Archives de catégorie : Un toit pour tou-te-s

[Poitiers] Droit au logement : mairie et logiparc, toute honte bue

NdPN : pour rappel, la mairie PS de Poitiers et Logiparc poursuivent en justice les habitant-e-s des squats de l’Etape et des Glières (qui au passage, contrairement à ce que dit l’article de Centre Presse qui suit, ne sont pas que Roms). Ces lieux laissés vides sont en effet la propriété desdites institutions, par ailleurs responsables en partie des questions de logement sur Poitiers. Il s’agit d’expulser des familles de ces lieux, pourtant inhabités lorsqu’elles y étaient entrées, en refusant toute discussion, sans chercher d’autres solutions préalables.

La mairie PS n’a décidément honte de rien, en considérant qu’on devrait rejeter à la rue des hommes et des femmes, dont certaines enceintes, des enfants et des nourrissons. Nous nous rappelons avec colère la plaidoirie choquante de l’avocate parisienne de la mairie de Poitiers, qui faisait valoir le droit à la propriété de la mairie pour exiger des sommes exorbitantes de la part de gens sans le sou, pour un logement laissé à l’abandon. Qui faisait qui plus est une description insupportable de ces familles, présentées comme des profiteurs sans vergogne, alors qu’elles ont pour seul tort de vouloir faire valoir leur droit au logement. Qui reprenait l’argument de la prétendue dangerosité des lieux… qui à l’Etape est absurde, puisque les familles vivent dans la partie non insalubre – où la mairie logeait d’ailleurs, il y a dix-huit mois encore, des femmes ayant quitté leur foyer.

Or non content de s’arc-bouter sur le droit à la propriété privée, voici que le maire reprend sa vieille accusation, déjà entendue l’année dernière contre le DAL 86 quand il soutenait le collectif des sans-logis et mal-logés : les associations et organisations politiques qui soutiennent les familles sont accusées de les « instrumentaliser ». Il faut un sacré culot pour dire cela, quand on veut retirer à des êtres humains la jouissance d’un droit fondamental, à savoir celui d’avoir un toit.

La réalité est pourtant simple : des familles réunies en collectifs luttent pour le droit – constitutionnel – à un logement décent, que leur refusent pour l’instant les autorités qui veulent les renvoyer à la rue et refusent toute proposition de dialogue. Le 115 est débordé, et ces squats hébergent des personnes qui n’ont nulle part ailleurs où dormir. Les associations et individus qui soutiennent les familles répondent à quelque chose que le maire « socialiste » a peut-être oublié : la solidarité entre êtres humains ! Le Dal 86, en particulier, ne s’est jamais substitué aux personnes qu’il soutient.

Instrumentalisation de ces familles ? Cette question, on pourrait la retourner à la mairie, qui semble profiter de cette affaire pour jeter un écran de fumée sur la question centrale de ses responsabilités sociales dans la situation déplorable du logement à Poitiers. Mairie qui attaque une fois de plus les militant-e-s bénévoles d’associations qui quant à elles, investissent temps et énergie pour trouver des solutions concrètes avec les personnes en lutte.

ALORS, QUI EST RESPONSABLE ?

Les familles de Roms sont-elles instrumentalisées ?

Lundi soir, le maire a piqué une petite colère contre ceux qui, selon lui, « instrumentalisent » les familles roms qui occupent les squats. Retour sur le débat.

La question ne figurait pas à l’ordre du jour mais elle a enflammé le conseil municipal durant quelques minutes… et énervé le maire. Au détour d’une délibération, Maryse Desbourdes (NPA) a rappelé la situation de « 70 familles roms qui squattent » actuellement à Poitiers.

Alain Claeys a répliqué en fustigeant « ceux qui instrumentalisent » les familles en visant, sans vraiment les nommer, les représentants de l’association Dal 86 (Droit au logement). L’affaire des deux squats dont nous avions parlé dans nos colonnes cristallise aujourd’hui toutes les tensions (*).

