Archives de catégorie : La rue grogne

Haimen (Guangdong, Chine) : manifestation contre une centrale thermique

Haimen (Guangdong, Chine) : manifestation contre une centrale thermique

Chine : une manifestation dégénère, violences de la police

 

Une manifestation contre une centrale thermique accusée de polluer l’environnement dans une ville du sud de la Chine, Haimen, a dégénéré, la police anti-émeute frappant brutalement les protestataires et les repoussant avec des gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins.

Ces violences se sont déroulées dans la province du Guangdong (sud), où est concentrée une part importante de l’industrie manufacturière chinoise travaillant pour les exportations, et où une série de conflits sociaux ont éclaté ces dernières semaines.

Des protestataires parlant par téléphone à l’AFP ont affirmé qu’un adolescent de 15 ans avait trouvé la mort et que plus de cent autres manifestants avaient été violemment frappés par les forces de l’ordre.

L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces faits de façon indépendante. Les autorités locales n’ont pas répondu à des appels téléphoniques de l’AFP et une femme contactée au Bureau de sécurité publique de Haimen a nié que des troubles aient éclaté dans la ville.

La ville de Haimen se trouve à environ 115 kilomètres au nord-est de Wukan, un village actuellement en rébellion contre les dirigeants locaux qu’ils accusent de corruption.

AFP, 20 décembre 2011

vu sur Brèves du désordre

[Egypte] Répression sur la place Tahrir, déclarations gerbantes de généraux

Nouvelle charge des forces de l’ordre sur la place Tahrir

LE CAIRE (Reuters) – La police et l’armée égyptiennes ont tiré des coups de feu et fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques mardi pour tenter une nouvelle fois, pour la cinquième journée consécutive, de déloger de la place Tahrir du Caire des manifestants hostiles au pouvoir militaire.

D’intenses fusillades ont résonné à travers la place tandis que les forces de sécurité chargeaient des centaines de manifestants refusant de quitter les lieux, ont déclaré des activistes et un journaliste de Reuters.

« Des centaines de membres de la sûreté de l’Etat et de l’armée ont pénétré sur la place et ont commencé à tirer sans relâche. Ils ont poursuivi des manifestants et brûlé tout ce qui était sur leur passage, y compris du matériel médical et des couvertures », a dit Ismaïl, un manifestant, au téléphone.

Avant cette intervention des forces de l’ordre, des manifestants ont tenté de briser un mur de briques érigé pour bloquer l’accès au parlement, situé non loin de la place Tahrir.

De sources médicales, on estime que 13 personnes sont mortes et des centaines d’autres ont été blessées depuis le début de ces nouveaux affrontements vendredi sur la place Tahrir, épicentre du soulèvement ayant abouti en février au renversement d’Hosni Moubarak. Des manifestants affirment que ce bilan va s’alourdir avec la dernière intervention des forces de l’ordre.

« Certains de ceux qui sont tombés avaient des blessures par balles aux jambes », a dit Ismaïl.

Des personnalités politiques et des membres du parlement ont tenté de se rendre sur la place mais ont fait demi-tour en raison des fusillades, a ajouté ce manifestant.

Une source militaire a fait état de 164 arrestations. Une source au sein des services de sécurité a déclaré qu’un jeune homme de 26 ans était mort en détention sans que l’on connaisse la cause de son décès.

« FOURS CRÉMATOIRES »

L’agence de presse Mena a rapporté que le parquet avait placé en détention 123 personnes arrêtées pour refus d’obéissance, jets de pierres contre les forces de l’ordre et incendies de bâtiments publics. Le parquet a relâché 53 autres personnes.

Dix mois après le renversement d’Hosni Moubarak, une partie de la population soupçonne l’armée de profiter de son rôle à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir. D’autres savent gré aux militaires de chercher à maintenir le calme et l’ordre afin de permettre le bon déroulement des élections, qui se déroulent par phases depuis fin novembre.

Les images d’une femme à terre brutalisée par les forces de l’ordre et traînée au sol au point de faire apparaître ses sous-vêtements ont toutefois choqué de nombreux Egyptiens.

L’armée, elle, se défend. Le général Adel Emara a assuré qu’il s’agissait d’un incident isolé et que l’armée n’avait pas donné l’ordre d’évacuer la place Tahrir par la force.

