Archives de catégorie : Répression

Pôle Emploi flique les chômeurs, merci la gauche

NdPN : le chômage, c’est la faute aux chômeurs, qui font exprès de rien glander pour s’en mettre plein les poches, c’est bien connu. Heureusement que la « gauche » est là pour protéger l’argent des bons travailleurs, en expérimentant de nouveaux dispositifs de contrôle sur cette plèbe infâme qui ne cesse de se multiplier malgré toute la bonne volonté des patrons et des gouvernants… quant aux fraudes patronales, certes autrement plus conséquentes que les fraudes aux organismes d’aide sociale, on verra plus tard. Il faut savoir y aller pas à pas et savoir rester modeste : c’est aussi cela, être de gauche.

Pôle emploi renforce le contrôle des chômeurs

Une expérimentation a été lancée en Poitou-Charentes par l’établissement qui cherche à améliorer le contrôle des demandeurs d’emploi.

Ils sont des dizaines à entrer dans l’établissement, autant à en sortir. Ce mercredi après-midi, à l’agence Pôle emploi-grand large, aux portes de Poitiers, c’est un balai incessant de demandeurs d’emploi.
Sur presque toutes les lèvres, le même sujet de conversation : cette expérimentation de Pôle emploi – lancée dans la plus grande discrétion en juin 2013 (et mise au grand jour par une déclaration de François Rebsamen, ministre du Travail, mardi matin) et qui devrait prendre fin en décembre – visant à contrôler la recherche d’emploi des chômeurs. Si l’information fait autant réagir à Poitiers c’est parce que la région Poitou-Charentes, avec la Franche-Comté, la Haute-Normandie et PACA, serait au cœur de ce dispositif qui instituerait des équipes dédiées au seul contrôle.

«  Le système présente des failles  »

Élodie, 24 ans, salue cette initiative : « Ceux qui fraudent ne devraient pas avoir droit à l’allocation car ils font perdre énormément d’argent à l’État. » Inscrite depuis 2012, elle affirme que « le système présente des failles, il peut être amélioré ». Ils sont beaucoup à partager son avis : « Il ne faut pas donner de l’argent à ceux qui ne veulent pas travailler, surenchérit Christelle, 49 ans. Je connais des gens dans mon entourage qui profitent du système. »
Sophie, la vingtaine, elle, est plus dubitative : « Comment prouver la bonne foi des demandeurs d’emploi ? » Car c’est là toute la question.
Ces « contrôleurs » de Pôle emploi cibleraient, dans douze agences test réparties sur les quatre régions, des demandeurs d’emploi inscrits depuis plus de trois mois au hasard, pour faire un point sur leurs recherches. « Cela revient à stigmatiser les chômeurs qui sont des gens en détresse », déplore Catherine Giraud de l’UD-CGT.

«  Un service à part  »

Contacté, Pôle emploi Poitou-Charentes ne dément pas l’information et confirme même que cette expérimentation concerne « plusieurs agences » dans « certains bassins d’emploi ». Pôle emploi évoque également la création d’équipes entièrement dédiées à la chasse aux mauvais chômeurs : « C’est un service à part », lâche l’établissement public qui promet de donner les résultats de l’expérimentation lorsque celle-ci « sera terminée ».

Adrien Planchon, Nouvelle République, 4 septembre 2014

Communiqué du « Comité pour Clément » sur la mise en liberté de M. Morillo.

Communiqué du « Comité pour Clément » sur la mise en liberté de M. Morillo.

Nous avons appris ce jour la libération sous contrôle judiciaire de M. Morillo, principal mis en cause dans la mort de notre camarade, Clément Méric.

Rappelons d’abord que la fin d’une détention provisoire ne présage en rien de l’issue d’un procès, et encore moins de l’innocence des mis en examen. En effet, la détention provisoire est une mesure d’exception qui doit être justifiée par les nécessités de l’instruction et cesser dès que possible. Les parties civiles ne se sont d’ailleurs prononcées sur aucune des demandes de remise en liberté, et ce depuis le début de l’affaire.

Qu’il soit bien clair aussi que nous ne prônons pas l’enfermement comme solution, que nous ne le souhaitons à personne ; et surtout que nous ne nous en remettons pas à la justice pour lutter contre l’extrême droite.

