Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Vienne] Quand l’agence pour le « tourisme » devient une agence pour la compétitivité/attractivité

Le monde merveilleux du développement durable…

L’agence Vienne- Futuroscope va  » vendre  » le département

Aujourd’hui, quand on est ni en Ile-de-France, ni en région PACA, il faut savoir se battre pour attirer les investisseurs sur son territoire. Et la bataille entre collectivités fait rage. On l’a vu à l’époque où le Center Parcs n’était qu’un projet dans une pochette en carton, et que le Maine-et-Loire ferraillait avec la Vienne pour tirer les marrons du feu. Autres contextes et même combat ont précédé l’installation des entreprises Délipapier à Ingrandes-sur-Vienne ou ZTE sur la Technopole du Futuroscope… voire d’autres projets en perspective qui représenteraient à ce jour un volume significatif de 2,5 milliards d’euros d’investissement à l’horizon 2015/2016… Pour continuer d’avoir un temps d’avance, il faut se positionner au cœur d’une compétition qui devient mondiale. Pour cela, le conseil général mise sur le Futuroscope, en premier lieu, dont l’adresse est devenue mondiale avec ses 25 années d’expérience. Il table aussi sur l’université de Poitiers et son pôle recherche, une industrie aéronautique spécifique, un tissu de 500 professionnels du tourisme, des entreprises leader sur leur marché, Aigle, Saft, Dassault, Sagem, Terrena, Eurial (*)… Et pour le faire savoir, il vient de créer une agence d’attractivité, qui aura pour objet de mieux faire connaître la Vienne à l’International et de détecter suffisamment en amont les entreprises susceptibles de développer des projets sur le département. Cette mise en place passera par la modification et l’adaptation des statuts de l’Agence touristique de la Vienne (ex CDT) qui portera cette nouvelle structure.

Nouvelle République, 13 février 2012

ndPN : et voici quelques productions des groupes industriels cités ci-dessus : très glamour !

 

 

 

 

 

 

 

 

Et voici une jolie pile SAFT, au lithium.

Et voici le célèbre Rafale, de notre bien-aimé milliardaire-patriote Dassault !

 

 

 

 

 

 

 

Tombons en pâmoison devant ce drone Patroller, de Sagem…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rendons grâce à l’empire Terrena, de nous nourrir au quotidien…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et à Eurial, qui nous prodigue son lait délicieux, qui fleure si bon la nature !

Et bientôt plein d’autres beaux et bons produits made in France, made in Poitou, grâce aux bons soins de notre agence pour le tourisme et la compétitivité !

Pavillon Noir

[Haute-Savoie] No gazaran !

2500 personnes s’opposent au Gaz De Schiste en Haute Savoie

Samedi 11 Février, à Saint Julien en Genevois, 2500 personnes se sont rassemblées par un froid glacial afin de s’opposent à l’exploration et l’exploitation des Gaz et huiles de roche mère en Haute Savoie. A l’occasion du premier rassemblement des différents collectifs de la région Rhône Alpes, sous le haut patronnage de la Région Rhône-Alpes et un an après la grande manifestation à Villeneuve de Berg qui avait réunis 20000 personnes en Ardèche.

Cette fois ci ce sont l’ensem­ble des col­lec­tifs Stop Gaz De Schiste de la région Rhône Alpes qui se sont réunis dans la ville de Saint Julien En Genevois, petite ville de 11000 habi­tants qui est direc­te­ment concer­née par les gaz de schiste avec le permis de Gex, permis accordé le 11 juin 2009 pour une durée de 5 ans à dif­fé­ren­tes com­pa­gnies pétro­liè­res anglaise (eCorp, Eagle Energy limi­ted et Nautical Petroleum PLC). Ce permis a été accordé sur une sur­face de 932km² sur les ter­ri­toi­res de l’Ain de la Haute Savoie et du Jura.

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La jour­née à débuté par un mee­ting d’une heure et demi ou se sont suc­cédé plu­sieurs per­son­nes du col­lec­tif et élus et auquel assis­tait envi­ron 600 per­son­nes. Après une rapide intro­duc­tion par le Maire de la ville, c’est Jacques Cambon, hydro­lo­gue qui a pris la parole et a rap­pelé ce qui a com­mencé comme « un conte de fée capi­ta­liste » en expli­quant qu’aujourd’hui, la seule tech­ni­que pos­si­ble pour l’extrac­tion du gaz est la frac­tu­ra­tion.