« Depuis le début de la révolution, des forces malveillantes tentent d’entraîner l’Egypte dans le chaos et placent l’armée dans une situation de confrontation avec le peuple », a-t-il dit.

« Ce qui est en train de se passer n’a rien à voir avec la révolution et sa jeunesse pure, qui n’a jamais souhaité mettre à terre ce pays », a-t-il ajouté.

Les dernières violences sur la place Tahrir ont provoqué l’incendie de la bibliothèque de l’Institut d’Egypte, fondé il y a plus de deux siècles.

« Que ressentez-vous lorsque vous voyez l’Egypte et son histoire brûler sous vos yeux? », s’est indigné le général à la retraite Abdel Moneim Kato, conseiller de l’armée, dans le journal Al Chorouk, en dénonçant des « vagabonds qui mériteraient de brûler dans les fours crématoires d’Hitler ».

Reuters, 20 décembre 2011

[Le Caire] Dernières nouvelles de la révolution égyptienne

[Le Caire] Dernières nouvelles de la révolution égyptienne

Dans le contexte de la seconde phase des élections marquée par des irrégularités et des fraudes qui rappellent tristement l’époque Moubarak, l’armée a de nouveau commis une répression féroce contre le dernier bastion de la révolution.

Rappelons la chronologie des faits, depuis la chute de Moubarak le 11 février 2011, l’armée a commis des bavures et des massacres de façon systématique contre les révolutionnaires tous les mois : le 11 février, le 25 février, le 9 mars, le 8 avril, le 15 mai, le 28 juin, le 23 juillet, le 5 août, le 9 septembre, les 5 et 9 octobre, le 19 novembre et finalement les 14, 16 et 17 décembre.

Les faits récents ont commencé la nuit du 14 décembre lorsqu’une femme inconnue a distribué des sandwichs de viande et du poisson avariés ou empoisonnés aux occupants des environs du conseil des ministres, quelques centaines de manifestants qui campaient autour du conseil des ministres depuis trois semaines empêchant le premier ministre et son gouvernement d’y accéder. En plus des revendications de la révolution jamais assouvies, les occupants réclamaient la traduction en justice des auteurs des massacres précédents ainsi que la libération des prisonniers qui furent traduits devant les tribunaux militaires et l’indemnisation des familles des martyrs et des soins adéquats pour les milliers des blessés. Complètement isolés de la population grâce à une campagne mensongère menée par le SCFA depuis des mois et dormant dans le froid, ils étaient  cependant prêt à aller jusqu’au bout, et ce en dépit des tentatives de négociations menées par des personnalités politiques pour les convaincre de déguerpir en paix pour éviter un nouveau bain de sang.

Le soir du 14 décembre, ayant appris la nouvelle de l’intoxication de 60 occupants par des sandwich empoisonnés, je me suis rendue  auprès d’eux en les mettant en garde contre une évacuation par la force qui n’allait pas tarder, et en les suppliant de quitter les lieux. Ils sont malheureusement demeurés sourds à mes appels. Vers 2 heures du matin le 16 décembre, les forces armées retranchées dans le bâtiment du conseil des ministres ont déclenché la bataille en les arrosant de jets d’eau froide, lançant des pierres, des morceaux de verre et en leur balançant des meubles à partir du balcon du conseil. Les attaques se sont développées sur le terrain le vendredi 16 par l’incendie des tentes, des tirs de balles réelles ; des jets de cocktails molotov, l’enlèvement des jeunes filles et leur torture dans le bâtiment du parlement et de nombreuses atrocités rapportées par deux nouveaux jeunes fraîchement élus : Amr El  Hamzawi et Ziad El Oleimi. Ce dernier a été férocement battu et porté immédiatement plainte contre l’armée qui lui a dit va te faire foutre avec ton parlement.

L’armée a ensuite mis le feu partiellement dans le bâtiment du Conseil des ministres, celui tout proche de l’entreprise des ponts et chaussées et l’édifice classé de l’association de géographie, dont le plafond est un des joyaux de l’architecture du XIXe siècle. À l’heure où je vous écris, la bataille continue sur la place Tahrir où les manifestants s’étaient retranchés suite à l’évacuation des alentours du CM.

