Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Naintré] Bientôt une AMAP ?

Vers la création d’une Amap à Naintré

Plusieurs intervenants ont pu dialoguer avec le public naintréen à l'invitation de l'Association La Barque.

 

Plusieurs intervenants ont pu dialoguer avec le public naintréen à l’invitation de l’Association La Barque. – (dr)

Mardi soir, une vingtaine de consommateurs « désireux de manger bio » sont venus participer à un débat organisé dans les locaux de La Barque à Naintré. Autour de la question : « Sommes-nous en mesure de créer une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture de proximité) sur Naintré ? ».

En fin de réunion, la réponse des participants était prudente, mais positive. Deux atouts importants sont réunis : « une demande qui se renforce pour une alimentation saine » et une agricultrice très motivée disposant de terrains appropriés. Ceux d’Isabelle Dubreuil, dont le projet est justement « de cultiver au naturel et d’entretenir une relation de confiance basée sur la qualité de produits diversifiés avec des consommateurs venant d’une zone proche ». Régis Ouvrard a par ailleurs présenté « Dém’Arch’ coopérative », qui fonctionne depuis trois ans à Archigny. Tout comme a été exposé le fonctionnement de « Bio-solidaire » sur Senillé.

« Restons mesurés, mais le chantier semble bien se présenter, avec des adaptations à construire », ont conclu Gérard et Marie-Noëlle Baranger, initiateurs de cette rencontre fructueuse.

Prochaine étape : recenser le cercle des intéressés prêts à participer à cette Amap locale en regroupant un nombre suffisant de « consomm’acteurs » pour assurer une assise durable à la structure envisagée.

Contact : 05.49.90.07.87.

Nouvelle République, 19 novembre 2011

Europe-Ecologie-les verts, l’art de la compromission ou comment tuer l’écologie politique

Europe-Ecologie-les verts, l’art de la compromission ou comment tuer l’écologie politique.

Article du mardi 15/11/2011, remodifié le mercredi 16/11/2011 :

La trahison des Verts avait déjà commencé…

Cécile Duflot, première secrétaire d’Europe Ecologie-les verts et son homologue Martine Aubry chez le PS, ont signé ce mardi 15 Novembre un accord à minima pour les législatives i. Ainsi cet accord ne prévoit pas d’arrêt du chantier de l’EPR, ainsi que d’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. En échange, les verts obtiennent quelques petites friandises écolo-compatibles avec le programme du PS. Avec, cerise sur le gâteau, l’assurance de recevoir un groupe parlementaire de plus de 15 députés. L’accord doit encore être signé par le bureau du PS ce soir, et par le bureau des Verts samedi, mais nous ne nous leurrons pas sur un abandon de cet accord. Le PS étant peu mouillé dans l’affaire, tandis qu’Europe-Ecologie n’a que trop besoin de places au pouvoir.

Petit retour sur un feuilleton politicien; où les seuls à y perdre leurs plumes, sont ceux/celles qui ont cru à l’intégrité des Verts :

Hier encore, les négociations entre les verts et le PS paraissaient être au point mort. Les verts apparaissaient ainsi déterminés à ne rien lâcher sur leurs positions actuelles ii. Ce serait nous faire oublier leurs changements récent de points d’accord avec le PS, et ce particulièrement sur le nucléaire. Ainsi, les verts mentionnaient une sortie du nucléaire comme condition préalable à un accord, dans un article de l’express daté du 21 octobre iii. Hier, la presse se faisait le relais incessant de leur revendication principale : l’arrêt du chantier de l’EPR comme condition à un éventuel accord avec le parti socialiste iv. Leur position avait alors évolué dans la journée de mardi, et s’arrêtait à la demande d’un simple moratoire v. Trois changements de position en deux semaines, cela signifiait déjà beaucoup.

