Archives de catégorie : Le travail tue

[Montmorillon – 86] Nouvelle grève des salarié.e.s de Easydis

Salaires : nouvelle grève hier chez Easydis

Une quarantaine de salariés de la plateforme Easydis de Montmorillon étaient en grève hier, à l’appel d’une intersyndicale (CFDT, CGT, FO, UNSA). La mobilisation concernait tous les sites d’Easydis en France (une vingtaine).

Ce mouvement, le deuxième cette année, est motivé comme en février par des revendications salariales à l’échelle du groupe. Les dernières négociations s’étaient conclues par un désaccord entre les syndicats et la direction, cette dernière accordant toutefois 1,5 % d’augmentation. Insuffisant pour les délégués du personnel CFDT de Montmorillon : « Depuis, le dialogue est très dégradé, constatent-ils. La participation a été divisée par deux et nous ne touchons pas d’intéressement en 2013, alors que le groupe gagne de l’argent. Il y a un ras-le-bol général des salariés sur tous les sites. Les salaires sont bas : 64 % d’entre nous sont à 5 % des minima des grilles de la convention ». Une prime de productivité a été créée : « Elle va de 0 à 600 € par salarié, une quarantaine seulement la touchent à Montmorillon » précise Bruno Mesmin.

Commande vocale

Les représentants du personnel évoquent aussi la dégradation des conditions de travail, depuis l’introduction d’un nouveau système de guidage vocal pour les préparateurs de commandes : « On passe sept heures par jour avec un casque sur les oreilles, une voix qui nous donne les consignes au lieu de la feuille que nous avions avant, explique Christophe Tabuteau. Nous avons demandé des tests d’audition pour les salariés. Certains en parlent la nuit. » Le groupe Casino n’a pas souhaité s’exprimer sur ces points hier

Nouvelle République, 14 décembre 2013

Les métiers haïssables

NdPN : aujourd’hui la liste des boulots de merde est si longue, vues l’emprise du capitalisme sur la nature même de la production, sans parler des rapports tout-marchands, qu’on en viendrait plutôt à vouloir abolir tous les boulots…

travailler_nuit_web

Les métiers haïssables

Un camarade, lors d’une conversation exprimait ses difficultés de syndicaliste devant l’attitude d’autres syndicalistes à propos du mouvement pour les retraites.

En effet, il nous rapportait :

« L’un d’entre eux m’avoua que la mobilisation fut très difficile dans son secteur car son entreprise propose, vend des produits se substituant à des retraites défaillantes, car minées par les différentes réformes. Et les collègues ne voyaient pas comment ils pouvaient d’un côté lutter pour défendre les retraites et de l’autre faire leur travail de vendre ces produits qu’ils disaient remplacer haut la main les retraites actuelles. »

Puis, il mentionnait plus loin :

« Quand il s’est agi de mobiliser contre les essais de missiles à tête nucléaire au Centre d’essai des Landes, des syndicalistes d’un autre secteur nous ont demandé de ne pas soutenir cette mobilisation, car c’était leur emploi qui était en jeu. »

Ce qui a conduit ce camarade à réfléchir sur un renversement des valeurs :

« Avant, on adhérait à un syndicat et on avait un contrat (de travail) avec une entreprise ou un patron. Le syndicat avait un projet de société, des valeurs, des idées et combattait en leur nom. Le patron exploitait la force du travailleur et le payait plus ou moins bien pour cela. Mais c’était avant ! »

« Maintenant, les entreprises ont des projets de société, affirment avoir des valeurs et les travailleurs sont appelés collaborateurs et on leur demande d’adhérer aux valeurs de l’entreprise. Par contre, des travailleurs, quand ils prennent encore la carte à un syndicat, le font de plus en plus nombreux comme s’ils passaient un contrat avec une assurance en attente d’un service en retour. »

Le camarade en concluait que « les syndicats ne semblent plus portés par un projet de société, les travailleurs ne voient plus ce projet, à peine voient-ils la défense au quotidien de l’emploi, voire du salaire. Trop rarement le syndicalisme porte-t-il critiques ou réflexions sur le sens du travail effectué et propose-t-il des “reconversions” pour orienter le travail dans une autre direction plus conforme à leur projet de société, à leurs systèmes de valeur. Le syndicalisme paye ainsi la prédominance d’une analyse marxiste, réduite d’ailleurs à sa plus simple expression, avec la bataille pour le partage de la plus-value et la hausse des salaires, comme revendication quasi unique pendant longtemps. Ainsi, l’exploitation salariale a été réduite au seul salaire, le temps de travail, les conditions de travail et y compris l’objet du travail sont aussi des enjeux du combat syndical et restent trop négligés. »

Les deux exemples que donnait le camarade portaient sur des activités que Sébastien Faure aurait qualifiées de plus ou moins blâmables, voire de « haïssables » ; d’où le titre de ma chronique.

