Archives de catégorie : Éducation populaire

Bradley Manning risque perpète pour avoir piraté l’armée américaine

Bradley Manning, soldat en rupture de ban et « taupe » supposée de WikiLeaks

Un manifestant tient un portrait de Bradley Manning, et un écriteau le qualifiant de héro, le 14 mars 2011 à Washington.

Un manifestant tient un portrait de Bradley Manning, et un écriteau le qualifiant de héro, le 14 mars 2011 à Washington.

Bradley Manning, le jeune soldat américain accusé d’être l’informateur de Wikileaks, qui comparaît vendredi devant la justice militaire, est un spécialiste du renseignement et un idéaliste, militant pro-homosexuels, qui s’est placé en rupture de ban de l’armée.

Ce simple soldat au visage poupin est soupçonné d’avoir fourni à WikiLeaks, qui les a ensuite rendu publics, des dizaines de milliers de documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, et de câbles diplomatiques du département d’Etat.

Natif de l’Oklahoma (sud), Bradley Manning, qui fêtera ses 24 ans samedi, a rejoint les rangs de l’armée en 2007 après une enfance passée à subir les quolibets de ses camarades, en raison de son côté « intello » et de son homosexualité.

Mais très vite, sur sa base des environs de Bagdad, le première classe découvre la rudesse des règles du Pentagone, en particulier l’ancienne loi « Don’t ask, don’t tell » (ne rien demander, ne rien dire), qui obligeait les homosexuels à taire leur orientation sexuelle, sous peine de devoir quitter l’armée.

Bradley s’opposait ouvertement à cette loi définitivement abolie en septembre, expliquait l’année dernière à l’AFP Jeff Paterson, membre dirigeant du comité de soutien au jeune homme.

Selon lui, M. Manning « pourrait s’être identifié aux peuples d’Irak et d’Afghanistan qui ont souffert de la politique guerrière du gouvernement » américain. « En partie car il ressent lui-même les mêmes choses, en tant que membre d’une minorité injustement traitée au sein de l’armée américaine et de la société américaine en général ».

En tant qu’analyste de renseignement, il avait accès à quantité de données via un réseau protégé, le SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network), un système destiné à un meilleur partage des informations entre les différentes BRANCHES du gouvernement américain.

Dans des conversations sur internet avec un célèbre pirate informatique, Adrian Lamo, révélées par le magazine Wired, le jeune Manning s’épanche, affirmant que « quelqu’un » qu’il connaissait très bien avait « transféré des données de réseaux classifiés » et les avait transmises à « un Australien aux cheveux blancs », Julian Assange, cofondateur de Wikileaks.

Ce « quelqu’un » en question n’était autre que Manning lui-même, qui transférait ces données sur des CD-ROM qui contenaient auparavant des chansons de la chanteuse pop Lady Gaga.

« Hillary Clinton et des dizaines de milliers de diplomates dans Le Monde vont avoir une crise cardiaque un matin quand ils se réveilleront et découvriront qu’un répertoire complet de documents classifiés sur la politique étrangère est accessible » à tous, écrit-il à Lamo, qui le dénoncera aux autorités.

En juillet 2010, Bradley Manning a été inculpé de huit chefs d’inculpation criminels et de quatre violations du règlement militaire.

Il lui est reproché d’avoir « transféré des données confidentielles sur son ordinateur et ajouté un logiciel non autorisé sur un système informatique classé secret » et d’avoir illégalement récupéré « plus de 150.000 notes diplomatiques », selon l’acte d’inculpation.

Incarcéré depuis 18 mois, il a dénoncé début 2011 ses conditions de détention — isolement et régime ultra-restrictif — à la prison de Quantico, près de Washington, qui ont valu à l’armée américaine les critiques du monde entier. Il a depuis avril été transféré à Fort Leavenworth Kansas, centre).

S’il est reconnu coupable, il encourt la prison à perpétuité.

AFP, 16 décembre 2011

[Poitiers] Comme d’habitude…

A l’appel de l’intersyndicale qui s’était mise d’accord sur le principe d’une grève (sauf le SGEN-CFDT), a eu lieu aujourd’hui à Poitiers une manifestation d’enseignants. Entre trois-cent et quatre-cent personnes ont défilé dans les rues, du pont Saint-Cyprien au Rectorat. Un chiffre relativement faible, eu égard au fait que la grève semble quant à elle plutôt bien suivie.

