Archives de catégorie : Répression

[Poitiers] Le conseil général baisse l’aide au retour à l’emploi

L’aide au retour à l’emploi en baisse

Premier vice-président du conseil général en charge des affaires sociales, Bruno Belin a proposé hier matin lors de la commission permanente, de modifier le montant maximum de l’aide personnalisée de retour à l’emploi à destination des bénéficiaires du RSA. Elle passe ainsi de 1.500 à 1.000 €. Ces aides sont généralement accordées pour des questions de mobilité, de réparation de voiture, vestimentaires, etc., avec un montant moyen de 667 €. « On a un recul des crédits d’État, a expliqué M. Belin pour justifier cette baisse. Il y a pour nous la nécessité de pouvoir continuer à faire fonctionner le dispositif. » Les crédits alloués par l’État pour 2012 sont de 600.000 € alors que la dépense engagée par le Département en 2011 a été de 900.000 €. Pour le chef de file de l’opposition Jean-Daniel Blusseau, « on est là dans les travaux pratiques et dans les conséquences du désengagement de l’État. Nous sommes en complet désaccord avec cette décision. » « Dans le contexte actuel, il n’est pas question de laisser tomber les bénéficiaires du RSA », a déclaré le président Claude Bertaud. Devant ses assurances de revoir la question après discussion avec les services de l’État et de jouer sur les aides exceptionnelles pour les familles et les personnes en difficulté, l’opposition s’est finalement abstenue.

Nouvelle République, 28 janvier 2012

[Poitiers] Solidarité avec une famille expulsable

Un comité pour soutenir Hamlet et Varduhi

Parents et enseignants de Jean-Mermoz hier devant l'école.

 

Parents et enseignants de Jean-Mermoz hier devant l’école.

 

L’heure de la mobilisation a sonné depuis hier à Bel-Air. A 16 heures, une cinquantaine de personnes – parents d’élèves, enseignants et associations (*) – s’est regroupée devant le parvis de l’école Jean-Mermoz, en soutien à une famille d’origine biélorusse, désormais menacée d’expulsion.

« On leur demande de quitter le territoire et leur logement le 31 janvier, résument scandalisées, Pascale et Stéphanie, membres du comité. Hamlet, 9 ans et sa sœur Varduhi, 6 ans, sont de très bons élèves. Les parents sont francophones, très bien intégrés dans le quartier. Opposants politiques, ils sont en danger dans leur pays, une dictature. Ce n’est pas possible qu’une famille comme ça puisse être expulsée. On les soutient à 100 % ». Selon le comité (**), l’état de santé de la petite fille et de sa maman nécessiterait en outre d’importants soins médicaux. Ce dernier s’est déjà chargé de trouver un nouveau logement à la famille et engagé une collecte. D’autres actions de soutien sont à venir, tels que des rassemblements réguliers et des concerts.

(*) Resf, le Toit du monde, Secours catholique, Secours populaire.
(**) Pour joindre le comité :
comitedebelair@hotmail.fr

Nouvelle République, J.-M.G., 28 janvier 2012

[Notre-Dame des Landes] Visite chahutée du président du TGI

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : visite chahutée du président du TGI

 AFP, 24/01/2012

 La visite d’évaluation des parcelles expropriables du futur aéroport de Nantes par le président du tribunal de grande instance (TGI) de Nantes, Jean-Maurice Beaufrère, a été chahutée mardi 24 janvier 2012 par près d’une centaine d’opposants.

M. Beaufrère, nommé juge de l’expropriation pour ce projet qui touchera 1.600 hectares directement et indirectement, devait se rendre sur des parcelles susceptibles d’être expropriées pour évaluer leur valeur. Arrivé dans un convoi d’une dizaine de voitures de gendarmerie ainsi que quatre camions de transports de troupe et plusieurs 4×4, le juge a été accueilli par près d’une centaine de manifestants scandant : « non a l’aéroport ».

 Expropriation – Dans une cohue houleuse, il a d’abord rencontré les propriétaires concernés. Mais il n’a pu se rendre en voiture sur les premières parcelles, le convoi ayant été bloqué par un barrage de branches puis par des militants couchés sur la route. La visite s’est alors effectuée à pied, entourée d’un important service d’ordre, précédé et suivi de manifestants tentant de ralentir ou d’arrêter le progression du juge.

 Les mêmes scènes se sont répétées à plusieurs reprises, le juge ayant une dizaine de parcelles à visiter. Les gendarmes ont fait usage à une reprise des gazs lacrymogènes.