Le scénario de l’empoisonnement, qui rappelle des méthodes d’un autre âge, était envisagé pendant la révolution, pour tuer les occupants de Tahrir le mercredi sanglant du 2 février, il était prévu de distribuer des jus empoisonné aux manifestants, avant d’opter pour l’attaque par les chameaux et les chevaux.

Le bilan provisoire de la répression des 16 et 17, plus de cents blessés ; 6 morts parmi lesquels un enfant, un médecin, un ingénieur et un jeune cheikh de l’Azhar, qui organisait la collecte des ordures pendant l’occupation. Ce qui dément les assertions des militaires qu’il ne s’agit que des voyous. À signaler le refus du ministère de l’Intérieur d’exécuter ce sale boulot.

La révolution égyptienne passe par un étape très difficile, mais ce n’est qu’une bataille perdue dans une longue guerre.

No Pasaran

Galila El Kadi
Le 17 décembre

L’institut d’Égypte, créé par les savants de l’Expédition de l’Égypte vient d’être complètement détruit par un incendie criminel. L’institut se trouve à proximité du conseil des ministres, le bâtiment n’a pas une grande valeur architecturale, mais contient des milliers de documents rares, plus rien ne subsiste.  Ce nouveau crime d’une junte militaire ignorante, arrogante et criminelle a été attribué aux révolutionnaires qui tentaient d’éteindre le feu, mais deux d’entre eux furent tués froidement par balles selon les dire des témoins présents sur les lieux hier soir.

Aujourd’hui, une grande manifestation a eu lieu à l’Azhar suite à l’enterrement du jeune cheikh azhari tué par balles hier devant le conseil des ministres. Le cortège funèbre regroupant près de dix mille manifestants, hommes et femmes de toutes les classes sociales, a emprunté la voie  voie express Salah Salem, avant de se diriger vers Tahrir, ses rangs grossissaient tout au long de son parcours de 5 km. Arrivé à Tahrir il fut rejoint par d’autres cortèges venant des universités de Ain Chams et du Caire.

À l’heure actuelle, des milliers de manifestants sont sur la place. L’armée l’avait évacué ce matin et interdit, comme en Syrie à toutes les agences de presse , les télévisions et les reporters de filmer la scène. Des agents de l’armée sont montés dans les immeubles donnant sur la place, se sont introduits par la force dans certains appartements, et saisi  tous les appareils photos et les téléphones portables de leurs possesseurs.

Jura Libertaire, 18 décembre 2011

[Paris] Manif d’étudiant-e-s et de migrant-e-s contre Guéant

Etudiants et sans papiers défilent à Paris contre la politique de Guéant

Etudiants étrangers et sans papiers ont défilé ensemble dimanche à Paris à l’occasion de la journée mondiale des migrants et à l’appel de douze organisations pour protester contre la politique d’immigration de Claude Guéant, a constaté un journaliste de l’AFP.

Entre 950 personnes selon la police et « 3.000 à 5.000 » selon les organisateurs ont défilé derrière la banderole « Ensemble pour les droits et la dignité des migrant-e-s ».

« Nous dénonçons le durcissement en France des lois sur les migrants, de plus en plus précarisés qu’ils soient ou non sans papiers, et l’utilisation politicienne de cette question », a expliqué à l’AFP Brigitte Cerf du Réseau éducation sans frontières (RESF).

« On vote ici, on étudie ici, on vit ici, on reste ici/Régularisation de tous les travailleurs sans-papiers », ont scandé les manifestants.

Dans le cortège, des étudiants étaient venus demander le retrait de la circulaire Guéant du 31 mai, à cause de laquelle de nombreux diplômés étrangers n’ont pas pu obtenir un changement de statut d’étudiant à salarié, bien que recrutés par des entreprises françaises.

« Etudiants étrangers indignés = diplômés, recrutés, expulsés », était-il écrit sur leur banderole.

« Le gouvernement nous balade avec des déclarations de bonnes intentions, disant qu’il y a eu des erreurs qui sont corrigées, mais quand y aura-t-il des instructions, noir sur blanc, aux préfets pour éviter les erreurs qui continuent? », a dit à l’AFP Hajer Gorgi, porte-parole du Collectif du 31 mai.