Concernant l’EPR, nous nous demandions encore hier, en quoi cela pouvait signifier la sortie du nucléaire? Cela aurait seulement pu être une petite sucrerie des socialistes, qui permettait aux verts de ne pas trop perdre la face, et au PS de reculer un peu plus l’échéance de la sortie immédiate du nucléaire. Explication : limiter la part de l’énergie nucléaire de 75% à 50% dans la part totale de l’énergie électrique produite en France, comme le programme les socialistes, ne signifie rien. Et ce tant que la part totale de consommation et donc de production d’électricité, en hausse constante en France, ne sera pas remise en cause. Cela n’empêche pas les verts de croire à cet algorithme douteux, puisqu’ils ont adhéré à ce programme en échange de l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires. Le PS et l’UMP pourront toujours relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires aux prochaines législatives, en se justifiant de la dépendance énergétique croissante de la France.

Quant aux autres dossiers soulignés comme étant des points non-négociables au début des négociations avec Mr Hollande tel que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la retraite à 60 ans, la taxe écologique, mais aussi le non-cumul des mandats… Ils n’apparaissaient que très peu voire pas du tout dans les récentes déclarations des négociateurs et des dirigeants du parti d’Europe Ecologie. Etait-ce un aveu de flexibilité sur ces soi-disant points d’achoppement ? Ainsi, concernant l’aéroport de Notre Dame des Landes, la dernière revendication des verts s’arrêterait à un simple débat public (sic)vi . On était déjà loin de la promesse de l’arrêt de ce projet !

Les verts, aidés par une presse vantant leur soi-disant fermeté, ont bien su déguiser leur multiples reculs ou omissions sur les points de mésententes avec le PS. Mais Europe Ecologie possède « un argument de poids » : ces reculs seraient nécessaires pour la constitution d’un groupe parlementaire écolo qui permettrait d’effectuer un lobbying de l’intérieur, de provoquer des débats importants et d’informer la population (sic). Arguments des verts souvent entendus au niveau de la lutte contre le projet d’aéroport de NDDL, quant on remet en question leur participation à des mairies porteuses du projet.

Ne serait-ce pas plutôt par goût immodéré du pouvoir et du mépris du pouvoir des luttes horizontalesvii, qu’Europe Ecologie cherche à se placer dans les jupes du PS ?

Les Verts ou l’art de la compromission/trahison depuis le gouvernement Jospin

Cette vaste tromperie politicienne du parti écolo a essentiellement viii débuté avec l’investiture en 1997 de Dominique Voynet comme ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire. Mais aussi avec la constitution d’un groupe parlementaire dominé par les Verts à cette même date, grâce à l’appui de deux autres partis alliés du PS ix.

N’oublions pas le nombre de votes et de décrets contraire à une politique écologiste anti-productiviste, qui ont été votés durant le gouvernement Jospin, avec l’appui fidèle de Mme Voynet x. Parmi ces mesures peu écolos, et peu critiquées au sein du parti des verts, nous pouvons citer les votes favorables à l’ enfouissement des déchets radioactifs à Bure, à l’implantation de lignes E.D.F. à haute tension, au essais OGM, à l’incinération des déchets, à la construction de nouvelles autoroutes… Tant de mesures qui ne devaient pourtant être appliqués si les verts et le PS s’en étaient tenu à leur accord pré-électoral. L’accord signé aujourd’hui, déjà bien pauvre, pourrait bien n’être qu’une coquille vide de plus.

Le pragmatisme politicien d’Europe Ecologie l’emporte bien souvent sur ses promesses pré-éléctorales. Et l’implantation assez forte des verts dans les collectivités locales à partir des élections municipales de 2001, ne s’est pas faite sans de nombreuses traitrises et compromissions.

Ainsi, à Paris, les verts participent à la mise en place des Vélibs, financés par JC Decaux et ses pubs avidement consommatrices d’électricité et de temps de cerveau disponible xi! A Grenoble, ils votent avec les socialistes l’implantation d’un centre industriel et de recherche sur les nanotechnologies xii . Au conseil général PACA, ils s’expriment en faveur du futur réacteur nucléaire à fusion froide : l’ITER, en échange de mesures de soutien aux énergies renouvelables xiii. Dans différentes collectivités territoriales ils soutiennent de grands chantiers de construction de lignes à grande vitesse, comme au Val de Susa xiv ; lignes pourtant entièrement dépendantes de l’énergie nucléaire.