 » Arrêtez d’emmener les gens dans des lieux dangereux! »

Christiane Fraysse, pour Europe Ecologie Les Verts, qui voulait intervenir sur le sujet, est coupée par le maire qui s’agace de la double position de l’élue de la majorité. « Est-ce que tu soutiens ces squatters? Oui ou non? ». Côté PS, on soutient le maire. Jean-François Macaire, également président de Logiparc, n’a visiblement que très peu apprécié le titre d’un article sur le blog du Dal 86: « J’ai lu « Logiparc-La honte », ce n’est pas très correct d’utiliser les gens dans la misère ». Michel Berthier, adjoint délégué à la cohésion locale et à la solidarité, enchaîne: « On est venu draguer ces familles pour les emmener à leurs corps défendant dans des squats insalubres ». Alain Claeys s’adressant à Maryse Desbourdes: « Arrêtez d’emmener les gens dans des lieux dangereux! ». Cette dernière rappelle pourtant l’histoire de cette Congolaise et de son frère mineur: « Ils dormaient sous la pénétrante la semaine dernière. Faute de place dans un hébergement d’urgence, les associations ont donné l’adresse du squat ». Pour l’élue du NPA, un toit c’est mieux qu’un pont. « Et vous Monsieur le maire, vous dormiriez sous un pont? »

(*) Le Squat de l’Etape. Situé rue d’Oléron, il s’agit de l’ancien foyer de l’Etape appartenant à la ville. Depuis le 7 avril, plusieurs familles squattent les lieux. La mairie a saisi le tribunal d’instance pour une demande d’expulsion. Délibéré le 28 juin. Le Squat du Plateau des Glières. Depuis le 9 avril, six familles de Roms dont 11 enfants y habitent. Ce squat a été déclaré insalubre en juin 2012 par le préfet.

en savoir plus

La réponse du Dal Joint au téléphone, le Dal 86 (Droit au logement) réfute bien évidemment cette idée d’instrumentalisation. « Les familles en état de détresse n’ont pas besoin du Dal pour rentrer dans les squats. Nous ne mettons pas les gens en danger. Ça nous énerve que l’on dise ça. C’est l’Etat qui met ces familles en danger ».

Centre presse, 7 juin 2013

[DAL 86] Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Squat l’Etape : Petit compte rendu de l’audience de ce matin au TI

Une trentaine de personnes dont les assignés et leurs soutiens, autres habitants du squat, roms, géorgiens, arméniens, azéris, congolais…, habitants de l’autre squat, et militants, de DNSI, du Dal86, de la Cimade, de RESF86, d’EELV, des Alternatifs, de la FA et de la GA. Les plaidoiries ont duré une bonne heure.

De la même façon que Logiparc la semaine dernière, la ville de Poitiers a plaidé avec cynisme son seul droit de propriété en évoquant un trouble manifestement illicite. Du genre : “même si je n’en faisais rien depuis 18 mois, c’est CHEZ MOI et vous devez dégager. Tout le reste, situation des familles, droit au logement, droit des enfants, droit à avoir une vie décente, je m’en tamponne !”.

Refus de tout dialogue, refus de la médiation, demande d’indemnités d’occupation exorbitantes (10 000 € par mois) sans compter les frais d’avocat hallucinants de 2500 €, le maire de Poitiers est passé pour quelqu’un d’autoritaire et de brutal qui a comme seul objectif d’écraser sans pitié des personnes fragiles et de se faire de l’argent sur le dos de gens qui n’ont que 250€ par mois pour faire vivre leurs enfants.

Délibéré le 28 juin.

Vu sur DAL 86, 31 mai 2013

[DAL 86] Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 31 mai à 10h45 pour soutenir les assignés

