Archives de catégorie : Luttes syndicales

[Chasseneuil-du-Poitou – 86] Un salarié licencié de Federal Mogul : « On aurait dû mettre le feu dès le départ »

NdPN : témoignage très éclairant de deux salariés à la fin de la vidéo qui suit l’article :  » Dès le départ fallait mettre le feu. Voilà. Fallait bloquer les machines et puis, quitte à en faire brûler une, leur montrer que c’est pas normal qu’ils partent en Pologne. Mais bon… on aurait dû le faire, et puis ça s’est… non, fallait attendre, fallait attendre… et puis en fin de compte on s’est fait avoir quoi ! Non, on aurait dû mettre le feu dès le départ. « 

Federal Mogul délocalisé : 241 salariés licenciés

Les salariés de l’usine de Chasseneuil, dont l’activité est délocalisée en Pologne et en Turquie, devraient recevoir leur lettre de licenciement jeudi 9 octobre.

Cette fois, c’est terminé. C’est dans le plus grand secret que l’accord de méthode, entérinant la fermeture de l’usine Federal Mogul, a été signé entre le syndicat majoritaire et la direction de l’entreprise, la semaine dernière. Le dossier est désormais entre les mains de la Direccte (ex-Direction du travail). Les 241 salariés, qui continuent à percevoir leur salaire, devraient recevoir leur lettre de licenciement jeudi 9 octobre, selon une source syndicale.

«  On le savait  »

Loin d’être une surprise, la fermeture de l’usine – la dernière en France à fabriquer des pistons pour moteurs diesel – intervient après trois mois de conflit social, durant lesquels les salariés auront battu le pavé et élaboré des coups médiatiques, comme ce voyage à Paris à vélo, en espérant infléchir la décision de la direction. En vain. La table ronde promise entre Arnaud Montebourg, les syndicats, la direction et les donneurs d’ordre n’aura jamais eu lieu. Le site va être délocalisé en Pologne et en Turquie, pays à bas coûts de production. « Je m’en doutais, on le savait », lâche, résigné, Sébastien Gallet, coquilleur, « chargé de couler le piston en alu ». Sa compagne Marie-Luce Lambert, qu’il a rencontrée sur le site en 1991, trouve cela « rageant même si cela fait longtemps que l’on sait que c’est terminé ».
Les salariés ont accepté, par vote, début septembre, la prime supra légale de 45.000 € brut que leur proposait la direction, à laquelle viendra s’ajouter la prime légale fonction du nombre d’années passées dans l’entreprise.
La signature de l’accord de méthode est le dernier chapitre de l’histoire de cette usine ouverte en 1972 à Chasseneuil, avant de rentrer dans le giron de l’américain Federal Mogul en 1998. Depuis, elle perdait peu à peu ses lignes de production jusqu’à « ne faire plus que cinq produits en fin de vie pour Renault, Peugeot et Citroën », déplorait, en février, un représentant de la CGT.

> A voir en vidéo, le témoignage d’un couple licencié

Nouvelle République, 3 octobre 2014

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Mise à jour 8 octobre 2014 : le témoignage se précise dans un nouvel article de la NR, avec une attaque directe contre les syndicats :

« On aurait dû mettre le feu à l’usine. Mais on ne l’a pas fait. On ne s’est pas assez battus. » Pour lui, les salariés n’étaient « pas assez soudés, ont trop écouté les syndicats ».

La vie après Federal Mogul

Sébastien Gallet et Marie-Luce Lambert forment l’un des cinq couples licenciés de l’usine. Ils peinent à tourner la page après trois mois de conflit social.

L’histoire de leur couple est indissociable de celle de leur usine. C’est là, au milieu des lignes de production, qu’ils se sont rencontrés un jour de 1991. La période qu’ils viennent de traverser semble les avoir soudés à jamais.

