Archives de catégorie : La rue grogne

[Madrid] Mails d’un pote sur la répression des indignéEs

Salut
 
Hier soir (mercredi), les Indignados de Madrid organisaient une calvalcade (coutume espagnole, avec des marionnettes de rois mages). Il y avait un Christ portant une croix de la consommation, enveloppée de papier cadeau, des rois mages Publicité, Consommation, Banques, qui fouettaient les fidèles, etc.
 
Au moment du rassemblement avant la manifestation, les policiers ont chargé : bilan une arrestation pour refus d’identification, et une jeune fille au cuir chevelu fendu (deux points).
 
Le projet de marche vers Paris/vers l’Élysée avance ; il a été proposé de la nommer Marche pour la souveraineté populaire.
 
@+

***

Salut
Après la répression de la veille (les policiers ont en fait blessé cinq personnes et non une seule, qui a eu 6 points de suture) nous appelions à un rassemblement de protestation sur la Puerta del Sol, à 18 h. Nous étions une quinzaine, perdus au milieu de la foule de touristes et de gens plongés dans le climat de fêtes de fin d’année.

Après avoir reçu le renfort d’une demi-douzaine d’Anonymous qui tractaient en soutien à Bradley Manning, nous décidons de déambuler dans les rues, en chantant des slogans (¡ Policia assessina !, Mas educacion y menos policia, etc.) puis d’aller déposer plainte, dans le climat légaliste des Indignés. La plainte est déposée au commissariat de centre-ville, à la réputation de plus grande dureté que les autres ; les policiers qui ont matraqué la veille viennent d’ailleurs de ce commissariat.

Sitôt arrivés devant le commissariat de centre-ville, tous les policiers qui ne faisaient rien sortent pour « contrôler » la foule dangereuse que nous représentons. Au total, je compte 23 policiers, en tenue, civil et motards. Ils savaient pourtant que nous étions des indignés, et donc totalement pacifistes et légalistes.

Petit à petit, leur jeu de « permettre la libre circulation » dégage l’entrée du commissariat, puis nous en éloigne de plus en plus, avec contrôles d’identité à la clef. Les Anonymous sont séparés de nous, et ils avaient d’ailleurs l’air perdus.

Mais là où on voit le climat de guerre sociale et d’extrême tension entre la police et ce qu’on peut appeler un groupe de hippies inoffensifs, c’est qu’au bout de 15 minutes, 5 fourgons de CRS sont arrivés. Mais ils se sont rendus compte que nous étions totalement inoffensifs, et ne sont même pas tous descendus. Par contre, ils ont entravé la libre circulation des honnêtes citoyens, les fourgons bloquant la rue un quart d’heure de plus. Au total, plus de 60 flics mobilisés pour nous 🙂

Par la suite, il a fallu argumenter sévèrement pour que la plaignante entre accompagnée, il a fallu dire qu’il s’agissait d’un témoin. En discutant avec les CRS, l’un d’eux a été acheter du chocolat au bébé d’une de nous. Alors que nous leur posions des questions sur le respect de leur code de déontologie, ils nous ont sorti une version actualisée, et nous l’ont donnée.

Mails d’un pote, 29 décembre 2011

[Chine] Grève des ouvriers de LG Group à Nanjing

[Chine] Grève des ouvriers de LG Group à Nanjing

En Chine, des milliers d’ouvriers se mettent en grève dans une usine

Des milliers d’employés d’une usine détenue par un groupe sud-coréen ont entamé une grève lundi 26 décembre à Nanjing, dans l’est de la Chine, a annoncé l’ONG China Labour Watch. Le pays enregistre depuis quelques semaines plusieurs mouvements de mécontentement des travailleurs.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1325068531.jpgLa Chine enregistre depuis quelques semaines plusieurs mouvements de mécontentement de travailleurs. Ici, un millier d’employés de la firme Hi-P International ont fait grève début décembre à Shanghaï.

Quelque 8000 employés de cette usine, détenue par le conglomérat sud-coréen LG Group, à Nanjing, ont cessé le travail, affirmant que les salariés sud-coréens du site avaient reçu des primes de fin d’année supérieures aux leurs, a rapporté l’organisation China Labour Watch, située à New York.

FAIBLES SALAIRES ET MAUVAISES CONDITIONS DE TRAVAIL

Des dizaines de milliers d’ouvriers chinois ont observé des mouvements de grève depuis novembre pour protester contre le faible niveau des salaires, voire les diminutions de salaire, et les mauvaises conditions de travail, causées par les réductions de dépenses des entreprises en raison du ralentissement économique dans le monde.

Le mouvement à l’usine LG a démarré lundi et est pour le moment pacifique, a indiqué l’ONG dans un communiqué. Des employés ont cependant renversé des meubles dans la cantine de l’usine. Une vidéo, postée sur Internet par un des ouvriers et mentionnée dans le communiqué de China Labour Watch, montre des travailleurs qualifiant d’« inutile » le syndicat, lors d’une réunion avec un médiateur mandaté par les autorités.