 Procédure – Une dizaine de transports de justice de ce type doivent avoir lieu d’ici l’été pour visiter les parcelles, a dit l’un des avocats de propriétaires sur place, Me Erwan Lemoigne. Selon la procédure, lorsqu’un propriétaire n’accepte pas l’offre à l’amiable de l’Etat, le juge de l’expropriation se rend sur place pour évaluer la parcelle avant que n’aie lieu l’audience d’expropriation à proprement parler. L’audience d’expropriation des parcelles visitées mardi aura lieu le 15 février. Une procédure similaire s’appliquera aux exploitants agricoles.

 Opposition hétérogène – Confiée par l’Etat au groupe Vinci, la construction de l’aéroport doit débuter en 2014 et se terminer en 2017. S’y opposent des agriculteurs locaux, les écologistes et des militants anarchistes ou alternatifs. L’un des dirigeants de l’ACIPA, principale organisation d’opposants, Dominique Fresneau a ainsi déclaré au juge Beaufrère que sa visite d’expropriation était « prématurée » car « l’aéroport ne se fera pas ».

 Le groupe Vinci a annoncé le 17 janvier que « les 3/4 de la superficie necessaire à la réalisation du futur aéroport (sont) acquises », que « 27 conventions (ont été) signées sur les 39 exploitations directement concernées ».

Vu sur Brèves du Désordre

[Poitiers] Non à l’expulsion de deux élèves de l’école Jean Mermoz !

CONTRE L’EXPULSION D’UNE FAMILLE ETRANGERE

Depuis deux ans, nous côtoyons deux enfants originaires de Biélorussie. Ces deux élèves, assidus, très bien intégrés à l’école et dans le quartier, sont appréciés de tous. Leurs parents, qui ont pris des cours et parlent maintenant le français, souhaitent rester dans notre pays afin que leurs enfants puissent poursuivre leur scolarité. Nous apprenons, avec sidération et grande inquiétude, qu’ils sont obligés de quitter leur logement le 31 janvier 2012 malgré les rigueurs de l’hiver. D’autant plus, l’état de santé de la petite fille et de la maman nécessite des soins médicaux. L’Obligation de Quitter le Territoire Français ayant été notifiée, la famille tente de la contester pour éviter un retour au pays qui sera suivi de mesures répressives de la part du gouvernement. 

Pour les soutenir, mobilisation le 27/01/2012 à 16h00 sur le parvis de l’école J. Mermoz à Poitiers

Le Comité de Soutien de Bel Air, Poitiers, le 26 janvier 2012

Un rapport accablant sur les contrôles au faciès

[Racisme d’État] Publication d’un rapport de Human Rights Watch sur « les contrôles d’identité abusifs en France »

 

France : Des contrôles d’identité abusifs visent les jeunes issus des minorités

Les abus de pouvoir commis par la police portent préjudice à ses relations avec les minorités.

(Paris, le 26 janvier 2012) – La police  française utilise certains pouvoirs trop étendus dont elle est investie pour procéder à des contrôles d’identité abusifs et non justifiés visant des garçons et de jeunes hommes noirs et arabes, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

Le rapport de 62 pages, intitulé « La base de l’humiliation : Les contrôles d’identité abusifs en France », révèle que les jeunes issus des minorités, dont des enfants n’ayant pas plus de 13 ans, font fréquemment l’objet de contrôles comprenant des interrogatoires prolongés, des palpations portant atteinte à leur intimité, ainsi que des fouilles d’objets personnels. Human Rights Watch a constaté que ces contrôles arbitraires peuvent avoir lieu même en l’absence d’un signe quelconque d’infraction. Les propos insultants, voire racistes, ne sont pas rares, et certains contrôles donnent lieu à un usage excessif de la force par la police.

« Il est choquant que des jeunes noirs et arabes puissent être, et soient, obligés de se mettre contre un mur et soient malmenés par la police en l’absence de réelles preuves d’infraction », a souligné Judith Sunderland, chercheuse senior sur l’Europe occidentale à Human Rights Watch. « Mais en France, si vous êtes jeune et que vous vivez dans certains quartiers, cela fait partie de la vie. »

Le rapport se fonde sur des dizaines d’entretiens réalisés avec des citoyens français appartenant à des groupes minoritaires, dont 31 enfants, à Paris, Lyon et Lille.

La loi française confère à la police de vastes pouvoirs pour effectuer des contrôles d’identité même en l’absence de soupçons d’acte délictueux, entre autres dans des centres de transport et dans tout lieu désigné par un procureur. Ces contrôles ne sont pas systématiquement consignés dans un rapport de police, et les personnes contrôlées ne se voient remettre aucun document écrit expliquant ou rendant compte de la procédure. La plupart des personnes interrogées par Human Rights Watch n’avaient jamais été informées des motifs des nombreux contrôles qu’elles avaient subis. En raison du manque de données enregistrées, il est difficile d’évaluer l’efficacité ou la légalité des contrôles, a affirmé Human Rights Watch.

