Archives de catégorie : Le travail tue

Souffrance des profs au travail : corollaire d’un systéme éducatif autoritaire !

14 % des agents de l’Education se disent en situation d’épuisement professionnel

Un agent de l’Education nationale sur sept (14%) se dit en situation d’épuisement professionnel (ou « burnout ») et près d’un sur quatre (24 %) en état de tension au travail, selon une étude du Carrefour santé social, qui réunit la mutuelle MGEN et des syndicats, rendue publique lundi.

« Une proportion non négligeable des professionnels est en situation de risque psycho-social avéré, en particulier les conseillers principaux d’éducation (CPE), les personnels administratifs, les professeurs des écoles élémentaires et (ceux) exerçant en collège », résume le Carrefour santé social.

Selon l’étude, menée en mai 2011 auprès de 5.000 agents de l’Education nationale sur les risques psychosociaux, l’épuisement professionnel et les troubles musculosquelettiques (TMS), 24 % se disent en état de tension au travail et 14 % en épuisement professionnel.

Ce risque d’épuisement (ou « burnout » selon le terme anglosaxon) est supérieur à la moyenne des agents de l’Education nationale pour les CPE, les enseignants d’école élémentaire et du collège, les hommes et les plus de 55 ans.

Une grande majorité des agents déclare avoir connu un problème d’ordre musculosquelettique au cours des 12 derniers mois concernant la nuque ou le cou (78 %), le bas du dos (75 %), l’épaule (60 %), le genou ou la jambe (54%). Selon la zone du corps, entre un tiers et plus de la moitié des répondants déclare un problème au cours des sept derniers jours.

Par rapport à l’enquête « Sumer » qui constitue la référence en France (toutes professions confondues), l’étude montre que les agents de l’Education nationale sont soumis à une « demande psychologique » élevée mais ils bénéficient d’une « latitude décisionnelle » importante. Ce dernier critère, qui correspond à la marge de manoeuvre dont les personnels disposent pour mener leur activité, « contribue à réduire le niveau de risque psycho-social ».

Dans l’enquête Sumer, 12 % des cadres et 23 % de tous les salariés se disent « tendus » au travail, à comparer avec les 24 % de l’Education nationale.

Lieu d’échanges et de réflexion entre la MGEN et les principaux syndicats de l’éducation FSU, UNSA-Education, Sgen-CFDT), le Carrefour santé social a publié deux premières enquêtes en 2006, sur la santé des jeunes enseignants, et en 2009, sur les fins de carrière. Son objectif est de déceler les situations à risque pour que des réponses adéquates y soient apportées.

AFP, 30 janvier 2012

Grève générale en Belgique pour le sommet européen de Bruxelles

Grève générale en Belgique pour le sommet européen de Bruxelles

La Belgique connaîtra ce lundi sa première grève générale en presque vingt ans, les syndicats ayant appelé à contester les mesures d’austérité du gouvernement le jour d’un sommet européen à Bruxelles. La totalité du réseau ferroviaire sera fermé, et la plupart des bus et tramways ne devraient pas rouler. De nombreuses écoles seront fermées.

L’aéroport de Charleroi, plate-forme de plusieurs compagnies low-cost, dont Ryanair, a dû annuler l’ensemble des vols, en raison du blocage annoncé des routes menant aux terminaux. On ignore encore quelle sera la situation à l’aéroport de Bruxelles. Dès dimanche soir, les trains européens à grande vitesse, le Thalys vers Paris et l’Eurostar vers Londres, ne roulaient plus.

Cette grève générale, la première depuis 1993, vise à contester les mesures d’économies du gouvernement, comme le relèvement de l’âge de la retraite.  La Belgique prévoit au total de réduire ses dépenses de 11,3 milliards d’euros, dans le but de ramener son déficit public sous les 3% du produit intérieur brut, ainsi que le demande l’Union européenne.

Le gouvernement belge n’ignore toutefois pas que la croissance 2012 sera inférieure au niveau de 0,8% sur lequel a été bâti le budget en décembre. Une stagnation, voire une contraction, forceront les pouvoirs publics à chercher d’autres sources d’économies lors de la révision du budget en février. Selon les estimations des économistes, ce sont ainsi 1,5 à 2 milliards d’euros qui pourraient devenir nécessaires.