Jeudi 30 mai soit la veille du procès que fait la mairie de Poitiers pour expulser une quarantaine de personnes, roms, sans papiers azéris, arméniens, géorgiens… du squat de l’Etape et à une semaine du rendu du procès que fait Logiparc pour expulser 21 roms du squat des Glières, un frère mineur de 15 ans et une sœur jeune adulte, congolais en demande d’asile ont contacté le Toit du Monde. Arrivés à Poitiers le 22 mai, ils ont couché dans la rue depuis, c’est-à-dire durant 8 nuits. Tous les soirs ils ont appelé le 115 et tous les soirs ils ont été refusés faute de place. Ils ont même passé plusieurs nuits sous la pénétrante devant le CHUS, et ce sur les « bons » conseils de ce dernier. Démunis de tout, ne mangeant pas tous les jours, et même se faisant voler le peu d’affaires personnelles qu’ils ont, leur situation est dramatique. La situation est kafkaïenne, car puisqu’il y a un mineur non accompagné par son représentant légal, le CHUS dit ne pas pouvoir l’héberger. Et d’un autre côté l’Aide Sociale à l’Enfance refuse car ce n’est pas un mineur isolé et ils ne veulent pas héberger sa sœur. De qui se moque-t-on ? Il faut que la Croix Rouge et l’Aide Sociale à l’Enfance arrêtent de balader les gens ainsi et de les exposer à de graves dangers.

Surtout que l’OFII leur a donné un rendez-vous pour examiner leur situation le… 19 juin et la préfecture le… 28 juin. Vingt-huit long jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à l’OFII et trente sept longs jours et nuits à la rue avant leur rendez-vous à la préfecture, et ce pour un mineur de 15 ans, c’est carrément criminel !

Le Toit du Monde a contacté le Dal86 et les deux sinistrés ont été accueillis dans le squat de l’Etape, ce qui porte à 42 personnes ses occupants. Les habitants de l’Etape, en particulier les roms ont mis tout en œuvre pour les aider pour nettoyer une chambre, et ont partagé le peu qu’il ont afin de leur trouver un matelas et des couvertures et leur donner à manger.

Les habitants du squat l’Etape ont l’habitude d’accueillir des personnes refoulées par le 115 qui a une pénurie chronique de places. Nous soupçonnons même la Croix Rouge de profiter de l’existence de ce squat pour ne pas trouver des solutions et avoir bonne conscience de laisser des familles avec des enfants souvent en bas âge dormir dans la rue. Par exemple, cette famille azerie-arménienne, qui est arrivée mardi 16 avril au squat de l’Etape, a été hébergée dans un premier temps par la Croix Rouge au CHUS « 115 ». Puis dans un CHRS et lorsqu’elle a été déboutée de sa demande d’asile, la Croix Rouge lui a demandé de partir et l’a mise à l’hôtel. Puis, la Croix rouge leur a demandé de trouver quelque chose par eux-mêmes car il n’y avait pas de place au CHUS « 115 » – chose facile c’est sûr pour des personnes parlant et comprenant mal le français, – et de partir de l’hôtel vendredi 12 avril. Une place au CHUS « 115 » a malgré tout été trouvée à l’arrache la veille par la Croix Rouge après l’intervention du Dal86. Vu les conditions de vie lamentables au CHUS « 115 » et les maladies des enfants, la famille a laissé quelques affaires et est partie chez un ami à Saintes. Lorsqu’ils ont voulu revenir mardi dernier, ils n’avaient plus de place au CHUS « 115 » et étaient à la rue. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. La Croix Rouge refusant depuis cette date de les prendre en charge malgré leur appel quotidiens au 115.

Autre exemple, mardi 21 mai une militante du DAL86 qui passait devant le CHUS et voyant qu’une famille avec deux enfants d’environ un et trois ans n’était pas prise en charge et allait se trouver à la rue, a proposé qu’ils viennent au squat l’Etape. Ce que la Croix Rouge a accepté volontiers. Et comme ils étaient fatigués et avaient de jeunes enfants et des bagages a demandé à la maraude de les y amener. D’abord, ils n’ont pas voulu. Puis ils ont accepté et les ont déposé à 50 m du squat. Heureusement alors qu’il y a eu le squat l’Etape pour les mettre en sécurité. Cette famille semble dorénavant prise en charge par la Croix Rouge c’est-à-dire dans les locaux du CHUS qui sont très vétustes et où la vie en dortoirs sépare les couples et les familles. En sortant à 10h30 le matin et en n’y revenant pas avant 16h15 et pas après 21h. Et pour le père en n’étant hébergé qu’un jour par semaine. Et tout cela sans repas servis le soir ni a fortiori le midi.