La prise de parole devant le Rectorat a, comme d’habitude, été monopolisée par les délégué-e-s des syndicats, sans invitation à débattre, à proposer, tout simplement à s’exprimer. Les permanents, les « représentants », les spécialistes, savent à notre place…

Ces dernier-e-s ont rappelé leurs revendications, légitimes mais comme d’habitude, limitées à la corporation (réévaluation des salaires, refus de la nouvelle notation par le chef d’établissement, refus de la mise en concurrence des profs et des établissements, refus des fermetures de CIO…)… pas un mot sur l’évolution du contenu et la forme mêmes de l’enseignement, pourtant toujours plus empreints d’une idéologie de sélection, de hiérarchie, bref de propagande étatiste et marchande ; rien sur le volet des réformes allant dans le sens du contrôle social des élèves, pourtant tout aussi concerné-e-s que les personnels d’éducation (fichage numérique/évaluation par compétences/changements dans les programmes…). Rien d’étonnant à cela, puisque les (rares) prises de parole des centrales syndicales sur ces sujets se cantonnent généralement au fait de déplorer l’absence de moyens… pour appliquer ces horreurs.

Elleux ont signalé qu’elleux n’avaient pas demandé d’audience, cette fois-ci, à la Rectrice de Poitiers (« cela ne sert à rien », la Rectrice ne les « entend pas »). Mais au lieu de proposer de rentrer ensemble dans ce Rectorat sourd et muet, et d’occuper les lieux pour instaurer un rapport de force, ce que le nombre aurait permis…  la manif se disperse rapidement devant le Rectorat, après la prise de parole syndicale qui clôt comme d’habitude la mobilisation.

Non sans avoir invité, comme d’habitude, à la poursuivre ultérieurement, avec une énième journée de mobilisation – courant janvier. Super.

Mais sans doute ce pédalage dans la semoule s’explique-t-il par le fait qu’elleux ont comme d’habitude, critiqué « ce gouvernement »… pour mentionner « l’échéance » de 2012.

Si elleux ont remercié la FCPE locale de se joindre à la mobilisation ici à Poitiers, elleux ont déploré l’absence de nombreux-euses grévistes, sans penser un instant, comme d’habitude… que les grévistes absent-e-s en ont peut-être assez de ces mobilisations parfaitement inefficaces, n’instaurant ni rapport de force réel, ni débat public, ni projet global de changement social.

Des gens du collectif antirep 86, ne perdant pas espoir sur la nécessité de rassembler contre toutes les formes de répression étatique à l’encontre des mouvements sociaux, ont néanmoins profité de cette manifestation pour diffuser le tract de solidarité avec les inculpé-e-s de Toulouse, avec appel à rassemblement ce vendredi à 18H devant le palais d’injustice de Poitiers.

Des policiers en civil de la BAC, sans bandeau pour se signaler tels, ont comme d’habitude suivi de près ces personnes pendant toute la manif. L’un des bakeux a insisté pour prendre un tract, en faisant un trait d’esprit : « on sait pas lire, on a même pas le BEPC ».

Encore une journée de mobilisation… comme les autres

 

 

 

Un « enseignant », le 15 décembre 2011

Rencontre anarchiste internationale de Saint-Imier août 2012

Aux organisations, groupes, collectifs et individus intéressés-es

Chers et chères compagnons-agnes, cher-es camarades,

Du 8 au 12 août 2012, aura lieu une Rencontre anarchiste internationale à St-Imier (Suisse romande) pour la commémoration des 140 ans du congrès de la Première Internationale anti-autoritaire qui fut organisé en 1872.

Jusqu’ici, les organisations qui ont porté et animé cette importante échéance sont : la Fédération anarchiste (FA), l’Internationale des Fédérations anarchistes (IFA), la Fédération libertaire des montagnes (FLM), l’Organisation socialiste libertaire (OSL) et Espace Noir.

L’IFA tiendra son propre congrès à St-Imier à l’occasion des Rencontres internationales. Il en est probablement de même pour les organisations fédérées dans Anarkismo. La Coordination anarcho-syndicaliste Rouge et Noire sera également présente.

Ces Rencontres internationales sont ouvertes et portées par différentes composantes du mouvement libertaire international :

1) l’Internationale des Fédérations anarchistes (IFA)

2) Anarkismo

3) la Coordination anarcho-syndicaliste rouge et noire (CGT-Es, CNT-Fr, SAC-Suède, etc.)

4) l’Association internationale des travailleurs (AIT)

5) les Industrial workers of the world (IWW)

6) les collectifs et organisations indépendantes de ces regroupements internationaux

La Rencontre internationale est ouverte à tous regroupements agissant au niveau international, national, régional ou local ainsi qu’aux individualités sur la base d’une adhésion à la déclaration « Saint-Imier 2012 ».