« Les métiers haïssables », c’était un des thèmes parmi de nombreux autres lors des conférences de Sébastien Faure prononcées vers les années 1920 et dont on peut d’ailleurs se procurer les textes aux éditions Tops/H. Trinquier. Le titre en est Propos subversifs (1921), édité en 2009.

Le propos de Sébastien Faure paraîtra peut-être un peu daté dans la forme mais, sur le fond, il parle juste. Pour notre Sébastien sont « métiers haïssables » ceux qui défendent, consolident et fortifient le régime actuel. Il cite surtout le prêtre, l’officier, le magistrat, le policier, le gouvernant, le patron et le « jaune » (à vrai dire, ce dernier n’est pas à proprement parler un métier). Si pour Faure certaines autres professions sont nobles ou méprisables, utiles ou malfaisantes, c’est suivant la façon dont elles sont pratiquées ; et il cite le journaliste, le médecin ou l’avocat.

Sébastien Faure ne connaissait pas les missiles à tête nucléaire ni les produits financiers mais il posait la question de savoir quels sont « les métiers que tout militant socialiste, syndicaliste libertaire doit fuir et refuser d’exercer ». Il explique que ce qui caractérise ces métiers, c’est qu’ils disparaîtront une fois la révolution accomplie ; mais il disait encore autre chose, c’est que nous ne sommes pas obligés de les exercer, ces métiers. Cependant Sébastien Faure rajoute :

« Je hais le métier qu’exercent certains hommes […] mais je ne hais pas ceux qui les exercent. Je condamne et méprise les fonctions qu’ils pratiquent, mais je ne condamne ni ne méprise les individus. »

Il n’empêche, à propos du questionnement de notre camarade, il est clair que nous sommes là devant des exemples de consentement à la guerre, d’acceptation du capitalisme et de soumission au régime social ; en bref, des exemples de servitude volontaire ; et que ceux qui font ces métiers haïssables ne peuvent être nos amis. Ils seraient, en quelque sorte, plutôt nos ennemis. Ennemis sans doute pervertis et achetés par ceux qui nous gouvernent.

Cependant, le camarade concluait sa chronique par une exhortation :

« C’est à un renversement complet que nous, anarchistes, appelons, avec la mise en avant de valeurs sociales, et un syndicalisme qui reconsidère l’urgence d’un nouveau projet de société. Le syndicalisme doit être secoué pour réagir avant que ne surviennent des événements dramatiques. »

Nous acquiesçons, bien sûr.

S’il n’est au pouvoir de personne de changer seul la société, il est au pouvoir de chacun − et c’est un minimum − de refuser certaines tâches, certains métiers, certaines professions indignes.

Dans son petit ouvrage La Journée des barricades (L’Insomniaque éd.), le cardinal de Retz écrit : « J’avais toute ma vie estimé les hommes plus par ce qu’ils ne faisaient pas en de certaines occasions que par tout ce qu’ils eussent pu faire. »

Vu sur le blog du Cercle Libertaire Jean Barrué (FA 33), 3 décembre 2013

[Poitiers] CHU : l’intersyndicale contre la nouvelle organisation du travail à l’Unité d’hospitalisation d’aval

CHU de Poitiers : le personnel en colère

L’ensemble des syndicats du CHU de Poitiers a appelé les salariés à la grève hier. Ils manifestent contre les conditions de travail de l’unité UHA.

Hier matin, les syndicats CGT, CFDT, FO et CNI du CHU de Poitiers ont invité le personnel à manifester contre la suppression de 19 RTT et des transmissions orales au sein de la future Unité d’hospitalisation d’aval ou UHA, prévue pour le 9 décembre prochain.

Marie-Thérèse Pintureau, porte-parole de l’intersyndicale, n’est pourtant pas contre cette nouvelle unité de 25 lits supplémentaires : « Au départ, ce devait être un moyen pour désengorger les urgences. Nous étions tous d’accord sur le principe. Là, où nous sommes mécontents, c’est sur les conditions de travail dans cette unité ».

