Archives de catégorie : Répression

[Poitiers] Des proches d’Ali Bongo à la Maison des étudiants ce jeudi

Avis aux étudiant-e-s de Poitiers : des éminences d’Ali Bongo vont débarquer à Poitiers. Dont « Son Excellence » l’ambassadeur du Gabon en France, Germain Ngoyo Moussavou, ancien directeur de cabinet adjoint d’Omar Bongo et proche intime d’Ali Bongo. Dont aussi un « conseiller spécial du président ». Du beau monde, assurément.

Ces messieurs seront présents à la maison des Etudiants, ce jeudi à 16 heures, à l’occasion de la diffusion d’un film scientifique – sans doute très intéressant par ailleurs, là n’est pas la question.

Pour rappel, l’Etat gabonais est un pilier historique de la Françafrique… qui est « une question qui n’existe pas », selon Ali Bongo.

Ali Bongo donc, fils d’Omar Bongo, et élu dans des conditions pour le moins très critiquées dans le monde entier, a renforcé l’autocratie d’un régime déjà hyper-présidentiel. Richissime, Bongo fils a été l’objet de plusieurs plaintes dans les affaires dites des « biens mal acquis », sans parler de nombreuses autres accusations de corruption émises par des ONG et des associations. Il réprime régulièrement les opposants à son régime ; lors de son « élection », des dizaines de personnes sont mortes par balles selon des opposants, lors des manifestations de Port-Gentil.

Thierry Mombo, 19 ans, mort par balle en septembre 2009 à Port-Gentil
Thierry Mombo, 19 ans, mort par balle en septembre 2009 à Port-Gentil

Rappelons aussi la répression du mouvement « ça suffit comme ça » l’an dernier, avec tabassages de manifestant-e-s ; les procès politiques et condamnations contre des opposant-e-s ayant dénoncé le régime ; les poursuites contre des journalistes pour « délits de presse » ; les gazages au lacrymo et les emprisonnements contre des étudiants en lutte…

Malgré les belles déclarations de l’Etat français PS contre la Françafrique, Ali Bongo avait été reçu à l’Elysée en juillet 2012. Dans un communiqué, l’Elysée avait annoncé que l’entretien avait « permis de passer en revue les priorités du partenariat franco-gabonais et d’examiner les domaines où il pourrait être renforcé, en particulier en matière de développement économique et de protection de l’environnement ». Les vieilles ententes sont tenaces, entre Etats complices de longue date.

Bienvenue au Bongholland...
Bienvenue au Bongholland…

L’Université de Poitiers prend une lourde responsabilité en invitant des personnages aussi influents du pouvoir gabonais. Les journalistes de la Nouvelle République auraient quant à eux pu se montrer plus solidaires de ce qui arrive à leurs confrères gabonais-es ayant le malheur de dénoncer le pouvoir en place : pas un mot de la NR sur le régime que représente l’ambassadeur du Gabon.

Pour notre part, notre solidarité indéfectible va aux gabonais-es qui luttent contre la répression, hier comme aujourd’hui.

Pavillon Noir, 5 juin 2013

***

Extraits de la Nouvelle République du 5 juin 2013 :

De cette aventure humaine et scientifique sort, cinq années plus tard, un film intitulé « A la recherche des origines : 2 milliards d’années au Gabon ». Ce document sera diffusé, jeudi 6 juin à 16 heures, à la Maison des étudiants, sur le campus à Poitiers. […]

Jeudi, à la MDE, seront présents l’ambassadeur du Gabon en France, un conseiller spécial du président de la République du Gabon, le directeur général de l’institut gabonais « Son et Image » notamment.

[Turquie] Solidarité avec les révolté-e-s !

NdPN : plus de mille blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les syndicats locaux de médecins et des associations. Un nouveau mort hier, dans la province du Hatay. Ci-joints les communiqués de nos compagnes et compagnons du DAF, un communiqué de féministes turques et le communiqué Relations internationales de la Fédération Anarchiste.