Les témoignages publiés dans le rapport viennent s’ajouter aux preuves statistiques et autres récits qui indiquent que la police française a recours au profilage ethnique — c’est-à-dire qu’elle prend la décision d’opérer des contrôles en se fondant sur l’apparence, entre autres la race et l’appartenance ethnique, plutôt que sur le comportement réel des personnes ou sur des soupçons raisonnables d’infraction.

Farid A., un jeune de 16 ans habitant Sainte-Geneviève-des-Bois, en région parisienne, a expliqué que lui et cinq amis avaient été contrôlés à trois reprises près de la Tour Eiffel. « On sort du métro, contrôle. On marche 200 mètres, autre contrôle. On marche 200 mètres, et autre contrôle. Il y avait tout le monde, mais ils ont contrôlé que nous. »

Une étude publiée en 2009 par l’Open Society Justice Initiative et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a établi qu’en France, comparativement aux Blancs, les probabilités de contrôle étaient six fois plus élevées pour les Noirs, et près de huit fois plus élevées pour les Arabes. Bon nombre de personnes interrogées par Human Rights Watch étaient convaincues que leur ethnicité, conjuguée à une tenue vestimentaire associée aux banlieues, jouait un rôle important.

« Contrôler les gens à cause de leur couleur de peau revient à gaspiller les ressources de la police et engendre du ressentiment à l’égard des policiers », a fait remarquer Judith Sunderland. « Les opérations de police devraient s’appuyer sur des preuves et des renseignements, pas sur des stéréotypes. »

Lors des contrôles, les jeunes issus des minorités doivent souvent subir des palpations humiliantes et une fouille de leurs objets personnels. Les palpations peuvent porter atteinte à leur intimité — Saïd, un jeune homme de 25 ans de Lyon, nous a confié, « Ils nous touchent de plus en plus les parties intimes » — et bon nombre de jeunes interrogés s’en sont plaints. Les membres des forces de l’ordre justifient les palpations en les présentant comme une mesure de sécurité nécessaire, mais leur utilisation, pourtant systématique, n’est pas clairement réglementée par la loi française.

Human Rights Watcha également recueilli des témoignages inquiétants de violence lors de contrôles d’identité. Des personnes ont notamment déclaré avoir été giflées, frappées à coups de pied ou visées par une arme à décharge électrique.

Ismaël Y., un jeune de 17 ans habitant en banlieue sud de Paris, a été contrôlé par la police en compagnie d’un groupe d’amis devant la gare de banlieue de Sainte-Geneviève-des-Bois début 2011. « Lorsqu’on était avec les mains contre le mur, je me suis tourné vers lui [le policier qui le fouillait] et il m’a frappé la tête. J’ai dit quelque chose comme “pourquoi vous me frappez”, et il m’a dit “ferme ta gueule, tu veux un coup de gazeuse [lacrymogène] ou quoi ?” »

Le refus d’obtempérer lors d’un contrôle d’identité, ainsi que le fait de poser trop de questions ou de protester contre la manière d’être traité peuvent déboucher sur des plaintes administratives ou pénales telles qu’« outrage à agent ». Cela ajoute une dimension coercitive aux contrôles d’identité et dissuade les gens de faire valoir leurs droits, a expliqué Human Rights Watch.

Yassine, un jeune de 19 ans de Lille, a déclaré que lors d’un contrôle d’identité, des policiers lui avaient asséné des coups de pied après qu’il leur avait prouvé où il avait passé la soirée. Il avait ensuite passé 15 heures en garde à vue pour outrage à agent avant que les charges ne soient abandonnées et qu’il soit libéré.

Les contrôles d’identité abusifs ont un impact profondément négatif sur les relations entre la police et les communautés, a souligné Human Rights Watch. La colère refoulée face aux abus de la police, entre autres face aux contrôles d’identité musclés, a joué un rôle significatif dans les émeutes dont la France a été le théâtre en 2005, et semble être à la base d’innombrables conflits de moindre intensité entre la police et les jeunes des zones urbaines défavorisées partout dans le pays.

Human Rights Watch a fait remarquer que les expériences de contrôles répétés tout au long d’une journée ou le fait d’être choisi pour un contrôle au milieu d’une foule d’autres personnes renforcent le sentiment qu’ont les jeunes issus des minorités d’être pris pour cible.