Les syndicats redoutent aussi que le gouvernement ne suspende le système par lequel les salaires sont indexés sur l’inflation. Ce dispositif a été critiqué par la Commission européenne et les organisations économiques internationales, qui estiment qu’il contribue à augmenter les prix. Nous soutenons donc nos amis belges dans cette grève contre le système qui nous étrangle un peu plus chaque jour.

Blog du Groupe de béthune (Fédération Anarchiste), 30 janvier 2012

[Poitiers] C’est fini pour les salarié-e-s du Printemps. Au maire : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! »

Poitiers : pour le Printemps le rideau est tombé

La “ veillée funèbre ” du Printemps a réuni une centaine de salariés et clients du magasin hier soir lorsque ses portes se sont fermées. Définitivement.

Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà.

 Le rideau de fer du Printemps vient de tomber. Les messages de soutien y affluent déjà. – (Photo Marie-Catherine Bernard)

Cette fois, c’est bien fini. Ce samedi soir, il n’est pas encore 19 heures lorsque les salariés, majoritairement des femmes, mais aussi les derniers clients du Printemps, sortent du magasin. On allume des bougies, des regards sont déjà embués. Sous la lumière des caméras, la foule s’épaissit peu à peu jusqu’à compter entre 100 et 150 personnes. Les salariés, bien sûr, des clients solidaires, mais aussi des retraités du Printemps venus soutenir leurs anciens collègues. Le maire, Alain Claeys, s’avance à son tour : « C’est mon devoir de maire d’être là ce soir. La mairie accompagne les salariés dans le cadre de la convention de revitalisation pour que leurs droits soient respectés… »

  «  On aurait pu fêter les 50 ans en 2015…  »

Un peu plus tard, des voix discordantes vont se faire entendre, agressant verbalement Alain Claeys : « Vous êtes le fossoyeur du commerce du centre-ville ! » lance un homme. Quelques personnes applaudissent, d’autres se scandalisent. « Ce n’est pas l’endroit pour ça, on est là pour le Printemps ! » Entourée de ses collègues, la secrétaire du comité d’entreprise, Chantal Choisy, prend la parole : « Le couperet est tombé le 17 mai, nous l’avons tous très mal vécu. Le Printemps a apporté une vie commerciale intense au centre-ville depuis 1965. Nous aurions pu fêter les 50 ans en 2015… » Elle dénonce la stratégie du groupe Borletti : « Depuis le rachat, tout est décidé par Paris, on a favorisé les grands magasins et laissé tomber les petits. Lorsque j’avais fait part début 2010 de mes inquiétudes au P-DG Paolo de Cesare, il m’avait répondu : «  Ayez confiance en l’avenir  »… » Chantal Choisy se tait. En pleurs, elle n’arrive plus à lire sa feuille.

Ses collègues la soutiennent : « Allez Chantal ! » Elle reprend : « On nous dit que Poitiers mettait le groupe en danger alors qu’il se gave de chiffres d’affaires… On nous a culpabilisés en ne faisant aucun investissement… » L’émotion est décuplée lorsqu’elle indique que les salariés sont ce soir « doublement effondrés après le décès brutal, mercredi dernier, de Pascal », un de leurs collègues… Évelyne, salariée du Printemps depuis 29 ans, arrive au bout de cette ultime journée de sa carrière professionnelle qu’elle redoutait tant : « Des clientes sont venues encore aujourd’hui pour nous dire au revoir, avec un petit mot gentil… Mais c’est vraiment dur… » Il est 19 heures et le rideau de fer du Printemps tombe pour une dernière fois. Une page de l’histoire du centre-ville de Poitiers vient de se tourner. Dans la douleur.

 Voir la vidéo

Nouvelle République, Frédéric Delâge, 29 janvier 2012

[Poitiers] Salarié-e-s du Printemps « sacrifié-e-s au nom de la finance et de la rentabilité »

Aujourd’hui le Printemps vit ses derniers instants

 Après 47 ans de présence en centre-ville, le grand magasin ferme ses portes ce soir. A 19 h, les Poitevins sont appelés à manifester leur solidarité.
Dans les allées du magasin déserté, on a déjà vidé les rayons et préparé les cartons.