Petit rappel, qu’est-ce que la frac­tu­ra­tion hydrau­li­que ?

La méthode dite de frac­tu­ra­tion consiste à forer un puits entre 2500 et 4000 mètres de pro­fon­deur ren­forcé par du béton, puis de faire explo­ser ce puits par endroit. C’est ensuite 10000 à 20000 m3 d’eau qui sont injec­tés sous pres­sion dans le puits afin de créer des fis­su­res dans la roche et de lais­ser passer le gaz, lui per­met­tant de remon­ter à la sur­face par le puits. L’eau est mélangé à du sable et à de nom­breux pro­duits chi­mi­que (plus de 500). Cette eau remonte ensuite à la sur­face, mais la frac­tu­ra­tion de la roche peut également lui per­met­tre de rejoin­dre les nappes phréa­ti­que et les réser­ves d’eau pota­ble. C’est donc toute une popu­la­tion qui risque d’être conta­mi­née par ces fora­ges. Malgré l’inter­dic­tion des frac­tu­ra­tions hydrau­li­que (par une loi du 13 juillet 2011), les com­pa­gnies pétro­liè­res et de fora­ges envi­sa­ges déjà de contour­ner ces lois, avec l’aide du gou­ver­ne­ment, comme lors du col­lo­que du 17 Janvier à Paris orga­nisé par le club « énergie et déve­lop­pe­ment » réu­nis­sant minis­tre et mul­ti­na­tio­nale.

Le mee­ting s’est pour­sui­vie par l’inter­ven­tion d’Elisabelle Bourgues, pré­si­dente de No Fracking France, d’Anne Marher, député du canton de Genève qui à fat un point sur la situa­tion de son Pays, Alain Chabrol, vice-pré­si­dent du conseil géné­ral de Rhône Alpes qui a rap­pelé le besoin d’un débat sur l’avenir énergétique ainsi que la refonte du code minier. Le der­nier inter­ve­nant aura été Jean Louis Chopy, porte-paro­les du col­lec­tif Stop Gaz De Schiste Ardèche, qui a parlé de l’avenir du mou­ve­ment et a appelé au blo­cage des camions dès leur arrivé sur la zone. Des sen­ti­nel­les seraient déjà en places pour sur­veiller une éventuelle acti­vité sur les zones d’explo­ra­tions. Malgré l’illé­ga­lité de ce pro­cédé, la légi­ti­mité l’emporte selon lui et appel à l’action phy­si­que, dans la non-vio­lence tou­te­fois.

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Jean Louis Chopy : « Nous sommes prêt à une insurrection, bloquer est illégal mais légitime ».
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Une confé­rence de presse d’une tren­taine de minu­tes a été tenue par les mem­bres du col­lec­tif à la suite de ce mee­ting. Les inter­ve­nants ont clai­re­ment deman­dés l’arrêt de la déli­vrance des nou­veaux permis, et l’arrêt des permis en cours, et ont envoyé un mes­sage clair à Eric Besson et aux can­di­dats aux élections légis­la­ti­ves à se posi­tion­ner clai­re­ment sur le sujet. En effet ce sont déjà deux permis qui ont été accordé sur la région et quatre autres sont en cours d’ins­truc­tion pour attri­bu­tion immi­nente. Ces der­niers concer­nent exclu­si­ve­ment notre région avec les permis de Blyes( 01), Gex Sud ( 74-01), Lyon Annecy( 68-38-73-74) et mont­fal­con ( 38-69-26-07)En tout, ce ne sont pas moins de 10 000 km² de nos ter­ri­toi­res en Rhône-Alpes qui seront impac­tés par cette indus­trie pol­luante et dévas­ta­trice. Et en France c’est après les 73 permis déjà accor­dés sur tout le ter­ri­toire, encore 71 autres qui sont en attente de vali­da­tion. Un point sur l’avenir du mou­ve­ment a également été fait et s’il est néces­saire, il faudra selon eux faire « la guerre » aux com­pa­gnies de fora­ges pour empê­cher un désas­tre écologique.