Suppression de 19 RTT et des transmissions orales

Dans cette unité, le personnel ne travaillera plus 7 h 40 par jour mais 7 h : « Les 40 minutes journalières perdues seront compensées par la suppression de 19 jours de RTT. Les salariés seront autant payés mais ils dépenseront plus en essence ou en garderie s’ils ont des enfants en bas âge », indique Marie-Thérèse Pintureau. Les transmissions ne devront plus se faire également que par écrit, via le système informatique. « En enlevant cela, la direction touche à ce qu’il y a de plus sacré pour le personnel médical. Sur certains dossiers, il est nécessaire de discuter oralement, pas via un ordinateur », estime Christian Trianneau, secrétaire général de la CNI au CHU. De son côté, la direction parle d’une « expérimentation nouvelle sur l’organisation du travail ». Séverine Masson, directrice des ressources humaines l’affirme : « Cette unité va générer 34 postes supplémentaires. Nous souhaitons voir les bénéfices sur les conditions de travail pendant trois mois. Nous gardons les transmissions orales et nous comprenons les craintes du personnel ». Le taux de grévistes est de 19,60 % par rapport au nombre d’agents travaillant. L’intersyndicale invite les salariés à les rejoindre ce soir, à 17 h, devant le pavillon administratif du CHU pour poursuivre leur mouvement.

Aurore Ymonnet, Nouvelle République, 27 novembre 2013

En Poitou-Charentes comme ailleurs, le travail tue

Santé au travail : Poitou-Charentes peut mieux faire

L’observatoire régional de la santé au travail met en exergue une région qui a dû mal à protéger ses salariés. Ils sont plus exposés à un accident qu’ailleurs.

Le baromètre « Santé au travail » en Poitou-Charentes est à la baisse. Signe de mauvais temps. Surtout pour les salariés victimes d’accidents au travail. Le taux de fréquence (*), plus élevé que celui de la moyenne nationale, est le signe de conditions de travail dégradées et de comportements individuels pas toujours adaptés. Comprenez qu’en 2011, il a été constaté 37 accidents du travail pour 1.000 salariés dans cette région alors que la moyenne nationale est pointée à 36.

Moins de médecins du travail

Des valeurs qui restent, cependant, en légère diminution par rapport à 2009 où les écarts entre la France et notre territoire étaient plus importants. La nature des activités exercées fournit une des explications à ce triste constat : « fabrication d’emballage sur mesure, spéciaux en bois, d’articles de tonnellerie », « entreprises générales et construction de bâtiment » sans oublier « travaux de maçonnerie et gros-œuvre » cumulent les arrêts de travail avec 111 accidents et 90, concernant la dernière spécialité, pour 1.000 salariés. A noter également que les personnels dans les activités de service ne sont pas à l’abri de problèmes, particulièrement ceux qui sont en contrat temporaire avec 61 accidents du travail. Même constat dressé par Michel Bardoulat, président de l’ORST Poitou-Charentes, (Observatoire régional de la santé) qui annonce une région « beaucoup plus atteinte » par les maladies professionnelles, particulièrement « par les troubles musculo squelettiques (TMS) » dans le cadre des activités agro alimentaire. Un département, les Deux-Sèvres, est frappé par ce type de pathologie. Les TMS sont les maladies professionnelles les plus fréquentes. Elles regroupent plus de 95 % des indemnisations et 88 % des déclarations en maladies professionnelles. À prendre en compte également la souffrance psychique au travail : Plus de la moitié du motif de consultations à l’UCPPE (Unité de consultations des pathologiques professionnelles et environnementales), ouverte fin 2008, a pour objet cette problématique. Il faut dire que le Poitou-Charentes n’est pas doté, non plus, de praticiens pour détecter cette pathologie : la région a perdu en 4 ans 24 médecins du travail.

(*) C’est le nombre d’accidents du travail par rapport au nombre de salariés.

Didier Monteil, Nouvelle République, 27 novembre 2013

[Poitiers] Hôpital Henri Laborit : les salarié-e-s ne lâchent pas l’affaire

La grogne sociale persiste à l’hôpital Henri-Laborit

FO a rejoint ce matin la CGT dans la grève alors que le Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) se réunit, autour du directeur de l’établissement Alain Haas, sur fond de revendications. Les personnels de l’hôpital Henri-Laborit demandent toujours l’ouverture de négociations sur les conditions de travail, le retrait définitif du nouveau planning et la réouverture des Centres médico-psychologiques ruraux (Chauvigny, Civray, Lusignan) fermés cet été.

Nouvelle République, 8 novembre 2013