Archives de catégorie : Le travail tue

[Poitiers] Les salarié-e-s du CIF ne veulent pas partir les mains vides

Crédit Immobilier de France : l’argent, le nerf de la grève

Des salariés dans l’angoisse du lendemain.

Les salariés du Crédit Immobilier de France, avant de grossir les rangs de Pôle emploi en 2014, veulent négocier au mieux leurs indemnités de licenciement.

Salle Monaco de l’Hôtel de Paris à Poitiers. Quelques dizaines de salariés du Crédit Immobilier de France Centre-Ouest (CIFCO) venus de Châteauroux, Niort, Tours, Brive, Limoges, Poitiers… écoutent les explications de Céline Robin et Dominique Grégorutti, leurs représentants à la Commission centrale de négociation, sur le plan de sauvegarde pour l’emploi dévoilé mardi, à Paris, par la direction du Crédit Immobilier de France.

 » Le CIF va continuer à faire des bénéfices jusqu’au bout « 

Ce PSE, « le plus important jamais réalisé en France (1) » selon Dominique Grégorutti, a déclenché, hier, une grève « suivie par 80 % du personnel ». « Dès 2014, 90 postes sur les 140 seront supprimés au CIFCO », continue M. Grégorutti, directeur de secteur à Thouars. « Nous avons besoin de connaître les souhaits et les attentes de nos collègues. Il existe un énorme besoin d’informations », relève Céline Robin, avant d’estimer : « Globalement, nous sommes déçus des propositions. Le directeur parle de quelque chose de « puissant ». C’est ce qui m’a le plus choqué. » Pour Dominique Gregorutti, « c’est d’autant moins satisfaisant que le CIF est une machine qui continue à faire des bénéfices et en fera jusqu’au bout. » Sur les indemnités de licenciement, tout le monde a ouvert grand ses oreilles : « On nous met sur la table un mois et demi de salaire par année d’ancienneté sur la base de 3.500 € mensuels avec un plafond de 30 mois. Nous, on veut négocier deux mois de salaires par année d’ancienneté sur la même base mais en faisant sauter ce seuil de 30 mois ».

Le secteur bancaire ne recrute plus

Autre sujet de désaccord, les montants alloués à la formation : de 8.000€ à 10.000 € selon l’ancienneté. « Il faut 50.000 € pour une formation longue de plus de deux ans et 20.000 € pour une formation courte », balise Céline Robin, qui envisage de devenir « directrice de maison de retraite », jugeant qu’« avec un secteur bancaire qui ne recrute plus, la situation peut être compliquée pour nous, notamment les seniors. ». Un quart des salariés du CIFCO a plus de 45 ans.

(1) 1.200 emplois supprimés en 2014, 2.500 à l’horizon 2017 – 2018.

Jean-François Rullier, Nouvelle République, 20 juin 2013

[Naintré – 86] Après la fermeture annoncée de Rotomega, Mégatop et Mégastar ?

NdPN : Après l’annonce de la fermeture de Rotomega (pour des intérêts de type purement financier) et donc du licenciement des salarié-e-s, alors que cette imprimerie affiche des profits : craintes de licenciements dans d’autres boîtes appartenant au même groupe capitaliste… Quant au choix stratégique des salarié-e-s de Rotomega d’en appeler aux politiques, cela sera-t-il suffisant ? On en doute, vu ce qu’a donné cette stratégie dans tant d’autres boîtes.

L’imprimerie Rotoméga en appelle aux pouvoirs publics

L’imprimerie Rotoméga à Naintré ne veut pas mourir. Elle “ exige une table ronde ” avec “ les salariés, les syndicats, la direction et les politiques ”.

Après le coup de massue, le coup de colère. Les salariés de Rotoméga, cette imprimerie de à Naintré dont on a annoncé il y a un mois la fermeture aux 25 salariés pour fin mars 2014, poursuivent leur bras de fer avec leur direction et le groupe hollandais de presse qui les a rachetés voici un an et demi.

