Archives de catégorie : La rue grogne

[Saint-Savin 86] Les intermittents font pleuvoir sur le festival des Nuits romanes

La première Nuit Romane très arrosée à Saint-Savin

Une action des intermittents faisait craindre une première Nuit Romane perturbée hier soir à Saint-Savin. Elle l’a été surtout à cause des conditions météorologiques. En effet, vers 21 h, des bourrasques de vent et une pluie battante ont obligé de nombreux spectateurs à quitter le site pour se mettre à l’abri. Cependant, le prélude musical programmé avant le spectacle du groupe F, compagnie spécialisée en pyrotechnie, a pu commencer la soirée avec un retard d’une trentaine de minutes. De plus, quelques incidents techniques dus aux conditions ont aussi perturbé le bon déroulement de la soirée.

Avant le spectacle, un discours inaugural par Ségolène Royale était prévu mais pour des contraintes d’agenda selon la Région, la ministre de l’Écologie n’a pu se déplacer. Les intermittents, accompagnés de quelques employés de Federal Mogul, sont intervenus au micro pour défendre la protection sociale des salariés et dénoncer la politique nationale menée par le gouvernement. Ils estiment que c’est leur présence qui « a conduit à l’absence de Ségolène Royal à Saint-Savin ». « Ça montre que le gouvernement craint les conséquences des choix politiques qu’ils font pour l’ensemble des salariés », a déclaré le Niortais Sébastien Coutant, délégué CGT spectacle.

Alexis Couturier, Nouvelle République, 29 juin 2014
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Mise à jour 6 juillet 2014 :

Les intermittents ont protesté contre la réforme de leur statut dès l’ouverture des Nuits Romanes. Enquête, dans la Vienne, sur un système inégalitaire.

Le conflit des intermittents n’a pas quitté la scène. Samedi 28 juin, lors de la première Nuit Romane à Saint-Savin, ils se sont une nouvelle fois emparés du micro pour dénoncer la politique du gouvernement à leur égard. « Intermittents, on ne joue plus », pouvait-on lire sur l’une des banderoles, signe que le mouvement se durcit au moment où débutent les festivals d’été dans la Vienne. En première ligne, Sébastien Coutant, représentant de la CGT-spectacle, qui est vent debout contre la réforme de leur régime d’indemnisation chômage qui, croit-il, « va rajouter de la précarité ».

 «  C’est vite fait de dire que l’on est des profiteurs  »

Mais, malgré la mobilisation qui dure depuis le début du mois de juin, le gouvernement a décidé d’agréer la nouvelle convention de l’assurance chômage qui a été publiée, jeudi 1er juillet, au Journal Officiel.
Les récentes grèves ont mis en lumière un système méconnu du grand public, celui des intermittents du spectacle. « Intermittent n’est pas un statut – notre statut c’est salarié – ni une différence, ni une exception », martèle sans relâche Sébastien Coutant, coupant court à l’idée que les intermittents seraient des « privilégiés ». « On peut avoir trois contrats dans le même mois, surenchérit Pascal Faïdy, dans le métier depuis 1997 et à la tête d’un quintette de jazz dans la Vienne. Ce sont souvent des contrats d’une journée pour un festival, un spectacle. » Ajoute : « C’est vite fait de dire que l’on est des profiteurs. » Prend l’exemple d’un musicien local qui « gagne 1.500 € par mois ».

Le chômage au prix de 120 concerts

Intermittent est un régime spécifique créé en 1936 sous le Front populaire. D’abord pour les techniciens du cinéma. Puis, un an plus tard, une ordonnance généralise le principe de l’assurance chômage aux artistes.
En 1982, le régime permet une indemnisation chômage à partir de 507 heures de travail sur dix mois pour les techniciens et sur dix mois et demi pour les artistes. Ce qui équivaut à un peu plus de douze heures de travail hebdomadaires pour un chanteur. Une quantité de travail bien souvent très inégalement répartie au cours de l’année : « Mon mois de juin est plus chargé que les autres avec les chorales d’écoles. Les arrangements prennent beaucoup de temps », explique Jean-Yves Monjauze, pianiste et ancien étudiant au Conservatoire de Poitiers. Car on parle là de 507 heures de présence visible, comprenez sur scène : un artiste n’est pas payé lorsqu’il répète.
Le chanteur Mirana, originaire de Poitiers, actuellement en répétition à Buxerolles, explique que « les 507 heures de travail sont plus difficiles à atteindre pour un artiste » qu’un technicien : « Un ingénieur du son peut intervenir sur plusieurs manifestations à la fois » quand un chanteur lutte âprement pour faire partie des programmations des festivals. Il a récemment calculé qu’il lui fallait « 120 dates de concert en salle par an » pour atteindre ces 507 heures de travail. Aujourd’hui, Mirana – qui exerçait au départ le métier d’ingénieur du son avant de monter sur scène, voilà un an et demi – n’exclut pas de « repartir à l’École française d’audiovisuel à Paris » pour valider un diplôme.

