Avis aux étudiant-e-s de Poitiers : des éminences d’Ali Bongo vont débarquer à Poitiers. Dont « Son Excellence » l’ambassadeur du Gabon en France, Germain Ngoyo Moussavou, ancien directeur de cabinet adjoint d’Omar Bongo et proche intime d’Ali Bongo. Dont aussi un « conseiller spécial du président ». Du beau monde, assurément.
Ces messieurs seront présents à la maison des Etudiants, ce jeudi à 16 heures, à l’occasion de la diffusion d’un film scientifique – sans doute très intéressant par ailleurs, là n’est pas la question.
Pour rappel, l’Etat gabonais est un pilier historique de la Françafrique… qui est « une question qui n’existe pas », selon Ali Bongo.
Ali Bongo donc, fils d’Omar Bongo, et élu dans des conditions pour le moins très critiquées dans le monde entier, a renforcé l’autocratie d’un régime déjà hyper-présidentiel. Richissime, Bongo fils a été l’objet de plusieurs plaintes dans les affaires dites des « biens mal acquis », sans parler de nombreuses autres accusations de corruption émises par des ONG et des associations. Il réprime régulièrement les opposants à son régime ; lors de son « élection », des dizaines de personnes sont mortes par balles selon des opposants, lors des manifestations de Port-Gentil.
Rappelons aussi la répression du mouvement « ça suffit comme ça » l’an dernier, avec tabassages de manifestant-e-s ; les procès politiques et condamnations contre des opposant-e-s ayant dénoncé le régime ; les poursuites contre des journalistes pour « délits de presse » ; les gazages au lacrymo et les emprisonnements contre des étudiants en lutte…
Malgré les belles déclarations de l’Etat français PS contre la Françafrique, Ali Bongo avait été reçu à l’Elysée en juillet 2012. Dans un communiqué, l’Elysée avait annoncé que l’entretien avait « permis de passer en revue les priorités du partenariat franco-gabonais et d’examiner les domaines où il pourrait être renforcé, en particulier en matière de développement économique et de protection de l’environnement ». Les vieilles ententes sont tenaces, entre Etats complices de longue date.
L’Université de Poitiers prend une lourde responsabilité en invitant des personnages aussi influents du pouvoir gabonais. Les journalistes de la Nouvelle République auraient quant à eux pu se montrer plus solidaires de ce qui arrive à leurs confrères gabonais-es ayant le malheur de dénoncer le pouvoir en place : pas un mot de la NR sur le régime que représente l’ambassadeur du Gabon.
Pour notre part, notre solidarité indéfectible va aux gabonais-es qui luttent contre la répression, hier comme aujourd’hui.
Pavillon Noir, 5 juin 2013
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Extraits de la Nouvelle République du 5 juin 2013 :
De cette aventure humaine et scientifique sort, cinq années plus tard, un film intitulé « A la recherche des origines : 2 milliards d’années au Gabon ». Ce document sera diffusé, jeudi 6 juin à 16 heures, à la Maison des étudiants, sur le campus à Poitiers. […]
Jeudi, à la MDE, seront présents l’ambassadeur du Gabon en France, un conseiller spécial du président de la République du Gabon, le directeur général de l’institut gabonais « Son et Image » notamment.