De nombreux exemples de compromissions au niveau local existent xv, ils sont récents et témoignent du très peu de conscience écolo des verts. Mais par dessus tout, il exprime leur addiction aux arcanes du pouvoir xvi, et leur morgue envers tout les espoirs vains de changements qu’ils incarnent pour certain-e-s militant-e-s écologistes.

L’opposition de façade à travers le projet de Notre Dame des Landes

Cette dépendance envers le pouvoir s’exprime aussi dans une opposition de façade, comme l’illustre leur opposition récente, lâche et opportuniste contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Le parti Europe Ecologie-les verts participe ainsi à toutes les majorités socialistes locales des pays de la loire, et n’a pas hésité à passer des accords électoraux non-contraignants envers le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes xvii ! Quel courage politique !

De plus, lors du vote du budget de ce projet dans les différentes collectivités locales, les verts manifesteront « leur opposition inconditionnelle et virulente » en votant…contre xviii. Ce, sans remettre en question leur alliance avec le PS et en écartant toute idée de démission. Une action non-violente de deux militant-e-s bloquant le financement du projet durant une semaine, sera d’ailleurs critiqué vertement par les écologistes. Ces derniers iront directement présenter leurs excuses au parti socialiste xix. Leurs bottes n’étaient surement pas assez cirés…

Le cynisme électoral des verts sur ce dossier ne s’arrête pas là. L’élection de Ronan Dantec, vice-président de Nantes-métropole au côté de Jean Marc Ayrault, au poste de sénateur d’Europe Ecologie; s’est réalisé grâce à un accord avec le PS au dernières sénatoriales. Accord qui ne mentionne pas le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes xx. Pouvoir, quand tu nous tiens…

Europe-écologie se fait aussi le chantre de la construction d’une deuxième piste à l’aéroport actuel de Nantes, à la place de la construction de l’aéroport de NDDL xxi. Ils incorporent ainsi les arguments peu décroissants de certain-e-s opposant-e-s à l’aéroport. Aucune remise en question de la pollution que dégage cet aéroport n’est évoqué. Ainsi que sa forte dépendance au pétrole, et à sa participation au tourisme de masse et de consommation de l’espace agricole (à travers les projets industriels et résidentiels qui se greffent autour). Europe Ecologie ou l’art de nous faire avaler des couleuvres sur sa soi-disant approche anti-productiviste de l’économie xxii !

Nous observons aussi sur la lutte contre l’aéroport de NDDL, que les verts trop compromis dans leurs luttes de caciques et dénigrant l’action directe (non-violente ou non), ne s’inscrivent plus dans les luttes qu’à travers les meetings, parades et autres messes militantes.

Enfin, le silence flagrant d’Europe Ecologie sur ce dossier, depuis 15 jours, n’était-il pas le signe que leur promesse maintes fois répété aux militant-e-s de l’opposition à l’aéroport de NDDL n’était que du vent ? Qu’un accord sur un groupe parlementaire est bien plus intéressant que la parole engagée et l’intégrité ? Au vu de ces trahisons passés, présentes et futures, ne nous leurrons plus sur la force des convictions écologistes des Verts.

Nous ferions mieux de ne plus rien attendre de ces enjeux électoraux, mais plutôt d’user de notre pouvoir immédiat et autogéré : par le blocage, le boycott, la grève, l’occupation…afin de réellement faire plier les autorités locales et Vinci.

En finir avec Europe-Ecologie, pour une écologie décentralisée et libertaire !

L’attente importante des militant-e-s écolos d’un éventuel accord avec le PS, qui permettrait de grappiller quelques miettes d’un pain pourri, ne signifie-t-elle pas la mort d’une certaine idée et pratique de l’écologie politique ? Le Larzac, Plogoff, le Carnet…autant de grandes luttes gagnés grâce au courage de personnes qui y risquaient leur santé et leur liberté. Va-t-on faire honneur à ces luttes en attendant de pitoyables enjeux électoraux ?

