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[Montreuil – 93] « Zone de gratuité », ou comment les objets deviennent « sans propriétaire fixe »

« Zone de gratuité », ou comment les objets deviennent « sans propriétaire fixe »

Et si on changeait notre rapport à la propriété et à la consommation ? Un peu partout en France émergent des « zones de gratuité », des espaces où les rapports marchands sont abolis, de manière temporaire ou permanente. Ici les objets circulent et les gens se parlent, en réapprenant que l’échange ne passe pas forcément par l’argent. Petit reportage à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

 » Tout est vraiment gratuit ? « , questionne un enfant, incrédule. Dans cette rue de Montreuil (Seine-Saint-Denis), une centaine de personnes discutent, se promènent ou explorent des piles d’objets entassés sur une dizaine de tables. La rue de Villiers est déclarée « zone de gratuité » pour tout l’après-midi. Sur les tables : vêtements et chaussures, livres et DVD, vaisselle, ordinateurs ou chauffe-biberon… Ici, chacun amène ce qu’il veut et prend ce qu’il souhaite. Tout est en accès libre. Ce n’est pas une brocante ou un vide-grenier, mais un espace non-marchand temporaire.

Ce projet est né il y a quelques années. « Lors d’un repas de quartier, nous avons lancé l’idée avec des copains, les voisins de la rue, explique Vito, l’un des organisateurs. Au début, certains n’y croyaient pas. Mais voilà, nous en sommes à la 4e édition. » « C’est une idée super simple à mettre en œuvre, décrit Samantha. Il suffit juste de demander à la Mairie que la rue soit fermée. » La différence avec un vide-grenier ? « Chacun peut déposer des objets à offrir ou proposer des services. Chacun peut prélever ce qui lui fait envie. L’idée, c’est de partager. L’idée, c’est de se rencontrer », proclament les affiches, placardées dans toute la rue.

Un pied-de-nez à la société de consommation

Andres est venu d’une rue voisine, avec sa famille. Ses filles n’ont rien trouvé d’intéressant. Lui a vidé une valise entière. Il souhaiterait que l’initiative ait lieu plus souvent. « On a amené beaucoup de choses. Ça part mieux qu’à un vide-grenier ! », sourit une autre participante. Plus facile de se débarrasser des objets qui n’ont plus d’utilité, pour leur offrir une deuxième vie. « Et comme c’est gratuit, on hésite moins à emporter des objets. » Sa fille semble toute contente du serre-tête rose qu’elle vient de dénicher.

Tout l’après-midi, les tables se vident et se regarnissent. Les objets restants en fin de journée seront amenés dans les locaux voisins du Secours populaire. Des groupes de musique se succèdent sous des barnums prêtés par le comité des fêtes de la Maison de quartier. Un bar gratuit offre boissons, radis bio, pain et confiture – selon les arrivages. Les enfants se pressent à un atelier peinture, autour d’une construction en plastique ou de vélos recyclés.

Donner et récupérer à la place d’acheter et jeter

Ni troc, ni obligation de réciprocité, ni charité, la zone de gratuité est un moyen utile de réduire le volume de déchets et de recycler les objets. Une façon aussi de se réapproprier l’espace public, la rue, de créer un moment convivial, entre voisins et ouvert à tous. Un pied de nez à la société de consommation. Un espace soustrait aux rapports marchands, qui vient interroger chacun sur le don, l’argent, la propriété. « Les valeurs Acheter – Jeter sont remplacées par les joies du Donner – Récupérer », expliquaient les organisateurs lors de la première édition.

