités politiques-policières-judiciaires-médiatiques, dans le contexte de la Junte Grecque Moderne. Nos camarades sont détenus sans se préoccuper de “preuves flagrantes” car ils ont prouvé leur dignité et pris la rue contre les mesures esclavagistes. Notre rage est au-delà du contrôle de l’État. Nos camarades ne seront pas laissés seuls. Un gouvernement manquant complètement de légitimité sociale ou même “constitutionnelle”, menace de tous nous écraser. Mais le consensus social s’est effondré. Nous sommes en guerre.

Liberté immédiate pour tous les arrêtés et acquittement de tous ceux poursuivis après les protestations nationales! Aucune tolérance pour les assassins en uniforme et les mercenaires de l’État!

Attaque incendiaire pour toutes les cibles relatives à la Grèce (ambassades, consulats, etc.) et pour tous les mausolées du Capital. Soutenez-nous maintenant! Agissez maintenant!

LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME !

Vu sur Contra Info, 17 février 2012

 

[Chroniques grecques] N° 9 : L’ombre du régime fasciste

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1329490152.png« Qvec 400€, tu ne vis pas, tu te soulèves… »

Depuis la nuit insurrectionnelle du 12 février à Athènes, la parole et l’action se libèrent à toutes les échelles : on ne compte plus les textes et témoignages, à Athènes surtout mais également des autres villes, de prises de positions par des syndicalistes « classiques » et autres « citoyens » en faveur et hommage aux combattants anarchistes révolutionnaires qui prennent une influence considérable dans la complicité populaire. Des textes parfois très courts, d’un seul paragraphe, comme celui-ci :

Une personne merveilleuse … elle  te tient la main, elle t’aide, elle te parle pour ne pas que tu aies peur, elle chante, elle crie ; pendant que les gaz lacrymo tombent autour de toi, elle te soulève quand tu tombes, elle te guide quand tu es aveuglé ; elle recule et elle se regroupe, et encore une fois elle crie, elle chante jusqu’à tard le soir où l’attaque s’est faite de tous les moyens… une personne merveilleuse.

Ou bien des textes et témoignages de prises de position plus conséquents tels que ceux-ci :

http://www.wikistrike.com/article-temoignage-la-verite-sur-la-nuit-de-violence-du-12-fevrier-en-grece-99337552.html

ou encore http://fr.contrainfo.espiv.net/2012/02/16/grece-pour-etendre-la-revolte/, et bien d’autres encore.

Mais cela va dans les deux sens de la guerre sociale, et autant d’articles prennent violemment position contre les « casseurs envoyés et téléguidés par le gouvernement et la police », délires staliniens qui se partagent également dans l’inconscient populaire, mais, il nous semble, à bien moindre échelle et d’une bien moindre portée. Toutefois, la guerre contre les ennemis staliniens va s’intensifier.

Les combattants de Grèce sont également très attentifs aux mouvements et actions de solidarité par-delà l’Europe avec la révolte grecque, à Madrid, Lisbonne, Bruxelles, Francfort, Lyon, Paris, Copenhague, etc.

L’heure est à l’internationalisme actif dans la guerre de classes, et au renforcement de cette « Internationale Invisible des combattants sans chefs » par-delà et contre les frontières (cela va de nouveau faire cogiter un peu le délire d’Etat sur une prétendue organisation internationale figée). Plusieurs appels et communiqués importants circulent déjà dans cette perspective ouverte dont voici un des plus influents : http://www.humanite.fr/monde/lappel-de-mikis-theodorakis-les-banques-rameneront-le-fascisme-en-europe-483044.

Sur la situation en Grèce même, quasiment toutes les occupations dont les plus cruciales tiennent toujours, et de nouvelles éclosent chaque jour, tandis que les actions directes incendiaires contre les banques reprennent dans plusieurs villes (Contra Info fait de bons rapports réguliers et détaillés sur la question).

Cependant, l’Etat contre-attaque.

Des condamnations éclair ont déjà été prononcées contre des dizaines de camarades. Mercredi 15 février au soir, d’après un article sur Indy Athens, une dizaines d’escadrons de MAT appuyés par une colonne de voltigeurs Delta ont attaqué directement au cœur d’Exarchia provoquant quelques affrontements avant qu’ils évacuent la position. Stratégie de la terreur.

Si d’innombrables « petites » manifs de quartiers et locales sont quotidiennes avec des actions directes désormais systématiques, il n’y a plus d’appel de grande envergure. Nous traversons une période difficile, pleine de pièges et de fausses annonces. Ainsi, les syndicats ont appelé à manifester à Syntagma pour dimanche matin, mais tous les combattants savent bien qu’ils vont se retrouver à 200, que cela va durer une demie-heure avec surtout la fonction de contrôler et arrêter tout « élément casseur ou anarchiste suspect ».