Métier de passion

Surtout que le régime des intermittents du spectacle consacre la liberté de l’employeur qui n’a pas l’obligation de se justifier sur la durée du contrat et n’a aucune responsabilité envers la carrière des personnes qu’il emploie. « On n’a pas d’évolution de carrière et des retraites très faibles pour ceux qui peuvent la prendre », note Sébastien Coutant de la CGT-spectacle.
Mais qu’importe assure Jean-Yves Monjauze. Lui qui « n’a pas pris part aux manifestations », dit « soutenir le mouvement des grévistes ». Intermittent, avant tout un métier de passion pour le pianiste : « Si je n’aimais pas ça, je n’en aurais pas fait mon métier. »

aller plus loin

De fortes inégalités salariales

Le revenu moyen des intermittents du spectacle atteint 2.322 € par mois quand on cumule salaires et indemnités, selon un rapport de l’Assemblée nationale, soit plus que le salaire moyen des Français en 2013, 2.130 €. Un chiffre qui cache de fortes inégalités selon le rapport : « Le revenu médian des intermittents s’élevait en 2009 à 13.700 € annuels quand le revenu médian des salariés travaillant à temps plein dans le secteur privé et le semi-public était de 18.400 €. » Une comparaison qui « met en évidence la faiblesse de la rémunération des artistes auteurs ».

en savoir plus

Le Medef  » disposé à une concertation « 

Au niveau national, le Medef, en première ligne sur le dossier, a proposé de supprimer le système d’indemnisation chômage des intermittents ou encore de moduler l’indemnisation des chômeurs en fonction de la conjoncture.
Alors que la convention a été agréée par l’État le 1er juillet, et face à la montée de la contestation, Mathias Augereau – délégué général adjoint du Medef dans la Vienne – affirme que c’est « à l’État de prendre ses responsabilités » et fait savoir que le Medef est « disposé à une concertation entre les parties prenantes ».

le chiffre

254.394

C’est, selon un rapport parlementaire, le nombre de personnes salariées qui ont cotisé au régime des intermittents, en 2011. Mais toutes ne sont pas indemnisées puisqu’il faut justifier de 507 heures de travail : seules 108.658 personnes ont bénéficié d’au moins une journée d’indemnisation. Dans la Vienne, on comptabilise environ 1.300 intermittents indemnisés.

la phrase

 » Pas la volonté d’empêcher la tenue des festivals « 

Malgré l’intervention des intermittents lors de la première Nuit Romane, Jean-François Macaire, président de Région, « ne pense pas qu’ils aient l’intention de bloquer les festivals ou d’empêcher leur tenue ». En revanche, il n’exclut pas « des intrusions pour se faire entendre ». Avant de conclure : « Je ne suis pas trop inquiet. »
La Région Poitou-Charentes soutient plusieurs festivals : Le Lavoir électrique (à partir du 5 juillet), Au Fil du Son (25 et 26 juillet), les Nuits Romanes (de juin à septembre), Neuvil’en Jazz (du 24 au 27 juillet) et les Soirées lyriques de Sanxay (9, 11 et 13 août).

Adrien Planchon, Nouvelle République, 6 juillet 2014

[Chauvigny] Le MEDEF chahuté

Chauvigny : des manifestants s’invitent à l’AG du Medef

Une trentaine de personnes, dont des salariés CGT de Fédéral Mogul, des intermittents ainsi que des chômeurs ont souhaité se faire entendre auprès des chefs d’entreprise réunis à Chauvigny salle Charles-Trenet à l’occasion de l’Assemblée générale du Medef de la Vienne (Mouvement des entreprises de France). Vers 17h30 ce jeudi, ils se sont couchés dans le hall de la salle, puis se sont postés aux abords du lieu. Leur but: dénoncer la nouvelle convention d’assurance chômage, dont la date d’entrée en vigueur (le 1er juillet) a été officialisée par un arrêté publié au Journal officiel ce jeudi.