Le Parti communiste chinois redoute la formation de syndicats indépendants, qui pourraient menacer son emprise, et n’autorise donc qu’un seul syndicat, lié au gouvernement et doté de représentations locales.

CONFLITS DANS LE GUANGDONG ET À SHANGAÏ

Les grèves de ces dernières semaines se sont déroulées majoritairement dans la province du Guangdong (sud), un des centres manufacturiers de la Chine. C’est aussi dans cette province qu’ont éclaté plusieurs conflits sociaux, dont une manifestation contre une centrale thermique polluante qui a mal tourné à Haimen, et une « révolte » ouverte des villageois de Wukan.

Mais la grande ville des affaires, Shanghaï, a également connu plusieurs mouvements de mécontentement. Des centaines d’employés d’une usine à Shanghaï, détenue par le groupe électronique de Singapour Hi-P International, ont cessé le travail à la fin de novembre pour protester contre les modalités de délocalisation de leur site.

Les activistes soulignent que les autorités chinoises sont en général plus enclines à écouter les doléances des employés d’usines détenues par des groupes étrangers que celles émanant d’ouvriers de sites aux mains de groupes chinois.

Leur presse (LeMonde.fr), 28 décembre 2011.

[Algérie] L’émeute sociale refait surface

Algérie : L’émeute sociale refait surface

Algérie : Routes barrées et pneus brûlés à Boumerdès, Bouira, Tipasa, Mila et Béjaïa
L’émeute sociale refait surface

 Plusieurs wilayas du pays ont connu cette semaine des mouvements de protestation liés au chômage, à l’aménagement urbain, au manque de gaz et d’eau potable et, surtout, au problème de logement. Ces protestations ont pris toutes les formes d’expression : APC occupées, routes coupées, marches, rassemblements et même la chasse aux élus ! Le climat de tension, qui règne ces derniers jours dans la daïra Ifri-Ouzellaguen, suite à la distribution de 64 logements socioparticipatifs (LSP), a fini par dégénérer.

 En effet, dans la soirée de dimanche à lundi derniers, plusieurs citoyens parmi les non-bénéficiaires de ces logements ont procédé à la fermeture de la RN26 dans la localité de Hellouane, située à la sortie ouest du chef-lieu de daïra, provoquant d’importants bouchons dans les deux sens de cette route à grande circulation. Même l’ancien axe routier reliant la ville d’Ighzer-Amokrane à Lazib, dans la commune d’Akbou, a été bloqué par un autre groupe de manifestants au niveau de la même cité de Hellouane. Le chef de daïra d’Ifri-Ouzellaguen, accompagné du P/APC, s’est déplacé dans la soirée sur les lieux de la protestation pour tenter de dissuader les manifestants.

 Ces derniers protestent contre la manière avec laquelle ces 64 logements ont été distribués par les autorités locales. Ils ont tenu également à “dénoncer les pratiques malsaines auxquelles se sont livrés les responsables locaux qui ont fait appel à un pseudo représentant de la société civile pour cautionner leur démarche malintentionnée”. De leur côté, les habitants des quartiers Kerrouh et Chebilia, situés dans la commune de Hammam-Dalaâ, 30 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de M’sila, ont bloqué, dans la matinée de jeudi dernier, la RN6 reliant le chef-lieu de la commune à celui de la wilaya. Les protestataires réclament l’aménagement urbain et contestent l’opération de relogement lancée dernièrement. Dans la wilaya de Tipasa, les citoyens du village Halloula-Essahilia sont descendus dans la rue jeudi dernier et ont bloqué la RN67 en signe de protestation, réagissant ainsi à l’annulation de la visite programmée du wali de Tipasa, au cours de laquelle ils espéraient présenter leurs nombreuses doléances au premier responsable de la wilaya. Ils ont utilisés des pneus enflammés et divers objets hétéroclites pour dénoncer l’absence d’eau potable dans les conduites des habitations depuis cinq jours, la chute de l’un des enfants dans un canal du réseau d’assainissement et pour des revendications d’ordre social.

 La wilaya de Boumerdès n’a pas échappé au vent des protestations. Les habitants de Bogssiaâ, l’un des quartiers les plus populaires de Baghlia, commune située à l’est de la wilaya de Boumerdès, ont procédé carrément, avant-hier, à la fermeture du siège de l’APC, pour réclamer la rénovation du réseau d’assainissement dans les plus brefs délais. Pour ces citoyens, leur quartier est devenu invivable tant les odeurs qui s’en dégagent sont nauséabondes. “Nous avons adressé de multiples réclamations aux autorités locales afin qu’elles mettent fin à notre calvaire. Si nous avons décidé aujourd’hui de fermer le siège de l’Apc, c’est dans le seul et unique but de pousser les responsables à agir pour résoudre définitivement notre problème. Dans le cas contraire, nous radicaliserons notre mouvement de protestation, et ce, jusqu’à satisfaction de notre revendication”, avertit un citoyen.

