Archives de catégorie : Le travail tue

[86] Les aides à domicile défendent leurs revenus

Les aides à domicile défendent leurs revenus

Les ADMR ont à nouveau manifesté hier. Faute de réponse à leurs revendications, elles menacent de perturber l’assemblée de leur fédération en avril.

Les aides à domicile en milieu rural réunissent toutes les conditions pour qu’on les ignore : ce sont des femmes, qui travaillent à la campagne, dans des métiers indispensables mais peu valorisés. Hier, pourtant, leur troisième manifestation en quelques semaines devant le siège de leur Fédération, à Biard, a attiré l’attention d’au moins un leader syndical, Alain Barreau, le patron départemental de Force ouvrière.

Menaces sur l’assemblée générale de Monts-sur- Guesnes

FO est l’un des syndicats (avec la CFTC et la CGT) à défendre la position des ADMR face à la nouvelle convention collective signée par la CFDT et l’UNSA. Au terme de ce nouvel accord qui s’applique à l’échelle nationale, les aides à domicile perdent tout un tas de petits avantages qui leur étaient jusqu’alors octroyés, qui vont de la réduction des indemnités de trajet à la perte partielle de l’ancienneté. Pour ces femmes qui travaillent à temps partiel et doivent courir d’un domicile de personne âgée à l’autre, la perte se chiffre en dizaines d’euros, 70 à 200 selon les cas. Sur des salaires qui oscillent entre 700 et 1.000 € par mois, c’est une perte considérable. Les manifestantes réclament donc à la Fédération des ADMR qu’elle réintègre, comme l’ont déjà fait certaines fédérations départementales, les avantages supprimés. Ce à quoi la Fédération de la Vienne répond qu’elle n’a pas le financement public pour le faire. Au fil des semaines, les ADMR se font de plus en plus menaçantes : la Fédération doit tenir son assemblée générale le 20 avril à Monts-sur-Guesnes : cette assemblée pourrait s’avérer agitée, si aucune des revendications rappelées hier n’a été satisfaite.

Nouvelle République, Vincent Buche, 27 mars 2012

Salariat : état des lieux d’une exploitation quotidienne

ndPN : cet article rend compte d’une étude pour le compte du ministère du travail. Il n’est pas une critique du salariat comme outil de domination et d’exploitation dans la dépossession sociale organisée par la bourgeoisie. Néanmoins, il témoigne de l’évolution de cette institution en termes d’impacts sanitaires désastreux sur des millions de gens. A ce compte-rendu de Basta Mag, faudrait-il ajouter la « baisse d’autonomie » en termes de « latitude décisionnelle » chez les salarié-e-s, notamment les plus qualifié-e-s, relevée par ce rapport.

Surmenés, surveillés, surchargés : le quotidien de 8 millions de salariés

Intensification du travail, surveillance accrue des salariés par leur hiérarchie, pénibilités physiques toujours très présentes… Tels sont les enseignements de la nouvelle étude sur l’exposition aux risques professionnels que vient de publier le ministère du Travail. Elle révèle un accroissement des situations de « tension au travail » dans un contexte où le Medef, au nom de la compétitivité, cherche à remettre en cause nombre de dispositions du droit du travail.

Les conditions de travail se dégradent-elles ? Quelles sont les contraintes et pénibilités qui pèsent sur les salariés ? Et les risques encourus ? L’enquête « Sumer » (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) nous livre une photographie, bien plus étayée qu’un vulgaire sondage, de la situation des 22 millions de salariés français. Cette étude lancée par la direction générale du travail (DGT) et la Dares [1] est réalisée tous les 9 ans par 2 400 médecins du travail auprès de 48 000 salariés du privé et du public.

Une fois n’est pas coutume, commençons par quelques aspects positifs. Il y a vingt ans, près d’un salarié sur trois travaillait plus de 40 heures par semaine. Ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui, grâce notamment aux 35 heures. Cette diminution du temps de travail demeure cependant virtuelle pour un cadre sur deux, au bureau plus de 40 heures par semaine (48 % aujourd’hui contre 63 % il y a vingt ans). Dans les ateliers ou sur les chantiers, les contraintes physiques intenses baissent légèrement. Elles concernent les personnes obligées de travailler debout, de porter des charges lourdes, d’effectuer des gestes répétitifs (le travail à la chaîne, par exemple) ou soumis à des vibrations. En 1994, près de 46 % des salariés étaient ainsi régulièrement confrontés à au moins une de ces contraintes [2]. Cette proportion descend en dessous de 40 % en 2010. Soit près de 9 millions de personnes. Sans surprise, ce sont principalement les ouvriers, les employés de commerce et de service, le secteur de la construction et le monde agricole qui sont les plus exposés, avec comme possible conséquence des problèmes de dos, des douleurs aux articulations et des troubles musculaires. Seule l’exposition au bruit progresse : un salarié sur cinq travail dans un environnement sonore supérieur à 85 décibels, soit le bruit d’un camion roulant à 50 km/h.