Occupy_Gezi

1er juin : Émeutes massives contre le terrorisme d’État en Turquie

Après deux jours de protestation contre la gentrification urbaine de Gezi Park (le plus grand parc de la place Taksim, où les espaces verts sont sans cesse détruits), les gens ont eu marre de la brutalité policière et la violence. Le silence des médias, qui augmente les histoires d’attaques contre la gouvernement et les libertés individuelles, répond aux objectifs de l’État qui essaye de tirer profit de la situation en Syrie et qui a transformé le récent conflit en émeutes. Les affrontements se sont poursuivis toute la journée et la nuit d’hier. Au moins sept personnes ont été tuées par les attaques de la police, des centaines ont été blessées, des centaines sont en garde à vue où ils sont battus et certains torturés. Tous les temples du capitalisme ont dû fermer à Taksim. Il y a beaucoup de solidarité dans les rues, beaucoup de petits magasins, les maisons et universités, toutes les pharmacies ont ouvert leurs portes aux manifestants. La Chambre des architectes et les bureaux d’ingénieurs turcs sont transformés en hôpital avec des médecins et des infirmiers bénévoles. Et ils soignent les manifestants blessés. Dans de nombreux endroits à Istanbul, les postes de police ont été attaqués. Les groupes fascistes ont été battus par des anarchistes. Les gens de la rive asiatique qui voulaient rejoindre les émeutes ont été bloqués par la police, mais ils ont marchaient après minuit, en traversant le pont du Bosphore à pied. Le premier ministre a blâmé les réseaux sociaux d’informer sur les meurtres, et il a ironiquement traité les personnes qui partagent ces informations de fascistes. La protestation s’est propagée dans toute la Turquie. Les gens sont dans les rues d’Ankara, Izmir, Eskisehir, Sakarya, Isparta et bien d’autres. Ces protestations ne sont pas seulement pour le parc Gezi, comme les médias inféodés le clament. Les émeutes sont désormais l’expression de la révolte de centaines de milliers de personnes qui protestent contre l’oppression de l’État et contre la violence. Nous, en tant qu’anarchistes et en tant que révolutionnaires, avons été et nous allons être dans les rues, contre le terrorisme d’État et contre les violences policières. Nous attendons des actions de solidarité de tous les anarchistes et anti-autoritaires dans le monde entier. Istanbul est partout et la résistance est partout contre le terrorisme d’État, la violence de la police et l’exploitation capitaliste. Nous continuerons à diffuser des informations tant que l’émeute se poursuit.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

2 juin : Dernières informations concernant les émeutes en Turquie

Les affrontements ont commencé hier matin avec la même intensité que le premier jour de la résistance. La police a bloqué les voies entrant à Taksim. Bien que les attaques de la police étaient plus dures que la veille, près d’un million de personnes se sont battues, déplaçant les barricades pour virer la la police. Ensuite, toutes les personnes ont occupé Taksim et Gezi Park. La police a dû s’échapper et leurs voitures qui ne pouvaient s’échapper ont été brûlées. Hier, les affrontements se sont propager dans tout le pays. Dans de nombreuses autres villes, la police a attaqué les manifestants avec des bombes de gaz, d’eau toxique sous pression et des balles en plastique. Les manifestants ont organisé des zones libres protégées derrière des barricades. Hier, nous, en tant que DAF (Action révolutionnaire anarchiste), étions sur le front et, pendant les premiers instants qui ont suivi l’entrée dans la place, nous avons écrit une déclaration publique :

Ce n’est que le début, la lutte continue.

La révolte est hors du temps et de l’espace. Pendant environ 40 heures, de Istiklal à Harbiye, de Tarlabasi à Besiktas, la liberté de la rébellion se fait sentir. Nous arrivons à la place Taksim de Istiklal, après 40 heures d’affrontements. Les agents d’application de la loi s’enfuient avec leurs véhicules. Quarante heures, quarante ans, la place a été notre monde. Il s’agissait bien de la liberté de la rébellion, et c’est peut-être le slogan le plus effrayant, ce n’est que le début, la lutte continue. Oui, notre lutte continue jusqu’à ce que nous construisions le monde libre, que nous portons dans nos coeurs.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

3 juin : Les anarchistes révolutionnaires à la solidarité internationale pour organiser une révolte générale contre le terrorisme d’État