Le comportement irrespectueux de la police, entre autres l’usage habituel du tutoiement et d’insultes, accentue ce ressentiment. Certaines personnes interrogées en vue du rapport ont déclaré avoir été traitées de « sale bougnoule » ou de « bâtard d’Arabe ». Un jeune de 19 ans habitant Lille a signalé qu’il avait été traité de « sale bougnoule » tant de fois que « ça nous choque plus, c’est normal ». Un garçon de 13 ans d’Évry, en région parisienne, a confié qu’un policier l’avait traité de « sale négro ».

Le droit international et le droit français interdisent la discrimination, l’ingérence injustifiée dans l’exercice du droit à la vie privée, ainsi que les violations de la dignité et du droit à l’intégrité physique. Les normes nationales et internationales exigent également que la police traite les gens avec respect.

Human Rights Watch a appelé le gouvernement français à reconnaître les problèmes posés par les pouvoirs conférés à la police pour les contrôles d’identité, et à adopter les réformes juridiques et politiques nécessaires pour prévenir le profilage ethnique et les mauvais traitements lors des contrôles. Tous les contrôles d’identité et palpations devraient être fondés sur des soupçons raisonnables et individualisés. Toute personne contrôlée devrait se voir remettre une preuve écrite de l’interpellation, reprenant des informations pertinentes telles que ses données personnelles, les noms des agents ayant procédé au contrôle, ainsi que la base juridique de celui-ci.

La police devrait également consigner tous les contrôles dans un registre interne, et le gouvernement devrait publier régulièrement des données ventilées à ce sujet. Toute discrimination de la part de membres des forces de l’ordre devrait être explicitement interdite.

« Franchement, les relations entre la police et les minorités sont déplorables en France, et tout le monde le sait », a conclu Judith Sunderland. « L’adoption de mesures concrètes visant à prévenir les contrôles d’identité abusifs — l’une des principales sources de tension — constituerait un véritable pas en avant et apporterait un réel changement dans la vie quotidienne des gens. »

Témoignages tirés du rapport :

Ouamar C., 13 ans, Paris :
« J’étais avec mes amis assis dans un coin… et ils sont venus nous contrôler. Je n’ai pas parlé car si tu parles, tu es embarqué. Ils ont ouvert ma sacoche. Ils ont aussi cherché sur mon corps. Ça se passe comme ça chaque fois. Ils n’ont rien trouvé sur moi. C’est la première fois que ça se passe devant l’école. Ils disent “Mettez-vous contre le mur”, ils fouillent, à la fin ils disent merci et ils s’en vont… Ça fait peur au début quand on me contrôle. Maintenant je commence à m’habituer. »

Haroun A., 14 ans, Bobigny :
« J’étais dans le centre commercial avec des copains en train de s’amuser. Ils [les policiers] viennent avec leurs armes et ils nous braquent. Il y avait trois policiers. Ils nous ont dit “contrôle d’identité”. Deux avaient dans les mains les flash-balls [armes qui utilisent des balles de caoutchouc]. J’étais avec cinq ou six amis. On ne faisait rien. Tout le temps ils nous contrôlent comme ça. Quand on est en groupe tout de suite ils nous contrôlent. Ils ont demandé si on avait des trucs. Ils nous mettent contre un mur, ils nous fouillent même dans les chaussettes et les chaussures. Ils n’ont rien trouvé. Les papiers ils demandent, mais pas tout le temps. »

Halim B., 17 ans, Lille :
« Le bus s’arrête et la police monte. J’étais assis au fond. C’était à 7h20 du matin. Le bus était rempli… Ils ont désigné un mec et lui ont dit, “tu te lèves et tu descends avec nous”. Je regardais, je croyais que c’était un criminel, et ils m’ont désigné aussi pour descendre. Trois personnes sont descendues, et il y avait deux Arabes sur trois. Le bus était rempli, il y avait plein de monde debout. Il y avait plus de Français [Blancs] dans le bus (…) Les contrôles, ils [les policiers] ont le droit de les faire autant de fois qu’ils veulent mais franchement, j’étais gêné. Je me suis senti comme si j’étais un cambrioleur, un délinquant poursuivi. J’avais peur quand ils m’ont désigné pour descendre. Je me demandais ce que j’avais fait. Quand je suis descendu [du bus], ils ont dit “contrôle, est-ce que vous avez rien d’illicite sur vous, videz vos poches”. Ils ont fouillé mon sac, puis je suis parti. Je suis arrivé un peu en retard à l’école. Franchement, j’étais pas mal habillé ou quoi, j’allais à l’école. »

Communiqué de presse de Human Rights Watch, 26 janvier 2012.