Se pose alors la question cruciale, après tous ces exemples de trahisons/compromissions : ne devrait-on pas en finir avec Europe Ecologie ?

Nous appelons ainsi :

-localement : la coordination des associations et partis opposés à l’aéroport de NDDL à se positionner clairement par rapport aux trahisons d’europe écologie, qui fait partie intégrante de cette coordination. Aux élu-e-s d’Europe Ecologie de ne plus participer à la lutte, ou de démissionner si ils/elles souhaitent réellement lutter contre le projet d’aéroport de NDDL.

-nationalement : de dénoncer partout où cela est possible la compromission des verts avec la politique libérale et productiviste des socialistes, et de mener des actions en ce sens. Aux militant-e-s d’Europe Ecologie de brûler leur carte de parti. Et au renforcement d’une convergence des luttes autogéré, anti-capitalistes, anti-productivistes et libertaires, notamment lors de rencontres comme celle de Valognes, en Novembre 2011. Ce afin de relier les différentes luttes locales et nationales entre elles, pour mieux porter les enjeux globaux d’une écologie politique sincère et non-politicienne !

Battons-nous pour une écologie décentralisée, horizontal, libertaire et égalitaire xxiii, comme s’échinent à le faire les occupant-e-s de la ZAD ! Ne nous laissons pas gagner par le pouvoir des urnes, qui n’est en réalité que le pouvoir délégué à quelques personnes bien éloignés des convictions de ceux/celles qui les portent!

Pour une lutte contre le cynisme écolo-électoral, n’hésitons pas à virer ces professionnels du pouvoir, des luttes qu’ils prétendent incarner !

Le collectif de lutte contre l’aéroport de NDDL et des occupant-e-s de la ZAD

L’article en format PDF : Europe-Ecologie-les verts, l’art de la compromission ou comment tuer l’écologie politique

Les différentes sources de l’article :

i Article du monde.fr daté du 15/11/2011 : Le PS et EELV trouvent un accord a minima pour les législatives

ii Article du monde.fr du 06/11/2011 : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/11/06/l-ultimatum-d-eva-joly-aux-socialistes_1599674_823448.html

iii Eva Joly déclare dans cet article : « qu’il n’y aura pas d’accord de gouvernement avec le PS s’il n’y a pas d’engagement sur la sortie du nucléaire »

iv Article du monde.fr daté du 04/11/11 : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/11/04/duflot-pas-de-point-de-compromis-avec-le-ps-si-on-continue-a-construire-l-epr_1598817_823448.html

v Article du monde daté du 15/11/11 : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/11/15/ps-eelv-l-entourage-de-m-hollande-divise-sur-l-opportunite-d-un-accord_1603797_1471069.html#ens_id=1504462&xtor=RSS-3208

vi Tiré d’un article du monde du 15/11/2011 : « Sur le délicat dossier du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), dont les écologistes souhaitent l’annulation pure et simple, les signes d’ouverture existaient mardi matin,  puisque les socialistes seraient selon les écologistes prêts à accepter un nouveau débat public sur le projet. »

vii Les luttes horizontales s’expriment à travers l’élaboration de décisions prises de manière décentralisées et non-autoritaires, en assemblée générale. En somme, il s’agit de la mise en pratique de l’autogestion dans les prises de décisions afin d’éviter les concentrations et abus de pouvoir. Tout le contraire d’Europe écologie où la délégation du pouvoir est institutionnalisé.

viii Les verts passeront des accords avec le PS au premier tour d’élections à partir de 1994, à la suite de l’assemblée générale de Lille. Ces accords scelleront  la fin de leur politique de non-compromission avec les socialistes, qui vantent déjà une politique libérale et productiviste pour la France.