Par ailleurs, de sévères mesures et décrets à effet immédiat limitant le droit de manifester au centre-ville d’Athènes commencent à émerger. D’où à nouveau, de nouvelles perspectives révolutionnaires, certainement moins spectaculaires que le soir du 12 février, mais qui s’intensifient, à l’échelle locale des quartiers. Ce que l’Etat ne peut que très difficilement contenir, de même pour les staliniens. La lutte continue donc, c’est une évidence, et ne s’est aucunement interrompue depuis le 12 février, mais plus profonde, plus directe, plus généralisée dans les quartiers.

Simultanément, la Troïka annonce que ce plan de rigueur « enfin adopté », cela ne suffira finalement pas et commence à admettre officiellement l’exclusion économique et politique de la Grèce de la zone euro, abandonnée aux forces spéciales de contre-insurrection et à un régime qui se durcit. Ainsi, le PASOK (PS), le ministre de l’économie et des finances grec, et quelques membres du LAOS (parti néonazi) commencent à soutenir la nécessité de maintenir le pouvoir en place jusqu’à 2013 et d’annuler les promesses d’élections pour avril (également sous la pression des ministres des finances européens). Confusion qui va de pair avec l’évidence du chaos de mars en Grèce, avec la mise en faillite, la mise sous tutelle colonialiste par l’Allemagne et l’exclusion de l’UE.

Par ailleurs, quelques annonces sciemment confuses mais toutefois inquiétantes commencent à éclore quant à une éventuelle participation active des forces maritimes, aériennes et terrestres de l’armée grecque dans la très prochaine guerre contre l’Iran par les USA et Israël. Les ombres de la guerre impérialiste et du fascisme comme garantes de l’unité nationale bourgeoise se précisent.

Voici le détaillé du dernier décret sur un article d’Indy Athens :

changer la loi pour organiser des manifestations dans le plan de centre-ville, selon les rapports, le gouvernement à la suite de ce qui a été dit lors de la réunion largement lieu ce soir à la Maison-Blanche Maximos dans le Premier ministre sur les actes de vandalisme récent.

– Toute personne qui veut protester aujourd’hui dans le centre-ville devrait demander la permission écrite de la police et les autorités municipales, cinq jours avant de procéder à la démonstration.

– N’importe qui peut remplir la commande et la sauvegarde de la manifestation organisée à travailler avec la police et celui de chercher, avec une compensation, d’autres mesures de sauvegarde. Sinon, pour tout dommage aux biens publics et privés assume l’entière responsabilité d’indemnisation. Si l’organisateur a demandé des mesures supplémentaires de sauvegarde et pertes a eu lieu, la responsabilité pour les dommages subis par la police.

– Tous les protestations autres que ceux détenus par les grèves dans tout le pays GSEE et l’ADEDY, le chemin de la Journée de l’Université et doit nécessairement occuper une voie. Sinon, les chemins d’accès dans le centre commercial d’Athènes n’est pas autorisé.

Situation difficile.

***

Communiqué et prise de position de l’Union Syndicale Solidaires

Pour conclure, quelques nouvelles vidéos saisissantes de la nuit insurrectionnelle du 12 février à Athènes :

> Les porcs ramassent. ACAB

> Combattants et masse populaire qui chargent les lignes ennemies

> Combattants à l’avant, qui attaquent la flicaille, la masse populaire en soutien qui charge

> Zone de front, les combattants des premières lignes

> Combattants, peuple et barricades enflammées

Jeudi 16 février 2012.

Vu sur le Jura Libertaire, 17 février 2012

Les faucheurs d’OGM condamnés se pourvoient en cassation

Maïs OGM: condamnés en appel, Bové et 7 faucheurs vont en cassation

Les huit « faucheurs volontaires », dont l’eurodéputé EELV José Bové, relaxés en première instance mais condamnés jeudi en appel à Poitiers pour le fauchage de deux parcelles de maïs OGM Monsanto en 2008, vont se pourvoir en cassation, a-t-on appris auprès de M. Bové.

« L’ensemble des condamnés, réunis (vendredi) en début d’après-midi avec leurs avocats, ont décidé à l’unanimité de se pourvoir en cassation », a indiqué à l’AFP l’élu écologiste.

« La volte-face de la cour d’appel par rapport au jugement de première instance nécessite d’aller en cassation », a-t-il déclaré.

Relaxés en juin dernier par le tribunal correctionnel de Poitiers, les huit faucheurs ont été condamnés jeudi par la cour d’appel de Poitiers pour le fauchage de deux champs d’essais de maïs OGM Monsanto MON810/NK603, le 15 août 2008 à Civaux et Valdivienne (Vienne).

Déjà condamnés pour des faits similaires, trois prévenus se sont vu infliger 100 jours-amende à 6 euros, M. Bové écopant de 200 jours-amende à 6 euros.