La semaine dernière, un groupe de manifestants a commencé une action de sauvegarde de l’environnement après que quelques arbres ont été abattus illégalement au nom de projets de gentrification urbaine. Au deuxième jour de la protestation, très tôt le matin, la police a attaqué les manifestants avec des bombes de gaz, des canons à eau et des balles en plastique. De nombreuses personnes ont été blessées. Ce fut l’étincelle de la lutte contre ce terrorisme d’État qui s’est répandue dans tout le pays et s’est transformée en une action massive et organisée de révolte globale. Les gens impliqués contre l’augmentation des attaques, le terrorisme d’État et la violence de la police ont transformé les rues en zones de résistance. Cette révolte générale a grandi pendant quatre jours et se répand. Des centaines de milliers de manifestants ont résisté, place Taksim, où le gouvernement a bloqué les entrées et la violence de la police a atteint un sommet. Finalement, le square a été occupé après la construction de barricades autour de la place Taksim et les manifestants ont pris le contrôle de Taksim. Les manifestants à Ankara ont occupé les rues en solidarité avec Istanbul et des barricades ont été construites dans les lieux importants de la ville, diffusant la révolte. Des centaines de manifestants à Izmir, une autre grande ville, ont brûlé le bâtiment du parti au pouvoir. La solidarité et le soutien aux mouvements de protestation et dans les zones d’affrontements sont très importants. Dans chaque ville où des affrontements sont en cours, les gens ont ouvert leurs maisons aux manifestants et aux personnes blessées. Beaucoup de gens ont mis à disposition des trousses de premiers soins et de la nourriture dans leurs cours pour les manifestants. Les équipes médicales volontaires auto- organisées se sont rendues dans les zones d’affrontements et ont aidé instantanément les manifestants blessés. Des avocats bénévoles aident les manifestants en détention. Alors que les affrontements se poursuivent, le nombre de morts et de blessés est en augmentation. Les grands médias agissent toujours comme si rien ne s’était passé. Le nombre de morts serait d’une dizaine, mais ce n’est pas certain, car il n’y a pas de déclarations officielles. Un manifestant à Istanbul a été renversé par une voiture alors qu’il bloquait une rue, un autre a reçu un coup à cause des bombes à gaz, un autre encore a été renversé par la police et tous ont perdu la vie. Un manifestant à Ankara a été blessé à la tête par le feu de la police et il est en état de mort cérébrale. Alors que l’action et les affrontements se poursuivent ici, la solidarité mondiale est en augmentation. Les « Anonymous » ont piraté les sites du parti au pouvoir, de la police d’Istanbul, de la municipalité d’Ankara et de nombreux autres organismes gouvernementaux. Les « Anonymous » ont déclaré qu’ils vont continuer les cyber-attaques tant que le terrorisme de l’État turc se poursuit. Alors que des millions de personnes résistent dans les rues aux attaques de la police dans tout le pays, certains partis de l’opposition tentent de tirer profit, de manipuler l’action en la politisant. Tout comme ce que nous avions vu dans certaines régions au cours du printemps arabe, les partis d’opposition (en particulier les kémalistes) tentent de s’approprier la portée des actions menées. Les parties d’opposition, en profitant de politisation sociale, tentent de profiter de la situation dans l’espoir de prendre le pouvoir. La révolte en cours a laissé les politiciens et l’État dans une mauvaise position. Alors que le gouvernement tente de manipuler la révolte en la qualifiant d’être la manifestation d’« un groupe de radicaux », la crise se propage dans l’économie. La crise économique a montré de premiers signes dans le marché boursier. Cependant, c’est une des plus grande révolte massive dans l’histoire du pays et les gens sont dans les rues afin de s’opposer à la hausse des politiques d’interdiction, d’oppression et de suppression, à la terreur d’État et à la violence policière que n’a cessé d’augmenter pendant une longue période. Les personnes, que l’État avait essayé de dompter par une oppression de centaines d’années, sont maintenant directement en révolte contre lui. Nous appelons tous les camarades qui luttent partout dans le monde : faites entendre la voix de la révolte générale, partout où vous pouvez, contre l’État turc et les grands médias qui tentent de la réduire au silence. Organisez des actions de solidarité pour être avec les millions de gens dans les rues. Joignez votre voix à la révolte du peuple que l’État avait ignoré, opprimé et exploité pendant des années. Que le feu de la révolte contre l’État turc que nous avons commencé avec une étincelle et qui ne cesse de croître, se développe davantage. Istanbul est partout et la résistance est partout contre le terrorisme d’État, la violence de la police et contre l’exploitation capitaliste. Nous continuerons à diffuser les informations tant que l’émeute se poursuit.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF)

Les femmes résistent aussi !

Les femmes se rebellent ! Et vous ne nous arrêterez pas avec des gaz, des tanks et des matraques ! Les femmes résistent avec les autres groupes opprimés depuis deux jours. Travailleurs, Kurdes, LGBT, Alaouites, Musulmans, non-musulmans, athées et tous les opprimé(e)s, exploité(e)s, insulté(e)s et blâmé(e)s comme des « traîtres » sont en train de se rebeller en Turquie. La résistance qui a commencé dans le parc Gezi de la Place Taksim à Istanbul est en train de déborder sur de nombreuses autres villes.

