NdPN : Hervé Couasnon échappe donc à un procès public et à une condamnation éventuelle, suite à son intrusion dans la centrale de Civaux pour mettre publiquement sur la table le danger du nucléaire. Ce procès, il le souhaitait pourtant… on notera le discours du parquet relayé par la presse, réduisant l’engagement et la portée politique de l’action antinucléaire de Hervé Couasnon à un désordre psychologique !
Intrusion à Civaux : le parquet classe le dossier
Il n’y aura finalement pas de procès pour Hervé Couasnon qui s’était introduit dans la centrale nucléaire de Civaux. Le parquet a décidé de classer l’affaire.
Après deux passages avortés devant la justice, l’affaire de l’intrusion dans la centrale nucléaire de Civaux a été purement et simplement classée par le parquet de Poitiers.
C’est l’épilogue de l’un des nombreux exploits d’Hervé Couasnon, auto désigné « poète escaladeur ». Il s’est fait une spécialité de pénétrer dans des lieux hautement sécurisés avant de s’exprimer dans les médias pour dénoncer tel ou tel manquement ou événement. Un jour, c’est la sécurité défaillante aux abords des centrales nucléaires ; un autre, c’est l’internement psychiatrique, etc. etc… Hervé Couasnon papillonne et déconcerte le monde judiciaire qui trouve des réponses différentes à chacun de ses exploits. Lorsqu’il s’introduit dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Civaux, en mai 2012, le parquet opte dans un premier temps pour une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Un procès discret entre quatre yeux, dans le bureau d’un parquetier, qu’un juge est ensuite chargé de valider. Ce procès, Hervé Couasnon n’en a pas voulu. « Je veux un procès public », clamait-il en assurant qu’il voulait dénoncer haut et fort les carences supposées d’EDF en matière de protection de ses sites.
« La publicité c’est l’acte en lui-même »
Le procès est bel et bien programmé, en juillet dernier, mais il tourne court. Le tribunal correctionnel se déclare incompétent. L’affaire est du ressort d’un tribunal à compétence militaire, le poète escaladeur ayant pénétré dans une enceinte intéressant la Défense nationale. Il revenait alors au parquet de citer à nouveau l’intéressé devant cette juridiction, qui siégeait hier à Poitiers. Une possibilité écartée. « Il y a eu, depuis les faits commis à Civaux, et depuis le procès de juillet dernier, des faits nouveaux. Compte tenu de ces éléments et du fait que ce Monsieur a fait l’objet, cet été, d’une hospitalisation sous contrainte et qu’il n’a jamais voulu se soumettre à une expertise psychologique, nous avons décidé de classer. Il s’agit de faits maintenant anciens et qui n’avaient pas eu de répercussions », relève le procureur de la République, Nicolas Jacquet. C’est clairement la personnalité de l’intrus qui est mise en avant et le sentiment que ses passages à l’acte relèvent plus d’une recherche de notoriété avec quelques problèmes psychologiques. « C’est la répétition des passages à l’acte qui nous interroge », souligne le procureur. Quant à l’intention supposée d’éviter de donner une nouvelle tribune à l’intéressé en coupant court à tout nouveau procès, le procureur balaie l’argument : « La publicité, il l’a déjà largement. La publicité, c’est l’acte en lui-même. »
Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 2 octobre 2013