1ère étape dans l’assignation du maire de Poitiers pour diffamation
Le 7 février passera devant le juge de la Mise en état près du TGI les incidents de procédure dans l’affaire de diffamation du maire de Poitiers Alain Claeys envers Jean-François Chazerans, Jean-Christophe Clochard et le DAL86. Il s’agit pour la défense d’essayer de faire annuler le procès et éviter un débat sur le fond en soulevant des erreurs de procédures telles que ce n’est pas la bonne juridiction qui a été saisie, le procureur n’a pas été averti par “exploit d’huissier”…
Le 27 avril dernier, alors que les cendres du squat du 11 rue Jean-Jaurès étaient encore chaudes et que les occupants étaient encore en garde à vue, faisant fi de l’enquête en cours et de la présomption d’innocence, le maire de Poitiers avait commis une « déclaration » accusatrice d’une rare violence envers des personnes clairement ciblées et envers le tout nouveau comité DAL86 créé depuis seulement le 9 février.
Le maire de Poitiers, non seulement disait que Jean-François Chazerans et Jean-Christophe Clochard étaient des « individus sans scrupule », et que le DAL86 était « une poignée d’individus sans scrupule », mais aussi disait que c’étaient des « des lâches » car ils « manipulaient » « depuis plusieurs mois des gens en souffrance, au parcours de vie difficile ». Mais ce n’est pas tout. Le maire de Poitiers les accusait aussi d’être responsables pénalement concernant le tag de menace de mort qui avait été découvert dans le squat car non seulement ils auraient « instrumentalisé des gens en souffrance » mais ils les auraient aussi poussés à commettre des délits. » Et tout ça pour « remettre en cause tout ce qui a été bâti à Poitiers depuis des années en matière sociale, et qui constitue en France, une référence ».
Commençons par cette référence que constitue Poitiers en matière sociale. Le soufflé est depuis longtemps retombé. La situation des sans logis et mal logés est catastrophique sur Poitiers. La liste serait trop longue. Citons néanmoins l’hébergement d’urgence qui est prescrit par le Code de l’action sociale et des familles – Articles L345-1 à 4. Or, il n’y a pas d’accueil inconditionnel et pérenne à Poitiers comme la loi y oblige. Comme partout en France, les sans logis sont à la rue. A Poitiers, ils dorment au parking de Gaulle, où rappelons-le l’un d’entre eux est mort il y a un an, se débrouillent avec des connaissances, vivent dans des squats ou dans leur voiture. Les services sociaux, la Croix Rouge, l’Entraide Sociale Poitevine, le CCAS, le Relais Charbonnier, les assistantes sociales le savent très bien mais appliquent l’omerta. Et si quelqu’un a le malheur de dénoncer ce scandale, tout ce petit monde, le maire en tête, lui tombe dessus.VOIR
La déclaration du Maire se comprend dans ce contexte. Comme l’avait dit Henri Queuille (1884 /1970), qui a été député et sénateur entre les deux guerres, « La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, c’est de faire taire ceux qui les posent. ». Vu l’état de délabrement du social à Poitiers, il était nécessaire de faire taire ceux qui dénonçaient cet état de choses inadmissible. La déclaration du maire participait donc d’une manœuvre, nous pensons, concertée pour réprimer non plus seulement ceux qui se lèvent pour défendre leurs droits mais aussi ceux qui, écœurés par tant d’injustices, se lèvent pour les soutenir. Là aussi, la liste des moyens utilisés est longue et se caractérise par un véritable harcèlement : pressions dans le travail et dans la vie publique, chantages, convocations à répétition au commissariat, plaintes, procédures judiciaires qui ne mènent à rien, arrestations, gardes à vue, procès, condamnations… Tout un arsenal juridico-policier qui n’a d’autres buts que de dissuader ceux qui relèvent la tête. VOIR
Mais dans cette affaire de diffamation, le maire de Poitiers est allé trop loin. Comment peut-il s’en prendre de la sorte à des membres bénévoles d’une association, bien connus à Poitiers pour avoir milité au sein d’associations telles que les maisons de quartier. Jean-François Chazerans ayant été président du Centre Socio-Culturel des 3 Cités et Jean-Christophe Clochard vice-président de Centre Socio-Culturel de la Blaiserie. Jean-François Chazerans en a d’ailleurs démissionné au bout de 4 ans et demi pour protester contre les pressions exercées sur lui par la municipalité / préfecture. En effet, ces dernières ont exercé à son égard un chantage aux subventions : si le CSC prêtait une salle pour le Forum antirépression comme décidé en CA, la préfecture risquait de supprimer ses subventions soit 60 000€, soit deux emplois. La démission s’imposait devant cet odieux chantage. VOIR
Le maire de Poitiers s’est, semble-t-il, aperçu qu’il est allé trop loin et il cherche à justifier le caractère diffamatoire de ses propos en invoquant le contexte de polémique politique concernant le logement. Mais là aussi, comment le maire de Poitiers peut-il confondre le système répressif mis en place pour occulter les injustices et la misère – et empêcher les gens de le dénoncer -, avec un contexte de débat politique ? Rappelons que l’action politique à Poitiers est fermement encadré par la police et la justice – le commissaire Papineau faisant quelquefois office de directeur de cabinet du maire VOIR1 et VOIR2 et la justice réprime à tour de bras les militants VOIR – et le « débat politique » est monopolisé par la municipalité et les autorités. Nous faisons l’hypothèse que c’est avec l’aide de la presse, surtout de la Nouvelle République et de Centre Presse. Car, n’oublions pas non plus que ce n’est pas seulement le maire de Poitiers que Jean-François Chazerans, Jean-Christophe Clochard et le DAL86 traînent au tribunal pour diffamation mais aussi le directeur de publication de la Nouvelle République – Centre presse suite aux propos jugés par nous diffamatoires du directeur départemental de la Vienne Alain Defaye et au fait qu’il n’ait pas voulu publier nos droits de réponse.
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