Archives de catégorie : Le travail tue

[Naintré – 86] Imprimerie Rotoméga : patrons engraissés, salarié-e-s jeté-e-s

Fermeture d’une imprimerie : vingt-cinq salariés sur le carreau

Naintré. Il y a un an, des Hollandais ont racheté l’imprimerie Rotoméga du groupe Mégastar. Aujourd’hui, ils veulent la fermer. Colère des salariés.

Après 18 ans d’existence à Naintré, Rotoméga risque, d’ici un an, de ne plus faire gémir ses presses. C’est en tout cas l’annonce brutale qui a été faite jeudi dernier aux représentants du personnel lors d’un comité d’établissement (CE) extraordinaire. « Le directeur général nous a dit de but en blanc que l’imprimerie allait fermer fin mars 2014. On met à la porte 25 salariés. On accuse le coup. Depuis, on fait des débrayages », résume Manuel Da Silva, délégué syndical CGT.

«  Ils veulent fermer alors qu’on dégage des bénéfices !  »

L’annonce de cette fermeture programmée est une aberration pour le personnel de cette imprimerie qui, selon le représentant syndical, a pourtant un carnet de commandes rempli et dégage même des bénéfices : « On nous dit que Rotoméga, c’est un boulet, que c’est une entreprise qui perd de l’argent et qui met en péril Mégastar, alors on ferme. Mais c’est faux ! Mégastar et Rotoméga sont en positif. On dégage des bénéfices. Des primes de participation au bénéfice ont d’ailleurs été versées aux 120 salariés des deux entités Mégatsar et Rotoméga : 2.000 € en 2011 et 2.500 en 2012. Et on a du boulot. L’an dernier, on a exécuté pas loin de 250 heures supplémentaires. C’est à n’y plus rien comprendre ! » Cette annonce intervient surtout moins d’un an et demi après le rachat (janvier 2012) des éditions Mégastar (100 salariés) et de l’imprimerie Rotoméga (25 salariés), sur le même site à Naintré, par le groupe hollandais de presse Telegraaf Media Group, via sa filiale Keesing France.

«  On est prêt à faire des opérations coup de poing  »

L’avenir de l’imprimerie semble désormais s’écrire en pointillé mais les salariés résistent. « Nous, on n’est pas sur les négociations de départ mais sur d’autres solutions de recherche d’investissements, pour renouveler le matériel par exemple, a martelé Manuel Da Silva, hier après-midi, au CE extraordinaire (*). On est dans une démarche de sauvegarde de l’emploi et du maintien de la production sur le site. » La fermeture définitive annoncée de l’imprimerie ne saurait être, pour les salariés, l’épilogue de ce conflit social. Pas question de tourner la page Rotoméga. « On est prêt à bouger pour des opérations coups-de-poing. »

Aujourd’hui, nouveau CE avec la présentation du cabinet Cursus Consulting Group mandaté par le groupe Hollandais dans le cadre du PSE.

(*) Nous avons sollicité une réaction de la direction. En vain.

il a dit

 » Tout est imprimé en Roumanie « 

« Le groupe qui nous a rachetés fait tout imprimer en Roumanie. On était les derniers du groupe en France. Ils nous ont d’ailleurs déjà enlevé des titres espagnols et Allemands pour les faire imprimer en Roumanie. Et c’est facile de mettre la société dans le rouge. On impose à Rotoméga de pratiquer les mêmes tarifs d’impression que la Roumanie », fulmine le délégué CGT. « On a été acheté par défaut. Ce qui intéressait les Hollandais, c’est le titre Mégastar, première marque européenne de magazine de jeux. On était les premiers et on a été racheté par les seconds. »

la phrase

 » Il n’y aura pas de licenciements chez Rotoméga « 

Chrisitian Michaud, maire de Naintré, estime que « l’annonce d’une cessation d’activité de l’entreprise Rotoméga, propriété du groupe Keesing, également propriétaire de Mégastar, est une décision inacceptable. » Il « s’engage à entamer tous les dialogues pour conserver toute l’activité de cette entreprise. » Et de conclure : « Celle-ci est en effet bénéficiaire et emploie 25 personnes spécialisées. Les seuls motifs financiers à court terme ne peuvent motiver la privation d’un outil de travail aux acteurs locaux et salariés et à la production de richesse locale. »

Denys Frétier, Nouvelle République, 23 mai 2013

Au sujet du travail

NdPN : un texte diffusé à Grenoble par des opposant-e-s au Center Parcs, dont nous partageons l’angle d’attaque.

Les grands projets inutiles et le travail antisocial

Les luttes du monde du travail ont-elles la faculté de le remettre en cause ?