Rappelons que le Maire de Poitiers monsieur Alain Claeys a décidé, en pleine pénurie d’hébergement et de logement pour les familles sans papiers, – nous connaissons une centaine de personnes, dont une cinquantaine d’enfants, qui sont sans logis ou mal logées alors que le CHUS a seulement 25 places d’hébergement d’urgence et est bondé tous les soirs -, notre bon maire a donc décidé d’assigner au tribunal d’instance les occupants du squat l’Etape afin d’obtenir leur expulsion immédiate, si nécessaire avec le concours de la force publique, au seul prétexte qu’ils sont rentrés illégalement dans une propriété privée.

Merci de venir soutenir ces familles au tribunal d’instance, 21 rue Saint Louis, vendredi 30 mai à 10h45.

Monsieur le maire semble en faire une affaire personnelle. Comment monsieur Claeys peut-il faire valoir le seul droit de propriété privée – surtout d’un bien municipal donc public – contre le droit au logement, le droit des enfants et le droit à avoir une vie décente ? Si peu de sens moral a de quoi laisser pantois.

Surtout que monsieur Claeys ne peut pas faire comme si il découvrait le problème. Au moins dès l’automne 2010 soit depuis deux ans et demi quand même, il a été mis au courant par les associations de soutiens des sans papiers de l’état lamentable de l’hébergement d’urgence sur Poitiers, ce qui a conduit à une entrevue avec M. Berthier le 22 février 2011  dans le compte-rendu duquel nous pouvons lire : « La municipalité est évidemment au courant de la situation. Nous avons pu faire part de nos inquiétudes. Aucune solution n’a été envisagée. » Cela a conduit aussi à un petit déjeuner avec le maire, dans le compte rendu duquel nous pouvons lire : « Interpellé par nous [RESF] sur la question de l’hébergement de manière plus générale, le maire est satisfait de son bilan: Poitiers fait plutôt plus qu’ailleurs en moyenne. La mairie ne peut se substituer à l’Etat dans le contexte actuel tout est plus difficile. Les villes sont en concurrence face à l’accueil (ou au non-accueil) des migrants. On ne peut en faire plus car il y a un risque d’afflux de ces personnes « en errance » en provenance des villes moins accueillantes. Il faut aussi gérer l’intégration des personnes qui sont arrivées ». Donc la tactique est bien de durcir les conditions d’existence des sans papiers, au risque de les rendre inhumaines, afin de les dissuader de rester ou de venir sur Poitiers.

Le maire de Poitiers a même participé à cette infamie en prêtant main forte au préfet UMPiste Tomasini et à son âme damnée Setbon en décembre 2010, en occultant la question de l’hébergement d’urgence derrière la question des marchands de sommeil et des passeurs. VOIR

Alors Monsieur Claeys ne manque pas d’air aujourd’hui lorsqu’il reproche aux familles de s’être mises à l’abri dans les locaux municipaux de l’ex-foyer de l’Etape. Elles y sont rentrées et certaines y rentrent encore pour se protéger des dangers de la rue auxquels, la Croix Rouge, la préfecture et l’Aide Sociale à l’Enfance les exposent.

Nous envisageons même de traîner le maire de Poitiers, ainsi que le préfet de la Vienne, le président du conseil général, les présidents des associations d’hébergement, en particulier celui de la Croix Rouge qui est sensé gérer le 115 et le SIAO, devant le tribunal, de grande instance cette fois-ci, pour mise en danger de la vie d’autrui et non assistance à personne en danger.

Nous ne lâcherons rien – Un toit est un droit

Revue de presse :

