Archives de catégorie : Désinformation bourgeoise

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

NdPN : voici un texte qui prête à débat dans le détail, puisqu’il est pour une égalité des « salaires », alors que nous aurions plutôt tendance à souhaiter abolir l’argent. Divergence sans doute liée au principe, maintenu chez Castoriadis, de « démocratie » reprenant la notion de « l’unité » (à notre sens mythique, et caution de toute aliénation et de toute domination). Néanmoins ce texte rappelle quelques évidences sur l’absurdité des arguments actuels du pouvoir – sur la prétendue nécessité d’une hiérarchie avec des chefs d’un côté et des éxécutants de l’autre, et la prétendue nécessité d’une échelle des salaires (encore défendue par des Fronts de gauche et autres NPA Attac and co…)

Autogestion et hiérarchie – Cornélius Castoriadis – 1979

Cette petite brochure de 16 pages publiée par les Editions Grain de sable est un extrait du livre de Cornélius Castoriadis « Le contenu du socialisme » de 1979. Dans cet extrait, l’auteur questionne la possibilité du maintien d’une hiérarchie dans le cadre d’une société autogerée. Et la réponse est Non !

(Source : Association pour l’autogestion.)

Cornélius Castoriadis nous présente ici un véritable plaidoyer pour une société strictement égalitaire dans laquelle hiérarchies des salaires comme de commandement auraient disparu, l’une n’allant pas sans l’autre comme il le constate aussi bien dans les sociétés capitalistes que dans les pays du « socialisme réel » (le texte a été écrit en 1979). Dans ces deux cas, la hiérarchie de commandement coïncide avec la hiérarchie de salaires, ce qui signifie que la couche qui commande s’attribue les plus hauts revenus et donc profitent de la production. Partant du constat que les sociétés n’ont pas toujours été hiérarchisées, l’auteur en déduit que la hiérarchie n’a rien de naturelle et constitue une construction sociale.

Une société autogérée est une société qui se gère elle-même, dans laquelle ceux qui accomplissent une activité décident de ce qu’ils ont à faire et comment le faire et dans les limites de coexistence avec d’autres unités collectives. De ce point de vue, cela ne signifie nullement remettre son sort auprès de « gens compétents » même élus. Si la taille des groupes exigent des représentations, celles-ci doivent rester soumises au pouvoir des collectivités et donc révocables à tout moment.

Une des fonctions de la hiérarchie est l’organisation de la contrainte, celle-ci étant nécessaire par le caractère aliéné du travail, parce que d’autres en profitent. Il ne s’agit pas de nier qu’il n’y aura besoin de discipline dans une société autogérée, mais celle-ci sera acceptée comme nécessaire au bon fonctionnement de la société, ceci étant d’autant plus vrai en l’absence d’appropriation inégalitaire du revenu. Par ailleurs, l’auteur constate que la véritable compétence ne coïncide pas forcément avec la hiérarchie, celle-ci devant régulièrement faire appel à des experts pour prendre des décisions. Enfin, la hiérarchie de commandement implique une spécialisation des savoirs qui ne facilite nullement la coordination.

Selon lui, il n’existe aucun critère objectif pouvant fonder une hiérarchie des rémunérations, même si certains pourraient penser qu’il est juste de récompenser les plus courageux, tenaces ou compétents. Sur ce dernier facteur, l’auteur estime que si cette formation a été obtenue gratuitement par la société, il n’y aurait aucune raison que celle-ci aboutisse à de meilleurs rémunérations.

Admettant la nécessité du maintien de la monnaie dans la société autogérée, Cornélius Castoriadis relève que si nous voulons une production socialement utile, une différentiation des revenus induit un biais dans l’orientation de la production, un peu comme si les électeurs avaient des droits de vote plus ou moins pondérés.