Nous, les femmes, sommes sur le front de cette résistance. Nous rejoignons la rébellion parce que :

Le Premier ministre Tayyip Erdogan et sa clique ont cherché à promouvoir le lynchage des femmes par les hommes ; Ils ont tolérés l’assassinat de femmes par des hommes avec leur loi sur les « provocations injustifiées » ; Ils n’ont pas ouverts de lieux d’accueil pour permettre aux femmes d’échapper à la violence domestique des hommes ; Ils ont stigmatisés les femmes violées et harcelées en les traitant d’immorales et de non-chastes ; Ils ont mis la pression sur les femmes violées pour qu’elles accouchent des enfants issus de ces viols ; Ils ont qualifiés l’avortement de meurtre ; Ils n’ont pas ouvert de crèches mais ont imposés aux femmes de donner naissance à au moins trois enfants ; Ils nous ont condamnés à la pauvreté, au travail précaire, aux emplois incertains et à vivre dans des conditions proches de l’esclavage ; Ils ont définis le travail domestique comme le devoir des femmes ; Ils se sont acharnés sur les femmes et les familles qui vivaient de manière indépendante des hommes avec leurs lois.

Mais nous, femmes, nous résistons !

Parce que le Premier Ministre Tayyip Erdogan et sa clique nous ont condamnés à subir l’oppression et l’exploitation des hommes, nous appelons toutes les femmes à descendre dans la rue et à se rebeller pour notre libération !

Socialist Feminist Collective

Traduction française pour Avanti4.be : Sylvia Nerina

Vu sur DNDF, 3 juin 2013

Turquie : Les violences étatiques et policières doivent cesser

Suite à un sit-in pacifiste pour la conservation du Parc Gezi, au sein du quartier central de Taksim à Istanbul, qui doit être démoli pour la construction d’un centre commercial, la police turque a lancé une attaque violente contre ces manifestants paisibles : gaz lacrymogènes visés directement sur les corps, eau à haute pression, incendie des tentes… Dès lors, une mobilisation spontanée s’est créée dans le quartier et les conflits se sont étendus dans d’autres quartiers de la ville. Ainsi, plus de 50 000 personnes étaient dans les rues et la police turque a redoublé de violence et a sévèrement réprimé ces contestations. Actuellement, une centaine de personnes sont hospitalisées et l’accès au parc est bloqué sans base légale. Malgré tout, les manifestations se sont répandues dans toutes les villes en Turquie regroupant toutes les couches sociales et organisations politiques et syndicales. Pourquoi une telle colère ? Au pouvoir depuis 2002, le gouvernement d’AKP, issu du mouvement islamiste de Mili Gorus (Vision nationale) a pu intégrer à la fois les politiques néolibérales et son conservatisme qui se base sur la religion et le nationalisme. Malgré quelques réformes positives par rapport aux critères de Copenhague afin d’entrer dans l’Union européenne, il s’est révélé rapidement être un gouvernement autoritaire et dictatorial. Il y actuellement, 10.000 prisonniers kurdes parmi lesquels de nombreux élus, une trentaine de maires, des députés, des journalistes, des avocats…S’y ajoute des syndicalistes, des étudiants et les opposants au pouvoir…Dernièrement, le gouvernement a interdit la consommation d’alcool dans la rue et après une certaine heure créant un énorme débat dans la société turque. De plus, les médias turcs, qui sont directement contrôlés ou ont des liaisons politiques et économiques avec le gouvernement, refusent de traiter des incidents et les agences de presse turques bloquent la diffusion de l’information sur les événements concernant le parc de Gezi. Au delà du problème du parc Gezi, c’est donc une accumulation de colère contre les privations des libertés de la presse, d’expression, syndicales et politiques, sexuelles et des droits de minorités ethniques et religieuses. La Fédération anarchiste (FA), membre de l’Internationale des Fédérations anarchistes (IFA), dénonce l’autoritarisme instauré par le gouvernement turc de l’AKP de Recep Tayyip Erdoğan, qui est souvent considéré comme un modèle exemplaire pour des pays du Moyen-Orient. Nous souhaitons apporter tout notre soutien aux mouvements de contestation en Turquie, notamment au mouvement anarchiste, face à la répression étatique et religieuse.

Fédération Anarchiste, dimanche 2 juin 2013.

La cour de cassation confirme la condamnation des 4 de Tours

Procès des 4 de Tours : la cour de cassation confirme. Rendez vous devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Dans un communiqué, SOIF D’UTOPIES et RESF 37 avaient fait part de leurs soupçons quant à la transformation d’enfants en appât afin de pouvoir satisfaire les chasseurs de sans papiers en uniforme. Ils soupçonnaient également que fichier Base Elèves soit, entre autres, utilisé à cette fin. Ils avaient osé comparer ces méthodes avec celles employées par la police sous Vichy.

