Archives de catégorie : Antinucléaire

Rien n’est réglé à Fukushima

Sept mois après l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, le flou persiste autour des conséquences de la catastrophe. En France, l’indifférence est de rigueur. Le point sur la situation.

Photo : vue aérienne du réacteur n°1 de la central de Fukushima Daiichi – AFP PHOTO / HO / AIR PHOTO SERVICE

Le vieil adage « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » ne s’applique évidemment pas à l’accident de Fukushima. La rareté des informations disponibles, dans la presse française plus que dans la presse allemande, espagnole ou anglaise, ne signifie pas que les Japonais soient tirés d’affaire. Mais dans un pays où les candidats socialistes au pouvoir ne savent pas si et quand la France doit sortir du nucléaire, dans un pays où le parti majoritaire s’agrippe à son choix énergétique, les médias partent souvent du principe, à l’exception du Monde, de Libération et de Courrier International, que les Français ne s’intéressent plus à la catastrophe japonaise à partir du moment où ils ne risquent pas d’en subir directement les retombées.

Pourtant, le suivi effectué par plusieurs journaux japonais, en dépit des réticences persistantes de Tepco, (l’opérateur industriel de la centrale) à donner des informations fiables, montre que l’accident n’est maîtrisé dans aucun des trois réacteurs entrés en fusion. Malgré la poursuite des injections d’eau de refroidissement, la température y varie de 300 à 500 °. Ce qui signifie que les techniciens ne peuvent pas approcher des réacteurs. En fait, depuis des mois, il ne se passe plus rien. Les ingénieurs ne savent pas quoi faire, en dehors de l’arrosage, et nul ne sait si les réactions en cours ne vont pas durer des mois ou des années. Les réacteurs ont échappé aux hommes et une ou plusieurs explosions liés à la présence d’hydrogène peut survenir à n’importe quel moment.

Pour qu’une intervention soit possible, il faudrait que les trois cuves en fusion repassent sous la limite des 100 °. En attendant, personne ne semble en mesure de dire si le magma de combustibles nucléaires et de métaux est resté dans les cuves où s’il s’est répandu sur le plancher de béton qu’il a peut-être percé. Ce qui impliquerait une dissémination de la radioactivité dans le sol et vers les nappes phréatiques. La situation des piscines de refroidissement du combustible usagé n’est guère meilleure, bien que la température paraisse s’y stabiliser autour de 50 ° contre 80 ° auparavant. Comme les édifices qui abritent ces piscines sont en ruines et fortement contaminés, les barres de combustibles ne pourront pas être évacuées avant plusieurs années. Et sont à la merci d’un tremblement de terre qui jetterait à terre les bâtiments déjà ébranlés.

En ce qui concerne les réacteurs, s’ils se stabilisent un jour à une température raisonnable, aucune technique n’est actuellement disponible pour les démanteler sans entraîner des dégagements supplémentaires de radioactivité dans l’atmosphère. Les spécialistes japonais et français les plus « optimistes » pensent qu’il faudra au moins une vingtaine d’années pour que soit envisagé un début de démantèlement. Opération qui ne pourrait être effectuée qu’après la construction et la mise en place d’un sarcophage de protection dont plus personne ne parle. Il n’est plus question que d’une mince structure en plastique et métal, en cours de construction au dessus du bâtiment du réacteur n° 1. Il est vrai que le retard pris par la préparation -sans même évoquer la construction- de celui que Vinci et Bouygues ont promis de construire à Tchernobyl n’incite pas les ingénieurs à l’optimisme.

Pour mesurer l’étendue des dégâts et l’ampleur de la catastrophe de Fukushima, il faut savoir que la majeure partie des bâtiments et de la zone qui les entoure restent tellement contaminées qu’il est impossible d’y travailler, même avec des équipements spéciaux. L’ensemble des installations émet donc en permanence, comme c’est encore le cas à Tchernobyl, une radioactivité de 30 à 90 microsieverts par heure qui se répand dans les campagnes au gré de la météo. La plupart des cultures, qu’il s’agisse du riz, des légumes ou du fourrage destiné au bétail, sont donc de plus en plus contaminés, jusqu’à une centaine de kilomètres de la centrale. Ce qui prive de revenus les agriculteurs et les éleveurs.

Au delà de la catastrophe économique qui affecte la zone plus ou moins contaminée qui s’étend régulièrement, reste la situation des réfugiés. Ceux qui ont fui le désastre du tsunami et ceux qui s’efforcent d’échapper à la contamination, malgré un manque criant d’informations. Faute de solution de relogement, beaucoup d’habitants sont restés sur place, en désobéissant parfois aux ordres mollement donnés pas des autorités dépassées qui distribuent compteurs et dosimètres de radioactivité au compte-goutte. Beaucoup de ruraux sont restés sur place, beaucoup de paysans qui continuent à cultiver des légumes qu’ils sont seuls à manger. Ils prennent aussi soin d’animaux dont ils ne peuvent plus vendre ni le lait ni la viande.