Ce fascicule est un plaidoyer absolument remarquable sur l’incompatibilité entre l’autogestion et une double hiérarchie de commandement et des revenus. Une thèse absolument contradictoire à celle de Bernard Friot qui préconise une grille de salaires de 1 à 4 (1500 € à 6000 € par mois), lesquels seraient donnés inconditionnellement et à vie. On peut cependant s’interroger sur la pertinence de l’égalité absolue qui n’est pas toujours simple à mettre en œuvre comme le montrent les exemples argentins d’entreprises récupérées (cf. Néolibéralisme et autogestion, l’expérience argentine – Maxime Quijoux)…

Télécharger Autogestion et hiérarchie en pdf :

http://www.autrefutur.net/IMG/pdf/Autorarchie.pdf

Vu sur Autrefutur, 12 novembre 2012

« Choc de compétitivité » : quand le patronat écrit le programme du gouvernement

« Choc de compétitivité » : quand le patronat écrit le programme du gouvernement

Avec les mesures annoncées mardi 6 novembre par Jean-Marc Ayrault sous le nom de « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi », la connivence entre ce gouvernement fantoche, le patronat et les capitalistes apparaît plus claire que jamais. Ce sont les travailleurs, les travailleuses, les retraité-es, les jeunes qui vont payer les pots cassés. Rien d’étonnant donc à ce que l’UMP et le Medef s’en félicitent haut et fort : « Le corset qui enserre l’entreprise va être desserré », a fanfaronné Laurence Parisot, présidente du Medef.

Et il y a effectivement pour les capitalistes de quoi se réjouir, puisqu’ils vont bénéficier de cadeaux fiscaux d’un montant de 20 milliards d’euros par an ! Ces cadeaux seront compensés par une baisse des dépenses publiques (moins d’aides sociales, moins de services publics) et par une augmentation des prix par l’intermédiaire de la hausse de la TVA : le taux normal de TVA passe de 19,6% passe à 20%, le taux intermédiaire de 7% à 10%. Or, la TVA est l’impôt le plus injuste puisqu’il touche de la même façon les plus pauvres et les plus riches.

Ces mesures sont faites, si l’on écoute le gouvernement, pour restaurer la sacro-sainte « compétitivité » et ainsi « garantir » la pérennité de l’emploi, pour le plus grand intérêt des travailleurs et des travailleuses elles-mêmes. Cette politique est dans la continuité de celle des gouvernements précédents, qui n’ont en aucun cas pu empêcher les licenciements, les délocalisations et la misère sociale. En réalité, il s’agit simplement de restaurer les profits des capitalistes émoussés par la crise, au détriment de celles et ceux qui produisent les richesses : les travailleurs et les travailleuses.

Ainsi, ce qui va être mis en place par ce gouvernement prétendument de gauche n’est rien d’autre qu’un vaste mouvement de redistribution des richesses en faveur de ceux qui en ont déjà le plus : les capitalistes. Face à ce type de politique criminelle qui produit déjà des dégâts considérables dans d’autres pays (Grèce, Espagne), qui écrase les populations au profit des riches, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes : partout dans les entreprises, les quartiers, les lieux d’études, unissons-nous pour construire la résistance et la solidarité. Défendons la perspective d’un changement de société anticapitaliste et autogestionnaire.

Alternative libertaire, le 7 novembre 2012

[Notre-Dame-des-landes] Infos du 7 novembre

Dur début de journée, avec plus d’une trentaine de fourgons de CRS et gardes mobiles, franchissement de barricades et tirs de lacrymos. Deux interpellations au niveau des barricades du Farouezt. Pour l’info heure par heure, voir ici. Résistance !

Des zadistes ont mis en ligne leurs besoins en fournitures : n’hésitez pas à venir avec quelques trucs sous le bras ! Le 17 novembre, jour de la grande manifestation de réoccupation, ou avant…

Pour la lecture, voici un article argumenté d’Attac, appelant à « occuper Vinci » partout en mode décentralisé.

On finira par cet article sur le délire ultra-gauche-anarcho-autonome-violente, repris par Valls au sujet de Notre-Dame-des-Landes. Le grand flic en chef, responsables de tirs tendus, de gazages d’habitant-e-s, de destructions de maisons, qui parle de « violence » : juste LOL !

Pavillon Noir

[Notre-Dame-des-Landes] Infos du 6 novembre

NdPN : Depuis hier, rebelote : présence des flics et à nouveau des travaux de destruction. Pour des nouvelles heure par heure c’est ici.

Pour un récapitulatif des actions de solidarité passées et à venir, ça se passe ici. Ca décoiffe ! Un nouvel appel est lisible ici, pour des actions partout entre le 10 et le 17 novembre.