Elle a d’ailleurs prouvé son indulgence voire sa bienveillance à l’égard de celle-ci à plusieurs reprises : les assassins de Brahim Bouarram ont été condamnés à des peines de huit mois à un an ferme, un militant qui a tiré sur un concert de soutien aux sans-papiers a été condamné à deux ans de prison en comparution immédiate sans aucune enquête sur les complicités dont il a bénéficié, Serge Ayoub est relaxé de l’assassinat de James Dindoyal et nous pourrions poursuivre cette triste liste.

La libération de M. Morillo ne doit pas faire oublier que les preuves à l’encontre des militants de 3e Voie qui ont agressé Clément sont accablantes. Loin de la présentation qu’en font certains médias qui renvoient deux versions dos à dos, l’enquête a permis de préciser les zones d’ombres des premières semaines. Plusieurs témoins confirment la présence de poings américains dans le groupe de skinheads ainsi que l’appel de renforts par SMS et appels téléphoniques. Les relevés d’appel confirment également le lien direct entre les agresseurs de Clément et Serge Ayoub, qui prétendait pourtant ne pas les connaître. Enfin, la vidéo de surveillance citée en juin par RTL, dans ce qui restera une belle intoxication d’un média peu regardant, démontre que Clément et ses amis n’ont pas bougé d’un centimètre en direction de leurs agresseurs qui se sont bien jetés sur eux.

Mais le mal est fait. L’extrême droite a réussi son coup de communication avec la complicité de nombreux journalistes qui se sont empressés de relayer leurs versions, voire de donner de l’importance à des provocations verbales alors que notre camarade avait été frappé à mort.

Notre combat ne vise pas à une vengeance judiciaire par l’obtention de lourdes peines. Il vise à refuser que soient mis sur un pied d’égalité les idées de haines et de violence de l’extrême droite avec les idées d’égalité et de progrès social que nous défendons.

Comité pour Clément

Vu sur le blog du Comité pour Clément, 2 septembre 2014

[Poitiers] Soutien aux Palestiniens : manifestation calme… et arrestations

A Poitiers quelque quatre cents personnes se sont réunies Place Leclerc répondant ainsi à l’appel de plusieurs organisations et mouvements politiques pour condamner les massacres du peuple palestinien. Le comité poitevin Palestinien en tête mais également on notait la présence de nombreux militants du NPA, du Front de gauche, d’Europe Écologie Les Verts, du Parti ouvrier indépendant (POI), du PCF ainsi que celle d’un des rares élus socialistes.

Un service d’ordre privé avait été prévu pour ce regroupement pacifique auquel il fallait ajouter une présence ostentatoire de la police nationale venue protéger les abords de la Préfecture.

Sylvette Rougier, présidente du comité poitevin Palestine a condamné dans son discours les violences faites aux Palestiniens, exigé qu’elles s’arrêtent, demandé des sanctions contre Israël, fustigé la « passivité » de la communauté internationale alors que Jacques Arfeuillère, Front de gauche a précisé qu’il s’agissait « de colonialisme et pas d’autres choses : c’est un problème politique ». Yves Jamain, secrétaire départemental du PCF a, lui, justifié sa présence « pour faire pression sur François Hollande, absent dans ce massacre ». Et Claudine Kepinski, secrétaire du POI, a prôné « l’arrêt immédiat des massacres sans condition ».

Nouvelle République, 24 juillet 2014

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« A la fin du rassemblement de ce soir pour la Palestine et alors que tout s’était bien déroulé, la police a interpelé trois manifestants au prétexte pour l’un qu’il aurait crié des slogans appelant à la guerre, pour l’autre qu’il n’avait pas de papier d’identité, pour le 3ème qu’il appelait à un rassemblement non autorisé. [NdPN : selon le NPA, il serait reproché à l’une des personnes arrêtées un « tutoiement » ! ]
Le 1er est maintenu en garde à vue. Le second est relâché. Et le 3ème, Yvon Plaçais, un responsable du Front de Gauche est appelé à comparaitre demain jeudi 24 juillet à 15 heures au commissariat. »
Extrait d’un courriel, 23 juillet 2014
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Pendant ce temps, le massacre continue…