Pendant trois mois, ils ont battu le pavé, brocardé des slogans aux côtés de leurs camarades de Federal Mogul. Mais tout cela n’aura servi à rien. Leur usine – la dernière en France à fabriquer des pistons pour moteurs diesel – a fermé ses portes et eux sont partis, avec en poche 130.000 €, primes supra légale et légale comprises. Point final d’une histoire qui avait pourtant bien commencé.

C’était une période rose

En 1991, Marie-Luce, pour qui Federal Mogul est une histoire de famille – ses parents « ont travaillé trente-cinq ans à Chasseneuil dès l’ouverture du site en 1972 » – venait tout juste d’être embauchée « au poste de contrôle des pièces finies : nous étions plus de 400 salariés, se souvient-elle. On faisait des pistons de voitures mais aussi de bateaux. »

Vingt-trois ans séparent cette période rose où le couple envisage l’avenir sereinement – il fait construire une maison à Saint-Georges-lès-Baillargeaux, près de Poitiers –, et cette semaine qui débute, lors de laquelle ils recevront sans doute leur lettre de licenciement.

« On aurait dû mettre le feu »

La somme d’argent qu’ils vont toucher n’effacera en rien leur colère et achètera encore moins leur silence. « Ils nous ont bernés », lâche, amer, Sébastien. « Je suis écœurée. Pour moi, c’est fini l’entreprise », tempête Marie-Luce, 46 ans. Pour elle, entrée dans l’usine à l’âge de 20 ans, c’est tout un pan de sa vie qui s’écroule : « Je suis toujours une Federal Mogul, dit-elle. Avant de décrocher, il va me falloir du temps. »

Il est encore bien trop tôt pour évoquer avec eux la question de la reconversion. Sébastien Gallet n’a pas la tête à ça, préfère « faire son jardin ». Sans doute verront-ils les choses « différemment » lorsqu’à la fin de l’année ils « ne toucheront plus leur salaire ».

La dernière fois que nous les avions rencontrés, en mai dernier, Sébastien Gallet et Marie-Luce Lambert venaient de mener une action coup-de-poing au rond-point de Leroy Merlin, à Poitiers, tentant de sensibiliser les automobilistes de passage à leur situation.

« Ils ont divisé pour mieux régner »

Avec le recul, Sébastien Gallet pense que «  les pistonniers  » auraient dû « aller plus loin » dans leurs actions pour se faire entendre. Un peu comme les Continental ou les New Fabris : « On aurait dû mettre le feu à l’usine. Mais on ne l’a pas fait. On ne s’est pas assez battus. » Pour lui, les salariés n’étaient « pas assez soudés, ont trop écouté les syndicats ».

Et puis tout s’est accéléré au cœur de l’été : « Le 25 août, nous avons été mis en dispense d’activité, se rappelle Marie-Luce. La direction a soudé les portes des bâtiments pour que l’on ne puisse pas rentrer dedans. Elle nous a divisé pour mieux régner. » Aujourd’hui, « les bruits de couloirs » d’une reprise partielle du site de Chasseneuil ne leur font pas esquisser le moindre sourire.

Le couple cherchera activement du travail en janvier. Pour leurs deux filles. Pour qu’elles ne rentrent plus jamais de l’école en demandant : « Papa, maman, j’écris quoi en face de profession ? » « Jusque-là, explique Sébastien, on leur disait d’écrire «  pistonniers chez Federal Mogul  ». »

Adrien Planchon, Nouvelle République, 8 octobre 2014

 

[Poitiers] Les postiers à la bagarre pour les usagers

postegreveNdPN : bravo aux facteur.ice.s en grève, et merde aux imbéciles qui leur reprochent du « corporatisme », faisant ainsi le jeu des prédateurs qui nous écrasent la tronche à tou.te.s. Une fois de plus, les revendications du mouvement des postiers démontrent qu’ils et elles mouillent avant tout le maillot pour nous, en luttant contre la détérioration des services.