Poitiers: un bâtiment du centre-ville occupé par une famille roumaine soutenue par le DAL France3 07-04-13 La vente des locaux de l’ex-foyer de l’Etape : une vraie provocation à l’égard des sans logis et mal logés Dal86 07-04-13 – Squat l’Etape : halte aux intimidations ! Dal86 16-04-13 –  Squat du foyer L’Étape : le bras de fer engagé NR 17/04/2013ROMS : à Poitiers comme ailleurs une situation indigne et inacceptable ! DNSI 18-04-13POITIERS Squat rom à L’Étape : les écologistes interpellent le maire et le préfet NR 18-04-13Squat rom : un foyer à réactions NR 19/04/2013Non à l’expulsion des familles de Roms ! NPA 19-04-13– – Déclaration de la Ville de Poitiers concernant l’occupation du 6 rue d’Oléron 19-04-13 Squat de l’Etape : communiqué du 21-04-13 Dal86 – Squat l’Etape : tous au tribunal d’instance vendredi 3 mai 2013 à 9h Dal86 24-04-13 – Lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 30-04-13 Appel au soutien du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 01-05-13 – Réponse du maire de Poitiers au Collectif des familles de l’Etape 03-05-13 POITIERS Squat du foyer L’Étape : la mairie réclame 10.000 € aux occupants NR 03/05/2013POITIERS Squat de L’Étape : renvoi au 17 mai 04/05/2013Deuxième lettre du Collectif des familles et des personnes seules du squat l’Etape au maire de Poitiers 06-05-13 Le maire de Poitiers élude la demande d’audience du Collectif des familles du squat l’Etape Dal86 09-05-13 – Squat l’Étape : Tous au tribunal d’instance le 17 mai à 9h pour soutenir les assignés Dal86 12-05-13 – Un nouveau squat pour un énième débat 13/05/2013Propos du secrétaire général de la préfecture France3 13-05-13 POITIERS Squat du Plateau des Glières : la ville de Poitiers était déjà intervenue NR 14/05/2013Pour défendre la cause des Roms NR 20/05/2013Solidarité avec les familles du squat Des Glières Dal86 20-05-13 – Cause commune Jeudi 23 Mai à 20h30 au Dietrich Dal86 23-05-13 – POITIERS La cause des Roms fait salle comble au Dietrich NR 29/05/2013

«Il est urgent de remettre en cause le droit absolu à la propriété» Libération 21-05-13

Les habitants du squat l’Etape ont besoin :

– de nourriture ; – de matelas et de sommiers, de couvertures, de meubles, de tables de chaises ; – de vêtements et de chaussures (adultes et enfants de 1 ans à 15 ans) – d’ustensiles de cuisine, d’assiettes de verres de couverts ; – de gazinières, plaques de cuisson et réchauds, de machines à laver le linge, de réfrigérateurs ; – de produits et ustensiles de toilette, d’entretien ; – d’outils, de matériel, de produits de fabrication et réparation, – de téléphones portables désimlockés ou « tout opérateurs » – de fournitures scolaires et matériel informatique ; – de jouets et de jeux pour les enfants et les adultes : – …

→ les ustensiles, machines et outils peuvent bien sûr être seulement prêtés.

Un toit pour tous avec ou sans papier

Vous pouvez aussi aussi faire un don. Chèques à l’ordre du DAL86 a envoyer à DAL86, Maison de la Solidarité, 22 rue du pigeon blanc 86000 POITIERS en précisant au dos « Squat l’Étape ».

Pour tous renseignements : dal86@free.fr ou au 05 49 88 94 56 (laisser un message nous vous rappellerons)

DAL86dal86@free.fr – 06 52 93 54 44 / 05 49 88 94 56

Permanences : tous les samedis matin de 11h à 12h et tous les mardis soirs de 17h à 18h Maison de la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc Poitiers

Vu sur DAL 86, 30 mai 2013

[DAL 86] Solidarité avec les familles du squat Des Glières

Solidarité avec les familles du squat Des Glières

« il y a autre chose à imaginer », a déclaré M. Séguy le secrétaire général de la préfecture au journal du 13 mai 19h de France 3 Poitou-Charentes au sujet des squats de l’Etape des Glières.

Nous ne voyons malheureusement que trop bien ce qu’est cette « autre chose à imaginer ». Vendredi dernier, 5 des 34 occupants du squat l’Etape étaient traînés au tribunal d’instance par le maire de Poitiers en vue de leur expulsion. L’audience a été heureusement renvoyée au 31 mai. Et, vendredi prochain, les habitants du squat des Glières sont traînés au tribunal d’instance par Logiparc pour un référé d’heure à heure en vue de leur expulsion immédiate si besoin avec le concours de la force publique.

Ah bon, ils n’ont pas, comme Stéphanie Bonnet la directrice du bailleur « social » le déclare dans la Nouvelle république du 13 mai : « un délai d’un mois pour quitter définitivement les lieux ». Rajoutant que « Cela nous laisse suffisamment de temps pour leur trouver des places dans un centre d’hébergement. ».