Là, un communiqué confédéral de soutien de la CNT aux habitant-e-s de la ZAD, qui tranche avec le silence des grandes centrales syndicales et de leurs slogans productivistes.

Et enfin une jolie réponse à Jacques Auxiette, président PS du conseil régional des Pays de la Loire depuis 2004 qui soutient Jean-Marc Ayrault dans son projet de nouvel aéroport (dans un article de Presse Océan, du 31 octobre dernier ):

Lettre ouverte à Monsieur Jacques Auxiette

J’ai lu avec beaucoup d’attention le journal Presse Océan du 31 octobre 2012 dans lequel vous évoquiez la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes. Je dois avouer qu’après une première lecture par trop rapide, j’ai cru que vos propos étaient à prendre au premier degré. De même qu’il m’a fallu du temps pour comprendre que Jean-Marc Ayrault était un joyeux boute-en-train en proposant la création de cet aéroport en pleine crise écologique et économique, j’ai fini par décrypter tardivement votre position au combien subtile.

Vous commencez par vous indigner en affirmant « qu’il est faux et irresponsable de laisser croire que le projet pourrait encore être abandonné ». Cette affirmation qui semble pleine de bon sens, recèle en son sein au moins deux clins d’œil aux opposants. Tout d’abord, vous jouez sur les mots entre un « responsable politique » (vous-même) traitant « d’irresponsable » les citoyens qui lui ont permis d’accéder à son poste. C’est un renversement excellent ! Ensuite, plutôt que de savourer la création d’un nouvel aéroport avec vos amis de Vinci auprès d’un feu de cheminé, avec un bon verre de scotch whisky 12 ans d’âge en fumant un café crème, vous prenez le temps d’intervenir dans la presse. Si ce n’est pas là un appel cocasse pour nous dire que rien n’est joué et que tout cela n’est qu’une farce splendide, qu’est-ce donc ?

Vous affirmez plus loin que « tous les recours sont épuisés » alors qu’il en reste au moins deux en cours de procédure. A la première lecture (succincte et superficielle comme je l’ai déjà précisé), j’ai cru que vous dévoyiez la parole politique des élus de la République. J’ai fini par comprendre que c’était un autre message aux opposants pour nous dire que rien n’était joué et qu’il fallait continuer à se battre.

Après cela, vous dénoncez, non sans courage, la « poignée d’activistes professionnels » qui sévissent à Notre Dame des Landes. Je reconnais bien là le subtile humour socialiste qui met en miroir les milliers d’opposants à la lutte et la poignée de technocrates encravatés qui ont décidé de créer cet aéroport. Je dois avouer que j’ai beaucoup ri.

J’ai aimé également votre façon de dénoncer votre collègue Bernard Hagelsteen en affirmant que « l’aéroport aura des retombées positives très concrètes pour les territoires et les habitants de l’Ouest ». Des centaines de personnes se feront expulser, des milliers d’hectares seront bétonnés et vous insistez sur le fait que cet aéroport à déjà au moins créer un emploi, celui de Bernard Hagelsteen au sein de la société Vinci. Chapeau l’artiste !

Last but not least, vous saluez le courage des forces de l’ordre, elles qui n’hésitent pas à utiliser les tirs tendus de flash-ball ou à détruire des maisons pleines d’amiante. J’adore ! Vous parlez même « d’assauts » comme le président de Nantes métropole parle de « contestations violentes » tout en sachant pertinemment que des gens s’apprêtant à saccager deux mille hectares de terres ne seront jamais légitimes pour parler de violence. Remarquable.

Même si votre soutien n’est pas des plus accessible, bravo et merci à vous monsieur Auxiette.

Monsieur le président, veuillez recevoir l’expression de mes salutations distinguées.

Un citoyen blinois

Vu sur zad.nadir.org, 6 novembre 2012

[Notre-Dame des Landes] Infos du dimanche 4 novembre.

NdPN : Un article sur la situation relativement calme du week-end, et un vieil article de Sud-Ouest donnant l’avis de pilotes sur le projet de deuxième aéroport.