Notre association informelle « Quelques opposants à Center parcs » (QoCP) a été invitée par le « Collectif grenoblois contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et son monde » à tenir, avec d’autres associations luttant contre les grands projets inutiles locaux, un stand à la fin de la manifestation du 1er mai. Nous sommes en effet directement concernés puisque nous n’acceptons pas qu’André Vallini, notre « grand promoteur inutile » comme le qualifie le journal Le Postillon, veuille imposer en Isère ce projet inutile par excellence. En effet, ce projet ne répond à aucun besoin réel des administrés. Si comme le souhaite la société Pierre & Vacances, un Center Parcs s’implantait à Roybon, avec l’appui du Conseil général, ce serait tout simplement, selon les décideurs, pour créer des emplois et faire tourner la machine économique. Les emplois, malgré tout fastidieux, précaires par essence, dévalorisants et néfastes pour les rapports humains, et dégradants, qui seraient, nous dit-on, massivement créés, sont fondamentalement du travail inutile et par-dessus le marché nuisible : sous couvert de développement soi-disant impératif et de lutte contre le chômage on va modifier et détruire toute une région.

Nous regrettons que les questions fondamentales sur le travail, son utilité, son but et ses conséquences sur nos vies et nos territoires, qui devraient être formulées par les travailleurs, au même titre que les conditions dans lesquelles ils l’exercent, ne soient pas portées par les organisations syndicales prétendant parler en leur nom.

Nous savons depuis longtemps que la finalité du travail est un sujet tabou, jamais débattu au sein des syndicats, qui se préoccupent de sa gestion quotidienne tentant d’en minimiser les plus graves répercussions, d’en alléger en partie les souffrances, d’en valoriser les salaires, laissant au bon vouloir de la société capitaliste la décision finale quant à l’acceptation de tel ou tel compromis qu’elle jugera tolérable pour elle. Par ce chemin, les syndicats acceptent le capitalisme qui a créé ce travail et l’aident à perdurer. Pour l’ouvrier du bâtiment ou des usines, ils exigeront des appareils de levage, pour ceux de la chimie, des masques et des gants, pour les employés à temps partiel de Center Parcs, un transport collectif et des produits miracles de nettoyage, pour les chômeurs, des minima pour ne pas mourir de faim, pour tous, des cellules d’aide psychologique et des revenus ouvrant la porte à la consommation débridée, laquelle à son tour recréera du travail.

L’utilité ou l’aberration de ce que nous produisons ne fait jamais l’objet d’aucune critique, ou a minima d’interrogations. Nous y sommes tous confrontés au quotidien : fabriquer des boîtiers aérosols qui, une fois remplis de produits chimiques, bousilleront la planète, faire des cartons enveloppant les yaourts pour que les industriels de l’agroalimentaire laissent sur le carreau les paysans du coin, gérer les déchets que nous ne cessons pas de produire pour que Veolia dépollue et facture la flotte à des prix exorbitants… Et ces critiques se retrouvent de fait remisées hors des tribunes des syndicats où les contradicteurs de la société du travail n’ont guère leur place.

Albert Joseph, dit Libertad consacrait déjà plusieurs articles parus dans le journal L’Anarchie entre 1905 et 1908 sur cette question et sur la diminution du temps de travail :

« La CGT doit donc respecter et favoriser les intérêts de certains hommes en tant qu’ouvriers de certains métiers.

Or, le problème de la diminution du travail ne peut se résoudre que par la suppression du travail inutile, et par le transport de ces efforts vers le travail utile.

Sans entrer dans une nomenclature trop longue des métiers que nous classons utiles, et de ceux que nous classons inutiles, nous pouvons dire que sont utiles tous les métiers qui aident au développement de nos sens, à la satisfaction de nos besoins. Peindre des réclames, des enseignes, fabriquer des compteurs à gaz, estamper des billets de banques, etc., nous paraît être un travail inutile.

Tous ces métiers inutiles sont d’ailleurs les conséquences directes de l’inégalité économique, c’est-à-dire de la propriété individuelle qu’ils ont pour but de sauvegarder ou de légitimer. Ils n’auraient plus de raison d’être dans une société d’hommes libérés.

Par conséquent plus d’armuriers, plus d’ouvriers de compteurs, plus d’estampeurs de billets de banques, plus de monnayeurs (vrais ou faux), plus de contrôleurs de métro.

Beaucoup de ces corporations, au travail inutile, ont place dans la CGT. Va-t-elle décider leur disparition ? Elle ne le peut. […]

Les hommes actuels, si avancés soient-ils, réclament deux choses : du travail et de l’argent.