Cette Rencontre entend assurer un dialogue exigeant et structuré autour, et à partir, de l’idée que l’anarchisme est une politique générale, cohérente, animatrice et actrice des luttes populaires, basé sur un socle théorique identifiable et un enrichissement permanent.

Pour compléter cela, nous pourrions dire que l’anarchisme est capable d’une politique complexe liée à des propositions stratégiques, à des objectifs intermédiaires, à un projet général d’alternative autogestionnaire, libertaire, fédéraliste et d’écologie sociale.

C’est à partir de cette orientation générale que nous avons proposé et mis en place une structuration de la Rencontre de St-Imier en quelques moments politiques forts, communs à tous les groupes qui y participeront.

Ces moments sont :

a) Table ronde sur « Anarchisme et innovation politique » : capacités de l’anarchisme contemporain à innover et à affronter des situations politiques plus complexes que celles de sa première période historique face au fascisme, aux régimes autoritaires ; face aux défis environnementaux, écologiques ; face aux mutations économiques et sociales (accent mis sur l’apport de Malatesta, Fabbri, Berneri, Abad de Santillan, Daniel Guérin).

b) Table ronde sur « Nouveaux territoires de l’anarchisme, implantation ou réimplantation de l’anarchisme en Afrique, en Asie et en Amérique Latine »

c) Table ronde sur « Faire l’anarchisme aujourd’hui », sur les pratiques et interventions militantes intéressantes ou exemplaires, notamment en Europe et dans les pays anglo-saxons.

d) Table ronde sur « Les alternatives anarchistes en actes » et comment articuler les expériences alternatives au projet et luttes révolutionnaires.

e) Table ronde sur « La crise de la dette, les politiques d’austérité et les résistances sociales et populaires ».

f) Un meeting final de clôture de St-Imier avec adoption, si possible, d’une résolution politique commune.

Un meeting d’ouverture sera organisé afin de présenter le Congrès de St-Imier de 1872 et ce qu’il a représenté pour l’anarchisme international. Un banquet final public ouvert à l’ensemble de la population locale est aussi prévu.

Nous prétendons sortir de St-Imier avec un renforcement des liens d’unité et de fédération aussi importants que possible pour les camarades présent.e.s Nous avons l’ambition de construire un échange politique systématique ; cerner, définir et approfondir les convergences ; définir politiquement et théoriquement les désaccords ; étudier les projets de collaboration. Sur cette base, hormis le meeting final, les tables rondes feront chacune l’objet d’un document de bilan aussi précis que possible que chaque collectif utilisera par la suite à sa convenance. Les groupes présents seront naturellement libres d’établir les collaborations et les associations qu’ils jugeront bons. Il ne s’agira pas de vouloir, à tout prix, prolonger St-Imier, mais bien d’en exploiter toutes les potentialités d’événements.

St-Imier va aussi avoir une importance matérielle et symbolique par le nombre de camarades que cette initiative va drainer. Être des milliers à débattre, à décider, à ouvrir des collaborations et de libres associations est une énorme richesse. Plus nombreux seront les mouvements de l’anarchisme social organisé à cette Rencontre et davantage sera renforcé la capacité d’animer, en un sens cohérent, exigeant et ouvert, l’intervention libertaire dans les luttes et l’organisation des résistances.

À chaque groupe, nous proposons la libre association sur la base d’un accord et, pour autant que les conditions matérielles le permettent, d’une contribution financière et d’une participation active des personnes militantes selon la taille des organisations (300, 600, 1000 euros). L’entrée au planning des journées et la visibilité offerte dans la communication en dépendront.

Fin mars 2012, cette proposition de libre association sera close, en principe, afin de se focaliser sur la logistique de l’évènement.

D’ores et déjà, outre les inscriptions, nous demandons à chaque collectif de nous préciser l’investissement qu’il pourrait apporter à ces journées :

Proposition de conférences, ateliers, animations. (ateliers-conferences@anarchisme2012.ch)

Traductions

Mise à dispositions de matériel d’infrastructure (cuisines collectives roulantes).

Compétences techniques pour l’organisation du village autogéré.

Militant-e-s pouvant être sur place un peu avant et durant la Rencontre pour assurer l’organisation et le fonctionnement des services de base

(volontaires@anarchisme2012.ch)

L’organisation interne pour la préparation de la Rencontre internationale fonctionne avec des groupes de travail et un comité d’organisations. On peut s’y associer à tout moment.