GROS MENSONGE, comme d’ailleurs est un GROS MENSONGE son affirmation : « Nous nous sommes également déplacés avec une assistante sociale dans le but de les reloger rapidement. »

Les habitants du squat n’ont ni vu l’ombre de la directrice de Logiparc ni celle de la moindre assistante sociale. A la place la directrice de Logiparc (c’est fou ce que ces institutions oublient vite qu’elles ont un président…) leur a envoyé un huissier jeudi 16 mai pour les notifier du référé heure à heure.

Franchement Dal86 s’attendait à « autre chose à imaginer » que cette procédure judiciaire absurde et somme toute classique. Quand les autorités, Logiparc inclut, vont-elle comprendre que leurs solutions ne font que déplacer le problème sans le résoudre ? Quand vont-elles enfin venir sur place pour constater et pour évaluer la situation avec les habitants et mettre en place des solutions acceptables ?

Surtout que les habitants des squats ont une idée bien précise de ce qu’ils souhaitent.

Leur première demande est que les procédures d’expulsion des deux squats soient immédiatement annulées afin que soient mises en œuvre, EN CONCERTATION, les solutions adéquates.

Leur deuxième demande est une prise en charge la plus rapide possible pour toutes les familles et personnes seules vivant dans ces squats, c’est-à-dire, un logement décent et les moyens de vivre dignement.

Leur troisième demande est la régularisation de tous ces sans-papiers pour lesquels le logement peut être aussi un problème  (sans logis et mal logés, loyers scandaleux, exiguïté, surpopulation, etc…) mais parmi bien d’autres. Et dont on sait que c’est par leur régularisation administrative que passe la solution.

Il est toutefois hors de question qu’ils aillent, comme proposé unilatéralement et sans concertation, par la directrice de Logiparc, dans « un centre d’hébergement » ni a fortiori qu’ils subissent l’indécence de l’hébergement du CHUS « 115 ». Toutes ces personnes sont responsables et autonomes et doivent être relogées et non pas subir des traitements indignes dans des centres d’hébergement.

Concernant la dangerosité de l’immeuble, nous n’avons que trop perdu du temps. Il faudrait savoir de quoi il en retourne. S’agit-il d’insalubrité, de simple danger ou carrément de péril ? Au lieu de ce permis de démolir obtenu opportunément le… 2 mai, soit le jour du constat de l’occupation, nous exigeons le plus rapidement possible la nomination d’un expert qui sera chargé d’examiner la solidité de l’immeuble et les dangers qu’il pourrait représenter pour ses occupants, de dresser un constat et proposer des mesures techniques pour y mettre fin.

S’il y a péril imminent nous exigeons que Logiparc reloge IMMEDIATEMENT les occupants dans ses logements. S’il s’agit de simple danger comme l’électricité, nous exigeons que Logiparc envoie IMMEDIATEMENT l’un de ses électriciens pour faire les réparations qui s’imposent. De même concernant l’insalubrité en particulier l’eau courante, nous exigeons que Logiparc envoie IMMEDIATEMENT un plombier pour mettre l’eau.

Etant donnés les mensonges de Logiparc et le fait que ce bailleur social n’ait même pas daigné se déplacer, les familles du squat les Glières se rendront en délégation au siège de Logiparc 65 av John Kennedy (près du Lycée Aliénor d’Aquitaine) afin de rencontrer son président, M. Jean-François Macaire mercredi 22 mai à 16h30.

Dal86 appelle à venir les soutenir et à transmettre cette information massivement autour de vous.

Dal86 appelle à venir soutenir ces familles au tribunal d’instance, 21 rue Saint Louis. vendredi 24 mai à 9h.

DAL 86, 20 mai 2013

[Lyon] La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

La France construit sa politique anti-Roms sur des cadavres

Dans la nuit du 12 au 13 mai, un incendie a ravagé une usine désaffectée de Lyon, où vivaient 200 Roms. Bilan : trois morts. Pour des « raisons de sécurité », l’électricité avait été coupée quelques jours auparavant, obligeant les habitants à s’éclairer à la bougie. Face à la souffrance des familles endeuillées, Manuel Valls n’apporte aucun réconfort. Et promet de continuer sa politique de démantèlement et d’évacuation des campements.