Un rendez-vous prévu à la sous-préfecture

L’expert-comptable, désigné dans le cadre du PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi), a rendu un rapport qui va dans le sens des salariés, d’après Manuel Da Silva, délégué syndical CGT : « Dans ses conclusions, le rapport conclut que la raison économique de la fermeture ne tient pas. Comme on le dit depuis le début, Rotoméga est viable et n’a pas de dettes. » Les salariés n’ont pas l’intention de baisser les bras. Ils vont interpeller « les pouvoirs publics et politiques ». « On rencontre la semaine prochaine, M. Renard, commissaire au redressement productif en Poitou-Charentes, et la sous-préfète de Châtellerault. Le but, c’est d’obtenir, on l’exige, une table ronde avec les salariés, l’actionnaire, la direction, les représentants syndicaux et les politiques », annonce Manuel Da Silva et Patrick Chatet, secrétaire général du livre CGT Vienne. Ce dernier fulmine contre « cet actionnaire hollandais » qui, « pour des raisons financières », décide de « fermer un site et de délocaliser la production française à l’étranger, en l’occurrence en Roumanie. » « On n’est pas sur une stratégie de résignation. De telles décisions sont scandaleuses ! » Le credo des salariés est clair : « On veut sauver l’entreprise et les emplois. Ceci étant dit, on va participer à la négociation du plan social mais on va être extrêmement exigeant sur le niveau de celui-ci. »

Frédéric Martin, de la UD CGT, dit craindre également des « menaces » qui pèseraient sur Mégatop (26 salariés) et Mégastar (98), deux entités voisines situées sur le même site. « Pour Mégatop, le contrat des couvertures prend fin 2014, alors que la fermeture de Rotoméga est annoncée pour fin mars 2014… », laisse entendre Manuel da Silva, délégué syndical CGT Rotoméga.

D.F., Nouvelle République, 119 juin 2013

[Dangé-Saint-Romain – 86] 16 licenciements chez Brionne

Dange-Saint-Romain : 16 licenciements chez Brionne

A Dangé, la société Brionne (59 salariés) a mis en oeuvre un nouveau plan de licenciements après ceux intervenus en 2008 et 2009. La mesure concerne seize salariés, a-t-on appris ce soir par le syndicat CFDT. Spécialisée dans la quincaillerie décorative, la PME subit depuis de longs mois déjà la crise que connaît le secteur du bâtiment.

Nouvelle République, 18 juin 2013

Sur le démantèlement annoncé de l’usine Michelin de Joué-les-Tours

NdPN : vous l’aurez remarqué, nous ne dressons pas franchement de lauriers aux journalistes de la Nouvelle République… pour employer un euphémisme ! Néanmoins il y en a qui font du bon taf : une fois de plus, c’est le cas de ce journaliste, qui produit ici deux bons papiers sur le démantèlement annoncé de l’usine Michelin à Joué-les-Tours.

Quand Michelin a déménagé

Le démantèlement annoncé ces jours-ci de l’usine Michelin de Joué-lès-Tours s’est déroulé à Poitiers il y a quelques années. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Une image forte. Le Bibendum jeté au sol, puis brûlé, comme une statue de dictateur au Proche-Orient. C’était le 12 octobre 2005, à Poitiers. Le groupe Michelin venait d’annoncer l’arrêt de la production de pneus poids lourds, pour la transférer à… Joué-les-Tours. 432 salariés étaient concernés. 60 sont restés sur place dans l’unité de logistique et de montage (*), 129 avaient l’âge de bénéficier d’un départ anticipé, 133 ont fait le choix de monter dans la navette pour aller travailler en Touraine (voir ci-dessous), et 111 ont été licenciés.

 Depuis, il n’y a eu que Kramp, «  c’est loin de faire la balle  »