ix Le parti radical socialiste et le mouvement des citoyens

x Deux bilans de la revue de critique de l’écologie politique : Ecorev, reviennent sur le bilan de la gouvernance des verts avec le PS. L’un particulièrement mordant : Le bilan de Dominique Voynet et de son Ministère : de l’engluement complaisant au cynisme discret, l’autre plus neutre mais plus documenté : 1997-2002 : les Verts au gouvernement, bilan et perspectives

xiLes verts se félicitent du succès du vélib sans aucune critique, une vidéo daylimotion le 15/07/2007

xii Article du collectif pièces et main d’œuvre : www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article79

xiii Communiqué de la coordination anti-nucléaire du sud-est le 06/10/2010: Iter : Volte face des élus d’Europe Ecologie

xiv Article paru sur Indymedia Grenoble en Décembre 2005 : Lyon Turin : Les Verts persistent et s’enfoncent.     Un article plus détaillé et intéressant sur la position des verts par rapport à la LGV : http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article22019

xv Voir aussi le vote plus que compromis des députés européens d’Europe Ecologie fin-2009, à propos d’une résolution du parlement européen vantant les mérites de l’énergie nucléaire. Ou encore, un peu plus tôt, le vote des députés verts au parlement européen pour la création d’un marché de libre-échange avec les Etats-Unis !

xvi Jean-Vincent Placé, principal négociateur d’Europe Ecologie déclare le 29/07/2010 au journal l’express : « je suis un homme de pouvoir »
xvii Voir par exemple cette tribune de Jean Phillipe Magnen,vice-président du conseil régional des Pays de la Loire. Ou encore cet article d’indymedia dénonçant ces pratiques politicardes.

xviii Article du Parisien sur les votes du financement de l’aéroport de NDDL : nouvel-aeroport-a-nantes-les-collectivites-locales-bouclent-tour-de-table-27-09-2010

xix Voir article de Saint-Nazaire.infos à ce propos et un récit de cet action

xx Voir l’article de Presse torchon du 28/10/2011 à propos de cet accord entre le PS et les verts aux élections sénatoriales de Loire-Atlantique.

xxi Lire l’article de ouest torchon à propos de la proposition d’une seconde piste à NDDL : http://www.ouest-france.fr/region/paysdelaloire_detail_-Projet-d-aeroport-la-contre-etude-des-elus-_8620-2005197_actu.Htm

xxii Lire la chronique d’un ancien vert à ce propos : http://chezfab.hautetfort.com/archive/2009/02/02/pourquoi-je-ne-ferais-pas-la-campagne-d-europe-ecologie.html
xxiii Lire ce texte bien argumenté pour une décroissance libertaire, de Jean Pierre Tertrais : http://ecorev.org/spip.php?article583
 

Prix Pinocchio pour Vinci, Tereos, Société générale et Total

Prix Pinocchio : les cancres du développement durable

 

Côté pile, elles se disent écolos et engagées en faveur du développement durable. Côté face, elles mènent des activités aussi lucratives que leurs conséquences environnementales et sociales sont néfastes. Elles, ce sont Vinci, la Société générale et Tereos. Elles ne sont pas les seules — loin s’en faut — mais les pires, aux yeux des internautes. Jeudi 17 novembre, elles se sont vu décerner, par les Amis de la Terre, les prix Pinocchio du développement durable, qui récompensent chaque année les plus gros mensonges et les plus graves omissions des entreprises en la matière.

Dans la catégorie « Plus vert que vert », qui concerne ce que l’on appelle le greenwashing, soit l’écoblanchiment lié à l’usage abusif d’arguments environnementaux dans la publicité et le marketing, c’est Vinci qui remporte la mise. Le géant français du BTP est pointé du doigt en raison du projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), dont il est le concessionnaire. La construction de l’aéroport et de ses infrastructures entraînerait le bétonnage de près de 2 000 hectares de terres agricoles fertiles et une perte de biodiversité avec la destruction d’un bocage. « Ce projet suscite une opposition locale depuis près de quarante ans, livre Romain Porcheron, chargé de la campagne sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre. Or, pour tenter de minimiser ces impacts écologiques négatifs, Vinci a proposé la création d’une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) dans l’aéroport et une ferme de démonstration en face des parkings. C’est typiquement une démarche de greenwashing. »