Depuis lundi 13 mai 2013, la politique de stigmatisation menée par le gouvernement français contre les Roms ne se chiffre plus seulement en nombre de reconduites à la frontière ou en nombre de destruction de bidonvilles. Elle se chiffre désormais en nombre de cadavres. Beni, un garçon de 12 ans, ainsi que 2 femmes, Pamela et Patrina, sont morts, brûlés vifs, dans l’incendie de l’immeuble dans lequel ils vivaient à Lyon depuis 8 mois.

Il y a quelques jours, en prévision d’une expulsion à venir, la mairie de Lyon, dirigée par le très socialiste Gérard Collomb coupe l’électricité, tenez-vous bien, pour des raisons de sécurité… Les squatteurs ont osé se brancher sur un distributeur de courant et monsieur Collomb craint probablement que des enfants s’électrocutent. Bien lui en a pris, personne n’est mort électrocuté. Il oublie juste que les Roms sont comme nous, ils ont besoin de lumière. Faute de courant, ils s’éclairent donc à la bougie. Et trois d’entre eux en sont morts.

Quelques heures après l’incendie, alors que les pompiers travaillent toujours sur les lieux du sinistre et que de nombreux journalistes sont présents, les familles se regroupent sur la place voisine. C’est toute la communauté rom de Lyon qui vient présenter ses condoléances aux familles endeuillées. Un peu plus tard dans la matinée, des hommes en noir affublés d’oreillettes blanches descendent de grosses berlines. Les journalistes quittent la place et le bruit commence à courir que Manuel Valls arrive sur les lieux du drame. Dans la confusion la plus totale et en évitant soigneusement les familles, Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, Christine Taubira, ministre de la Justice, Gérard Collomb, maire de Lyon, Jean-François Carenco, préfet de la région Rhône-Alpes, vont se présenter devant le bâtiment qui fume encore.

Aucun mot, aucun regard

Pas une de ces personnalités qui représentent les plus hautes institutions de la République et élevées dans le sérail des grandes écoles françaises où on n’enseigne visiblement pas la politesse la plus élémentaire, ne va venir présenter ses condoléances aux familles qui attendent à quelques mètres. Les Roms sont-ils dangereux ? Manuel Valls aurait-il peur de femmes et d’enfants tétanisés par la douleur ? Un geste, une parole, un simple regard d’un ministre pour dire aux familles que la République française s’incline devant leur douleur ? Non, rien. Rien de rien. Roms vous êtes, Roms vous resterez.

Au contraire, Manuel Valls, oubliant la souffrance dans laquelle sont plongées les familles endeuillées va réaffirmer le leitmotiv de sa pré-campagne présidentielle, qui est également devenu le fondement de la politique du gouvernement français contre la minorité rom : « Il faut poursuivre le travail de démantèlement et d’évacuation des campements ». « Comme l’a si bien commencé Nicolas Sarkozy », aurait-il pu ajouter. Aucune pudeur, aucune retenue. Alors qu’il a sous les yeux le résultat de plusieurs années d’expulsions à répétition, il répète inlassablement les même paroles et promet la même politique, responsable de la mort de trois personnes. Manuel Valls tient absolument à continuer la chasse aux femmes, aux enfants, aux vieillards. Il tient absolument à les condamner à vivre dans des endroits de plus en plus dangereux. Quitte à ce qu’ils en meurent.

Madame Taubira, qu’on a connue plus inspirée, se contente d’approuver les propos de son « ministre de tutelle », comme si elle n’avait plus aucun rôle politique et humain à jouer après sa loi sur le mariage homosexuel.

Au moment de repartir, Manuel Valls se fait interpeller par un homme. Le ministre refuse de parler à un père et une mère qui sont submergés par la douleur d’avoir perdu un fils, mais il n’hésite pas à venir serrer la main d’un riverain qui demande l’expulsion des familles depuis des mois. Le voisin se plaint de vivre dans des « conditions épouvantables », abandonné de tous (rassurez-vous, il n’a jamais mis les pieds dans le squat, il parle seulement de la vue depuis son balcon). Manuel Valls vient le saluer et tente de répondre à ses critiques. Alors que la discussion s’engage et que les journalistes commencent à enregistrer l’échange, monsieur Carenco, préfet de région, visiblement surexcité, repousse violemment plusieurs d’entre eux afin d’éviter une médiatisation des propos le mettant en cause.