Aujourd’hui, c’est l’usine de Joué qui est dans le collimateur du groupe. Fermeture annoncée. « Bis repetita, ça fait mal au cœur, commente Laurent Sapin, l’un des soixante qui est resté à Poitiers. A l’époque, pour faire passer la pilule, le directeur nous vantait les mérites de l’usine de Joué-les-Tours et du pneu X One qui allait révolutionner le transport. » Le pneu a fait flop en Europe et, aujourd’hui, Michelin veut se débarrasser de son Joué. A Poitiers, les anciens se souviennent des promesses de l’époque. Et rigolent de celles qu’ils entendent aujourd’hui. Quand Michel Sapin, le ministre du Travail, assure que personne n’ira à Pôle Emploi, Hervé Daumand, syndicaliste de l’époque, rappelle « les 111 qui ont été licenciés, et qui n’ont rien gagné devant la justice ». Combien ont retrouvé un boulot ? « 64 avaient un CDI en 2009, après, j’ai arrêté de tenir les comptes, c’est trop déprimant. » Et la revitalisation du site abandonné, comme le promet Michelin, aujourd’hui en Touraine ? A Poitiers, le site a été rasé, puis la société Prologis a reconstruit des bâtiments, dont l’un loué par Michelin justement. En 2008, Prologis annonçait « 600 emplois d’ici 4 ans ». Aujourd’hui, on les cherche. Il y a bien eu l’installation de l’usine Kramp (125 salariés), mais elle a été délocalisée de Civray. « C’est loin de faire la balle », sourit, jaune, Laurent Sapin qui avoue avoir une pensée, chaque jour « pour les anciens potes de Michelin, qui font la route tous les jours, et ceux qui ont été virés ». Ceux-là, ne croient plus aux promesses.

 (*) A Poitiers, Michelin conserve un site pour le montage des pneus (le seul en Europe) et la logistique, avec 50 salariés. L’unité reçoit des pneus des usines européennes du groupe et les renvoie, montés, dans toute l’Europe du nord. Pour l’heure, de source syndicale, ce site connaît une activité très satisfaisante et n’est pas menacé.

repères

Les dates-clés du Bibendum à Poitiers

> 1972 : Michelin installe une usine à Poitiers, sur un site de 34 hectares à l’ouest de la ville, qui deviendra la zone industrielle de la République. > 1982 : L’entreprise emploie 1.200 salariés, un pic qu’elle ne retrouvera jamais. > 2002 : Michelin met en place une direction commune pour les deux sites de Poitiers (700 salariés à l’époque) et de Joué-lès-Tours, qui fabriquent tous les deux des pneus pour les poids lourds. > 2003 : Michelin annonce « le transfert progressif » de 190 emplois de Poitiers vers Joué. Les syndicats protestent contre le déménagement des machines, synonyme de fermeture à court terme du site de Poitiers. > 2005 : Le 22 juin, Michelin annonce l’arrêt de la production de pneus à Poitiers : 432 postes vont être supprimés. Le groupe auvergnat n’entend conserver qu’une soixantaine de salariés sur le site pour du montage et de la logistique. Les volontaires sont reclassés vers l’usine de Joué-lès-Tours, un bus les y conduira trois fois par jour. Les autres seront licenciés. Le 12 octobre, au plus fort du mouvement de grève consécutif à l’annonce, le Bibendum qui trônait à l’entrée de l’usine part en fumée. > 2006 : La production est stoppée le 16 février. 111 salariés reçoivent leur lettre de licenciement. > 2008 : La cheminée historique de l’usine de Poitiers est abattue. Le nouveau propriétaire des lieux, Prologis, construit à la place une plateforme logistique, pour laquelle on annonce la création de 600 emplois en quatre ans. > 2009 : La cour administrative d’appel de Bordeaux rejette les derniers recours déposés par des salariés qui contestaient leur licenciement. C’est la fin de trois ans de combats judiciaires qui a vu Michelin gagnant sur toute la ligne.

Philippe Bonnet, Nouvelle République, 13 juin 2013

 » C’est du copier-coller « 

Ce mercredi matin, à l’heure de monter dans la navette Véolia qui le conduit chaque jour à l’usine de Joué, depuis 2005, Patrick Guichet est en colère. Il vient de voir Jean-Pierre Raffarin, à la télé, dire « que les socialistes sont incapables de gérer le déclin industriel » : « Et lui, en 2005, qui venait d’être Premier ministre pendant trois ans, qu’est-ce qu’il a fait pour que Michelin reste à Poitiers ? » A l’époque, Patrick avait 50 ans. Il n’avait pas d’autre choix que d’accepter la mobilité vers Joué-lès-Tours. Sept ans plus tard, le voici confronté à une nouvelle fermeture. « C’est du copier-coller, la décision qui vous arrive sur la tête comme ça, d’un seul coup, explique-t-il. L’onde de choc va être terrible, il y a des gars qui vont craquer là-bas. » Lui, espère faire partie du plan « fin de carrière » qui accompagnera la fermeture de l’usine : « On nous dit que ça concernera ceux qui sont nés avant le 30 septembre 1957. » C’est son cas, il a 57 ans et, en plus, 39 ans « de boîte ». Mais la perspective d’un départ anticipé, alors que se profile une énième réforme des retraites, lui semble quand même incongru. « Surtout quand on sait qu’il y a Laurence Parisot et Louis Gallois au conseil de surveillance de Michelin »…