La cour de cassation vient de rejeter le pourvoi que les 3 des 4 de Tours avaient formulé. Une militante de RESF 37 a été relaxée par le tribunal correctionnel et la cour d’appel. Les trois prévenus sont donc condamnés à payer 7000 €. Grâce à la solidarité, nous pouvons faire face.

La cour de cassation entérine le jugement de la cour d’appel d’Orléans. Celui-ci précisait que  « compte-tenu de la longueur et des difficultés soulevées tout au long de cette procédure, il apparaît équitable d’accorder à la victime [c’est-à-dire le ministre de l’intérieur] une somme de 3.000 Euros pour les frais irrépétibles engagés en appel » (Les frais irrépétibles comprennent, notamment, les droits de timbre, d’envoi postaux, de reprographie ou d’avocat.). Rappelons que c’est le tribunal correctionnel de Tours qui a reporté 3 fois l’audience, obligeant les témoins, les personnes apportant leur solidarité et les prévenus à revenir 4 fois devant celui-ci.

La cour de cassation entérine l’appréciation à propos des témoins exprimée par la cour d’appel. « Leurs témoignages relèvent plus d’une tribune politique et d’un désir d’exprimer leur opinion, que d’un apport utile et précis aux faits imputés, qu’ils approuvent parfois de façon outrancière. ». Le tribunal correctionnel de Tours avait décidé qu’ « il lui [la victime] sera alloué 3000 euros, au regard de la longueur des débats consécutive aux exceptions soulevées et aux témoins cités. »

En clair la cour de cassation, comme les deux autres juridictions, bafoue les droits de la défense. Nous sommes, entre autres, condamnés parce qu’on a fait citer 18 témoins à la barre et que les débats ont été longs.

La Cour d’appel d’Orléans fait écho au Tribunal correctionnel de Tours ! Ni l’une, ni l’autre ne veulent répondre aux questions de fonds qui ont été soulevées lors de chacune des audiences. Elles ont duré pour celle d’Orléans 6 h et celle de Tours 8 h. On se demande toujours, au regard des deux délibérés ce qui s’est passé et dit pendant toutes ces heures ! La Justice ne veut pas se prononcer sur le fond car elle n’assume pas le caractère politique de ce procès ; l’assumer signifierait qu’elle relaxe les prévenus puisque c’est un débat de choix de société dont il s’agit. Officiellement, les tribunaux ne peuvent trancher ces questions.

La Cour de cassation est dans cette logique. Elle affirme que :
* des individus, des structures ne peuvent faire part publiquement de leurs soupçons sur d’éventuelles exactions, dérives de la part de l’administration, de la police ou de la gendarmerie
* on ne peut pas faire des comparaisons historiques afin d’analyser les évolutions actuelles au regard de l’expérience, notamment, du régime de Pétain. Précisons qu’une comparaison n’est pas un amalgame. Il est hors de question de dire que Sarkozy c’est Pétain, etc. Comparer c’est prendre en compte l’expérience historique que nous apporte, en l’occurrence la période de Vichy, afin d’interroger notre passé pour agir sur le présent et tenter d’envisager différents avenirs. Faire des comparaisons et alerter est plus que nécessaire.
* le ministre peut censurer une opinion qui le dérange
* l’Etat peut traiter différemment des individus selon qu’ils soient notables ou manants. Seul le personnel de la caste politique peut porter des propos jugés diffamatoires. Cela confirme que la critique politique ne doit être faite que par les professionnels que sont les élus et responsables de partis reconnus par le système. Cela ne peut-il conduire à l’interdiction de conceptions anticapitalistes, comme l’anarchisme ?
* il n’est pas normal, ni souhaitable de s’insurger contre la politique raciste et xénophobe de l’Etat. Par exemple, comment qualifier la décision du ministère de l’intérieur ordonnant, à travers la circulaire du 5 août 2010, la chasse aux Rroms ? Comment se fait-il qu’aucun fonctionnaire (de l’administration, de la police et de la gendarmerie) n’ait refusé d’exécuter cet ordre illégal ? Ces questionnements sont encore
d’actualité. La chasse aux Rroms n’a pas cessé, bien au contraire. Valls est un plus grand virtuose en la matière que ses prédécesseurs. Fondamentalement, si l’on ne veut plus que ce genre de procès ait lieu, si l’on ne veut plus voir des militants, des personnes traînés devant des tribunaux parce qu’ils dénoncent des exactions de la police, de la gendarmerie ou de l’administration (qui ne sont pas des bavures, mais inhérentes à la xénophobie d’Etat, voire au racisme de celui-ci), cela passe avant tout par la régularisation de tous les sans papiers, l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation, la fermeture et la destruction des camps de rétention. Sinon, l’Etat continuera d’organiser la chasse aux sans papiers, générant les drames humains que nous connaissons tous les jours, les dérives policières et administratives. Le régime de Vichy est de ce point de vue riche d’enseignements. Il faudra bien se confronter à une question fondamentale. Comment se fait-il que la passage de la Troisième république au régime de Vichy se fasse sans heurt au sein de l’administration, de la police et de la gendarmerie ? La politique xénophobe, raciste des années 30 n’a-t-elle pas contribué à faciliter ledit passage ?