L’ambiance sur la place est lourde

Carenco. Préfet sous Sarkozy, préfet sous Hollande. Préfet pour toujours ? On garde les mêmes pour appliquer la même politique raciste de stigmatisation des étrangers. A Lyon, on gaze les enfants roms (lire ici), on les parque dans des classes ghetto, et on met en garde-à-vue des bébés [1]. En revanche on n’applique pas la circulaire inter-ministérielle censée apportée d’autres solutions que les expulsions. Carenco sera-t-il aussi préfet sous Le Pen ? « Le préfet de région a une grande part de responsabilité… sur le terrain les expulsions se poursuivent malgré la circulaire du 26 août 2012 », accuse le sénateur Guy Fischer (PCF).

Dans l’après-midi, alors que journalistes et politiques sont partis, les proches des victimes attendent que les pompiers sortent les corps du bâtiment. L’ambiance sur la place est lourde. L’odeur âcre de la fumée fait mal à la gorge. Certains espèrent toujours et demandent désespérément s’il est possible qu’il y ait encore des survivants : « Il ne sont peut-être pas morts… ». Alors que la grande échelle s’approche d’une fenêtre afin de permettre à un pompier de prendre des photos, plusieurs dizaines de personnes s’approchent du bâtiment en criant le nom de l’enfant : « Béni, Béni ». Face à ce mouvement de foule, un policier – bien formé à l’école de Manuel Valls – se fait menaçant et sort de son gilet une bouteille de gaz lacrymogène, histoire de montrer aux femmes et aux enfants de quel bois il se chauffe.

Pendant plusieurs heures, les familles sont totalement abandonnées à leur sort. Une femme perd connaissance plusieurs fois. La police municipale, à quelques mètres, reste les bras croisés. Il n’y a aucun médecin, aucun psychologue, aucun soutien.

Nouvelles expulsions

Mardi matin, alors que les corps calcinés de Beni, Pamela et Patrina viennent à peine d’être sortis des décombres fumants de l’immeuble, le préfet Carenco ordonne l’expulsion d’un nouveau squat. Une trentaine de personnes, dont 15 enfants, sont jetées à la rue, sans aucune proposition d’hébergement. Elle dormiront dans la rue, avec des enfants en bas âge, dans les conditions d’insécurité que l’on peut facilement imaginer, avant de retrouver un autre squat, probablement encore plus dangereux et insalubre. Manuel Valls nous expliquera à nouveau qu’il faut les expulser pour leur plus grand bien. Voilà une preuve de plus du discours mensonger du ministre qui, quelques heures auparavant, soulignait qu’il fallait poursuivre les expulsions tout en proposant des « solutions dignes ». Pour Manuel Valls, la rue est plus digne que le cimetière. Je n’en suis pas sûr.

L’extrême droite à de beaux jours devant elle. Après Sarkozy, elle peut compter sur François Hollande, Manuel Valls et les socialistes pour tenir le même discours de haine contre les étrangers et appliquer la même politique discriminatoire et hors la loi contre les Roms. La France profonde applaudit, l’Union Européenne par son silence est complice. Marine Le Pen se frotte les mains. Manuel Valls, lui, ne pense qu’à la présidentielle. Le fait que son chemin soit désormais parsemé de cadavres ne le perturbe pas un seul instant. « Il faut continuer le travail », ose-t-il dire.

Mardi soir, la préfecture du Rhône fait savoir que les expulsions vont s’accélérer dans les jours à venir. La chasse aux Roms est ouverte. La campagne des municipales également.

Manuel Valls prétend que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France. En les obligeant à vivre comme des chiens errants à la rue ou à prendre le risque de brûler vifs dans des squats, il est certain d’avoir raison.

Philippe Alain

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Notes

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Philippe Alain (vu sur Bastamag, 15 mai 2013)