Selon elle, seuls 250 cas ont été réglés sur 900 et de nouveaux s’accumulent chaque semaine car « les DRH en viennent maintenant à limiter leurs recrutements de diplômés étrangers, une discrimination à l’embauche complètement illégale qui est poussée par le gouvernement ».

De par leurs diplômes et les langues qu’ils parlent, ces étrangers ne sont pourtant pas en concurrence sur des postes avec des chômeurs français, a assuré Hajer Gorgi, pour qui « aujourd’hui, le mal est fait, l’image de la France est ternie dans de nombreux pays ».

« Students of the world You’re not welcome anymore » (« Etudiants du monde entier, Vous n’êtes plus les bienvenus ») ou « France, the world is watching you » (« France, Le Monde te regarde »), était-il écrit sur des pancartes.

CGT, Collectif du 31 mai, FSU, Unef, Autremonde, Cimade, Femmes Egalité, Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), Ligue des droits de l’homme (LDH), Mrap, RESF et SOS Racisme appelaient à cette manifestation.

AFP, 18 décembre 2011

[Etel] Pour Noël je voulais de la neige, pas du mazout

Pour Noël je voulais de la neige, pas du mazout *

* Slogan peint la nuit de vendredi à samedi par un ou une anonyme sur la coque du cargo échoué

 Récit de la manifestation

 Samedi après-midi, route vers Etel pour dénoncer les aberrations du transport maritime, pilier de la circulation des marchandises dans le cadre du capitalisme, et pour manifester notre colère face à l’échouement du cargo battant pavillon maltais. Un pavillon de complaisance parmi d’autres. La France a le sien, pas de quoi faire la leçon !

Les affiches de la fédération anarchiste de 2000 éditées au moment du naufrage de l’Erika, « logique de profit : logique de mort« , sont ressorties. Rien n’a donc changé ? A l’époque, nous criions révolution, face aux incuries du capitalisme et de l’Etat, nous mettions en avant l’autogestion… L’idée n’a pas pris. Alors les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Pas encore arrivé sur le lieu du rassemblement, qu’au bord de la route, des hommes vêtus de kaki et gilets jaunes sont en armes… Des chasseurs en battue ! A quelques kilomètres de là, un immense navire laisse échapper son fioul dans la mer et sur la plage. Ne pouvant être remis en mer, il faudra plusieurs mois pour démanteler les dizaines de milliers de tonnes de métal… Et des humains en sont encore à traquer les quelques mammifères sauvages qui restent dans les petits bois d’à côté… Pffff !

Il fait beau. Dans le bourg d’Etel, parmi les dizaines de personnes déjà présentes, quelques têtes connues… Des militantes et militants écolos, de gauche. Les copains du groupe libertaire qui ont pu se rendre disponibles arrivent. Les drapeaux noirs sont de sortie, les poussettes pour les enfants aussi. Nous partageons ce sentiment de Léo Ferré, « je préférerai toujours le drapeau noir à la marée en robe noire. »

Nous sommes maintenant près de 400 à partir en cortège, vers la barre d’Etel, où se trouve le bateau. On sort le mégaphone, on scande de temps à autre, « le capitalisme : ça tue, ça pue et ça pollue« , « Fukushima irradié, Erdeven mazouté, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer« , « ce n’est pas les immigrés qu’il faut expulser, mais le capitalisme et les autorités« … Grâce aux mobilisations populaires, Erdeven a déjà échappé à une centrale nucléaire en 1975, à l’extraction de granulats marins par le cimentier Lafarge en 2009… Le Peuple des dunes sait réagir. Pourtant, en 1999-2000, les plages avaient été souillées par le pétrole de l’Erika. En 2011, du fioul à nouveau, certes en moins grande quantité, se répand mais le bateau (poubelle ?) restera immobilisé sur la plage durant un paquet de temps…

Alors que l’on marche, tel dans un décor de cinéma d’anticipation, ou dans une BD de fiction, le haut du cargo échoué surgit par dessus les dunes… Etrange, on dirait que c’est faux, qu’il a été ajouté. Mais non, on s’approche, il est bien réel : horreur ! Un hélicoptère de gendarmerie survole la marche, sans doute en nous filmant copieusement…

gendarmes et manifestantsOn retrouve d’autres manifestant-e-s sur la plage et c’est un demi millier de personnes qui convergent vers la masse métallique où s’agitent quelques hommes en blanc, personnels de nettoyage.