Tristesse. C’est le mot qui flotte sur toutes les lèvres, qui envahit toutes les têtes. Ce soir à 19 h précises, le Printemps de Poitiers aura vécu. Après quasiment un demi-siècle de présence sur la place Leclerc, le grand magasin du centre-ville vit aujourd’hui ses derniers instants. Il laisse sur le carreau quelque 46 salariés, principalement des femmes. Une vingtaine d’entre elles a reçu hier matin leur lettre de licenciement. Elles ne sont pas encore dans « l’après ». Le deuil n’est pas fait.

 «  Ils ne pensent pas qu’on est encore là  »

Dans un magasin quasi-désert qui a pris des allures de vaisseau fantôme, les cartons sont déjà faits. Les portants des vêtements sont rassemblés, des mannequins s’entassent… « Ils ont déjà déménagé des caisses, des bureaux sans nous prévenir, s’emporte une salariée, ils ne pensent pas qu’on est encore là. » Pour ajouter à la douleur de perdre leur emploi, les salariés pleurent aussi depuis quelques jours la disparition brutale d’un des leurs, emporté par la maladie… Au quatrième étage, le restaurant Le Petit Lafond, ouvert en mai 2000, reste le seul îlot d’animation. Hier, à l’heure du déjeuner, on s’y pressait encore. Dans sa cuisine, Cyril commente : « C’est fini. Ca fait toujours de la peine. On avait plein de clients fidèles dont certains venaient tous les jours. On se connaissait bien. C’est très triste. Ici, avec la grande baie vitrée qui donnait sur la place, c’était la meilleure vue de Poitiers ! »

repères

> Le Printemps ferme définitivement ses portes ce samedi à 19 h.

> Tous les Poitevinssolidaires sont appelés à se joindre aux salariés pour une veillée funèbre publique, à la bougie.

> Rendez-vous leur est donné devant l’entrée du magasin. Une prise de parole devrait avoir lieu.

la phrase

« Nous avons été sacrifiés au nom de la finance et de la rentabilité .»

C’est ce que rappellent inlassablement depuis des mois les élus du comité d’entreprise du Printemps. Le magasin de Poitiers, l’un des 17 du groupe Borletti, n’était plus rentable, selon sa direction. Une version contestée par les syndicats qui demandent à la justice de prononcer la nullité du plan social. La date de l’audience a été fixée au 20 mars prochain.

Nouvelle République, Jean-Michel Gouin, 28 janvier 2012

[Chasseneuil – 86] Débrayage contre le gel des salaires et les augmentations de cadences

Débrayage à Fédéral Mogul

Les employés refusent le blocage des salaires.

 Les employés refusent le blocage des salaires.

Hier, à Chasseneuil, les syndicats CGT et FO de Fédéral Mogul ont appelé à un débrayage de deux heures, après l’annonce faite en négociations annuelles obligatoires (NAO) de geler les salaires durant l’année 2012. L’entreprise qui a subi un plan social en 2009 compte aujourd’hui 260 salariés et parmi ceux-ci un certain nombre d’emplois précaires. Pour le secrétaire général CGT Gwénael Autexier, « le personnel restant a subi les augmentations de cadence associées à un changement d’horaires. Avec le blocage des salaires on perd du pouvoir d’achat et les patrons gagnent plus par rapport aux profits dégagés. A Fédéral Mogul il y a de l’argent » poursuit le secrétaire général, « mais il faudrait qu’il soit mieux réparti sur les créateurs de richesse… »

Selon les responsables syndicaux, « ce mouvement est un succès puisque les débrayages deux heures avant fin de poste ont été suivis à 100 % en ce qui concerne les équipes nuit et matin (usinage, contrôle final et fonderie), l’équipe d’après-midi devait suivre le mouvement dans les mêmes proportions ». A Orléans où se tenait hier la seconde réunion NAO le personnel était également en grève.

Fédéral Mogul possède trois sites situés à Chasseneuil-du-Poitou, Garenne et Orléans.

Nouvelle République, Alain Chauveau, 27 janvier 2012