Ils ne demandent pas, ils ne prennent pas du pain, des vêtements, des livres, ils veulent du travail, de l’argent.

Ils ne se préoccupent jamais de savoir si le travail qu’ils exécutent apportera à eux, à leurs proches, aux hommes, une amélioration des conditions de vie. Ils travaillent. Il leur plaît de travailler pour travailler. Ils ont des gestes de fous avec la même sérénité que des gestes raisonnables. Le contrôleur du métro met à percer un bout de carton l’emphase qu’il pourrait prendre en faisant le « geste auguste du semeur »

Cette analyse de Libertad reste cruellement d’actualité, même si le poinçonneur du métro n’existe plus et a laissé sa place au composteur ou à la machine à lire les cartes RFID. Le monde des machines ayant remplacé le travailleur n’est pas moins critiquable et générateur de besoins et de destructions inutiles. Il laisse en effet aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui l’obligation de travailler pour consommer (quand ils ne se retrouvent pas au chômage) et par conséquent de produire encore de l’inutile, ce qui, en outre, n’est pas sans conséquences sociales et environnementales. Notre refus du projet de construction du Center Parcs dans les Chambarans s’inscrit dans la critique de la logique des besoins et des destructions inutiles ; nous n’acceptons pas que la société Pierre & Vacances transforme ces deux cents hectares de forêt, pour son seul grand bénéfice et celui de ses actionnaires, au détriment des travailleurs abusés. Il nous paraît indispensable que le bois des Avenières reste ce qu’il a toujours été : libre d’accès et sans valeur marchande.

Quelques opposants à Center Parcs, le 1er mai 2013

Vu sur Indymedia Grenoble, 1er mai 2013

[Châtellerault] Conflit à La Poste : la grève continue

Le conflit au centre de distribution du courrier de Châtellerault est entré dans sa phase active, hier matin. 25 tournées de courrier supprimées plus 3 tournées de colis et une partie du tri non effectué, le syndicat Sud a réussi à mobiliser à la hauteur où il l’entendait, visiblement. « Sur le centre, cela représente 34 personnes en grève », indique Lætitia Herero, du syndicat Sud, qui n’est pas contredite sur ce point par la direction.

Par contre, là où les points de vue divergent, c’est sur les motifs de la grève. « Au centre de Châtellerault, le nombre de plis qui transitent est passé de 44.000 à 40.000 en seulement trois ans, explique Béatrice Estrade, directrice du site. Nous essayons donc d’adapter nos effectifs à l’activité sachant que, depuis un an, nous préparons cette réorganisation qui a donné lieu à 12 rencontres avec les syndicats, à trois réunions de CHSCT et à un entretien individuel avec chacun des salariés. Au total, ce sont 5 et 1/2 «  équivalents temps plein «  qui sont supprimés par non-remplacement des départs naturels. »
La syndicaliste estime, pour sa part, que la suppression de postes doit pouvoir être évitée et que La Poste a les moyens de préserver l’emploi à Châtellerault. Une analyse que partage le syndicat CGT même s’il n’a pas appelé à la grève, cette fois, préférant tenter de renégocier la réorganisation dans les instances où il est représenté.
En attendant, la grève continue aujourd’hui.

Presse patronale (La Nouvelle République)
26/04/2013

Un salarié de Renault s’est suicidé lundi sur son lieu de travail

Un salarié de l’usine Renault à Cléon (Seine-Maritime) s’est donné la mort, dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril, sur son lieu de travail. L’un de ses collègues l’a retrouvé, pendu, vers 5 h 30, dans un secteur de l’établissement où il n’y avait plus aucune activité.

Agé de 35 ans, il était technicien de maintenance de nuit et avait été embauché par le constructeur automobile en 2000.

Il a laissé deux lettres – l’une à l’attention de sa femme et de leurs filles, l’autre destinée à la direction dans laquelle il écrit : « Merci Renault. Merci ces années de pression, chantage au nuit. Où le droit de grève n’existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l’incertitude de l’avenir sont de bonne guerre, parait-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos [Ghosn, le PDG du groupe]. « 

Selon Pascal Morel, responsable du syndicat CGT dans l’usine, cet homme avait été très impliqué dans les grèves qui ont éclaté à partir de la fin 2012 pour s’opposer au projet d’accord compétitivité-emploi.

Signé dans la première quinzaine de mars, ce dispositif prévoit que le personnel fasse des sacrifices (gel des salaires, accroissement du temps de travail…) en contrepartie de l’engagement de la direction d’augmenter les volumes de production.