Vienne : les postiers en grève aujourd’hui

A l’appel du syndicat CGT de La Poste (CGT-FAPT 86), un mouvement de grève a été lancé ce jeudi au centre de distribution du courrier de Poitiers, de la plateforme industrielle du courrier (PIC) de Poitiers-Auxances et du centre de tri de Chasseneuil-du-Poitou. Plusieurs agents sont rassemblés actuellement devant les différents établissements, avant une mobilisation prévue à 10 h 30 devant la direction régionale rue de Maillochon. Les facteurs en grève réclament notamment le report de la réorganisation prévue le 18 novembre qui prévoit la suppression de 12 tournées sur 96 actuellement, le maintien du site de Chasseneuil…

Nouvelle République, 2 octobre 2014

[86] Il y a du gaz dans l’eau du Sud Vienne

NdPN : La Nouvelle République publie depuis quelque jours une série d’articles sur le mouvement de refus de centralisation de la gestion de l’eau, mené par des habitants, lycéens, des travailleurs du syndicat d’eau du civraisien et des élus du Sud Vienne. Par-delà le refus du faux discours des autorités sur la « mutualisation des moyens » (qui n’a évidemment rien à voir avec une mutualisation décisionnelle), le désaccord est plus profond : il s’agit aussi de dénoncer le centralisme autoritaire de la métropole d’une part, et l’abandon des espaces ruraux d’autre part.

Syndicats d’eau : une fusion sous tension

Coupure d’eau à Civray : 21 maires menacent de démissionner

Syndicat d’eau de Civray :  » La mort du Sud Vienne « 

Bataille de l’eau : blocus symbolique des lycéens de Civray

Mise à jour 3 octobre 2014 : Fusion des syndicats d’eau : les manifestants promettent de durcir le mouvement

[Poitiers] Les retraités montrent les dentiers

NdPN : comment financer le soutien toujours plus massif de l’Etat aux capitalistes ? En faisant comme toujours : gratter les fonds de poches des plus pauvres ! Fort heureusement, les intermittents, précaires, chômeurs et retraités ne se laissent pas faire. Hier les retraités manifestaient à Poitiers (voir ci-dessous), aujourd’hui les intermittents et précaires (à midi).

Les retraités manifestent leur ras-le-bol

A l’appel de l’intersyndicale, les retraités de la Vienne ont tenu une réunion hier et une délégation a été reçue à la préfecture. Ils veulent se faire entendre.

Jusqu’à maintenant ma retraite de 1.500 € mensuels était correcte car j’avais un supplément pour avoir élevé trois enfants. Mais avec les nouvelles mesures, je vais payer des impôts sur ce reliquat ; soit sur les 100 € mensuels qui deviennent imposables », raconte Yvette Courtois, ex-employée d’usine chez Schlumberger pendant 35 ans. Elle illustre les propos tenus lors du rassemblement d’une centaine de personnes, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, FGR FP, FSU) des retraités du département, hier à la salle Jouhaux de Poitiers.

«  Ce sont toujours les usagers qui trinquent  »

Ces « mesurettes » selon les propos des représentants syndicaux, « font que chacun et chacune enregistrent une perte du pouvoir d’achat au fil des années ». Yvette Courtois ne cache pas « qu’elle doit faire attention » à toutes ses dépenses même si, elle se sentirait presque privilégiée de totaliser avec son époux 2.900 € par mois après des années de labeur. « Avec le gel des pensions, le taux de la CSG qui va s’aligner sur celui des actifs, les augmentations successives de l’énergie, les médicaments non remboursés ce sont toujours les usagers qui trinquent. »
La situation de Rabiha Al-Baidhawe est d’un autre ordre, mais sa problématique est sensiblement identique. Irakienne au statut de réfugiée politique, Rabiha est arrivée en France avec son époux en 1978. Docteur en sociologie du langage et parfaitement intégrée dans la vie associative de Poitiers, elle ne cesse de se battre, aux côtés des plus précaires, pour faire entendre sa voix. Vivant avec l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) de 1.230 € par mois pour un couple, Rabiha Al-Baidhawe milite pour pouvoir exercer quelques heures de travail en parallèle. « Si je travaille un peu, l’allocation est suspendue mais comme il n’y a pas de contrat entre les pays dans lesquels j’ai travaillé comme professeure d’université et la France, je ne peux pas prétendre à une retraite plus importante. Comment puis-je améliorer mon quotidien une fois toutes les charges payées ? Et me soigner ? En filigrane, on me dit : «  Tu as besoin de vêtements ou de jouets pour les enfants ? Va à la braderie Emmaüs. Tu as besoin de nourriture ? Va au Secours catholique. Ça devrait être dit clairement par les gouvernements. »

> Une délégation composée de deux représentants par syndicat a été reçue par Jérôme Harnois, directeur de cabinet de la préfète.