(photo tiré du Palestine Telegraph)

Israel bombs UNRWA school in Beit Hanoon,15 killed, 120 wounded

[Chasseneuil-du-Poitou] Federal Mogul : dix-huit salariés convoqués devant la justice

NdPN : malgré des options de lutte relativement sages vue la gravité de leur situation (tractages et manifs pacifiques, demande répétée d’un dialogue social), les salarié.e.s de Federal Mogul menacés de licenciement avec indemnités ridicules ont vu 18 d’entre eux condamnés par la justice pour l’occupation pacifique (et très temporaire) de l’usine d’Orléans, qui n’a d’ailleurs rien donné… alors qu’il ne s’agit plus pour les salariés que de demander une prime supra-légale. On peut penser ce qu’on veut de l'(in)utilité sociale des pistons et des automobiles, de certains slogans douteux du type « produire français », de certaines réactions plus que limite vis-à-vis de routiers polonais croisés sur le chemin de Paris… reste qu’on ne peut que se sentir solidaire avec la colère de ces salariés, traités ni plus ni moins que comme de la merde. Le mépris de classe qu’ils se prennent en pleine poire de la part des instances privées et publiques finira-t-il par les acculer à d’autres méthodes de lutte ? On voit bien que le blocage de la production est ce qui fait réellement peur à la direction !

Federal Mogul : dix-huit salariés convoqués devant la justice

Les deux journées de jeudi et vendredi derniers passées à Orléans pour les salariés de Federal Mogul se sont soldées par un échec. Dix-huit d’entre eux ont été convoqués par la justice.

La visite n’était pas de courtoisie. Quatre-vingts salariés du site poitevin de Federal Mogul sont allés, jeudi et vendredi derniers, investir les locaux de l’établissement du groupe américain dans le Loiret, à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans, où est également implanté le siège de l’entreprise. Motif de ce rendez-vous de la dernière chance : bloquer les coussinets (l’entreprise fabrique des pistons de moteurs diesel) pour empêcher les commandes de partir. Et, surtout, faire pression sur la direction générale afin d’obtenir la prime supra légale de 60.000 € plus 2.000 € par année d’ancienneté.

Le directeur Europe du groupe, alors à Lyon, n’a pas adhéré à cette sortie par le haut : « Il nous a proposé de venir à Orléans et d’entrer en négociation avec les instances représentatives du personnel », raconte un syndicaliste.

«  Pas eu le temps de préparer notre défense  »

Or, selon cet ouvrier, « cette réunion avait lieu en même temps que la convocation en référé devant le tribunal d’instance de dix-huit de nos camarades : ils ont été assignés, vendredi 13 heures, pour l’audience de 14 heures. Nous n’avons pas eu le temps de préparer notre défense ni de choisir un avocat. » Résultat : les dix-huit salariés ont été condamnés à 100 € par injonction et par personne s’ils ne quittaient pas les lieux du site orléanais. « Nous sommes partis officiellement du site à 15 heures », rapporte ce salarié syndiqué à la CGT.
La direction de Federal Mogul propose, elle, quatre mois de salaires aux futurs licenciés. « Nous allons nous battre pour obtenir cette prime supra légale, assure le syndicaliste. Aujourd’hui, les instances représentatives du personnel seront à Chasseneuil-du-Poitou en présence d’experts que nous avons demandés. »

Didier Monteil, Nouvelle République, 22 juillet 2014

[Espagne] Une loi anti-manif

NdPN : en France, le gouvernement assume une répression pénale croissante des mouvements sociaux (ce qui a incité le syndicat de la magistrature à se positionner). En Espagne, le gouvernement vient d’adopter un projet de loi ultra-répressif.