Nous n’acceptons aucune condamnation. Nous irons devant la Cour européenne des droits de l’homme. Nous verrons si elle entérine les remises en causes des droits de la défense. Nous lui poserons les questions de fond que nous n’avons jamais cessés de soulever devant les tribunaux.

Tours, le 3/06/2013

Jean Christophe Berreir
Muriel El Kolli
du collectif SOIF D’UTOPIES

soifdutopies@yahoo.fr

Vu sur Mille Babords, 3 juin 2013

[DAL 86] Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Une trentaine de personnes dont les assignés et leurs soutiens, autres habitants du squat, roms, géorgiens, arméniens, azéris, congolais…, habitants de l’autre squat, et militants, de DNSI, du Dal86, de la Cimade, de RESF86, d’EELV, des Alternatifs, de la FA et de la GA. Les plaidoiries ont duré une bonne heure.

De la même façon que Logiparc la semaine dernière, la ville de Poitiers a plaidé avec cynisme son seul droit de propriété en évoquant un trouble manifestement illicite. Du genre : “même si je n’en faisais rien depuis 18 mois, c’est CHEZ MOI et vous devez dégager. Tout le reste, situation des familles, droit au logement, droit des enfants, droit à avoir une vie décente, je m’en tamponne !”.

Refus de tout dialogue, refus de la médiation, demande d’indemnités d’occupation exorbitantes (10 000 € par mois) sans compter les frais d’avocat hallucinants de 2500 €, le maire de Poitiers est passé pour quelqu’un d’autoritaire et de brutal qui a comme seul objectif d’écraser sans pitié des personnes fragiles et de se faire de l’argent sur le dos de gens qui n’ont que 250€ par mois pour faire vivre leurs enfants.

Délibéré le 28 juin.

Vu sur DAL 86, 31 mai 2013

[DAL 86] Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Jeudi 30 mai soit la veille du procès que fait la mairie de Poitiers pour expulser une quarantaine de personnes, roms, sans papiers azéris, arméniens, géorgiens… du squat de l’Etape et à une semaine du rendu du procès que fait Logiparc pour expulser 21 roms du squat des Glières, un frère mineur de 15 ans et une sœur jeune adulte, congolais en demande d’asile ont contacté le Toit du Monde. Arrivés à Poitiers le 22 mai, ils ont couché dans la rue depuis, c’est-à-dire durant 8 nuits. Tous les soirs ils ont appelé le 115 et tous les soirs ils ont été refusés faute de place. Ils ont même passé plusieurs nuits sous la pénétrante devant le CHUS, et ce sur les « bons » conseils de ce dernier. Démunis de tout, ne mangeant pas tous les jours, et même se faisant voler le peu d’affaires personnelles qu’ils ont, leur situation est dramatique. La situation est kafkaïenne, car puisqu’il y a un mineur non accompagné par son représentant légal, le CHUS dit ne pas pouvoir l’héberger. Et d’un autre côté l’Aide Sociale à l’Enfance refuse car ce n’est pas un mineur isolé et ils ne veulent pas héberger sa sœur. De qui se moque-t-on ? Il faut que la Croix Rouge et l’Aide Sociale à l’Enfance arrêtent de balader les gens ainsi et de les exposer à de graves dangers.

Surtout que l’OFII leur a donné un rendez-vous pour examiner leur situation le… 19 juin et la préfecture le… 28 juin. Vingt-huit long jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à l’OFII et trente sept longs jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à la préfecture, et ce pour un mineur de 15 ans, c’est carrément criminel !

Le Toit du Monde a contacté le Dal86 et les deux sinistrés ont été accueillis dans le squat de l’Etape, ce qui porte à 42 personnes ses occupants. Les habitants de l’Etape, en particulier les roms ont mis tout en œuvre pour les aider pour nettoyer une chambre, et ont partagé le peu qu’il ont afin de leur trouver un matelas et des couvertures et leur donner à manger.

