JOHANNESBURG (Reuters) – Le temps presse pour arracher un accord sauvant le protocole de Kyoto qui expire l’année prochaine alors que débute lundi la conférence de Durban sur le climat réunissant quelque 200 pays jusqu’au 9 décembre.
La partie va être difficile pour trouver un terrain d’entente et convaincre certains Etats de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES) qui sont, selon les scientifiques, à l’origine de la hausse des températures, de violents dérèglements climatiques et de récoltes désastreuses.
Il n’y a qu’un faible espoir de voir entériner un « fonds vert pour le climat » destiné à soutenir les pays en développement dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La création de ce fonds, qui devrait être doté de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, a été décidée l’an dernier lors de la conférence de Cancun, au Mexique.
Minces sont également les espoirs de voir les économies des pays développés, responsables de la majorité des émissions de GES, d’accepter des coupes plus importantes de leurs émissions lors des discussions de la Conférence des partis (COP 17).
Il y a une possibilité de voir un accord politique pour sauvegarder le protocole de Kyoto avec une nouvelle batterie d’objectifs contraignants, mais seulement l’Union européenne, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Norvège et la Suisse pourraient dans le meilleur des cas l’adopter.
Tout accord dépendra de la décision de la Chine et des Etats-Unis d’accepter des engagements contraignants dans le cadre d’un accord élargi.
Signé en 1997, le protocole de Kyoto oblige une quarantaine de pays industrialisés, à l’exception notable des Etats-Unis, à respecter des objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Il est entré en vigueur en 2005, mais sa première phase d’engagements expire l’an prochain.
Les plus grands acteurs continuent de se quereller sur l’extension de Kyoto. Les Etats-Unis n’ont pas ratifié l’accord, et la Chine, plus grand pollueur de la planète, ne souhaite rien ratifier tant que Washington ne le fera pas. Quant à la Russie, le Japon et le Canada, ils ont affiché leur intention de ne pas signer une deuxième phase d’engagement si les Etats-Unis et la Chine continuent de se regarder en chiens de faïence.
RAPPORTS ALARMANTS
Les négociations sur le climat sont devenues un terrain de bataille entre nations pauvres et riches sur la question des gaz à effet de serre, les pays en voie de développement estimant qu’ils devraient avoir le droit d’émettre plus afin de sortir leur pays de la pauvreté.
A ces rivalités diplomatiques s’ajoutent les effets de la crise économique et des dettes souveraines: il va être plus difficile pour les pays de d’assurer des plans de financement et les Etats risquent de rechigner à baisser leurs émissions, car cela risquerait à leurs yeux de freiner leurs perspectives de croissance.
« Il est inévitable que de nombreux acteurs majeurs sur le dossier vont réfléchir à deux fois avant de prendre des mesures quand ils en verront le prix », dit Jennifer Haverkam, directrice du programme climatique du Fonds de défense de l’environnement.
Mais les experts continuent de tirer la sonnette d’alarme, rapport après rapport, soulignant l’urgence de prendre des actions immédiates.
Lundi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué que la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère avait atteint en 2010 un niveau sans précédent. L’augmentation a été plus rapide que la moyenne de la dernière décennie, dit l’OMM dans son bulletin annuel sur le sujet.
Vendredi dernier, un autre rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a fait état d’une menace grandissante des vagues de chaleur. Des pluies plus fortes, davantage d’inondations, des cyclones plus puissants, des glissements de terrain et des sécheresses plus dures devraient se répandre sur la planète lors de ce siècle.
Jeudi, c’était au tour de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’avertir que la hausse des températures pourrait être comprise entre 3 et 6 degrés d’ici la fin du siècle, processus qui conduirait à la destruction des glaciers et à la montée des eaux.
Ian Fry, négociateur pour l’Etat de Tuvalu situé dans le Pacifique et particulièrement menacé par la hausse du niveau des océans, résume la crainte des petits pays devant les faibles résultats concrets à venir: « Ils (les pays développés) jouent avec nous à la roulette russe, mais toutes les balles sont dans le barillet ».
Reuters, Jon Herskovitz – Benjamin Massot, avec Henri-Pierre André pour le service français – 28 novembre 2011