Ces zones de gratuité essaiment un peu partout en France et dans le monde. Zones temporaires ou permanentes, sur un bout de trottoir, dans des locaux d’une association, dans une cage d’escalier ou par un caddie gratuit laissé au bord d’une route. Certaines fonctionnent sur le don définitif, d’autres invitent à faire circuler les objets, devenus SPF (Sans propriétaire fixe). Dans d’autres lieux, on imagine des « zones d’objets mutualisés et empruntables » (ZOME), où les objets peuvent être empruntés, ou achetés collectivement pour être ensuite utilisés par tous. Des lieux qui invitent à renverser notre rapport à la propriété et à la consommation. Tout en répondant à un besoin urgent et concret, par ces temps de crise. A Montreuil, ils sont aussi nombreux à venir profiter de ces produits qu’ils ne peuvent se permettre d’acheter. Au bout de la rue de Villiers, deux femmes arrivent en vélo. « C’est bien ici la zone de libre-échange ? » demande l’une d’elle. Une zone, en tout cas, qui bouscule nos imaginaires.

@AgnesRousseaux sur twitter

Quelques zones de gratuité en France : - Un répertoire des zones de gratuité - A Courçon (Poitou-Charentes) - Dans le Royans (Rhône-Alpes) - Dans le Morbihan - A Brest - A Rennes - A Grenoble

Voir le reportage vidéo réalisé sur la Zone de gratuité de Montreuil en 2009, par Les instants volés :

http://www.dailymotion.com/video/xes55h_zone-de-gratuite_news#from=embediframe

Photos : Agnès Rousseaux

Agnès Rousseaux, BastaMag, 2 octobre 2012

[Notre-Dame-des-Landes] Infos 11 novembre : un joli samedi !

Quoi de neuf ?

Ce samedi à Poitiers, une action contre Vinci a eu lieu avec le parking Notre-Dame rebaptisé en Notre-Dame-des-Landes. Tractage et discussions avec les passant-e-s, pendant lesquelles a été évoquée la réunion de mardi à 18H30 (maison du peuple, rue Arsène Orillard). Viendez nombreus-euses !

Sans compter de nombreux autres événements dans d’autres villes (comme à Vannes, avec le mariage entre Mademoiselle L’Etat français et Monsieur Vinci suivi d’une fausse manif de droite bien rigolote).

Et puis deux grosses manifs, à Paris, et à Rennes !

A Rennes, un compagnon de la Fédération Anarchiste local nous raconte qu’il y a eu une grosse embrouille à 11 h de la part des flics sur une partie de cortège qui partait de la gare pour rejoindre la mairie (bout de cortège non déclaré en préf’ ?) . Une dame retraitée a failli être embarquée. Les flics ont encerclé le rassemblement et ont fait mine de vouloir laisser sortir les manifestants après contrôle d’identité. Ca a fini par se calmer. Assez forte participation : 1200 à la louche au plus fort du rassemblement. Toutes les orgas et collectifs tradis sauf les Stals et les Soces. Une assez forte présence des Verts. Grosse impression sur la Place de la mairie avec les tracteurs et le bennage d’une remorque de terre et fichage dans le tas de branches et de végétaux. Rassemblement dynamique. De nombreuses discussions entre les participants. La solidarité a été réaffirmée au moment des prises de paroles entre les animateurs de l’ACIPA (proches de la Conf’ et des mouvements citoyennistes ) et les zadistes. Le cortège de fin de manif s’est grossi d’une manif de soutien du collectif des migrant-e-s (300 au plus fort). Les flics ont barré la rue alors que la fin de manif NDDL et les tracteurs passaient sur une voie perpendiculaire. Dans les deux cortèges, des appels à l’unité et à la solidarité ont jailli. Les flics se sont effacés et les deux cortèges ont fusionné. Chaude ambiance. Le tract de la Fédération Anarchiste locale,  » Deux luttes, un même combat  » a eu un franc succès !

On terminera par une petite vidéo.

Pavillon Noir

Monde Libertaire gratos en ligne + Monde Libertaire kiosque

Les deux Monde Libertaire sont arrivés !

Le Monde Libertaire gratos/prix libre N°20, huit pages, est consultable et téléchargeable à l’adresse suivante. Il sera diffusé à 100 exemplaires, gratuitement, dans les rues de Poitiers. Comme d’hab, quelques exemplaires seront déposés au Biblio-café.