ANARCHISME 2012 ST-IMIER,

www.anarchisme2012.ch

14 décembre 2011

Fonctionnaires sous surveillances négatives

Fonctionnaires sous surveillances négatives

Un projet de décret et d’arrêté annonce la fin de l’évaluation traditionnelle des enseignants. Une bonne nouvelle ? Le texte ne mentionne absolument pas la fin de la visite sanctions des inspecteurs. Les carottes et les bâtons de ces derniers sont prévus à un bel avenir.

La réforme introduit quelques nouveautés :

L’avancement se fera à un rythme globalement plus long et avec des inégalités accrues. Après avoir décidé d’allonger les durées de cotisation théoriques avec la réforme des retraites, c’est maintenant au tour du 11e échelon de devenir un mirage.

L’entretien avec le supérieur hiérarchique tous les trois ans et un rapport individuel annuel.  Les pratiques jusqu’alors réservées à l’entreprise et management s’immiscent dans de nombreux domaines de nos vies. La gouvernance par la performance comme unique horizon ?

L’inspection d’aujourd’hui, ainsi que la note administrative (dans le second degré) nous poussent à nous soumettre (quelques uns à s’insoumettre) aux volontés de notre hiérarchie. De plus, la notation individuelle nie la réalité collective mise en place par de nombreuses équipes.

Pourtant, dans le projet de future évaluation, la compétition entre les enseignants serait au cœur du dispositif. En attribuant des gains d’ancienneté aux agents les mieux notés, mais sans dépasser les 30% d’entre eux et pénalisant d’un recul les moins bien vus, c’est directement au sein des équipes qu’une malsaine course au primes risque de s’installer.

Ne laissons pas le paradigme de la performance et de la compétition nous envahir.

Retrait du projet d’évaluation des fonctionnaires

Non à l’inspection

Pour une école coopérative et émancipatrice

L’Équipe du Lycée Autogéré de Paris.

[Istanbul] Occupation du Starbucks de l’Université

[Istanbul] Occupation du Starbucks de l’Université

 

Lettre de l’occupation du Starbucks de l’Université du Bosphore à Istanbul

Nous avons entamé le 6 décembre l’occupation du Starbucks nouvellement construit au sein de l’Université du Bosphore à Istanbul. Nous en sommes actuellement au septième jour d’occupation. Nous sommes là 24 heures sur 24, étudions, cuisinons et mangeons notre propre nourriture, lisons des poésies et regardons des films ensemble. Nous organisons des concerts en direct, tels celui de Bandista, ainsi que des interventions d’universitaires venus par solidarité. Nous n’avons pas seulement pris le contrôle de cet espace commercial, nous l’avons également ouvert à quiconque est désireux de réfléchir, de produire et de partager.

Le nombre d’occupants augmente chaque jour. En dépit de cela, nous avons pour le moment choisi d’éviter de recourir aux mécanismes de la démocratie représentative dans le cadre de nos prises de décision. Nos assemblées générales, organisées quotidiennement, sont ouvertes à tous et organisées sur le principe de la démocratie participative. Nous n’hésitons pas lorsque c’est nécessaire à discuter ensemble pendant des heures, y compris sur des questions ou des enjeux qui pourraient paraître secondaires. Nous nous efforçons de créer un lieu qui ne soit pas soumis à la temporalité capitaliste.

La première réaction du rectorat de l’université à notre encontre fut de nous menacer d’une enquête judiciaire. Bien qu’il n’y ait pas encore eu d’intervention physique, les policiers en civil et les équipes privées de sécurité font quotidiennement sentir leur présence. L’université tente également de nous marginaliser en déclarant ce type de protestation illégal et violent par nature. Nous ne faisons pourtant que réclamer ce qui nous appartenait d’ores et déjà.

Nous avons en effet organisé cette occupation car il nous paraît nécessaire que les étudiants aient à leur disposition sur le campus une nourriture saine et abordable. Le seul restaurant universitaire où l’on pouvait se restaurer à un coût raisonnable a été fermé au début du semestre et une partie de l’espace qui lui était dévolu a été loué à Starbucks, une franchise internationale qui ne répond en rien à nos besoins. Nous avons essayé de nous opposer à travers des réunions, des meetings et des manifestations à cette décision qui fut prise sans aucune concertation avec les étudiants et le personnel de l’université, mais le recteur ne nous a à aucun moment considéré comme partie prenante de la question. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de reprendre ce qui nous appartient et d’occuper cet endroit.

Mailing, 13 décembre 2011.

Jura Libertaire, 13 décembre 2011