Après avoir procédé à la fermeture de la RN33, du siège de la commune et celui de la daïra, les citoyens de Haïzer, dans la wilaya de Bouira, ont chassé le chef de daïra. Pour eux, il a failli à sa mission, qui est le développement de la ville, en général, et celui du chef-lieu, en particulier. Les protestataires menacent de durcir leur mouvement si ce dernier reprenait son poste. C’est à l’aide de pierres et de troncs d’arbre qu’ils avaient fermé tous les axes menant vers Haïzer. Les citoyens exigent une prise en charge de leurs revendications : la remise en état des routes et trouver une solution au manque d’eau potable, d’équipements publics et le relogement dans des sites éloignés. Pour ces contestataires, il est question de la dissolution de l’Assemblée populaire communale et du départ du chef de daïra. Par ailleurs, à Oued Athmania, au sud de Mila, le plus important axe routier (RN5) en matière de trafic automobile sur le territoire de la wilaya a été bloqué lundi matin. Des barricades ont été dressées sur la voie carrossable par des dizaines d’habitants. Les contestataires revendiquent l’eau potable, l’habitat rural et la déviation de la flotte de camions qui traversent quotidiennement la mechta.

Liberté, 27 Décembre 2011

[Benghazi] La colère gronde contre le conseil national de transition

Libye : La colère gronde contre le CNT

Les manifestations se multiplient à Benghazi contre le régime de transition

Mouammar Kadhafi est mort mais la Libye est loin d’être apaisée. Depuis plusieurs semaines, Benghazi, berceau de la révolution, vit aux rythmes des manifestations contre le Conseil national de transition (CNT). Moustapha Abdeljalil, le chef du nouveau régime libyen, s’est rendu dans cette ville emblématique pour calmer la colère du peuple.

L’heure de rendre des comptes a sonné pour le Conseil national de transition (CNT). Le nouveau pouvoir libyen doit faire face à une vague de contestation très vive à Benghazi, berceau de la révolution, rapporte RFI. La ville est en proie depuis deux semaines à des manifestations contre le CNT. Les protestataires pointent du doigt l’opacité du régime de transition et réclament plus de transparence, notamment dans la composition du nouveau gouvernement. Le dirigeant du CNT, Moustapha Abdeljalil, s’est rendu dimanche sur place pour tenter de calmer la situation.

Ce ressentiment à l’encontre du CNT fait désormais parti du quotidien des habitants de Benghazi. Certains d’entre eux réclament même la démission du régime de transition et de son dirigeant. Le 12 décembre dernier, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour les mêmes raisons. «  Le slogan du 17 février (jour des premières manifestations était la transparence)  ; où est-elle, messieurs  ?  », mais aussi  : «  Où est l’argent du pays  ?  ». Pour apaiser les tensions, Moustapha Abdeljalil a annoncé immédiatement la création d’un site internet du CNT et la mise en ligne des informations essentielles sur ses membres. Mais ces mesures n’ont pas donné satisfaction aux contestataires qui semblent bien décidés à poursuivre leur mobilisation.

Afrik.com, Assanatou Baldé, 27 décembre 2011

[Chine] « La gestion des mouvements de masse est de plus en plus difficile »

Chine: les révoltes citoyennes vont se multiplier, selon un haut responsable

Un haut responsable chinois, qui avait aidé à désamorcer la rébellion des habitants d’un village de Chine excédés par les expropriations, a estimé que le pays devait se préparer à d’autres protestations de ce type parce que les citoyens réclament le respect de leurs droits.

Des villageois de Wukan manifestent contre des expropriations le 19 décembre 2011

 Des villageois de Wukan manifestent contre des expropriations le 19 décembre 2011
 

« Dans cette région (du sud), il y avait beaucoup de problèmes qui n’ont pas été traités à temps. Et une fois que la violence a surgi, les retombées ont été graves », a déclaré Zhu Mingguo lors d’une réunion sur la stabilité sociale, cité par le quotidien officiel Guangzhou Daily.

« C’est comme une pomme pourrie en son coeur. A l’extérieur, la peau est rouge mais une fois qu’on l’ouvre, on ne peut plus rien faire », a-t-il ajouté.

 

Les paysans de Wukan, un gros bourg de 13.000 résidents, sur la côte de la province du Guangdong (sud), se sont révoltés pour dénoncer la corruption de leurs cadres communistes. Leur colère avait éclaté après des saisies de terres qu’ils jugeaient illégales.

« La conscience qu’a le public en matière de démocratie, d’égalité et des droits dont il dispose ne cesse de se renforcer, et par conséquent, les demandes augmentent », a déclaré le haut responsable chinois lors de cette réunion.

« La gestion des mouvements de masse est de plus en plus difficile », a-t-il ajouté.

Cette crise, qui a fait grand bruit dans le pays, s’est apaisée la semaine dernière. Les autorités chinoises ont libéré les meneurs de la rébellion, allégé la présence policière et envoyé une équipe chargée de recueillir les doléances de la population.

La presse officielle chinoise avait critiqué l’attitude des autorités locales à Wukan, qui avaient d’abord imposé une dizaine de jours de blocus au village avant d’opter pour une position plus conciliante.

AFP, 27 décembre 2011