Les habitants du squat l’Etape ont l’habitude d’accueillir des personnes refoulées par le 115 qui a une pénurie chronique de places. Nous soupçonnons même la Croix Rouge de profiter de l’existence de ce squat pour ne pas trouver des solutions et avoir bonne conscience de laisser des familles avec des enfants souvent en bas âge dormir dans la rue. Par exemple, cette famille azerie-arménienne, qui est arrivée mardi 16 avril au squat de l’Etape, a été hébergée dans un premier temps par la Croix Rouge au CHUS « 115 ». Puis dans un CHRS et lorsqu’elle a été déboutée de sa demande d’asile, la Croix Rouge lui a demandé de partir et l’a mise à l’hôtel. Puis, la Croix rouge leur a demandé de trouver quelque chose par eux-mêmes car il n’y avait pas de place au CHUS « 115 » – chose facile c’est sûr pour des personnes parlant et comprenant mal le français, – et de partir de l’hôtel vendredi 12 avril. Une place au CHUS « 115 » a malgré tout été trouvée à l’arrache la veille par la Croix Rouge après l’intervention du Dal86. Vu les conditions de vie lamentables au CHUS « 115 » et les maladies des enfants, la famille a laissé quelques affaires et est partie chez un ami à Saintes. Lorsqu’ils ont voulu revenir mardi dernier, ils n’avaient plus de place au CHUS « 115 » et étaient à la rue. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. La Croix Rouge refusant depuis cette date de les prendre en charge malgré leur appel quotidiens au 115.

Autre exemple, mardi 21 mai une militante du DAL86 qui passait devant le CHUS et voyant qu’une famille avec deux enfants d’environ un et trois ans n’était pas prise en charge et allait se trouver à la rue, a proposé qu’ils viennent au squat l’Etape. Ce que la Croix Rouge a accepté volontiers. Et comme ils étaient fatigués et avaient de jeunes enfants et des bagages a demandé à la maraude de les y amener. D’abord, ils n’ont pas voulu. Puis ils ont accepté et les ont déposé à 50 m du squat. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. Cette famille semble dorénavant prise en charge par la Croix Rouge c’est-à-dire dans les locaux du CHUS qui sont très vétustes et où la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. En sortant à 10h30 le matin et en n’y revenant pas avant 16h15 et pas après 21h. Et pour le père en n’étant hébergé qu’un jour par semaine. Et tout cela sans repas servis le soir ni a fortiori le midi.

Rappelons que le Maire de Poitiers monsieur Alain Claeys a décidé, en pleine pénurie d’hébergement et de logement pour les familles sans papiers, – nous connaissons une centaine de personnes, dont une cinquantaine d’enfants, qui sont sans logis ou mal logées alors que le CHUS a seulement 25 places d’hébergement d’urgence et est bondé tous les soirs -, notre bon maire a donc décidé d’assigner au tribunal d’instance les occupants du squat l’Etape afin d’obtenir leur expulsion immédiate, si nécessaire avec le concours de la force publique, au seul prétexte qu’ils sont rentrés illégalement dans une propriété privée.

Merci de venir soutenir ces familles au tribunal d’instance, 21 rue Saint Louis, vendredi 30 mai à 10h45.

Monsieur le maire semble en faire une affaire personnelle. Comment monsieur Claeys peut-il faire valoir le seul droit de propriété privée – surtout d’un bien municipal donc public – contre le droit au logement, le droit des enfants et le droit à avoir une vie décente ? Si peu de sens moral a de quoi laisser pantois.

Surtout que monsieur Claeys ne peut pas faire comme si il découvrait le problème. Au moins dès l’automne 2010 soit depuis deux ans et demi quand même, il a été mis au courant par les associations de soutiens des sans papiers de l’état lamentable de l’hébergement d’urgence sur Poitiers, ce qui a conduit à une entrevue avec M. Berthier le 22 février 2011  dans le compte-rendu duquel nous pouvons lire : « La municipalité est évidemment au courant de la situation. Nous avons pu faire part de nos inquiétudes. Aucune solution n’a été envisagée. » Cela a conduit aussi à un petit déjeuner avec le maire, dans le compte rendu duquel nous pouvons lire : « Interpellé par nous [RESF] sur la question de l’hébergement de manière plus générale, le maire est satisfait de son bilan: Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’Etat dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes. Il faut aussi gérer l’intégration des personnes qui sont arrivées ». Donc la tactique est bien de durcir les conditions d’existence des sans papiers, au risque de les rendre inhumaines, afin de les dissuader de rester ou de venir sur Poitiers.