Le gouvernement japonais est incapable de fournir le nombre de ces dizaines de milliers de Japonais restés dans les zones contaminées. Idem pour le nombre des évacuées. Les autorités nippones sont plus portées, avec l’aide de Tepco et des syndicats agricoles, à organiser des opérations de communication tendant à prouver que la situation n’est pas aussi grave, à la centrale comme dans les provinces touchées, que le prétendent les anti-nucléaires japonais. Et ce alors qu’une information reste encore inexpliquée : pourquoi, hors de la centrale Fukushima, 37 des 57 réacteurs japonais sont-ils toujours à l’arrêt ?

Politis, Claude-Marie Vadrit, 14 octobre 2011

Manifestation antinucléaire à Rennes

Manifestation antinucléaire à Rennes

Ce samedi 15 octobre 2011, une grande manifestation antinucléaire a eu lieu à Rennes. 20.000 personnes ont défilé, selon la presse locale.

Le cortège libertaire pour un « arrêt immédiat du nucléaire » a quant à lui rassemblé 3000 personnes.

A la suite de la manifestation, une assemblée s’est réunie pour évoquer le camp de Valognes du 22 au 24 novembre prochain, en vue de stopper le train Castor.

Ni rose, ni vert, arrêt immédiat du nucléaire.

Tou-te-s à Valogne !

 

Groupe Pavillon Noir (FA 86) – 15 – 10 – 2011

Pour l’autogestion de l’énergie, contre le nucléaire, manifestons le 15 octobre 2011 !

Pour l’autogestion de l’énergie, contre le nucléaire, manifestons le 15 octobre 2011 !

samedi 1er octobre 2011

Pour la Fédération anarchiste, la sortie du nucléaire suppose de sortir également du capitalisme .La question de la production et de l’accès à l’énergie est un enjeu essentiel pour le capitalisme globalisé, pour les Etats modernes autant que pour les collectivités humaines. L’épuisement annoncé des énergies fossiles et nucléaires, les évolutions technologiques, la pression exercée par la catastrophe écologique de l’effet de serre, la nécessité de décroissance de la consommation, les évolutions politiques des Etats qui régionalisent dans une optique économique libérale, la fin des monopoles d’Etat du secteur énergétique… amènent une situation nouvelle sur ces questions. En France, la privatisation forcée des compagnies EDF, GDF et RTE, les aides octroyées par l’Etat, la marche forcée de l’Europe vers un bouquet énergétique sans dégagement de CO2, le potentiel de déconcentration des productions énergétiques… encouragent la spéculation qui fait de la production des énergies renouvelables un nouveau filon grâce à l’instauration de la taxe carbone. Petits producteurs ou firmes multinationales, pétrolifères ou nucléocrates, françaises ou étrangères, tout ce petit monde transforme le rêve de l’énergie naturelle gratuite des premiers mouvements écologistes en nouvel eldorado spéculatif et politiquement correct. Le vent, le soleil, le méthane, …ne sont plus gratuits. On encourage les particuliers à alléger leurs propres crédits en produisant et revendant de l’énergie renouvelable. Chacun, à la plus petite échelle, est donc encouragé à spéculer sur une énergie pourtant patrimoine de l’humanité, au même titre que l’eau : il s’agit là d’une véritable marchandisation de ce qui est un bien commun et inaliénable. Cette évolution contradictoire sur les énergies renouvelables doit être l’opportunité d’innover politiquement en faveur d’une production énergétique sans nucléaire, non polluante, déconcentrée, accessible à tous et autogérée sous la forme d’un service public où usagers (individus et collectivités) et travailleurs de ces filières seraient associés. Déjà, outre le secteur de l’eau, on voit des collectivités s’organiser en régies pour produire une partie au moins de l’énergie consommée. De nombreuses associations œuvrent en faveur d’une production d’énergie décentralisée, au plus près des lieux de consommation, et l’opinion publique semble sensible à ces questions qui sont autant politiques que techniques. L’autonomie semble être un objectif en matière de production et de consommation d’énergies, mais elle n’est pas toujours possible, ni souhaitable. Outre que les conditions climatiques rendent les collectivités humaines inégales, l’autogestion ne peut pas s’exprimer autrement qu’à travers la solidarité, la complémentarité, et à un niveau de production qui permette d’apporter des réponses collectives d’échelle, sans interdire les réponses techniques à petite échelle. On peut produire localement, sans Etat qui centralise et contrôle et sans patrons qui s’approprient ce qui nous appartient, mais il faut aussi construire et fournir un réseau solidaire de dimension régionale voire au-delà. Le réseau privatisé « Réseau Transport d’Electricité » peut ainsi devenir le réseau de service public d’une fédération d’unités de production d’énergie renouvelable. Ces unités de production, gérées par les collectivités, à travers régies ou coopératives de service public -entreprises sans buts lucratifs-, doivent associer travailleurs, usagers (particuliers ou entreprises) et collectivités pour devenir un service public de l’énergie sans nucléaire, et autogéré. Sa proximité des lieux de consommation devrait pouvoir réduire les coûts et les pertes liées au transport d’énergie sur longue distance, faciliter la sensibilisation aux économies d’énergies et à la décroissance de leur consommation, et faciliter l’intérêt des populations pour sa gestion associée. Dans ce combat, les personnels des services de l’énergie autant que les réseaux d’associations antinucléaires devront être informés et sollicités. Les enjeux sont essentiels et reposent sur trois pistes : 1- Création d’un service public de production et de distribution autogéré sans nucléaire, de proximité ; 2 – Empêcher la marchandisation et le caractère spéculatif de la production énergétique renouvelable ; 3 – Procéder à l’expropriation des firmes privées de ce secteur pour imposer des productions sous formes de régies ou de coopératives de production autogérées, sans but lucratif. Sans une forte pression de l’opinion publique dans cette direction, la lutte contre les nouvelles constructions de centrales nucléaires et pour le démantèlement de celles qui sont vétustes, quelle que soit sa radicalité, n’a quasiment aucune chance d’aboutir.