Les cinq autres faucheurs ont été condamnés à des amendes allant de 300 à 600 euros, chaque fois assorties de sursis.

Les huit prévenus devront en outre verser solidairement plus 135.700 euros au semencier américain Monsanto et 38.000 euros à l’agriculteur propriétaire des parcelles détruites, au titre des préjudices matériel et moral.

Dans son arrêt, la cour d’appel a requalifié les faits en « Destruction d’une parcelle de culture autorisée », alors que le tribunal correctionnel de Poitiers avait prononcé une relaxe générale, considérant que le parquet n’avait pas visé le bon article de loi.

Ce dossier est le dernier mettant en cause des « faucheurs volontaires » de maïs OGM depuis le début de la campagne de fauchages initiée en 1997.

AFP, 17 février 2012

[Vietnam] Grogne paysanne contre les expropriations

Vietnam: la tension monte autour des expropriations de terres

Les expropriations de terres sont sources de tensions depuis des décennies au Vietnam, mais la température est brusquement montée d’un cran depuis qu’un paysan s’est barricadé dans sa maison, avec mines et arme à feu, pour tenir tête aux forces de l’ordre.

Les ruines de la ferme du pisciculteur Doan Van Vuon, dans le distrcit de Tien Lang au Vietnam, le 10 février 2012

Doan Van Vuon et sa famille ont blessé quatre policiers et deux soldats dans des affrontements en janvier, depuis lesquels il est détenu avec trois autres personnes.

Mais ce rarissime acte de rébellion lui a apporté le soutien qu’il espérait le moins: l’autoritaire Premier ministre du régime communiste.

La semaine dernière, Nguyen Tan Dung a en effet promis des sanctions contre des responsables locaux corrompus, jugeant « illégale » l’éviction forcée du pisciculteur et la Destruction de sa maison.

La preuve, selon les experts, que le pouvoir redoute le caractère explosif du dossier, dont on trouve des avatars dans toutes les provinces du pays et derrière lequel fleurit la corruption et l’abus de pouvoir.

Le régime a entamé à la fin des années 80 une difficile transition vers l’économie de marché. Et depuis 1993, les Vietnamiens ont le droit d’acquérir pour vingt ans un « droit d’usage de la terre », qui demeure de facto propriété de l’Etat.

Des millions de paysans sont depuis, comme Vuon, à la merci des responsables locaux, qui peuvent récupérer des terrains au nom du très vague « intérêt public », puissant terreau pour la distribution d’enveloppes bien remplies.

Le dossier du pisciculteur de Haiphong Nord) constitue le « paradigme de tout ce qui ne va pas avec le système foncier » vietnamien, estime David Brown, diplomate américain à la retraite et spécialiste de la région.

Plus de 70% des plaintes déposées contre les pouvoirs locaux dans le pays sont liés à des litiges fonciers, et la crise ne peut qu’empirer en 2013, lorsque des millions de baux vont arriver à terme.

« Ce dossier est fondamentalement une question de survie pour le régime », ajoute-t-il.

Ni un amendement constitutionnel qui légaliserait la propriété privée de la terre, ni une refonte profonde du droit foncier ne sont envisageables à court terme, relève de son côté Carl Thayer, expert du Vietnam à l’université de New South Wales en Australie.

« Il s’agit là d’un dossier explosif qui peut diviser le pays. On n’imagine pas beaucoup de gens prendre les armes mais il y a eu des incidents violents, des bureaux de districts brûlés, des gens qui se déplacent en groupe à Hanoï ».

En 1997, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans la province de Thai Binh Nord) après un scandale foncier. Des commissariats de police avaient été attaqués et des bâtiments publics incendiés. Un souvenir « qui pèsera dans l’esprit de tout le monde », assure le chercheur.

Ces dernières années, de nombreuses manifestations ont été organisées dans les grandes villes du pays sur des dossiers similaires. En 2007, ils étaient des milliers à Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud) à dénoncer la saisie de terres pour faire place à un centre commercial.

Nguyen Tan Dung a admis vendredi que la législation était « vague, parfois même contradictoire ». Il a demandé à la justice d’accorder des circonstances atténuantes à Vuon qui, selon des sources officielles locales, récupérera son terrain.

En attendant, deux fonctionnaires locaux ont été démis de leurs fonctions mais les villageois sont en colère. « Les autorités avaient tort mais c’est la famille de Vuon qui est accusée, » relève une paysanne de 50 ans résumant, sous couvert de l’anonymat, l’opinion générale.

Un voisin espère que la cour saura être magnanime. »Vuon n’avait rien à perdre. Et vraiment, nous sommes tous dans la même situation. Pourquoi l’ont-ils traité comme ça ? ».

AFP, 17 février 2012