Le Monde Libertaire 24 pages est disponible en kiosques pour 2,50 euros, mais on peut vous en filer à prix libre si vous nous le demandez par mail. Un exemplaire sera déposé en consultation libre au Biblio-café. En voici le sommaire, avec comme d’habitude, trois liens vers des articles lisibles en ligne sur le site du Monde Libertaire.

Bonnes lectures !

Pavillon Noir

Le Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

«C’est pas le travail qui coûte cher, le travail c’est la richesse, c’est le capital qui coûte cher !» Gérard Filoche

Sommaire du Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

Actualité

Appel de la Coordination syndicaliste de la Fédération anarchiste, page 3

Austérité à l’heure espagnole, par R. Pino, page 4

Les fronts sociaux, par H. Lenoir, page 5

Météo syndicale, par T. Porré, page 6

Communiqué fédéral à propos de N-D-des-Landes, page 7

La Chronique néphrétique, de Rodkol, page 8

Arguments

Couac policier à Tarnac, par P. Schindler, page 9

La prison telle qu’en elle-même, par J. Rat, page 11

Morale et police, par M. Rajsfus, page 12

La prison, témoignage vécu, par J. Lesage de La Haye, page 14

International

Austérité chez les Grecs, par Romain, page 15

Histoire

Ramón Acín, belle figure de la CNT espagnole, par D. Pinos, page 17

Expressions

Sur les écrans, de H.Hurst, page 19

Un hurluberlu fort sage, par C. Margat, page 20

Mouvement

Activités du mouvement, page 21

La radio sans muselière, page 22

Programme des réjouissances, page 23

Illustrations : Alexandre , Aurelio, Krokaga, Manolo-Prolo, Valère

Editorial du Monde Libertaire # 1686 du 8 au 14 Novembre 2012

Accuser les Arabes de voler les petits pains au chocolat, lyncher les Roms, supprimer les 35 heures, faire, comme le sénateur Longuet, un bras d’honneur aux anciens colonisés réclamant justice: à droite comme à gauche, l’heure est à la décomplexitude. Haro sur les tabous. Pour aller dans le sens d’une si courageuse lucidité, pourquoi ne pas parquer les étrangers et les impies dans des ghettos, rétablir le port d’étoiles diversement colorées selon les différentes incivilités, pour les fumeurs, les looseurs, les pédophiles, les chauffards.
En véritables pragmatiques décomplexés, on pourrait aussi bannir des programmes scolaires la philosophie, l’histoire, la littérature et autres titatas, ces badinages improductifs de «diseux», au profit de matières plus rentabilisables, réservées aux «faiseux», techniques de surfaces, politesse, respect du chiffre et de la réussite pour les garçons, torchage des moujingues, cuisine, docilité sexuelle pour les fillettes. Pourquoi ne pas aussi, dans la foulée, rendre obligatoire le sport de haut niveau ou remettre en vogue les jeux du cirque.
Pourquoi ne pas réinvestir les anciennes colonies et célébrer, par un jour férié, les anniversaires de la Toussaint rouge ou les ratonnades de 1961. Pourquoi ne pas rétablir le travail des enfants dès 7 ans, les journée de 12 heures, les licenciements sans préavis, le livret ouvrier, comme au bon vieux temps des maîtres de forge. On pourrait supprimer le droit de grève, organiser l’attribution «aux enchères» des emplois aux moins exigeants. On pourrait dispenser les patrons de toutes cotisations sociales, abolir les salaires qui ruinent les actionnaires ainsi que le Code du travail, imposer le servage, l’esclavage, mettre Parisot au ministère du Travail.
Dans la foulée, il faudrait remettre à l’honneur la torture, le droit de cuissage, la peine de mort; réassigner aux femmes les places qu’elles n’auraient jamais dû quitter, cuisine, buanderie, alcôve. Supprimer l’assistanat et la Sécurité sociale, confier toute forme d’aide aux curés et aux oeuvres de charité, abolir toute expression populaire au profit du sondage de droit divin, faire de la réaction l’inusable et supersonique moteur de la société moderne. Il reste tout plein d’autres chantiers pragmatiques et décomplexés qu’on laisse à la libre imagination – synergétique et gestionnaire – des bienfaiteurs éclairés, des commissaires politiques et autres moralistes de tout poil. Ils pullulent car la soupe est grasse. Nous autres, anarchistes méfiants, persisterons à ne pas confondre modernité et progrès social.