Le maire de Poitiers a même participé à cette infamie en prêtant main forte au préfet UMPiste Tomasini et à son âme damnée Setbon en décembre 2010, en occultant la question de l’hébergement d’urgence derrière la question des marchands de sommeil et des passeurs. VOIR

Alors Monsieur Claeys ne manque pas d’air aujourd’hui lorsqu’il reproche aux familles de s’être mises à l’abri dans les locaux municipaux de l’ex-foyer de l’Etape. Elles y sont rentrées et certaines y rentrent encore pour se protéger des dangers de la rue auxquels, la Croix Rouge, la préfecture et l’Aide Sociale à l’Enfance les exposent.

Nous envisageons même de traîner le maire de Poitiers, ainsi que le préfet de la Vienne, le président du conseil général, les présidents des associations d’hébergement, en particulier celui de la Croix Rouge qui est sensé gérer le 115 et le SIAO, devant le tribunal, de grande instance cette fois-ci, pour mise en danger de la vie d’autrui et non assistance à personne en danger.

Nous ne lâcherons rien – Un toit est un droit

Revue de presse :

Poitiers: un bâtiment du centre-ville occupé par une famille roumaine soutenue par le DAL France3 07-04-13 La vente des locaux de l’ex-foyer de l’Etape : une vraie provocation à l’égard des sans logis et mal logés Dal86 07-04-13 – Squat l’Etape : halte aux intimidations ! Dal86 16-04-13 –  Squat du foyer L’Étape : le bras de fer engagé NR 17/04/2013ROMS : à Poitiers comme ailleurs une situation indigne et inacceptable ! DNSI 18-04-13POITIERS Squat rom à L’Étape : les écologistes interpellent le maire et le préfet NR 18-04-13Squat rom : un foyer à réactions NR 19/04/2013Non à l’expulsion des familles de Roms ! NPA 19-04-13– – Déclaration de la Ville de Poitiers concernant l’occupation du 6 rue d’Oléron 19-04-13 Squat de l’Etape : communiqué du 21-04-13 Dal86 – Squat l’Etape : tous au tribunal d’instance vendredi 3 mai 2013 à 9h Dal86 24-04-13 – Lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 30-04-13 Appel au soutien du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 01-05-13 – Réponse du maire de Poitiers au Collectif des familles de l’Etape 03-05-13 POITIERS Squat du foyer L’Étape : la mairie réclame 10.000 € aux occupants NR 03/05/2013POITIERS Squat de L’Étape : renvoi au 17 mai 04/05/2013Deuxième lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 06-05-13 Le maire de Poitiers élude la demande d’audience du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 09-05-13 – Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 17 mai à 9h pour soutenir les assignés Dal86 12-05-13 – Un nouveau squat pour un énième débat 13/05/2013Propos du secrétaire général de la préfecture France3 13-05-13 POITIERS Squat du Plateau des Glières : la ville de Poitiers était déjà intervenue NR 14/05/2013Pour défendre la cause des Roms NR 20/05/2013Solidarité avec les familles du squat Des Glières Dal86 20-05-13 – Cause commune Jeudi 23 Mai à 20h30 au Dietrich Dal86 23-05-13 – POITIERS La cause des Roms fait salle comble au Dietrich NR 29/05/2013

«Il est urgent de remettre en cause le droit absolu à la propriété» Libération 21-05-13

Les habitants du squat l’Etape ont besoin :

– de nourriture ; – de matelas et de sommiers, de couvertures, de meubles, de tables de chaises ; – de vêtements et de chaussures (adultes et enfants de 1 ans à 15 ans) – d’ustensiles de cuisine, d’assiettes de verres de couverts ; – de gazinières, plaques de cuisson et réchauds, de machines à laver le linge, de réfrigérateurs ; – de produits et ustensiles de toilette, d’entretien ; – d’outils, de matériel, de produits de fabrication et réparation, – de téléphones portables désimlockés ou « tout opérateurs » – de fournitures scolaires et matériel informatique ; – de jouets et de jeux pour les enfants et les adultes : – …

→ les ustensiles, machines et outils peuvent bien sûr être seulement prêtés.

Un toit pour tous avec ou sans papier

Vous pouvez aussi aussi faire un don. Chèques à l’ordre du DAL86 a envoyer à DAL86, Maison de la Solidarité, 22 rue du pigeon blanc 86000 POITIERS en précisant au dos « Squat l’Étape ».

Pour tous renseignements : dal86@free.fr ou au 05 49 88 94 56 (laisser un message nous vous rappellerons)

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 30 mai 2013