Intensification du travail

Malgré un recours de plus en plus grand aux molécules chimiques dans l’industrie, l’exposition globale aux produits chimiques diminue depuis 2003. Un salarié sur trois est exposé à au moins un produit dangereux dans le cadre de son travail avec, en cas de contact, des risques immédiats – brûlure irritation, réactions allergiques – ou différés dans le cas des cancérogènes. Ce qui concerne quand même plus de 7 millions de salariés, là encore principalement des ouvriers qualifiés et non qualifiés. Une « décrue » liée au « renforcement de la réglementation » depuis 2001, conséquence, entre autres, des grandes mobilisations sur l’amiante.

Ces légères améliorations se font cependant dans un contexte d’intensification du travail. Contraintes de rythme, quantité de travail excessive, polyvalence, objectifs irréalistes ou flous, ou instructions contradictoires se multiplient au sein des entreprises. Le nombre de salariés soumis à au moins trois contraintes de rythme – lié à la cadence automatique d’une machine, à la dépendance immédiate vis-à-vis du travail de ses collègues, aux normes et délais de production à respecter en moins d’une journée, ou au contrôle permanent de la hiérarchie… –  passe de 28 % à 35,5 %. « L’intensité du travail est l’une des principales dimensions des facteurs psychosociaux de risque au travail », rappelle l’étude. Et ce risque concerne 7,7 millions de personnes, aussi bien les ouvriers, les employés et les cadres. Travailler plus en moins de temps, voilà un nouveau slogan…

Des salariés davantage surveillés

« La proportion de salariés contrôlés en permanence par leur hiérarchie s’est accrue entre 2003 et 2010, notamment pour les employés de commerce et de service », souligne encore l’étude. Cette surveillance permanente concerne plus d’un salarié sur quatre. Le contrôle informatisé, lui, continue de s’étendre partout, aussi bien dans l’industrie que dans les services, et touche autant les cadres que les ouvriers qualifiés. Si, globalement, le temps de travail hebdomadaire diminue, la flexibilité du temps de travail s’accroît. Le travail le dimanche et les jours fériés augmente, concernant 31 % des salariés, principalement dans le commerce. Ceux-ci sont également confrontés à la multiplication des horaires variables. Un salarié sur dix demeure soumis à des horaires imprévisibles d’une semaine à l’autre !

L’intensification du travail – davantage de sollicitations en moins de temps – s’accompagne d’un « net accroissement » des situations de « tension au travail » : lorsqu’un salarié est confronté à une forte demande (rythme, objectifs, diversité des tâches à accomplir…) sans disposer de la marge de manœuvre nécessaire pour y répondre. De plus, la part de salariés estimant rencontrer un comportement hostile (22 % des salariés) ou méprisant (15 %) au travail augmente de manière notable. Cette charge psychologique vient ainsi s’ajouter à des pénibilités physiques qui diminuent très lentement. À l’heure où l’on ne parle que de compétitivité ou de réduction des coûts, il serait peut-être temps que ces questions liées aux conditions de travail et aux conséquences qu’elles font peser sur la vie quotidienne des salariés émergent dans la campagne électorale.

Notes

[1] Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.

[2] Au moins 20 heures par semaine pour la manutention manuelle de charges, pour le travail debout, au moins 2 heures par semaine pour les autres contraintes posturales (position à genoux, maintien de bras en l’air, posture accroupie, en torsion, etc.).

Basta Mag, Ivan du Roy, 26 mars 2012

[Poitiers] Grève au CHU

Grève des personnels au CHU

En février les personnels du CHU de Poitiers touchent le reliquat d’une prime de service annuelle calculée en fonction du nombre de jours d’absence, la limite étant jusqu’à maintenant fixée à dix jours. Au delà plus de prime intégrale. Mais depuis le 1er janvier changement soudain de la règle du jeu : la limite des dix jours est dorénavant ramenée à trois. Cette situation a provoqué un coup de colère des syndicats CGT et CFDT qui ont appelé hier à la grève. « C’est une décision sans concertation qui va d’abord pénaliser les femmes, majoritaires dans les personnels, qui sont parfois obligées de rester à la maison pour enfant malade. Comment des jeunes pourraient être attirés par notre métier avec une telle dégradation de nos conditions de travail. On exige beaucoup de nous sans contrepartie !» a déploré Marie-Thérèse Pintureau, secrétaire générale de la CGT au CHU avant d’aller remettre une pétition et une motion au conseil de surveillance du CHU qui se réunissait au même moment.

Nouvelle République, 24 mars 2012

[Poitiers] Grogne dans le secteur santé-social

Les salariés du secteur sanitaire et social alertent le public

Le manque de moyens, les conditions de travail qui se dégradent sont, selon l’intersyndicale, parmi les causes de la manifestation d’hier.