M-L A, Nouvelle République, 1er octobre 2014

[Châtellerault] Magneti-Marelli : chantage à l’emploi ?

Magneti-Marelli : 159 emplois menacés après 2015 ?

La direction pourrait inviter ses salariés à faire des sacrifices pour “ réduire le coût du travail ”. Sinon 159 emplois pourraient être supprimés d’ici 2018.

La bourse ou la vie (professionnelle) ? C’est en filigrane l’annonce qui a été faite hier matin en CE (comité d’entreprise) aux représentants du personnel par la direction de l’un des poids lourds de l’industrie locale châtelleraudaise, Magneti-Marelli, qui emploie 525 salariés (375 en usine et 150 au centre de recherche et développement) (1) pour la production d’autoradio GPS (« infotainement ») à PSA et FIAT.

«  Plus que 225 personnes dans l’usine à terme  »

A l’ordre de ce CE, le « PMT » ou « Plan à moyen terme ». Une sorte de prévisionnel jusqu’en 2018 qui laisse entrevoir une menace sur 159 emplois qui pourraient être supprimés d’ici 2018, d’après la CGT.
« On nous a assuré que jusqu’en décembre 2015, il y aurait un maintien des commandes et des effectifs mais avec cependant une réduction des intérimaires de 150 à 70 minimum. Mais d’ici la fin 2018, il est envisagé une réduction importante des effectifs dans l’usine. On nous explique que les besoins pour 2018 seraient de 155 au lieu des 244 aujourd’hui en production et de 70 au lieu de 140 hors production (administratif, maintenance…) », expliquent Clarice Pereira, élue CGT et CE, et, David Talbart, délégué syndical CGT.
En clair, si ce scénario de « PMT » venait à être décidé et appliqué, « il ne resterait plus que 225 personnes dans l’usine (2) »
La crise ne serait pas la cause des maux de la firme qui « est la seule entreprise de Châtellerault à l’avoir traversée sans chômage technique ». C’est plutôt le coût du travail (NDLR : la fameuse compétitivité) qui serait dans le collimateur de la direction.
« La baisse du coût horaire du travail est demandée par la direction italienne : «  Pour maintenir la taille critique indispensable au maintien de notre activité industrielle en France  », comme ils disent, il faut que les salariés à Châtellerault, fassent des efforts. »

«  On nous dit qu’on coûte trop cher  »

Soit en langage décodé : remise en cause des salaires, des congés ? Non-paiement des pauses ? Baisse des primes de nuit ?
Si la baisse du coût du travail n’intervient pas, « la fabrication des produits pourrait même partir à Kechnec (Slovaquie) concerné par une extension à 2 millions d’euros », craint la CGT.
Rien n’est figé mais ce ne sont pas les mots insistants de la direction qui vont rassurer les salariés de l’ex-usine Jaeger confrontée en 2009 à un plan social avec 50 suppressions d’emploi : « On nous dit que Châtellerault est l’usine la plus chère du groupe, qu’on leur coûte cher. Si on ne change rien d’ici 2018, on prendra les mesures qui s’imposent, nous a-t-on prévenus. »
Un discours qui s’apparente, pour la CGT, à du chantage à l’emploi.

(1) Il faut ajouter les intérimaires qui sont environ 150. (2) Le centre recherche et développement ne serait pas touché.

Nous avons joint la direction qui n’a pas donné suite à nos appels.

Denys Frétier, Nouvelle République, 20 septembre 2014