C’est ensuite 2500 per­son­nes qui ont défilé énergiquement dans les rues de la ville (malgré une tem­pé­ra­ture de moins dix degrés) et ont rejoint la sous-pré­fec­ture. Quelques membre du col­lec­tif ont réussi à ren­contrer le sous-préfet qui à déclaré ne pas être assez com­pé­tant pour donner une réponse clair sur le sujet.

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Prise de parole devant la sous-préfecture.

Au même moment, plu­sieurs per­son­nes ont pris la parole (col­lec­tif et élus) et n’ont pas manqué de féli­ci­ter l’orga­ni­sa­tion de cette mani­fes­ta­tion citoyenne, et dont la tête du cor­tège n’était repré­sen­tée par aucun parti poli­ti­que ; élus de tous bords enga­gés dans cette lutte et partis poli­ti­ques ayant leur place citoyenne au milieu du cor­tège. Il est impor­tant de rap­pelé que les col­lec­tifs Stop Gaz De Schiste sont apo­li­ti­ques et qu’ils ne sou­hai­tent la récu­pé­ra­tion d’aucun parti poli­ti­que, en accep­tant tout de même le sou­tien de tous bord à l’excep­tion de l’extrême droite.

De nom­breuse soi­rées « Gasland » ( pro­jec­tion du film suivie d’un débat) ont déjà été pro­gram­mées dans le pays Savoyard et conti­nue­ront de plus belle afin d’infor­mer et mobi­li­ser les citoyens et les élus locaux dans l’ensem­ble des dépar­te­ments en Rhône-Alpes, région par­ti­cu­liè­re­ment tou­chée puis­que 7 dépar­te­ments sur 8 sont sous l’attri­bu­tion de permis d’explo­ra­tion, trans­for­ma­bles sans autre obli­ga­tion en permis d’exploi­ter ! Pour plus d’infor­ma­tion : http://stop­gaz­des­chiste.org

Rebellyon, 12 février 2012

[Notre-Dame des Landes] Appel à dons

Appel à soutien financier pour la ZAD

 

 

 

 

 

 

 

Appel à dons

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l’appel vient du lèse béton n°4 dispo sur zad.nadir.org

Indymedia nantes, 10 février 2012

Un nouveau décret sur la pub offert aux annonceurs : « jusqu’à 30 % de chiffre d’affaires supplémentaire »

Décret sur les panneaux publicitaires : les afficheurs sont les grands gagnants !

Le décret qui modifie la réglementation de l’affichage publicitaire, en application de la loi « Grenelle II », vient d’être publié. Au lieu d’améliorer la situation qui est celle des entrées de villes, le décret ouvre la porte à une aggravation de la pollution visuelle.

Un décret élaboré en catimini

La consultation publique, qui avait mobilisé sept mille citoyens et associations en grande majorité favorable à une meilleure protection des paysages, s’est terminée en mars 2011. Ce n’est pourtant que le 31 janvier 2012 que le décret a été publié au journal officiel. En effet, pendant ce long délai de dix mois, le décret a été profondément remanié pour tenir compte des doléances des sociétés d’affichage publicitaire. Selon le Canard enchaîné du 1er juin 2011, c’est d’ailleurs l’afficheur JCDecaux qui a « littéralement tenu le stylo » du ministère de l’Écologie ! France Nature Environnement et Agir pour les paysages n’ont pas été tenues informées.

Ceci au moment même où France Nature Environnement vient, dans le cadre de « l’Appel des 3 000 », de demander qu’un nouvel élan soit donné à la démocratie par le biais notamment d’un véritable dialogue environnemental. Pour Raymond Léost, secrétaire national de France Nature Environnement : « Le décret sur l’affichage publicitaire, finalement rédigé avec les seuls professionnels concernés, va directement à l’encontre du dialogue environnemental attendu par les citoyens. »

Un tiers de chiffre d’affaires supplémentaire pour les afficheurs !

Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet a déjà dénoncé « l’effet dévastateur sur le paysage de la prolifération des panneaux publicitaires » et que Frédéric Mitterrand s’insurgeait récemment contre « les abords de ville dénaturés et bardés d’enseignes et de constructions sans ambition esthétique », ce décret ne devrait apporter aucune amélioration.