Les forces de l’ordre abandonnent NDDL pour le week-end

Pour tout le week-end, la préfecture a décidé de stopper les opérations d’expulsion sur la ZAD, l’aire prévue pour le projet aéroportuaire à Notre-Dame des Landes. Une trêve bienvenue après l’intervention policière hier au Tertre, dans une atmosphère très tendue.  Officiellement, il s’agit de préserver la sécurité des intervenants sur le site, tant des forces de l’ordre que des agents administratifs et des sociétés qui déblaient les routes ou assurent les démolitions. Explication pour masquer un flottement politique ou préparer une opération surprise? L’avenir seul nous le dira.

En fait, les forces de l’ordre sont tombées sur un os. Ou plutôt des arbres. Les militants ont pris l’habitude, pour retarder la progression des forces de l’ordre, d’abattre des arbres sur les bordures de la D 281 (route des Ardilières à la Paquelais) et de la D81 (route des Ardilières à Vigneux, au centre de la ZAD), barrant ainsi ces routes.  Chaque fois que cela se produit, la Préfecture fait appel aux services du Conseil Général, qui déblaient les voies. Puis de nouveaux arbres sont abattus, ou des barricades érigées, et ça recommence indéfiniment.

La démesure de l’évacuation de la ZAD fait réagir

Or, hier, les agents de la DDE sont intervenus dans une atmosphère hyper-tendue, à plusieurs reprises dans la journée. Un des agents aurait, d’après la préfecture de Loire-Atlantique, reçu un projectile. « Les agents ont donc demandé à leur hiérarchie de lever le pied, en faisant valoir leur droit de retrait, et d’espacer leurs interventions. En accord avec les services du Conseil Général, nous avons décidé de ne pas dégager les routes D81 et D281 ce week-end. Elles le seront à nouveau à la reprise des opérations d’évacuation des lieux occupés illégalement lundi. », nous explique Patrick Lapouze, directeur du cabinet du Préfet de Loire-Atlantique.  Par conséquent, « si les routes sont barrées, ce ne sera pas le fait des forces de police, mais des opposants ». En semaine, à partir de cinq à sept heures du matin, le périmètre de la ZAD est entièrement bouclé à l’extérieur, pour les grands axes, par la police.

Cependant, si une occupation illégale est constatée dans le week-end, les forces de l’ordre se fraieront un passage pour « faire cesser le trouble et rétablir la légalité républicaine », déclare P. Lapouze. Une occupation illégale… comme hier au Tertre, maison dont la destruction prévue pour le 15 novembre a été avancée par le Préfet sur le conseil de P. Lapouze « pour éviter de mettre en danger les gendarmes et les opposants », les forces de l’ordre étant intervenues deux fois sur le site au cours de la journée.

Sept interpellations ont été faites dans la soirée d’hier, pendant la démolition du Tertre. Quatre personnes ont été relâchées vers 23h30 par la gendarmerie de Blain, une un quart d’heure plus tard au même endroit. Un a été libéré par Blain ce matin et un dernier, transféré à St Nicolas de Redon, est ressorti libre et exempté de poursuites à midi. Les autorités tant civiles (préfecture) que judiciaire tiennent à calmer le jeu : moins il y a de tension autour de NDDL et moins il y a de couverture médiatique, et plus cela sert les expulsions.

Malgré les affirmations de la préfecture, un trouble s’installe. Cette trêve semble arrachée aux forces de l’ordre par l’obstination des opposants à l’aéroport et pourrait dénoter un flottement politique de la part d’Ayraultbespierre. La démesure de l’opération de l’évacuation de Notre-Dame des Landes apparaît de plus en plus crûment dans les médias nationaux et locaux, qui, les uns après les autres, rompent le black-out et se saisissent de l’affaire Notre-Dame des Landes, dans un contexte général très défavorable au gouvernement.

La Préfecture dément toute hésitation. Imperturbable, Patrick Lapouze déclare d’un ton décidé « nous interviendrons partout où il faudra rétablir la légalité, faire appliquer les décisions du peuple français, notamment de faire l’aéroport ». Et même si cela prendra des mois ? « Nous prendrons le temps qu’il faut et userons de tous les moyens légaux sans exception pour mettre fin aux occupations ». Une belle détermination qui risque de prendre fin à la première grosse bavure. En attendant, pendant deux jours, les salamandres peuvent bronzer tranquilles. Le troisième aéroport de Paris prend du retard, mais Notre-Dame des Landes plage, c’est maintenant.