[Poitiers] Manifestation de réoccupation Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes – Réunion publique

Manifestation de réoccupation Non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Jusqu’ici, rien ne semblait pouvoir résister à l’expansion effrénée de « Nantes Métropole ». L’opposition au projet d’aéroport du « Grand Ouest » à Notre-Dame des Landes semblait être maîtrisée. Il a néanmoins fallu l’opération militaire « César », déclenchée le 16 octobre 2012, soit la mobilisation de plus d’un millier de Gendarmes Mobiles, CRS et groupes d’intervention spécialisés, appuyés par des hélicoptères, pour engager les expulsions des habitant.e.s de la Zone à Défendre. Le triomphalisme affiché ce jour-là par les autorités, s’est rapidement dissipé devant la puissance de retournement des opposant.e.s. Cette résistance, faite de pratiques débordantes de vie et des solidarités nouvelles, s’amplifie.

Le bocage de Notre-Dame-des-Landes sera le cauchemar de César !

Abandonné dans les années 1970, le funeste projet est déterré au début du siècle. En 2010 un Partenariat public-privé (PPP) est signé entre l’État et le groupe Vinci – leader mondial du BTP, impliqué par ailleurs dans de louches compromissions. Mais aucun argument suspendu à des intérêts économiques (ou aux ambitions mégalomaniaques de J-M Ayrault) ne peut justifier, au regard de la situation écologique et sociale, la destruction de cette région bocagère, l’expulsion et la répression des habitant.e.s qui résistent. Ce projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, ainsi que les Lignes à Grande Vitesse, dont celle envisagée entre Poitiers et Limoges et celle déjà en chantier entre Tours et Bordeaux, participent d’une même planification territoriale dictée par l’État et l’Union Européenne. Cette métropolisation redessine les paysages, reconfigure les territoires. Elle dévore nos potagers et nos champs, nos haies et nos forêts, nos lieux de vie. Elle cherche à nous étouffer. Combattons ces projets inutiles et mortifères !

Une grande manifestation de réoccupation aura bien lieu pour reconstruire un lieu ouvert d’organisation sur les terres menacés. Démontrons notre solidarité en actes. Convergeons tous vers la ZAD le 17 novembre 2012.

Vous êtes également convié.e.s à la réunion publique d’information en vue de cet événement qui se tiendra à la Maison du Peuple à Poitiers, 21 bis rue Arsène Orillard, le mardi 13 novembre 2012 à 18h30.

Comité poitevin contre l’aéroport de Notre-dame-des-landes

Contact: nonaeroportnddl86@yahoo.com et Infos sur la lutte: zad.nadir.org

Mail, 8 novembre 2012

[Notre-Dame-des-landes] Infos du 7 novembre

Dur début de journée, avec plus d’une trentaine de fourgons de CRS et gardes mobiles, franchissement de barricades et tirs de lacrymos. Deux interpellations au niveau des barricades du Farouezt. Pour l’info heure par heure, voir ici. Résistance !

Des zadistes ont mis en ligne leurs besoins en fournitures : n’hésitez pas à venir avec quelques trucs sous le bras ! Le 17 novembre, jour de la grande manifestation de réoccupation, ou avant…

Pour la lecture, voici un article argumenté d’Attac, appelant à « occuper Vinci » partout en mode décentralisé.

On finira par cet article sur le délire ultra-gauche-anarcho-autonome-violente, repris par Valls au sujet de Notre-Dame-des-Landes. Le grand flic en chef, responsables de tirs tendus, de gazages d’habitant-e-s, de destructions de maisons, qui parle de « violence » : juste LOL !

Pavillon Noir