Les panneaux publicitaires de grand format scellés au sol sont ainsi conservés, tandis que de nouvelles possibilités d’implantation sont offertes aux sociétés d’affichage publicitaire. Tel est le cas des bâches publicitaires qui pourront recouvrir intégralement les immeubles, mais aussi les écrans vidéo, source de pollution visuelle, de nuisances lumineuses et de gaspillage énergétique, qui pourront atteindre pas moins de 50 m².De l’aveu même du ministère de l’Écologie, le taux de dispositifs devant être démontés sera « très faible », tandis que les nouvelles possibilités offertes aux afficheurs leur permettront de réaliser jusqu’à 30 % de chiffre d’affaires supplémentaire ! Enfin, les rares mesures protectrices du paysage n’entreront en vigueur au mieux que le 1er juillet 2014.

Pour Cyril Ronfort, président d’Agir pour les paysages : « À l’heure où 4 Français sur 5 jugent la publicité envahissante, le gouvernement a pris le parti d’aggraver la pollution visuelle au lieu de l’endiguer. »

France Nature Environnement et Agir pour les paysages étudient à présent l’opportunité de déposer un recours contre le nouveau décret.

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France Nature Environnement, 6 février 2012

Overdose d’antibiotiques dans l’élevage industriel

Overdose d’antibiotiques dans l’élevage industriel

Des animaux gavés aux antibiotiques pour accélérer leur croissance, et voilà des bactéries résistantes qui se retrouvent dans nos assiettes. Elles génèrent des affections parfois mortelles, qui représentent un coût élevé pour le système de santé. Mais la surconsommation d’antibiotiques représente un gain de productivité pour l’industrie agroalimentaire, qui, aux États-Unis, se réjouit de la récente décision de l’Agence de l’alimentation d’autoriser leur utilisation massive dans l’élevage.

La consommation d’antibiotiques prescrits par les médecins n’est rien comparée à la quantité ingérée via l’alimentation. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la moitié des antibiotiques produits dans le monde sont destinés aux animaux. Un chiffre qui s’élève à 80 % aux États-Unis ! Un rapport de l’Agence de l’alimentation états-unienne (Food and Drug Administration, FDA) estime que les animaux d’élevage y consomment 13 000 tonnes d’antibiotiques par an [1] ! Cette surconsommation favorise le développement de bactéries résistantes, qui peuvent se retrouver dans nos assiettes en cas de cuisson insuffisante. Des chercheurs ont par ailleurs montré que les antibiotiques ne sont pas seulement présents dans la viande, mais aussi dans les céréales ou les légumes cultivés sur des sols fertilisés avec du fumier de bétail.

Une étude publiée par la revue médicale Clinical Infectious Diseases en 2011 révèle ainsi que la moitié de la viande de bœuf, de poulet, de porc et de dinde vendue dans les grandes surfaces aux États-Unis contient des germes résistants aux antibiotiques (le staphylocoque SARM). En août dernier, 16 000 tonnes de dinde contaminée à la salmonelle – résistante aux médicaments – ont été rappelées par le géant agroalimentaire Cargill ! Bilan : un mort et une centaine de malades.

La France détient le record de résistance aux antibiotiques

La résistance aux antibiotiques se développe. « Chaque année, 100 000 Américains meurent d’une infection bactérienne contractée à l’hôpital, et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. 70 % de ces infections sont résistantes aux traitements ordinairement utilisés », estime la députée démocrate Louise Slaughter [2], interrogée par The Guardian. La France détient le record de résistance aux antibiotiques en Europe : 50 % pour la pénicilline et 28 % pour la méticilline [3]. L’Union européenne a réagi en 2006, interdisant la consommation d’antibiotiques pour augmenter la croissance des animaux. En France, plus de 1 000 tonnes d’antibiotiques sont pourtant encore consommées chaque année dans l’élevage. Une étude de l’Agence nationale du médicament vétérinaire évalue la présence d’antibiotiques à 67,7 mg par kg de viande produite. Elle rappelle aussi que les « antibiotiques récents sont généralement plus actifs et nécessitent l’administration d’une quantité plus faible ». L’Allemagne n’est pas en reste, avec ses poulets industriels gavés aux « antibios ».