Breizh journal, 3 novembre 2012

Des pilotes : un nouvel aéroport pour quoi faire ?

Entretien

Ces deux commandants de bord appartiennent à une compagnie aérienne basée à Nantes. L’un d’eux est représentant du personnel. Ils ont souhaité garder l’anonymat.

Que pensent les pilotes du projet d’aéroport à deux pistes parallèles envisagé à Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes ?

Ça ricane. On se moque des hommes politiques décidés à construire un projet pharaonique, un grand aéroport de l’Ouest à quatre millions de passagers, dans un contexte où, au mieux, hors crise, le trafic en Europe ne progresse que de 1 %. Contrairement à l’Asie, qui fait des scores à 5 % et plus.

Pourquoi ces moqueries ?

Parce qu’à Londres-Gatwick, le dixième aéroport du monde, qui accueille 34 millions de voyageurs, il n’y a qu’une piste, comme à Nantes, où on n’en a que 2,7 millions. Et ne parlons pas de Genève, où l’on n’a qu’une piste et du relief autour.

Que répondez-vous à ceux qui avancent le danger du survol de Nantes ?

Pourquoi cet argument aujourd’hui, alors qu’on survole Nantes depuis trente ans sans incident, hormis cette histoire de charter perdu (1) ? Lorsqu’on se pose à Londres, on longe la Tamise. On survole aussi Amsterdam, Paris, Toulouse…

Construire un nouvel aéroport, c’est quand même diminuer les risques, non ?

Si on veut dépenser des sommes folles pour cette seule raison du survol de Nantes, alors c’est légitime, car on ne peut, pour l’instant (mais la technique évolue vite), éviter la ville avant l’atterrissage.

Nous nous posons toutefois des questions : pourquoi ne nous permet-on pas de faire une approche à vue par beau temps ; ça éviterait de survoler toute la ville ? Pourquoi l’aéroport actuel ne s’est-il pas équipé d’un deuxième ILS, un instrument électronique très précis de navigation pour l’atterrissage, qui nous permettrait une approche de précision et une sécurité béton en survolant Nantes ?

Notre-Dame-des-Landes n’offre-t-il pas l’occasion de drainer une nouvelle clientèle dans l’Ouest et au-delà ?

Allons, ce n’est pas un nouvel aéroport qui nous donnera une liaison régulière Nantes-San Francisco ! On réduit la toile partout. Le trafic ne va pas redémarrer comme en 14… On n’est pas dans une crise passagère, comme celle de l’après-11 Septembre. Et on pourrait bien avoir Notre-Dame-des-Landes et les compagnies à bas coûts, comme Ryanair, ailleurs, car elles ne voudront pas payer les taxes aéroportuaires. Et que deviendra l’aéroport de Rennes avec cette concurrence nouvelle ? Et l’aéroport d’Angers, qui n’accueille même pas une seule compagnie aérienne régulière ?

Les deux pistes ne sont-elles pas une chance de développement économique ?

Deux pistes, c’est du délire ! Le trafic ne le justifie pas. Il y a plein d’endroits où les pistes moisissent. À Bordeaux, on n’utilise plus la deuxième piste. À Metz-Nancy, on a une piste magnifique créée il y a quinze ans, mais personne n’y va.

Et que répondez-vous aux riverains de Nantes-Atlantique qui souffrent du bruit et veulent le transfert ?

Les avions font du bruit. Mais il y aurait moins de problèmes si on n’avait pas laissé construire autour de Nantes-Atlantique. D’ailleurs, qui peut garantir que ça ne recommencera pas à Notre-Dame-des-Landes, où la pression foncière et immobilière se fait déjà sentir ? Pour l’heure, seules certitudes : on va gâcher un énorme espace agricole. Et ça va coûter très cher : 600 millions d’euros, un milliard, deux milliards… on ne sait pas. Mais pour quelle véritable utilité ?

Recueilli parGaspard NORRITO, Ouest-France, 6 octobre 2009