La catégorie « Une pour tous, tous pour moi ! », elle, dénonce l’entreprise sucrière française Tereos, pour son programme d’agrocarburants au Mozambique. Dans un pays qui fait face à de graves problèmes de sécurité alimentaire, avec 70 % de la population en-dessous du seuil de pauvreté et des émeutes de la faim qui ont causé 13 morts et plus de 300 blessés, la culture d’agrocarburants aggrave encore la situation, les terres arables étant utilisées pour nourrir les voitures d’Européens et non les populations locales. « Un contrat de 100 000 hectares de terres fertiles a été attribué à Tereos pour une durée de 25 ans, avec une possibilité d’extension de 15 000 hectares, et dans des conditions fiscales très avantageuses. L’entreprise dégage ainsi des profits mirobolants alors que la population meurt de faim », déplore Romain Porcheron.

Enfin, la société générale remporte le prix « Mains sales, poches pleines », pour son rôle dans le financement de l’énergie nucléaire. La banque française coordonne ainsi un consortium de banques privées qui finance, à hauteur de 1,1 milliard d’euros, la construction du réacteur Angra 3 au Brésil. Un projet de centrale décrié pour ses conditions de sécurité défaillantes et sa localisation — à 130 km à l’ouest de Rio de Janeiro et à 220 km à l’est de Sao Paulo. La Société générale est également pressentie pour participer au financement de la centrale de Jaitapur en Inde, sur un site à la jonction entre trois plaques tectoniques.

Un prix Pinocchio d’honneur a en outre été remis à Total « pour l’ensemble de son action », qu’il s’agisse de l’extraction de sables bitumineux au Canada, de pétrole au Nigeria ou le permis d’exploitation de gaz de schiste que l’entreprise vient de décrocher aux Etats-Unis. « Malgré les nombreux avertissements de la société civile, Total poursuit dans la voie des énergies fossiles néfastes pour l’environnement et la santé », remarque Romain Porcheron.

« Une fois de plus, les prix Pinocchio mettent l’accent sur les décalages entre les discours et la réalité, explique le chargé de mission. Grâce à des budgets en communication colossaux, ces entreprises bénéficient de retombées positives en termes d’image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, alors qu’elles ne s’engagent que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. Par ailleurs, elles font payer leurs dégâts aux populations les plus démunies, notamment celles du Sud. »

« Les pouvoirs publics français et européens doivent donc encadrer de façon contraignante les activités de ces entreprises », conclut-il.

Blog Le Monde, 17 novembre 2011

Pillage des terres en Afrique

Comment l’Afrique brade ses terres

Les terres du continent noir constituent un enjeu essentiel pour l’avenir.Comment moraliser et réguler cette course effrénée à l’acquisition facile de terres dans les pays pauvres?

Un fermier sud-africain, le 15 février 2010. Reuters/Siphiwe Sibeko

Avec les très violents heurts en octobre dernier dans une commune rurale du nord du Sénégal à la suite d’un projet privé de biocarburant, ressurgit le problème controversé de la concession, de la location ou de la vente des terres à de gros investisseurs dans les pays pauvres. Retour sur un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur en Afrique.

La cession de 20.000 hectares de terres à des investisseurs privés italiens à Fanaye dans la vallée du fleuve Sénégal (région de Podor) a déchaîné la colère d’une partie des villageois et des conseillers ruraux. Partisans et adversaires de la transaction se sont très violemment affrontés à coups de bâtons, machettes, gourdins et armes à feu artisanales. Bilan de ces échauffourées, deux morts et une vingtaine de blessés. Les Italiens projetaient de produire du biocarburant.

«20.000 ha, c’est le tiers de toutes les terres cultivables de la communauté rurale», s’était insurgé sur RFI le 26 octobre Ahmadou Thiaw, du collectif de défense des terres de Fanaye.