Malgré cet inquiétant constat, aux États-Unis, l’Agence de l’alimentation (Food and Drug Administration, FDA) vient d’opérer un revirement « consternant ». Fin décembre, elle est revenue sur une promesse – datant des années 1970 ! – de contrôler l’usage de deux des antibiotiques les plus utilisés : pénicillines et tétracyclines. Les producteurs pourront continuer d’en gaver leurs animaux. La FDA préfère, à la place, concentrer ses efforts sur « le potentiel de réforme volontaire » de la part des agriculteurs… Cette décision – publiée discrètement dans le registre fédéral (Journal officiel) à la veille de Noël – « ne doit pas être interprétée comme le signe que la FDA n’a plus de préoccupations sanitaires » sur le sujet, se sent-elle obligée de préciser. Un sympathique « cadeau de Noël de la FDA aux fermes industrielles », ironisent certains commentateurs.

20 milliards de dollars par an pour le système de santé

Cette surconsommation d’antibiotiques a aussi un coût : le SARM (staphylocoque résistant à la méticilline) est responsable du décès de 19 000 personnes chaque année aux États-Unis, et entraîne 7 millions de visites chez le médecin ou aux urgences, estime Maryn McKenna, journaliste spécialisée en santé publique : « Chaque fois qu’une personne contracte le SARM à l’hôpital, les coûts de santé sont multipliés par quatre. La résistance aux antibiotiques est un énorme poids pour la santé publique dans notre société. » Un coût estimé à 20 milliards de dollars par an pour le système de santé états-unien.

Mais le lobby de l’agroalimentaire mène aussi la bataille des chiffres : pour la Fédération états-unienne de la dinde, les antibiotiques permettent de diminuer d’un tiers le coût de production [4]. Les antibiotiques diminuent le temps de croissance, et sont nécessaires pour que les animaux supportent de vivre entassés par milliers dans les porcheries et les poulaillers. Sans antibiotiques, il faudrait plus d’infrastructures agricoles. Et 175 000 tonnes de nourriture en plus, rien que pour l’industrie de la dinde aux États-Unis, affirment les professionnels du secteur.

Des arguments qui semblent avoir convaincu la FDA, qui repousse toute décision pour réguler la consommation d’antibiotiques. Sans doute – en cette période électorale – pour éviter un financement massif par le lobby agroalimentaire de la campagne républicaine. En janvier, sous le feu des critiques, la FDA annonce cependant qu’elle va limiter à partir d’avril l’utilisation d’une catégorie d’antibiotiques, les céphalosporines, pour les bovins, les porcs ou les volailles. Bonne opération de communication : les médias reprennent en chœur cette décision, pointant les efforts de la FDA pour « limiter l’usage des antibiotiques ». Mais, oublient-ils de préciser, les céphalosporines ne représentent que 0,5 % des antibiotiques utilisés dans l’élevage. Pas de quoi rassurer les consommateurs. Ni résoudre ce grave problème sanitaire.

Agnès Rousseaux

Photo : CC John Donges

Notes

[1] En 2000, l’Institut de santé animale, représentant des fabricants de médicaments vétérinaires, estimait la consommation d’antibiotiques dans l’élevage à 8 000 tonnes par an aux États-Unis.

[2] Auteure d’un texte législatif sur l’antibio-résistance : « Preservation of Antibiotics for Medical Treatment Act ».

[3] Respectivement utilisées contre le pneumocoque et le staphylocoque doré, les principales bactéries à l’origine des infections nosocomiales. Source : Rapport parlementaire, Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé, déposé le 22 juin 2006.

[4] « Today at retail outlets here in the D.C. market, a conventionally raised turkey costs $1.29 per pound. A similar whole turkey that was produced without antibiotics costs $2.29 per pound. With the average consumer purchasing a 15 pound whole turkey, that would mean there would be $15 tacked on to their grocery bill. », Michael Rybolt, National Turkey Federation, audition au sous-comité sur l’élevage de la Chambre des représentants.

Basta Mag, Agnès Rousseaux, 8 février 2012