L’intersyndicale « Sud Santé Sociaux » et « Santé action sociale CGT » de la Vienne, représentée respectivement par Marie-Laure Noël et Céline Gendraud ainsi que les associations, « UDAF », « IRTS », « APSA », « ADAPEI » ont manifesté jeudi, de 12 h à 14 h, en distribuant des tracts aux automobilistes, au carrefour de la Pointe à Miteau.

L’objectif était d’informer, sensibiliser et, surtout, alerter le grand public sur les problèmes actuels et futurs du secteur sanitaire et social qui ne cesse de se dégrader, tout spécifiquement, en ce qui concerne les conditions d’accueil et de prise en charge des plus démunis. Par cette action et cette mobilisation, les participants ont dénoncé les orientations gouvernementales et le désengagement de l’Etat. Depuis plus d’une décennie, « le secteur est victime d’attaques multiples et incessantes sur la base d’un projet global de remise en cause de la protection sociale et de privatisation des services publics. Les politiques sociales sont remises en question (hébergement d’urgence, prévention spécialisée, aide sociale à l’enfance, prise en charge des personnes âgées et handicapées…) par l’élaboration de plans d’austérité et les mesures antisociales du gouvernement ». Les organisations syndicales et les associations constatent que « les besoins primaires des usagers ne sont plus respectés, que la précarité est devenue la préoccupation des seuls professionnels de terrain, que les qualifications de ces derniers sont bafouées et que les conditions de travail se dégradent à grande vitesse ; par ailleurs, les postes ne sont plus remplacés, les contractuels ne sont plus renouvelés, les TISF et les aides à domicile sont sous-payées et les services sont fortement menacés ».

en bref

REVENDICATIONS Services publics : la CGT bat le rappel

« Nous voulons agir contre les attaques incessantes à l’égard des services publics : jour de carence en cas de congé maladie, smicardisation avec perte de pouvoir d’achat, précarisation avec recrutement de contractuels, privatisation rampante… » Les sujets de mécontentement ne manquent pas pour Patrick Amand, secrétaire de la Coordination syndicale départementale des Services Publics (CSD 86) de la Vienne affiliée à la CGT. Pour la CSD il s’agit tout bonnement de bâtir un plan d’action pour 2012. Pas facile de sensibiliser les 14.000 salariés des services publics du département aux statuts très divers. Des fonctionnaires des services du conseil général à ceux du SIVEER en passant par les services d’incendie et les maisons de retraite, l’éventail est large. Pour compliquer l’action, certains personnels comme les secrétaires de mairie sont trop dispersés et trop isolés pour pouvoir créer un syndicat. « La CSD 86 veut d’abord informer les personnels de leurs droits par l’édition d’une brochure, créer un syndicat quand c’est possible, rencontrer les élus et préparer progressivement les élections professionnelles de 2014. » précise Jean-Louis Albert, responsable de la politique financière. Autre motif d’inquiétude : l’issue incertaine de l’élection présidentielle qui laisse en suspens le problème de la restructuration des collectivités territoriales.

Nouvelle République, Michel Lacroix, 23 mars 2012

[Châtellerault] Ex-new Fabris : justice de classe aux prudhommes

Amère victoire pour les ex-New Fabris

Les prud’hommes donnent gain de cause aux anciens salariés de l’entreprise châtelleraudaise mais ne leur accordent pas d’indemnités de licenciement.

Hier en milieu d’après-midi, personne parmi les anciens salariés de New Fabris n’avait encore appelé le conseil de prud’hommes de Poitiers pour connaître sa décision dans le conflit qui oppose 155 ex-New Fabris à leur ancienne entreprise, en la personne du mandataire liquidateur.

Un peu comme si personne ne se faisait vraiment d’illusion sur les chances d’obtenir quelque chose sur les restes de ce qui fut autrefois un fleuron industriel de la ville de Châtellerault. L’affaire est juridiquement assez complexe. On en retiendra que les anciens salariés n’obtiennent pas le principal de leur créance : quinze mois de salaires au titre d’indemnité de licenciement sans cause réelle ni sérieuse et 15.000 € de dommages-intérêts. Dans leur jugement, les prud’hommes estiment que le mandataire liquidateur apporte la preuve de ses efforts de reclassement pour chacun des 366 salariés de New Fabris, quand bien même ce reclassement se soit finalement avéré impossible. En fait, le conseil de prud’hommes s’est limité hier à étendre aux 150 et quelques nouveaux demandeurs la décision qu’il avait déjà prise en faveur de sept premiers salariés, dont la requête avait été déposée dès le mois de mai 2009, soit un mois avant le licenciement collectif. Cette décision favorable, qui porte sur quelques centaines d’euros par salarié, concerne uniquement un prélèvement abusif effectué par New Fabris sur les salaires de ses ouvriers en janvier et février 2009. L’entreprise s’était crue autorisée à récupérer les congés payés en retard qu’elle avait réglés en 2007 lors du rachat de Fabris. Une bien maigre consolation pour les ex New Fabris qui, au bout de trois années de combat, voient s’éloigner la perspective d’obtenir réparation de leur licenciement.

Nouvelle République, Vincent Buche, 22 mars 2012