Appuyés par des ONG, ses amis et lui ont menacé d’organiser une grande marche de protestation le 28 octobre à Dakar. Probablement encore sous le choc de l’énorme succès de la manifestation du 23 juin dernier contre la tentative de modification de la constitution par le président Abdoulaye Wade, les autorités nationales ont décidé de suspendre le projet.

Iront-elles jusqu’à remettre en cause le partenariat signé à Dakar le 13 septembre dernier entre Sen Huile et l’ISRA (institut sénégalais de recherches agricoles) pour lancer un projet de plantation et d’exploitation de tournesol, dont une partie serait utilisée dans la fabrication du biocarburant? Partenariat à l’origine du projet de Fanaye. Rien n’est moins sûr. La société Senhuile est détenue à 51% par le groupe italien Tampieri Financial Group et à 49% par des privés sénégalais.

«Des milliers d’hectares attribués»

Amadou Kanouté est le directeur exécutif du CICODEV (Institut de recherche, de formation et d’action pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement). Le constat qu’il dresse dans les media sénégalais est accablant. Selon lui, la cession des terres est en train de prendre une ampleur extraordinaire dans le pays. A l’entendre, durant les dix dernières années, des milliers et des milliers d’hectares ont été attribués sans consultation des populations locales, à des autorités politiques ou religieuses ainsi qu’à des entreprises étrangères.

Et de citer des exemples à Diokoul au centre-ouest du Sénégal où quelques 3000 hectares de terres ont été pris à 99 paysans de quatre villages par une autorité politique du pays. Même chose en Casamance, où des milliers d’hectares ont été attribués à une société pour produire du jatropha destiné à l’exportation.

Des accusations corroborées par le nouveau rapport d’Oxfam au nom évocateur «main basse sur les terres agricoles et déni des droits», rendu public le 22 septembre dernier.

«Une partie non négligeable de ces transactions sont en fait des accaparements de terres qui bafouent les droits et besoins des populations locales concernées. Sans consultation préalable, dédommagement ni voie de recours, ces dernières se voient ainsi privées de logement et de terre (…)», peut-on y lire.

Administrateur principal du Club du Sahel et de l’Afrique de l’ouest- OCDE, Jean Zoundi Sibiri tempère la situation:

«Ce qui s’est passé dans le nord du Sénégal est la conséquence d’un manque de transparence et de communication».

«Il faut se garder de diaboliser le phénomène et bien faire le distinguo entre des porteurs de projets venus uniquement en Afrique produire pour l’exportation et faire du profit et les pays africains qui ont mis au point des politiques agricoles à même de répondre à leurs demandes locales», confie-t-il à Slateafrique.

«Ne pas le diaboliser»

Pour lui, produire du biocarburant n’est pas forcément infamant.

«On peut le faire sans confisquer des terres aux paysans. Au Mali par exemple, les choses se font de façon tout à fait harmonieuse avec les populations paysannes. Certaines sont même actionnaires dans la société de production d’agro carburant».   

«En Afrique de l’ouest», poursuit l’économiste agricole burkinabé, « le Mali, le Sénégal et le Nigeria se sont fixés des objectifs ambitieux dans le domaine énergétique. Le Mali prévoit de diminuer sa consommation de gasoil et de DDO, -un combustible issu du processus de raffinage du pétrole- d’au moins 15% entre 2014 et 2018 et de les remplacer par du biocarburant».

Et de narrer «une expérience fort intéressante en cours au Nigeria» :

«Le Kassav tiré du manioc y est utilisé en agro-industrie. Une production induite et financée par des investisseurs nationaux, pour fournir de l’énergie de cuisine aux populations locales. L’initiative est couplée avec un projet de fabrication de cuisinières et de foyers susceptibles d’utiliser ce nouveau carburant vert».