Nouvelle République, 26 juin 2014

[Chasseneuil-du-Poitou 86] La CGT un peu débordée par la base

NdPN : et un peu de débordement, ça ne fait jamais de mal pour se faire entendre ! C’est ce que semblent avoir exprimé les salarié.e.s, sans doute las.ses des parcours « balisés » en forme d’enterrement des luttes… et des positions étouffantes des bureaucrates censés les « représenter » (voir la fin de l’article ci-dessous).

Mise à jour : voir aussi ce nouvel article de la NR (27 juin 2014)

Chasseneuil-du-Poitou. La manifestation se termine à Auchan

Quatre cents salariés, du public comme du privé, ont manifesté, ce jeudi, tout autour de l’usine Federal Mogul. La CGT souhaite profiter de la médiatisation des Championnats de France cyclisme du contre-la-montre pour faire passer ses revendications. A la fin, une cinquante de manifestants sont sortis des sentiers battus pour se rendre dans la galerie commerciale de Auchan.

Ce sont les salariés de Federal Mogul – qui n’acceptent pas le plan social que leur propose leur direction – qui ont pris, à vélo, la tête du cortège, ce jeudi matin. Les salariés du fabriquant de pistons étaient épaulés dans leur lutte par les intermittents du spectacle qui protestent toujours contre la réforme de leur système d’indemnisation chômage. Des salariés de la fonction publique sont également venus grossir les rangs.

Les quatre cents manifestants, partis à 11 h devant le site de Federal Mogul, à Chasseneuil-du-Poitou, ont entamé une boucle de 2,5 km tout autour de l’usine. Le cortège était très bien encadré par les forces de l’ordre lors d’un parcours parfaitement balisé.

Pas de débordement

Mais, alors que les manifestants s’apprêtaient à retourner devant l’usine de Federal Mogul, une cinquantaine d’entre eux a pris l’initiative, contre l’avis de la CGT, de se rendre dans la galerie commerciale de Auchan située à quelques centaines de mètres de là. A l’intérieur de la grande surface, et toujours à vélo, les salariés ont fait bruyamment entendre leurs revendications avant de ressortir. Aucun débordement n’est à signaler.

De son côté, Catherine Giraud, secrétaire de l’UD-CGT, a déclaré que, dans le centre commercial, elle n’avait « pas l’impression que les manifestants aient détérioré quoi que ce soit ». Et dit « comprendre le mécontentement des salariés » tout en espérant que ce week-end « ils ne fassent pas pire que ce qui a été fait là ».

Adrien Planchon, Nouvelle République, 26 juin 2014
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Depuis 11 h, plus de quatre cents personnes manifestent dans le cadre de la journée interprofessionnelle des luttes lancée par la CGT, à Chasseneuil-du-Poitou, au moment où débutaient les championnats de France cyclistes. Rassemblés devant le site de Federal Mogul, les manifestants regroupant les salariés du fabricant de pistons, des intermittents du spectacle, des agents de la fonction publique territoriale, etc., ont entamé une boucle de 2,5 km entre le site menacé de fermeture d’ici la fin de l’année avec ses 241 emplois, et le rond-point de Leroy-Merlin. Le cortège était ouvert par une cinquantaine de vélos. A l’issue de la manifestation, quelques manifestants ont décidé de quitter le circuit «officiel» à vélo en se dirigeant vers le centre commercial d’Auchan, aussitôt pris en chasse par les forces de l’ordre.
Dépêche Nouvelle République, 26 juin 2014

[Poitiers] Greffes : vers une grève reconductible ?

NdPN : voir notre précédent article ici sur le mouvement des greffes.

Poitiers: les personnels des greffes durcissent le ton

De nombreux dossiers sont renvoyés aujourd’hui du fait de la grève des personnels des greffess. Une délégation s’est invitée dans les différentes salles d’audience du palais de justice pour lire une motion réclamant plus de moyens humains et financiers. Certaines organisations syndicales appellent à une grève reconductible.

Dépêche Nouvelle République, 24 juin 2014

Greffes en colère : le ton monte

Poitiers. Le mouvement de protestation des greffes a pris une nouvelle ampleur hier. Le ton se durcit, certains appellent à la grève reconductible.