« PRESSIONS »

Après ces conflits, « la hiérarchie a exercé des pressions », explique M. Morel, et a fait comprendre aux grévistes que s’ils jouaient encore aux fortes têtes, ils risquaient de perdre leur poste de nuit, nettement mieux payé que le travail en équipe de jour. La différence peut être de l’ordre de 700 euros par mois, d’après M. Morel.

Pour le syndicaliste, le suicide de cet homme est « en lien avec le travail ». Renault a une part de responsabilité, ajoute M. Morel, dans la mesure où un « système », reposant sur le chantage et sur l’intimidation, a été mis en place pour encadrer le personnel.

Une porte-parole de la société rétorque que le salarié avait été favorablement « évalué » par sa hiérarchie et qu’il avait l’assurance de pouvoir continuer à travailler de nuit. Il n’était pas connu des services médicaux de l’entreprise.

« Renault a à cœur de comprendre ce qui s’est passé, insiste-t-on chez le constructeur. La direction est touchée et s’associe au chagrin de la famille et des salariés. »

Une cellule psychologique a été mise en place sur le site de Cléon. Le parquet de Rouen a ouvert une enquête. De son côté, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) va essayer d’identifier les facteurs expliquant le passage à l’acte pour éviter que de tels faits ne se reproduisent, affirme M. Morel.

Bertrand Bissuel, Lemonde.fr
23/04/2013

[Poitiers] 145 hectares et 3.000 emplois à l’horizon 2030

Une exposition est présentée à l’hôtel de ville de Poitiers et à la mairie de Migné-Auxances. On y découvre la future zone d’activités République IV.

Après République I, II et III, voici République IV. Il ne s’agit point des régimes présidentiels, mais des zones d’activités économiques de la communauté d’agglomération de Poitiers. Les premières zones – on parle aujourd’hui de pôles – se sont développées sur le territoire de la commune de Poitiers. La quatrième verra le jour à cheval sur Poitiers et Migné-Auxances.

Des équipements mutualisés

Le projet a été initié à la fin des années 2000, quand les emplacements susceptibles de recevoir des entreprises se faisaient rares. Avec la crise, la demande s’est ralentie. Elle existe néanmoins toujours et Grand Poitiers ne veut pas manquer une occasion de voir s’établir un investisseur sur son territoire.
Le futur pôle économique s’étendra sur 145 hectares au nord-ouest de l’autoroute A 10 et de la ligne à grande vitesse actuellement en chantier. Côté route de Parthenay (RD 30), elle se raccordera à Actiparc (Vouneuil-sous-Biard) et aux zones d’activités de Larnay et de la Tardiverie (Biard). A l’opposé, République IV rejoindra Chardonchamp, tout près de l’échangeur autoroutier de Poitiers-Nord. Au passage, la future zone englobera la zone commerciale de La Loge (Migné-Auxances).
Il est prévu d’accueillir les entreprises les plus gourmandes en espaces (plus de 10.000 m2) aux deux extrémités. Les PME qui auront besoin de 3.000 à 10.000 m2 s’implanteraient au-delà la LGV. Les entreprises artisanales (moins de 3.000 m2) pourront s’installer à l’arrière de la zone de La Loge.
Pour accompagner ces implantations, il est d’ores et déjà prévu des équipements mutualisés : une pépinière d’entreprises, un pôle de restauration, une crèche d’entreprises, des salles de réunions et un pôle d’accueil. Tout cela, bien évidemment restant à préciser. A la fois quant au mode de gestion et au dimensionnement de ces équipements.
A l’ambition économique : réaliser un ensemble où travailleraient de 3.000 à 4.000 salariés à l’horizon 2030, Grand Poitiers veut ajouter une ambition esthétique et paysagère. D’ores et déjà des espaces naturels sont annoncés : vergers et vignes seront conservés, des liaisons paysagères seront aménagées et un système de gestion des eaux pluviales mis en place.

à suivre

Concertation

> L’exposition à l’hôtel de ville de Poitiers et à la mairie de Migné-Auxances est la première étape d’une concertation préalable à l’aménagement de la future zone économique.
> Un regret: dans l’hôtel de ville de Poitiers, la dimension de l’exposition est inversement proportionnelle à l’ambition affichée. Les quatre panneaux qui présentent le projet sont présentés dans un couloir au 1er étage d’une des ailes de la mairie. Pour trouver, il est prudent de demander à l’accueil.
> L’exposition est visible jusqu’au 17 mai et il est possible de formuler ses remarques sur un registre.

Jean-Jacques Boissonneau, La Nouvelle République
22/04/2013