Fédération anarchiste

SORTONS DU NUCLEAIRE, GERONS NOUS-MEMES L’ENERGIE !

Une explosion sur un site nucléaire du Gard fait un mort et 4 blessés

CODOLET (Gard) – Une explosion dans un four servant à recycler des déchets faiblement radioactifs sur le site nucléaire de Marcoule (Gard) a fait lundi un mort et quatre blessés dont un grave, mais n’a provoqué aucune fuite radioactive, selon les autorités.

La déflagration s’est produite vers midi sur l’installation Centraco à Codolet, dans un bâtiment contenant un four de fusion de déchets métalliques mis en service en 1999. L’incendie déclenché a été maîtrisé peu après 13H00 et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis fin à son plan d’urgence vers 16H00.

« Il n’y a eu aucun rejet chimique ou radioactif et il n’y a aucun risque de rejet à venir. Le local dans lequel se trouve le four est intègre », a affirmé l’exploitant, la Socodei, filiale d’EDF, qui ignore encore si l’explosion s’est produite dans le four lui-même ou le local qui l’abrite.

« Il n’y a aucune raison de s’inquiéter », a renchéri la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, qui s’est rendue sur les lieux en fin de journée « pour rassurer le personnel et la population locale ».

« C’est un accident industriel sur un site nucléaire » dont les causes ne sont pas encore établies et « qui appelle une émotion et une vigilance », a-t-elle déclaré à la presse après avoir rencontré la famille de la victime décédée.

Mêmes propos rassurants à EDF, à l’ASN et au Commissariat à l’énergie atomique, l’exploitant nucléaire du site de Marcoule, dont dépend le Centre de traitement et de conditionnement des déchets de faible activité (Centraco), où travaillent environ 250 personnes.

Un salarié de fonderie qui se trouvait à proximité du four est mort. Parmi les blessés, un homme brûlé à 80% a été évacué par hélicoptère au CHU de Montpellier, où il était dans le coma en début de soirée. Les trois autres ont été hospitalisés à Bagnols-sur-Cèze (Gard).

Les mesures de confinement des personnels de la Socodei et du CEA ont été levées dans l’après-midi et la circulation rétablie sur le site. « On n’a pas du tout été inquiet, il n’y a aucun risque. On a suivi la procédure, on ne sait pas ce qui s’est passé. Notre émotion, c’est d’avoir perdu un collègue », a témoigné un salarié à sa sortie.

Aucune mesure de protection de la population n’a été prise mais des écoles ont pris l’initiative de confiner temporairement leurs élèves.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le four contenait quatre tonnes de métaux dont la radioactivité était de 67.000 becquerels, « sans aucune mesure avec ce qui est contenu dans un réacteur ».

Les organisations écologistes et l’opposition ont vu dans l’accident une illustration des risques du nucléaire, six mois après la catastrophe de Fukushima au Japon.

Greenpeace a réclamé une « transparence totale et immédiate », Agir pour l’environnement a relevé « que le risque nucléaire, comme les nuages radioactifs, ne connaît pas de frontière ». « Les alternatives énergétiques existent, l’heure est venue de sortir du nucléaire ! », a lancé Eva Joly, candidate Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle.

« La sortie du nucléaire est nécessaire à long terme, mais elle doit se faire dans le respect de notre appareil industriel », selon François Hollande. « Il faut que la France entre dans une autre politique de transparence démocratique dans des domaines comme celui » du nucléaire, a déclaré Martine Aubry.

Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a demandé « le retour à une maîtrise à 100 % publique du secteur de l’énergie ».

LEXPRESS.fr, 12/09/2011