Le rendez-vous du 2 juillet prochain risque d’être chaud au palais de justice de Poitiers. La délégation du ministère de la Justice est d’autant plus attendue qu’elle n’a pas prévu de rencontrer les plus remontés.

« Ils viennent voir les greffiers en chef mais pas nous », relèvent les personnels des greffes qui se sentent les oubliés de la réforme en cours.
Le mouvement de protestation des personnels des greffes, réclamant davantage de moyens humains et financiers, avait débuté dans la bonne humeur en avril dernier. Il s’est poursuivi depuis à bas bruit. Mais, hier, le ton était nettement plus bruyant et agressif alors que les négociations sont au point mort.

«  Ils refusent de voir ce que l’on fait au quotidien  »

La brochure de présentation de la réforme publiée en mai par le ministère de la Justice les a fait bondir. Elle a été prise comme une gifle. « Ils refusent de voir ce que l’on fait au quotidien, le travail d’assistance du magistrat, le conseil quand il s’apprête à prendre une décision qui est illégale, quand ils oublient de notifier un sursis avec mise à l’épreuve ou un travail d’intérêt général. Ça, ce n’est pas de l’assistance telle qu’elle est définie dans nos statuts ? »
Les manifestations des cheminots, des intermittents, des agriculteurs et des Federal Mogul sont passées par là. « Eux, on les écoute, nous, non ! », témoignent des greffières. « Tout le monde s’inquiète de savoir quel festival risque d’être annulé cet été, mais la justice, les gens s’en foutent ! »
Une petite banderole tendue en travers de la colonnade du palais annonce la couleur en ce mardi où nombre d’audiences se tiennent. A l’intérieur, le cortège est plus bruyant : grelots et cymbale improvisée, avertissent de l’irruption du cortège des greffiers et personnels des greffes.
Au civil, le président renvoie tous les dossiers et rend hommage au personnel qui manifeste. A la chambre sociale, le président consent à une brève interruption pour permettre la lecture d’une motion. Le matin, le président de la cour d’assises avait fait de même. Le cortège est ensuite descendu jusqu’au conseil des prud’hommes tandis qu’à la correctionnelle, seul un gros dossier a été retenu.
« Il y avait un préavis de grève pour aujourd’hui, mais certaines organisations appellent à une grève reconductible », explique une greffière qui prévoit déjà d’être de nouveau en grève demain où de nombreuses audiences sont programmées.
« Notre problème, c’est que ça ne se voit pas. On n’est pas des cheminots ! Je ne suis pas allée à une audience ce matin, un autre greffier a été désigné. »
Jeudi, le mouvement des greffes va se télescoper avec l’appel à la grève des avocats qui réclament la revalorisation de l’aide juridictionnelle.
A tous les bouts de la chaîne judiciaire, ça craque, ça proteste, ouvertement ou non, en dénonçant la faiblesse des moyens octroyés.

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Un rôle méconnu mais essentie

La phrase revient tout le temps dans la bouche des greffiers : « De toute façon, les gens ne savent pas à quoi on sert ! »
Dans un palais de justice, à tout ou presque ! Sans greffier, les palais de justice sont bloqués. Sans sa signature, le jugement rendu n’a pas de valeur authentique. Il enregistre les affaires, prévient les parties des dates d’audience, prépare les dossiers pour les magistrats, les conseille lors des audiences en cas de doute, rédige les procès-verbaux et met en forme les décisions… Il est aussi l’intermédiaire entre les magistrats, les avocats et le public. « Nous sommes impliqués dans de nombreuses missions, endossant de plus de responsabilités qui ne sont pas les nôtres mais nécessaires à une bonne administration au prix d’horaires extensibles et au détriment d’une rémunération conforme à notre engagement personnel », détaille le texte d’une des motions lues hier.

Emmanuel Coupaye, Nouvelle République, 25 juin 2014

[Poitiers] Manif des intermittents

Poitiers: les intermittents du spectacle manifestent d’un théâtre à l’autre

Rassemblés symboliquement à 18 heures sur les marches de l’ancien théâtre de Poitiers, les intermittents du spectacle continuent leur combat contre l’accord Unedic et la nouvelle convention d’assurance chomage. Le cortège, grossi des salariés de Fédéral Mogul et des cheminots, s’est rendu au TAP pour s’inviter à une réunion prévue en début de soirée entre les représentants de l’État et des collectivités locales.

Nouvelle République, 23 juin 2014