Alors qu’elle avait en principe été négociée par le Préfet, l’autorisation d’inscrire « Joyeux Noël, les arma-tueurs » sur la coque nous est refusée. Une première haie de gendarmes (pas agressifs, ni casqués… mais quand même !) nous barre la route. Des négociations / tergiversations sont entamées avec le chef des gendarmes. Le Préfet a renié sa parole… (de la part de « l’autorité déconcentrée de l’Etat » (comme cela s’appelle !), sont surpris ceux et celles qui veulent bien l’être…). On se masse devant cette haie. Les flics discutent aussi avec nous. Ils savent que la démarche est pacifique… Ca traine un peu. Des slogans fusent par intermittence. Une 2ème haie de gendarmes se met en place, puis une troisième. Ca fait une heure que l’on poireaute, on sait que l’on ne nous laissera pas passer.

 gendarmes.JPG Il fait froid au bord de mer. Des familles ont déjà décampé. On décide de forcer tranquillement la première haie. Une sorte de mêlée de rugby se forme, sans coups portés, la 2ème ligne de gendarmes vient renforcer la première. Ils nous contiennent. Tel un ailier, un copain, drapeau noir en main, tente une sortie en rasant les vagues. Il se fait prendre, tombant même à l’eau ! Pour ce qu’on en a vu, il semble que les flics un peu plus anciens aient pris notre tentative de forcer le barrage, sans trop s’énerver ; d’autres, plus jeunes, nous ont poussés sans ménagement, les gazeuses à portée de main. Il n’en sera pas fait usage, ni de matraques… heureusement !

Le copain arrêté est relâché au bout de 10 minutes par un autre chemin. Les gendarmes lui ont même dit « vous avez raison de faire ce que vous faites« … !! Ce n’est pas sans rappeler un sketch de Coluche :
Dans une dictature, « un flic interroge un passant :
– Qu’est-ce t’en penses, toi ?
– Eh bien, comme vous !
– Je t’arrête alors ! »

Il est quand même remarquable qu’il n’y ait aucune autorité étatique pour empêcher un immense et vieux bateau de prendre la mer depuis le port de Lorient, alors qu’une puissante tempête se déchaîne… En revanche, l’Etat retrouve l’usage de sa force légale pour retenir des manifestant-e-s qui voulaient juste faire un tag sur la coque…
Et on s’étonne qu’on soit anarchiste !
On aimerait aussi que la facture de cette mobilisation des forces gendarmesques soit adressée aux groupes privés affrêteurs du bateau et/ou à l’armateur… Mais, ne nous racontons pas d’histoires, c’est bien la collectivité qui assumera ces dépenses.

Une enquête va être menée pour définir la chaîne des responsabilités. Le commandant de bord est apparemment seul maître à bord, selon la Loi. L’autorité maritime n’est pas en mesure de l’empêcher de partir… Il restera à voir s’il n’a pas eu d’ordre de l’armateur (basé en Turquie) ou de l’affrêteur qui voulait que sa cargaison soit rapidement récupérée. C’est que la rotation du capital est en mode accéléré en ce début du XXIème siècle.

Les politiciens parlent de légiférer plus drastiquement. N’est-ce pas le simple bon sens qui aurait du faire en sorte que le navire reste à quai ? Mais la logique de profit s’asseoit sur ce simple bon sens.

En société autogérée, sans classes ni Etat, parce qu’il n’y aurait pas de capital à accumuler, une bonne partie de la production / consommation serait relocalisée et des marchandises-gadgets même pas fabriqués ! Le transport de fret maritime serait ainsi réduit.

D’ailleurs, il en serait fini de la propriété privée des navires et cargaisons : bien commun de l’Humanité. Les navires seraient uniquement commandés par le collectif des marins, en autogestion, qui y travaillent et qui s’assureraient de leur fiabilité …

En attendant la rupture révolutionnaire, nous plaidons pour le contrôle syndical des navires, pour des normes internationales définies par les organisations de travailleurs-marins et la réappropriation du transport maritime par la population (sécurité, écologie, conditions de travail…).

Blog des Groupes Lochu-Ferrer (Fédération Anarchiste 56)