Espagne : une loi au parfum de franquisme

Malgré les nombreuses oppositions, le gouvernement conservateur espagnol a finalement adopté son projet de loi sur la « sécurité citoyenne« , en suspens depuis l’automne dernier. Celui-ci prévoit pour des fait de manifestations des amendes sans jugement pouvant atteindre une soixantaine d’années du salaire minimum.
Ordre
 
Ni les protestations de la société civile, ni les réserves des autorités judiciaires ou du Conseil d’Etat, ni les inquiétudes d’organisations internationales (Amnesty, OXFAM, Greenpeace…), ni la (molle) opposition du Parti Socialiste (PSOE) n’ont finalement fait réellement fléchir Mariano Rajoy.Légèrement atténué mais confirmé dans ses grandes lignes et sa philosophie répressive, son projet sur la « sécurité citoyenne » a été adopté par son gouvernement conservateur le 11 juillet, après neuf mois de controverses et dans la torpeur de l’été. Celle-ci se révélant propice aux réformes à problèmes et le Parti Populaire au pouvoir (droite) disposant de la majorité absolue au parlement, le vote définitif pourrait intervenir dans les prochaines semaines.

Pour le ministre de l’intérieur, le nouveau dispositif – qui couvre un vaste champ mêlant les perquisitions, fouilles, manifestations de rue et … prostitution – garantira « plus et mieux la sécurité citoyenne, avec d’avantage de sécurité juridique ». Pour ses opposants qui l’ont qualifiée de « loi-muselière », c’est un monstre juridique liberticide. Son objectif, estime Joaquim Bosch, porte parole de l’association de magistrats « Juges pour la démocratie » est de donner « au gouvernement un instrument pour faire taire les critiques sociales ».

Sur mesure

Ses dispositions, en tout cas, semblent clairement taillées sur mesure pour répondre aux diverses formes de protestations nées avec la crise, en accordant à l’administration un pouvoir punitif arbitraire sans précédent depuis Franco.

Contre les campements dans des lieux publics popularisés par le mouvement des Indignés en 2011-2012 et sporadiquement réitérés depuis, le texte punit le « refus de dissolution de réunions et de manifestations dans des lieux de passage public ».

Contre les rassemblements visant à empêcher les expulsions immobilières, innombrables avec la crise et combattues par différents collectifs, la nouvelle loi punit « l’obstruction visant à empêcher à toute autorité ou employé public » l’exécution des « résolutions administratives ou judiciaires ».

Contre les débordements qui ont émaillé les fins de manifestations au cours des dernières années : un article dédié à « la perturbation au déroulement d’une réunion ou manifestation », définition vague qui ouvre le champ libre aux interprétations policières.

Pour ces différentes atteintes à l’ordre public, la sanction encourue s’échelonne de 600 à 30.000 euros, selon l’humeur de l’administration. Le même tarif s’applique aux rassemblements non-autorisés aux abords du Congrès des députés, du Sénat ou des Assemblées régionales.

Contre les escalades spectaculaires de bâtiments publics, particulièrement prisées par l’organisation Greenpeace, le nouveau texte double les peines encourues en les faisant passer à 600 euros. Des militants de cette ONG n’ont d’ailleurs pas tardé à y répondre par l’escalade d’une tour de 90 mètres près de Palais de la Moncloa, résidence officielle du chef du gouvernement.

Soixante-six ans de salaire d’amende

On passe à une autre échelle de répression pour les fautes qualifiées de « très graves » : parmi elles, l’organisation de manifestations non autorisées dans des infrastructures publiques susceptibles de mettre en danger les personnes ou simplement de « perturber le fonctionnement des services publics » (article 35.1). Amende encourue : 600.000 euros, soixante-six ans du salaire minimum espagnol. Bon prince, la loi précise qu’elle doit tenir compte des ressources du réprimé.

Ces peines n’ont pas besoin de juge pour être prononcées. Elles sont à la discrétion du Ministère de l’intérieur pour les plus graves, voire du Secrétaire d’État à la sécurité pour les autres.

Le gouvernement affirme par cette loi sécuritaire répondre à une « demande de la population », argument qui peut sembler plaisant dans un pays surtout dévasté par un chômage de près de 30 % – 50 % dans la jeunesse et certaines régions – et par l’appauvrissement de couches entières de la dite population.

Selon la dernière étude du Centre d’études sociologiques, la question de la sécurité n’est la priorité première que pour … 0,4 % des Espagnols et l’une des trois priorités pour 2,8 % d’entre eux.

Pascal Priestley, TV5 Monde, 17 juillet 2014