Ph.B., Nouvelle République, 13 juin 2013

[Poitiers] Grève prolongée au CHU

Grève au CHU de Poitiers : les médecins solidaires

Après concertation, le personnel hospitalier du CHU de Poitiers a décidé  de prolonger le mouvement de grève jusqu’à jeudi.

Les pancartes aux couleurs de l’intersyndicale CGT, CFDT et FO, affichent le mécontentement du personnel du CHU de Poitiers. Lundi matin, près de 38 % des agents présents ont été en grève. Hier, ils étaient 25 % et ont voté la reconduite du mouvement jusqu’à aujourd’hui. « Nous prolongerons la grève très probablement jusqu’à jeudi », annonce Marie-Thérèse Pintureau, porte-parole de l’intersyndicale et aide-soignante au CHU.

Pour rééquilibrer son budget 2013, la direction de l’hôpital doit réaliser des économies à hauteur de 5 millions d’euros. Dans ce cadre, elle a prévu la suppression de six jours de RTT pour le personnel à repos variable et deux jours en plus du jour de sujétion pour le personnel à repos fixe. Ces mesures ont suscité la grogne générale.

«  Hors de question de baisser les bras !  »

Hier matin à 10 h 30 dans le hall Jean-Bernard, le pédiatre urgentiste Joël Cardona a précisé la position des médecins lors d’une assemblée générale : « Nous avons statué lundi soir lors de la Commission médicale. Les praticiens refusent d’offrir deux jours de RTT. Nous estimons que ces problèmes de gestion ne nous concernent pas. Nous sommes solidaires du personnel soignant mais nous ne sommes pas grévistes ». À la suite de l’assemblée générale, l’intersyndicale a été reçue en urgence par la direction. Le directeur général, Jean-Pierre Dewitte, a annoncé que le projet de construction du pavillon administratif sera abandonné. Le personnel à repos variable aurait une suppression de quatre jours de RTT et le personnel à repos fixe ne bénéficierait plus du jour de sujétion.

Une manifestation sous les fenêtres de l’ARS

Marie-Thérèse Pintureau n’est pas convaincue : « Nous avons refusé cette proposition. Il est hors de question de baisser les bras. Nous serons demain à l’ARS (NDLR : jeudi) et nous invitons l’ensemble du personnel à venir manifester à nos côtés ». Jean-Pierre Dewitte sera également présent pour y présenter le budget 2013 du CHU. Deux assemblées générales sont organisées aujourd’hui à 10 h 30 et à 14 h 30 dans le hall Jean-Bernard au CHU de Poitiers. Jean-Pierre Dewitte présentera le budget au directoire ce soir à 18 h 15. « Nous organiserons une manifestation en même temps », conclut la porte-parole.

en bref

Grève au C.H. Laborit

Dans un communiqué, la CGT du centre hospitalier Henri-Laborit à Poitiers appelle le personnel à rejoindre la journée de grève nationale prévue le samedi 15 juin 2013. Tout comme leurs collègues du CHU, ils dénoncent les mesures prises pour rééquilibrer le budget 2013. Le syndicat pointe du doigt des conditions de travail difficiles et la diminution des salaires auxquelles, selon eux, risquent de s’ajouter une réduction du personnel, la fermeture de certaines unités de soin et l’arrêt du projet de foyer régional postcure. La CGT Laborit martèle qu’il s’agit là « d’une volonté de casser l’hôpital public » et rappelle que « la santé reste une priorité et un droit pour tous ».

Aurore Ymonnet, Nouvelle République, 12 juin 2013