«Des contrats ont même été signés avec l’association des producteurs de manioc pour augmenter la quantité de ce tubercule aussi utilisé pour fabriquer du gari, farine de manioc tant prisée en Afrique de l’ouest», précise Jean Zoundi Sibiri. Non sans reconnaître qu’en Afrique, les exemples positifs comme en cours Nigeria et au  Mali ne sont pas légion.

«Un phénomène en forte croissance»

Inquiétant d’autant que les transactions foncières à grande échelle se sont accélérées ces dernières années.

«Même s’il est difficile à quantifier vu l’absence totale de transparence qui le caractérise, il est incontestablement en forte croissance» souligne pour Slateafrique, Jean-Cyril Dagorn d’Oxfam France.

Depuis 2001 dit-il, 227 millions d’hectares ont été vendus, loués ou concédés dans le cadre de transactions foncières à grande échelle :

«Malgré le manque de transparence entourant ces transactions foncières, des recoupements ont à ce jour, permis d’établir que 1100 portent sur un total de 67 millions d’hectares, dont la moitié en Afrique, pour une superficie quasi équivalente à celle de l’Allemagne».

Pour lui, trois raisons principales expliquent cette croissance exponentielle: la concurrence effrénée pour l’acquisition des terres agricoles surtout depuis la dernière crise alimentaire mondiale qui a eu pour conséquence, une forme de financiarisation des produits agricoles; la recherche d’autres sources de profit par des investisseurs échaudés par la crise immobilière; et la volonté politique de l’Union européenne d’incorporer 10% d’agro carburant dans sa consommation énergétique.

Si le phénomène touche aussi le Honduras et le Guatemala en Amérique centrale, l’Indonésie en Asie, il est beaucoup plus répandu en Afrique pour trois raisons: le continent africain dispose encore suffisamment de terres disponibles, le prix du foncier est peu élevé et selon Jean-Cyril Dagorn, les investisseurs ont plus de marge manœuvre pour contourner le droit local, généralement peu appliqué.

«Les principaux acquéreurs, de gros investisseurs étrangers»

En Afrique de l’ouest, en plus du Sénégal, du Mali et du Nigeria, il a gagné le Burkina Faso; l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et le Soudan du Sud fraîchement indépendant en Afrique de l’est; le Cameroun en Afrique centrale.

Les principaux acquéreurs sont de gros investisseurs privés étrangers, essentiellement européens comme dans le nord du Sénégal, de grandes multinationales, telle que la New Forest Company en Ouganda. Mais aussi des états très riches, notamment les pays du golfe arabique ou d’autres.

La Libye par exemple a investi au Mali dans la zone de l’office du Niger dans un projet de production de riz appelé Malibya, avec pour objectif affiché, d’assurer sa sécurité alimentaire. Les élites locales qui profitent du laxisme et des largesses que leur accordent les autorités nationales, ne sont pas en reste.

Comment moraliser et réguler cette course effrénée à l’acquisition facile de terres dans les pays pauvres? La communauté internationale doit «adopter au plus vite des standards internationaux contraignants sur la gestion des ressources naturelles» recommande Oxfam.

SlateAfrique, Valentin Hodonou, 16 novembre 2011

[Poitiers] rencontre sur les expériences autogestionnaires à Poitiers et ailleurs

Echange autour d’expériences et d’envies d’autogestion

proposé par le groupe Pavillon Noir – Fédération Anarchiste 86

Pas de grand exposé théorique sur ce thème ! mais un échange d’infos et pratiques concrètes, aussi bien sur ce qui existe en termes d’alternatives en actes (journaux locaux, jardins, sel, amap, scop, ressourceries, squats…) que les pratiques d’autogestion dans les luttes (assemblées populaires, comités de luttes, caisses de grève, autogestion syndicaliste…).

Se rencontrer, réfléchir et tisser des liens concrets autour d’un verre, sur ce qui se fait concrètement à Poitiers et ailleurs… Venez donc avec vos bonnes idées, présenter vos expériences, vos projets, vos envies !

Mercredi 16 novembre, de 19 H à 20 H 30

entrée gratuite, Biblio Café, 71 bis rue de la cathédrale à Poitiers